Derrière les mots convenus de “lutte contre la corruption” et de “défense de l’Etat de droit”, c’est un tout autre combat qui se joue actuellement en Israël. L’histoire du 20e siècle nous enseigne que ceux qui prétendent parler au nom du droit et de la justice sont parfois les pires ennemis du droit et de la justice authentiques.
Dans son roman La faculté de l’inutile, l’écrivain juif Youri Dombrovski relatait ses quatre arrestations par la police politique du régime soviétique et ses procès kafkaïens, accusé de “détournement de fonds de l’Etat”. La “faculté de l’inutile”, c’est le surnom officiel donné à la faculté de droit par le régime soviétique, qui a transformé la justice en parodie et le code pénal en instrument de répression politique. En quoi cette expression et la réalité qu’elle désigne sont-elles pertinentes pour décrire la situation actuelle en Israël ?
Amnon Lord* cite à ce propos l’avertissement lancé il y a une dizaine d’années par le professeur Boaz Sanjero, spécialiste de droit pénal israélien, dans les colonnes du journal Makor Rishon, contre ceux qui prétendaient mettre de côté les règles de la démocratie. “Ceux qui pensent que nous pourrons plus tard ressortir les instruments du jeu démocratique de l’armoire où ils ont été rangés se trompent… Un second désengagement risque de faire suite au premier, et le désengagement de la démocratie risque de devenir notre pain quotidien”, écrivait alors Sanjero. Cet avertissement date d’août 2005, époque du “désengagement de Gaza” (‘Hitnatkout’) – qui vit la Cour suprême entériner les pires abus de droit commis par le gouvernement contre les habitants du Goush Katif, chassés de leurs maisons et privés de leurs biens.
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(photo d’Oded Bellity, prix Pulitzer)
Je me souviens notamment avoir assisté au spectacle terrible des cercueils des habitants morts au Goush Katif sortis de leurs tombes et portés en procession dans les rues de Jérusalem – car même les morts avaient été expulsés ! – une des images les plus effroyables qu’il m’a été donné de voir en 25 ans de vie en Israël. Mais l’abus de droit ne concernait pas “que” les pionniers du Goush Katif ; il touchait aussi tous ceux qui voulaient faire entendre démocratiquement leurs voix contre cette décision inique : des autobus étaient bloqués sur les routes et des manifestants pacifiques (y compris des enfants et jeunes filles de 14 ans) furent jetés en prison et violentés par la police, avec l’aval des tribunaux et de la Cour suprême… Si j’évoque ces souvenirs d’une époque déjà lointaine, c’est parce que les événements dramatiques de ces dernières semaines ont pour beaucoup d’Israéliens un goût de déjà-vu.
Comme à l’époque de la “Hitnatkout” en effet, la police israélienne est devenue aujourd’hui (si tant est qu’elle ait cessé de l’être…) un instrument politique, non plus aux mains du gouvernement comme alors, mais entre les mains de ceux qui veulent à tout prix faire tomber le gouvernement de Binyamin Nétanyahou. La justice elle-même est elle aussi largement instrumentalisée au service d’intérêts politiques, comme en témoigne la dernière affaire de collusion entre la juge Poznansky-Katz et un enquêteur de l’Autorité israélienne des marchés financiers (affaire que certains membres de la profession judiciaire ont qualifié de “Yom Kippour de la Justice israélienne”).
Aujourd’hui, comme alors, certains voudraient mettre de côté les règles démocratiques fondamentales de séparation des pouvoirs et de neutralité de la justice et le principe essentiel de l’égalité devant la loi, convaincus que “la fin justifie les moyens”. Plusieurs années avant la Hitnatkout déjà, la députée travailliste Yuli Tamir (fondatrice du mouvement La Paix Maintenant) avait affirmé que “pour la paix, il est possible de suspendre la démocratie pour une durée déterminée”. C’était encore à l’époque de l’euphorie mortifère engendrée par les accords d’Oslo, quand la vie des citoyens israéliens ne valait plus grand chose et que le Moloch de la paix exigeait chaque semaine son tribut sanglant de victimes juives, sacrifiées sur l’autel des accords signés avec l’inventeur du terrorisme international.
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“Démocratie totalitaire” contre démocratie authentique
Cela fait bien longtemps que les accords d’Oslo ont été enterrés dans le feu et le sang, mais l’idéologie qui leur a donné naissance est encore vivante. Cette idéologie porte un nom : celui de “démocratie totalitaire” – concept forgé par l’historien Jacob Talmon pour décrire un régime ou une société dans lesquels une démocratie formelle apparente coexiste avec l’idée d’une vérité unique absolue. C’est au nom d’une telle idéologie que des gouvernements israéliens ont sciemment créé un embryon d’Etat-OLP en Judée-Samarie, puis un “Hamasland” à Gaza. Et c’est au nom de cette même idéologie que les nouveaux Robespierre d’Israël tentent aujourd’hui de faire tomber le gouvernement de Binyamin Nétanyahou.
Ces derniers ont depuis longtemps aboli le principe d’égalité devant la loi et les règles fondamentales des institutions démocratiques qui ne valent rien à leurs yeux, comme ils le déclarent ouvertement, puisque la chute de Nétanyahou justifie les moyens (tout comme le retrait de Gaza justifiait la “suspension” de la démocratie). Ils sont prêts à tout pour faire tomber le gouvernement actuel, dont le seul “crime” à leurs yeux est d’appliquer une politique de droite conforme aux souhaits de son électorat. Ils n’ont d’ailleurs (comme la gauche américaine ou française) que mépris pour le petit peuple, qui a porté Nétanyahou au pouvoir à quatre reprises.
Comme l’écrit Erez Tadmor, “ce qui se joue depuis un an n’est pas un combat contre la corruption, mais une chasse organisée pour éliminer Binyamin Nétanyahou et pour détruire la démocratie israélienne”*. Mais en dépit de toutes leurs armes politiques, judiciaires, policières et économiques, ceux qui ont juré la perte de Netanyahou ne sont pas tout puissants. Ils peuvent certes instrumentaliser la justice, les médias et la police. Ils peuvent soumettre à des simulacres d’enquête des innocents pour leur extorquer des aveux (procédé caractéristique des idéologies totalitaires) et détruire des vies et des carrières (comme celle de l’ancien ministre Yaakov Neeman, disparu il y a tout juste un an). Mais il y a une chose qu’ils ne peuvent pas faire : remplacer le peuple.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info
* https://www.israelhayom.co.il/opinion/538347
* http://www.israelhayom.co.il/hp_splash?page=/opinion/538351
Comme on dit « on n’est pas sorti de ‘auberge ! »
Merci pour cet article !
Pourquoi le gouvernement actuel ou ses ministres ne sont pas clair , ils n’informent pas la population ou même déjà les délégués des partis de droites qui eux ont l’obligation d’informer leurs l’électeurs , sortir dans les rues faire des manifs contre se double pouvoir qui n’est lâ que pour faire tomber se pays , qui n’est gouverner par des bandes comme soros , et une gauche israelienne, associer à l’extrême gauche americaine ,et europeen ,quoi le pays de la haute technologie et elle aveugle sur son sort , pour ce qui est de MR Nethayaou il a pris un petit pays ét lâ rendu un empire ,aussi bien dans la vie de tous les jours construits des routes ,écoles ,hôpitaux ,des usines armements , investi dans les hautes technologies , a remis a jours les relations diplomatique dans le monde avec l’Inde ,la Russie ,la Chine ,l’Afrique , USA , les pays arabes etc… Alors bien sur que sa fait des jaloux car monsieur a cassè la cinquième colonnes ét ils n’ont pas apprécier et ils n’apprécient pas encore ,mais comme on dit bien Tel Aviv n’est pas tout Israël .
S’il y a besoin, à mon âge, fort avancé, je peux encore me servir d’une batte de baseball pour redresser les côtes de ces traîtres à leur Pays, en voulant instaurer l’Anarchie à la place de la Démocratie, et surtout introduire le cheval de Troie en Israël.
Je pense que beaucoup pense comme moi et seraient prêts à aller se derouiller les muscles , pour aider Israël, car c’est de celà qu’il s’agit, nos ennemis guettant la moindre faiblesse de notre part..
Faites appel et nous serons , je crois bien, être à vos côtés , pour rosser ,ces voyous travaillant contre leur Pays, comme si nous n’avions pas assez d’ennemis aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur
Toujours prêt pour Israël….
Ce n’est pas une ‘politique de droite’ que pratique la grande majorité des Israéliens, c’est une politique de survie dictée par une vision sans fard de la réalité.
Les autres, comme leurs confrères d’Europe et d’Amérique, ont été programmés de telle sorte qu’ils sont désormais incapables de faire face à la réalité. Ils ne connaissent que les mythes qu’on leur a fourrés dans la tête, les slogans qui agissent sur eux comme les stimuli sur les chiens de Pavlov, et la novlangue. Ils se disent ‘de gauche’, et par conséquent considèrent que ceux qui ont résisté à leur endoctrinement sont ‘de droite, et tant qu’à faire : ‘d’extrême droite’ ou ‘d’ultra-droite’.
Tout le fatras dont leurs cerveaux sont remplis n’a bien entendu aucun sens, pas plus que les clichés dont ils se gargarisent. Ce n’est qu’au moment où les manipulateurs de ces idiots utiles se débarrasseront d’eux, comme c’est toujours le cas, que ces fantoches auront une lueur de réalité – mais trop tard.
Comme le dit Lurçat, la gauche à tous les pouvoirs, sauf celui que donne la démocratie, c’est-à-dire celui du peuple. Je l’ai fait remarqué il n’y a pas longtemps dans un commentaire sur Dreuz : depuis que le droite israélienne est au pouvoir, depuis l’élection de Bégin en 1977, à part quelques courts intermèdes sans éclat de Rabin, Pérès, Barak, et bien sûr celui d’Olmert – qui n’a jamais été de droite – qu’ont fait le Likoud et le Camp national pour reprendre les rênes du pouvoir à l’Éducation nationale, dans les médias, à l’Université, dans la Justice ? Depuis que Martin Buber, une pourriture d’idéologue de gauche qui avait l’attention de Ben Gourion et du mouvement politique Poalé Tsion, depuis donc que Buber a créé l’Université de Jérusalem dans les années trente, la gauche s’est implantée durablement, et il n’y a pas eu moyen de la déloger. Une vraie sangsue… Parfois je me demande comment fait Netanyahou pour ne perdre pas son sang froid.
Moi , je suis un israélien sioniste de droite et je le revendique et de plus j’emmerde tous ces gauchos qui veulent détruire le pays en le bradant , telles des capitulards défaitistes. …
Ces gens sont des inutiles , et s’attaquer outrageusement à Bibi , dans une période si difficile et dangereuse ‘ c’est de l’inconscience , pire de la trahison. …
@Victor
Combien je vous approuve, cher Victor.
Un homme que j’aime entendre toujours s’ exprimer, c’est Jacques Kupfer.
Mais celui qui était le plus réaliste à mes yeux etait mon meris ; il disait après 48, « Il faut tous les mettre dehors », et après 67, « Il faut tous les mettre dehors, la bande de Gaza comprise, en contre partie du retour du Sinai aux égyptiens. « . Il était pas facile le bonhomme et il en voulait aux siens, aux jeunes en particulier qui préféraient rester bien tranquille dans leurs cocons européens, américains, canadiens, australiens, etc., alors que le pays avaient URGEMMENT besoin d’hommes et de femmes.
Il n’empêche qu’aujourd’hui, si les juifs l’avaient fait, Israël aurait moins de problèmes, non ?
Il va sans dire que je me fais du souci pour Israël.
Lire « …mon mari… » et non « meris »
Israël est attaqué de toutes parts. Par des ennemis extérieurs (fort nombreux, hélas), et aussi par des ennemis intérieurs (juifs, hélas). Heureusement, Israël a aussi de nombreux amis à l’extérieur et aussi des non juifs, pour la plupart des chrétiens, le plus souvent évangéliques. Mais aussi quelques catholiques (plus rares). Restons calmes et luttons pour défendre Israël. « N’abandonnez jamais, jamais, jamais, jamais » Winston Churchill.
Il avait compris beaucoup de choses Monsieur Churchill, lui qui disait: « Certains aiment les Juifs, et d’autres non. Mais aucun homme de réflexion ne peut nier le fait qu’ils sont, au-delà de toute question, la race la plus formidable et la plus remarquable qui soit apparue dans le monde ».
Il va de soi que je souscris pleinement à cette déclaration.
Le regard de cet homme est poignant, on ne peut soi-même s’empêcher d’éprouver une grande tristesse en le regardant.
Il exprime une totale désillusion devant la folie, la férocité de ce monde.
Un regard en dit toujours très long mais nous ne devons jamais oublier ces regards.
Pour prolonger la réflexion sur ce « regard » intense, voici la fiche de l’auteur aux éditions Verdier (quelle vie !) :
https://editions-verdier.fr/auteur/iouri-dombrovski/
Merci Robbie, comme vous le dites « quelle vie! ».
Et pourtant, nous continuons de croire en l’être humain, faut-il que nous ayons une grande force intérieure pour supporter l’inacceptable !
L’espoir que nous ne sommes pas venus ici inutilement nous aide à vivre.
Excellent article qui pose les bonnes questions.
» …il y a une chose qu’ils ne peuvent pas faire : Remplacer le peuple . »
Méfiez-vous, car en France, c’est ce qu’ » ils » font depuis plus de cinquante ans et l’affaire est malheureusement déjà fort avancée …
@ Rudolph
Exact , en France le peuple se laisse remplacer avec le patient et persévérant labeur des dirigeants vendus à un nouveau faux messianisme utilisant tous les médias à cet effet ; la même chose est tentée d’être instaurée par les sociaux -gauchistes en Israël mais le peuple ne se laisse pas abrutir et les tous récents sondages annoncent que Mr. Netanyahou conserve sa popularité et que si il devait y avoir des élections , son parti le Likoud verrait s’ajouter des mandats à sa majorité actuelle .
Cette » goche » en Israel comme aux usa detient tous les pouvoirs de nuisance , les medias , les universites , la grosse industrie , les societes high tech , la finance .
Le peuple n a que la voix pour s exprimer .Il lui reste encore la possibilite de voter .
Rudolph Israel n`est pas la France, et notre majorite est a droite. La sale gauche est traitre et veut remplacer Bibi?? ils sont idiots, car » le petit peuple » va montree sa grandeur aux. election. Bibi fume des cigares? ts, ts, ts, Merez, Shalom Achshav et les autres, vont fume le vent. Elle est sure d`etre en avance? On a vue deja cette avance, en arriere, les retardee. Chasse Netanyahu c`et chasse l`existance du Medinat Israel, et la gauche va allee en Russie. Pour elle, bon debarras