Publié par Magali Marc le 13 mars 2018

Selon Dan Hodges, chroniqueur au Mail on Sunday (Daily Mail du dimanche), Jeremy Corbyn et ses amis antisémites ont perdu toute référence morale, mais personne ne veut en parler.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit son article publié le 10 mars.


Imaginez le scénario suivant. Au cours des prochains mois, un parti extrémiste s’approche du pouvoir en Europe continentale.

Le leader est un franc-tireur excentrique qui préfère passer son temps replié dans les recoins les plus sombres d’Internet où il s’engage sur des sites remplis de publications et de liens avec des théoriciens du complot, des négationnistes et des colporteurs de propagande néo-nazie.

Il accueille à bras ouverts des fanatiques religieux, donne de l’argent à des organisations racistes virulentes, et entretient des groupes terroristes proscrits, les décrivant comme des «amis».

À ses côtés se trouve un lieutenant loyal, au bureau duquel est fièrement affichée une plaque louant le sacrifice des terroristes qui ont assassiné des policiers et des civils. Il présente les violentes attaques au siège de ses opposants politiques comme représentant «le meilleur de notre mouvement». Il se fait l’écho des appels à «lyncher» les femmes politiques qui s’opposent à lui.

Il dit à ses partisans que les organismes médiatiques qui ne répondent pas de la manière qu’ils jugent appropriée devraient être contraints à le faire par une action directe.

Naturellement, la montée de ce parti cause la consternation. Les dirigeants juifs déclarent publiquement qu’ils n’entreront même pas dans une salle avec ses dirigeants à moins que leur racisme manifeste ne soit dénoncé. Une enquête parlementaire multipartite montre que le parti est devenu un «refuge» pour les racistes.

Les politiciens modérés s’expriment mais sont confrontés à une campagne d’abus et d’intimidation sans précédent. Les insultes homophobes et misogynes deviennent monnaie courante. Des briques sont jetées aux fenêtres. Les partisans du parti, ivres de leur propre élan politique, scandent les noms de leurs dirigeants lors de rassemblements de masse.

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En fait, vous n’avez pas à imaginer. Il vous suffit d’ouvrir les yeux. Ce parti, c’est le Labour (le Parti Travailliste). Ce chef, c’est Jeremy Corbyn. Et ce pays d’Europe, c’est le nôtre (la Grande-Bretagne).

Nous vivons une époque d’agitation politique sans précédent. Mais des changements importants peuvent encore se produire graduellement et discrètement. C’est ce qui vient de se passer.

La semaine dernière, la politique britannique – en fait la Grande-Bretagne elle-même – a dépassé les bornes. Au milieu du drame de l’empoisonnement de Skripal, de la détente entre Trump et la Corée du Nord et des dernières machinations concernant le Brexit, un événement est passé pratiquement inaperçu. Il s’agit du moment où le Parti Travailliste – et l’armée de racistes qui s’y sentent chez eux – a réussi à normaliser l’antisémitisme au Royaume-Uni. Le catalyseur a été un reportage du journaliste d’investigation * David Collier.

Dans plus de 150 pages, il a minutieusement détaillé comment Corbyn a été, pendant deux ans, membre d’un groupe sur Facebook qui s’appelle Palestine Live. Ce groupe est un nid de serpents antisémites, affichant de nombreux messages et liens racistes allant du déni de l’Holocauste, des théories conspirationnistes sionistes et des théories du complot concernant l’attaque du 11/9, jusqu’à des descriptions de Juifs comme étant des «Zios», des «ZioNazis» et des «JewNazis ».

La recherche de Collier a révélé que Corbyn a échangé avec le groupe, a été louangé par ses membres, et a organisé des réunions à la Chambre des Communes pour ses membres en passant par leur site.

En réponse au reportage, le bureau de Corbyn a affirmé que ce dernier avait été inclus dans ce groupe à son insu ou sans son consentement.

Quand il a été démontré qu’il avait affiché des messages sur le site, ils ont rétro-pédalé et prétendu qu’il avait seulement répondu à des messages individuels dans lesquels il avait été mentionné.

Ensuite, il a été souligné qu’il avait en fait «favorisé» divers éléments de contenu général. C’est à ce moment-là que le Chancelier de l’Échiquier du cabinet fantôme pour les Travaillistes, John McDonnell, est apparu à la télévision pour affirmer que Corbyn avait quitté le groupe dès que sa nature vile avait été portée à son attention.

Malheureusement, Corbyn s’était déjà tiré dans le pied en admettant qu’il n’avait quitté le site que lorsqu’il avait été élu chef du Parti Travailliste.

Son bureau s’est finalement rabattu sur la position selon laquelle il n’avait pas vu personnellement ou échangé directement des contenus antisémites.

C’est à ce moment-là que la réaction a été instantanée et brutale : un silence instantané et brutal.

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Au Cabinet fantôme des Travaillistes, silence total. Parmi les députés travaillistes, silence total. Au Parti Conservateur, silence total. Dans les principaux bulletins de radiodiffusion, silence total. À la Une des journaux nationaux, silence total. À travers le pays, silence.

Il est important de redire ce qui s’est passé. Le chef de l’opposition de Sa Majesté a admis être membre de ce qui, selon toute définition objective, est un groupe Facebook haineux et viscéralement antisémite. Il a admis avoir pris part à ce groupe, avoir organisé des réunions au nom de ce groupe et être resté membre de ce groupe pendant deux ans.

Pourtant il ne se passe rien. Pas de critique à l’interne, pas de répudiation. Pas de critique à l’externe ou de répudiation. Seulement un haussement d’épaules collectif.

Qu’est-ce qui nous arrive ? Comment avons-nous réussi à tomber aussi bas ? Le cadre éthique qui entoure notre politique s’est transformé en une parodie grotesque et écœurante.

Mettez votre main sur un genou – vous êtes foutu. Trafiquez une note de frais – vous êtes foutu. Twittez un commentaire stupide à propos des seins de quelqu’un – vous êtes foutu. Regardez de la pornographie ou niez avoir regardé de la pornographie – vous êtes toujours foutu.

Mais échangez des messages avec un groupe sur Facebook qui est ouvertement raciste – quelque chose qui vous ferait mettre à la porte de tout autre lieu de travail dans le pays – et vous pouvez continuer votre chemin sans qu’on vous pose de question. Possiblement jusqu’au 10 Downing Street.

Pendant combien de temps encore cette conspiration du silence va-t-elle continuer ?

Cet acte de déni sans précédent, fait au nom de notre classe politique et médiatique, qui maintient «un refuge» d’antisémites au sein du Parti Travailliste de Jeremy Corbyn n’existe pas réellement. Ou a émergé par hasard, sans aucune aide de Corbyn lui-même.

Pendant combien de temps sommes-nous censés demeurer incrédules ?

  • L’association de Corbyn avec le négationniste de l’Holocauste Paul Eisen qui dure de dix ans ? «Je ne savais pas», a-t-il soutenu, son bureau affirmant qu’il a des vues opposées à celles d’Eisen.
  • Son association avec l’antisémite Sheikh Raed Salah ? «Je ne savais pas.»
  • Son association avec le révérend antisémite Stephen Sizer ? «Je ne savais pas.»
  • Son association avec les antisémites dans Palestine Live ? «Je ne savais pas.»

Je vais vous dire combien de temps cela va durer : toujours. Parce qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. La ligne qui a été franchie ne peut pas être refaite. Les antisémites – avec l’aide de Corbyn et des autres idiots utiles dans les rangs des Travaillistes – ont gagné. Ils ont remis à zéro la boussole morale d’une nation. En fait, ils l’ont cassé en deux.

Les articles écrits en signe de protestation contre leur coup d’État malfaisant ont été rejetés avec succès comme étant des tentatives de salissage.

Les voix qui se sont élevées contre eux ont été rejetées comme étant de l’agitation politique. Les faits détaillant leur insurrection raciste ont été remaniés et présentés comme étant de «fausses nouvelles».

Alors marquez ce moment d’une pierre blanche. De mauvaises choses vont arriver dans ce pays. Quand ce sera le cas, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Ou que nous n’avions aucune chance de les arrêter. Et surtout, nous ferions mieux de ne pas répéter la même platitude du «jamais plus».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

* voir : http://david-collier.com/exclusive-corbyn-antisemitism/

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