Publié par Ftouh Souhail le 16 mars 2018

Ce mardi 13 mars 2018, la police française a attaqué deux rassemblements pacifiques organisés en soutien à la résistance d’Afrin : plus de 87 arrestations et une dizaine de blessés. La communauté kurde de Paris demande  une mobilisation de la France jusqu’à ce que les instances internationales stoppent la Turquie dans ses oeuvres génocidaires au nord de la Syrie.

Deux rassemblements pacifiques kurdes ont été attaqués violemment par les forces de la CRS alors que les participants demandaient la fin de l’incursion sanglante turque à Afrin, en Syrie, où un nettoyage ethnique est opéré par la Turquie, État membre de l’OTAN.

Le premier rassemblement avait eu lieu dans l’après midi aux Invalides où une cinquantaine de Kurdes demandaient la fin des massacres commis à Afrin par l’armée turque et ses jihadistes alliés de Daesh, Al-Nosra/Al-Qaïda. La police de Marcon a procédé violemment à l’arrestation des manifestants qui criaient au rythme de slogans déterminés. « À bas le régime fasciste en Turquie », « Afrin, Résistance », « Bîjî Berxwedan a Afrînê » (Vive la résistance à Afrin), « Erdogan fasciste, Europe complice ! »

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Le soir, un autre rassemblement similaire a eu lieu place de la Concorde, non loin de l’ambassade des États-Unis. Là aussi, la police est intervenue violemment. Une dizaines de manifestants ont été blessés et plus de 50 personnes ont été arrêtées dont une dizaine sont toujours en garde à vue.  Les blessés se comptaient par dizaines et étaient si nombreux que les pompiers ont déclenché le plan SINUS, destiné à gérer les situations où il y a un grand nombre de blessés.

Une conférence de presse a été tenue par le Centre démocratique kurde de Paris, ce mercredi 14 mars 2018, sur la situation à Afrin et sur les violences policières de mardi soir contre deux rassemblements pacifiques pro-Afrin.

La réponse violente des autorités françaises aux rassemblements pacifiques exigeant la fin de l’incursion de l’armée d’invasion turque en Syrie est incompréhensible pour la communauté kurde. D’autant plus que ces mêmes autorités ont dénoncé par la voie de leur ministre des Affaires Étrangères l’invasion turque d’Afrin tout récemment. Même l’ancien président socialiste François Hollande, qui n’est pas réputé pour ses positions courageuses, a déclaré il y a trois jours que l’attaque turque sur Afrin était illégitime.

Qu’attendent les autorités françaises de la part des Kurdes en France dont les proches sont massacrés sous leurs yeux par l’armée turque et ses alliés djihadistes – ces djihadistes qui restent une menace réelle pour la sécurité de la France elle-même ? Le silence absolu ? Pourquoi ? En quoi manifester pacifiquement pour que la communauté internationale fasse ce qui est de son devoir est gênant pour le gouvernement français ? Les Kurdes méritent que les autorités françaises leur répondent pour la violence ahurissante de la répression, en plein cœur de Paris et à deux pas de l’Élysée ? Le mois dernier un rassemblement pour Afrin à Brest a été attaqué par des sympathisants islamistes d’Erdoğan.

La Turquie mène une politique brutale envers les Kurdes à l’intérieur des frontières turques depuis le début de la création de l’état turc en 1923.

Aujourd’hui, elle ne se contente plus de poursuivre les Kurdes seulement en Turquie, mais aussi ceux qui sont en Syrie, en Irak… D’où l’invasion d’Afrin dans le nord de la Syrie par l’armée turque et ses hordes de djihadistes turco-arabes. La Turquie veut massacrer les Kurdes et les minorités ethniques et religieuses d’Afrin composées de Yézidis, Arméniens, Syriaques, Alévis… pour y instaurer une entité sunnite à ses ordres.

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À l’heure où cet article est écrit des nouvelles toujours plus difficiles parviennent d’Afrin. La ville, bombardée de part en part, serait bientôt quasiment assiégée. Une grande partie de la population civile décide de défendre ses terres et refuse coûte que coûte de partir.

La déclaration inquiétante du Premier ministre turc Binali Yildirim, “Nous placerons 350 000 Syriens à Afrin“, est une indication absolue d’un nettoyage ethnique planifié, a déclaré un ex-député kurde renvoyé du parlement turc, Faysal Sariyildiz, dans une missive pour les Nations- unis.

Afrin est devenue un refuge pour plus de 600 000 habitants qui, malgré les bombardements de l’aviation turque, refusent de quitter leur ville. De violents combats se poursuivent entre les combattants YPG/YPJ dans le village Basile de Sharawa. Plusieurs soldats et membres de gangs turcs ont été tués lors d’affrontements, selon des sources locales.

Un débat sur l’offensive Afrin mené par la Turquie a été tenu au parlement britannique durant lequel les députés de différentes parties ont condamné explicitement et vigoureusement l’offensive.

 

Une femme politique Kurde maire honoraire en France

La municipalité de Gennevilliers, en France, a déclaré Gultan Kisanak, femme politique kurde emprisonnée, maire honoraire. Lors d’une cérémonie à laquelle assistaient le maire Patrice Leclerc et le représentant européen du HDP, Eyyup Doru, ancien maire de Diyarbakir Gultan Kisanak, a été déclaré maire honoraire de Gennevilliers.

Kisanak est en prison en Turquie pour ses activités politiques en tant que maire de Diyarbakir. Elle a été arrêtée en octobre 2016.

S’exprimant lors de la cérémonie, Sylvie Jan et Pascal Tore, co-présidents de l’Association France-Kurdistan, ont évoqué la question des attaques d’invasion de la Turquie contre Afrin.

Après la cérémonie, le maire de Gennevilliers Leclerc et d’autres participants ont envoyé des cartes postales aux prisonniers politiques en Turquie.

Dans la ville italienne de Venise, un groupe d’Italiens a occupé le consulat turc pour protester contre les attaques contre Afrin.

Tenant des banderoles portant les slogans “Defendre Afrin” et “Erdogan terroriste”, les manifestants ont déployé le drapeau du PKK devant l’affiche “Consulat de la République turque” sur le mur, qu’ils ont peinte en rouge.

Les manifestants ont exhorté le gouvernement de Rome à agir afin que cessent les attaques turques contre Afrin.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

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