L’ouverture du festival du cinéma israélien à Paris est l’occasion de revenir sur le scandale déclenché en Israël par le film Foxtrot. La décision première de l’ambassadrice d’Israël en France, obéissant aux injonctions de sa ministre de la Culture Miri Regev, de boycotter le festival en raison du choix très contestable de l’ouvrir avec Foxtrot, était pleinement justifiée. Et la réaction de l’organisatrice du festival, prétendant ne pas comprendre les raisons de ce boycott, est un exemple criant d’hypocrisie. Il est trop facile d’invoquer la “liberté d’expression” et de crier à la censure au lieu de regarder la vérité en face. Dans la France actuelle, où on réédite les écrits antijuifs de Céline et où les enfants juifs sont molestés et agressés chaque jour, un film montrant des soldats israéliens tuant des civils palestiniens est une aubaine pour tous les antisémites. Les cinéphiles parisiens seront bien inspirés de boycotter eux aussi la soirée d’ouverture du festival, et d’aller plutôt voir les films les jours suivants (je recommande tout particulièrement les films Le Testament, Sauver Neta et Norman, tous trois excellents).
Du cinéma israélien, on peut dire qu’il est la “pire et la meilleure des choses”, comme la langue selon Esope. Le film Foxtrot de Shmuel Maoz en est la parfaite illustration. Du point de vue purement cinématographique, il n’est pas totalement exempt de qualités, en particulier dans l’interprétation, notamment celle de Lior Ashkenazi (dont le rôle dans le film Norman constitue un nouveau sommet dans sa carrière déjà riche et variée). Mais on ne peut évidemment s’arrêter là, en faisant abstraction de tout ce qui est dérangeant, négatif et antipathique dans ce film. Foxtrot s’inscrit en effet dans une tendance autodestructrice, présente depuis longtemps dans le cinéma – et la culture israélienne en général.
La tendance autodestructrice de la culture israélienne
Cette tendance se caractérise par l’auto-flagellation et par la remise en cause de tout ce qui est considéré comme sacré dans notre pays. A cet égard, Foxtrot est très différent du premier film de Maoz, Lebanon, ou d’autres films israéliens sur l’armée, comme Infiltration, adaptation du beau roman de Yehoshua Kenaz par Dover Kosashvili. C’est en effet une chose de dénoncer les travers de la vie militaire, ou de montrer l’horreur de la guerre, thèmes universels et omniprésents dans le septième art. Mais c’est tout autre chose de présenter une vision largement caricaturale et mensongère de Tsahal, comme s’y emploie le dernier film de Shmuel Maoz.
Le thème essentiel de Foxtrot n’est pas tant l’armée ou la guerre que celui des parents endeuillés et du “She’hol” – terme hébraïque qui n’a pas d’équivalent en français et désigne la situation des parents perdant un enfant, à la guerre ou ailleurs. Le film s’ouvre par l’annonce faite aux parents d’un soldat que leur fils est “tombé dans l’exercice de ses fonctions”, situation terrible et hélas bien connue des Israéliens. Mais derrière la caméra de Maoz, cette situation tourne à l’absurde lorsqu’on s’aperçoit qu’il y a eu une erreur sur l’identité du soldat mort. Le film s’emploie alors à dépeindre de manière caricaturale l’armée dans son ensemble et la rabbanout tsvayit (rabbinat militaire) en particulier.
Dans la deuxième partie du film, on voit ainsi quatre soldats ayant pour tâche ubuesque de contrôler un barrage situé au milieu de nulle part, et de tuer le temps par toutes sortes de jeux plus ou moins futiles, qui humilient les rares passagers de véhicules arabes passant par là et finissent par tuer – par erreur – quatre jeunes Arabes palestiniens dans une voiture. La fin du film, malgré un rebondissement et un tour plus optimiste, ne dément pas l’impression générale et le sentiment d’inutilité et de dérisoire qui empreint l’ensemble du film. Dans une scène révélatrice, un des jeunes soldats demande à son camarade “Quel est le sens de notre combat ?” et cette question – cruciale – demeure sans réponse. Ce message politique est au cœur du film et en constitue la quintessence.
Quel est le sens de notre combat ?
Contrairement à ce que prétend Shmuel Maoz, le but de Tsahal n’est pas de garder des barrage inutiles et d’humilier des civils palestiniens, voire de les tuer. Notre armée se bat pour défendre son pays contre des ennemis voués à sa destruction. Le quotidien de Tsahal n’est pas le “Désert des tartares”, ni “Apocalypse Now”, comme le fait croire le film de Maoz. On comprend la réaction de la ministre de la Culture, Miri Regev, ancienne porte-parole de Tsahal, qui a dénoncé avec raison la manière dont Foxtrot calomnie l’armée israélienne. Il n’est pas étonnant que ce film ait été primé à la Mostra de Venise, pour des raisons qui ne tiennent que très partiellement aux qualités artistiques de ce film. On comprend aussi pourquoi Foxtrot a été coproduit par la France, l’Allemagne et la Suisse.
L’intervention des pays européens dans le financement ou dans l’encouragement (par des prix souvent généreusement dotés) de la culture israélienne se fait toujours dans un seul sens : dénoncer tout ce qui fait la force d’Israël (son armée, son identité nationale…) et renforcer les tendances à l’autocritique et à l’auto-dénonciation *. De ce point de vue, le film de Maoz ne fait que confirmer cette règle. J’ajoute que si le public israélien était plus friand du cinéma local – dont Foxtrot ne reflète qu’un visage très spécial et peu représentatif – les réalisateurs comme Shmuel Maoz ne seraient sans doute moins tentés d’aller chercher leurs financements, et leur inspiration, en Europe ou ailleurs.
Un cinéma de guerre engagé
En 1942, les meilleurs cinéastes américains de l’époque (John Ford, Frank Capra, John Sturges et John Huston, entre autres) s’engagèrent dans le combat contre le nazisme en mettant leur talent au service de la guerre des Etats-Unis contre les puissances de l’Axe. Certains des films réalisés dans ce cadre ont été récemment réédités en France. Il ne s’agissait pas, comme une certaine doxa européenne anti-américaine voudrait le faire croire aujourd’hui, de films de “propagande” mais de l’expression artistique de la participation de ces grands cinéastes à l’effort de guerre contre le nazisme.
La comparaison avec le cinéma israélien est instructive. Au lieu de chercher leur inspiration dans les films américains sur la guerre du Vietnam, qui dépeignent une guerre cruelle et inutile, les réalisateurs israéliens pourraient revoir les films américains des années 1940. Car la guerre d’Israël contre ses ennemis arabes est, contrairement à ce que voudraient faire croire Foxtrot et d’autres films du même acabit, une guerre juste. Le cinéma israélien – dont la qualité est bien supérieure à ce qu’en reflète les oeuvres partisanes de Shmuel Maoz ou d’Amos Gitaï, attend toujours son Capra et son Ford.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.
* J’aborde ce thème dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, à propos des écrivains israéliens pacifistes.
que ne ferait on pas pour 15 minutes de gloire ????
je demande juste que le film soit moins ridicule que le film * * Tatcher * * car cela fut une véritable injustice de voir une Première Ministre extraordinaire ce faire démolir par une productrice gauchiste de merde qui a rien montrer de tout ses réalisations …. en passant oui il y a beaucoup de Juif qui adore s’autoflagèller EX: dans le quartier Côte Saint Luc ( 95% Juif ) ont voter au dernière élection pour le Pro-muzz justin trudeau
Le film est probablement l’oeuvre d’un gauchiste puisqu’en Israël comme en Amérique, ce sont eux qui règnent sur l’industrie cinématographique et les médias. Ce n’est donc pas de l’art, seulement de la propagande. Pas de quoi fouetter un chat.
je seconde cela
Monsieur, je vois , à travers votre article, que l’idéologie gauchiste
pernicieuse qui corrompt les esprits, en Europe de l’ouest, contamine
bien fâcheusement des intellectuels de talent israéliens, également.
” Quel est le sens de notre combat”?
Je ne puis imaginer que M. Maoz ignore la charte palestinienne.
Plus largement, s’il était francophone, je lui préparerais une liste de
vingt à trente titres d’auteurs-voyageurs français, italiens, –européens
pour le coup—, du XVème au XIXème siècle, au moins, qui ne se posaient
pas la question futile de la nécessité de combattre l’islam conquérant.
Ils avaient compris, par leurs rencontres avec les différentes sectes de
l’islam, qu’il n’y avait de place pour les non-musulmans, nulle part:
non seulement dans les pays d’islam, mais encore dans les pays où l’islam avait largement pénétré — et annexé des pans entiers de territoires. Je pense
tout particulièrement à l’Inde.
Et pense également que l’entente entre M. Modi et M. Netanyahu
témoigne de points de vue convergents sur les dangers qui guettent
leurs belles démocraties.
“Intellectuels” ? “Talents” ? Pas la peine de tourner autour du pot…
De la même façon que des millions de chrétiens à travers le monde ont rejeté leur chrétienté, il se trouve malheureusement aussi des israéliens qui ont rejeté leur judéité.
Techniquement cela s’appelle des “self-hate jews” : des juifs qui, à titre personnel, ne sont pas à l’aise avec leur héritage pluri-millénaire. Ce qui les pousse parfois à militer pour des horreurs comme le BDS et autres ONG partisanes, par exemple, ou à s’engager en politique, et même à se faire passer pour des “cinéastes” de “talent” que beaucoup de gens rangent inconsciemment dans la case des “intellectuels”.
Puis c’est encore pire lorsqu’ils basculent dans le gauchisme, car à partir de ce moment précis, leur rejet identitaire ne leur suffit plus : ils ont pour obsession d’aller convertir toute la planète à leur idéologie. On fait face à la même pathologie contaminatoire observée dans tout le reste la gauchosphère.
Dites-leur que le Hamas veut les assassiner, dites-leur que les “palestiniens” veulent les jeter à la mer, cela ne servira à rien. Car AUCUN thème ni débat ne les ramènera à la raison : Seule une longue et profonde thérapie peut mettre un nom sur les vraies causes de leur rejet identitaire.
Accessoirement, la gauchosphère a compris qu’il est possible de générer de beaux petits magots en portant ces monstruosités à l’écran.
autoflagellation, repentance, haine de soi, battre sa coulpe en permanence, voilà que les israéliens se christianisent?
Les films et les artistes israéliens les plus primés à l’étranger sont ceux qui émettent les critiques les plus virulentes contre Israël. Cela apportera un peu plus d’au au moulin des “antisionistes”.