Publié par Magali Marc le 5 avril 2018

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit ce texte d’opinion de Richard Landes, paru dans le Jerusalem Post, le 27 mars


Reportages sur le conflit israélo-falestinien: tout le monde s’est mis d’accord

Trop souvent, les journalistes occidentaux sont les perroquets des Falestiniens.

L’une des réponses favorites des journalistes, lorsqu’on leur reproche leurs reportages biaisés, est la suivante: « Tant que nous fâchons les deux camps de manière égale, c’est que nous faisons bien (notre travail)».
C’est un dicton favori parmi les journalistes couvrant le conflit entre Israël et ses voisins. «Nous sommes sur la bonne voie parce que les deux parties se plaignent (de nous) ».
Évidemment, il y a une abondante littérature venant « des deux côtés » qui se plaignent que la presse favorise «l’autre côté ».
Après tout, comme le dit un correspondant du New York Times, le conflit est narré par deux côtés opposés qui vivent sur une terre où les faits importent peu.
En réalité, cependant, le fait que « les deux côtés se plaignent» a fonctionné comme une feuille de vigne masquant à quel point les grands médias d’information déraillent lorsqu’ils rapportent ce qui se passe au Moyen-Orient.
Les journalistes ont, au cours des deux dernières décennies, produit une inversion de la réalité : les «faits» rapportés par les Israéliens se sont transformés en «récit» israélien, et les récits falestiniens sont rapportés comme des faits.
Par exemple, les journalistes, se basant sur les chiffres des blessés fournis par les institutions gérées par le Hamas, utilisant des images prises dans les hôpitaux soumis à la surveillance vigilante du Hamas, répètent le récit djihadiste (et celui de l’ONU et des ONG) selon lequel « l’écrasante majorité des victimes sont des civils ».

Une partie de ces «informations» viennent de l’intimidation pure et simple.
En 2014, pendant l’Opération Bordure Protectrice, l’intimidation des journalistes par le Hamas est devenue si importante que le Bureau de la Presse étrangère (Foreign Press Office, FPO), normalement beaucoup plus rapide à dénoncer l’intimidation israélienne que falestinienne, a protesté contre le comportement du Hamas.

En réponse, la correspondante du New York Times a tweeté que « tous les journalistes que j’ai rencontrés et qui étaient à Gaza pendant la guerre disent que ce constat israélien / maintenant aussi celui du FPO, concernant le harcèlement pratiqué par le Hamas, est un non-sens ».

À l’aide de 119 caractères, elle a rejeté les nombreuses preuves empiriques et un témoignage crédible sur l’intimidation du Hamas comme étant un «récit israélien», maintenant aussi respecté par le FPO, et nous a donné à la place le récit falestinien comme étant la vraie information.
En d’autres termes, le mensonge apparaît comme la vérité rapportée par les journalistes, et les évaluations précises apparaissent comme un récit israélien mensonger.

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Les médias ont tellement constamment relayé le récit selon lequel le Hamas fonde sa stratégie de guerre sur leur coopération que le leader du Hamas, Ismail Haniyeh, s’est réjoui en 2014, du fait que les sources falestiniennes «constituaient le fleuve où les médias mondiaux étanchaient leur soif d’information sur ce qui se passait».

D’accord. Sous la menace, les journalistes disent ce que les intimidateurs veulent leur faire dire. Mais qu’en est-il du reste du temps ? Qu’en est-il quand ils ne sont pas à Gaza, mais à Washington, à New York ou à Londres ? Nous donnent-ils alors des informations fiables ? Se comportent-ils comme de vrais journalistes ? Il semble que non.

En novembre 2015, l’Autorité falestinienne a publié un ensemble formel de principes que les journalistes doivent observer lorsqu’ils couvrent le conflit :

  1. Le problème vient de l’occupation illégale (par Israël), qui inclut Jérusalem-Est.
  2. La solution est une solution à deux États dans laquelle Israël évacue toutes les terres situées au-delà de la ligne verte.
  3. Le principal obstacle à la paix vient des colonies israéliennes, qui doivent être éliminées.
  4. Les Falestiniens sont en faveur de la solution à deux États et Israël est contre.
  5. Les Falestiniens ont rempli toutes leurs obligations, y compris la reconnaissance d’Israël.

En décembre 2016 (sous Obama), les alliés des Falestiniens ont présenté une résolution à l’Assemblée générale de l’ONU qui a littéralement mis en œuvre ce manifeste. Il est passé grâce au refus des États-Unis d’y opposer leur veto. Cinq jours plus tard, le Secrétaire d’État américain John Kerry a prononcé un très long discours politique qui a présenté de manière approbatrice tous les aspects de cette approche, à la fois sur le plan de la narration et sur le plan stratégique.

Il y a, bien sûr, de sérieux problèmes avec cette approche, ce que les Israéliens n’ont pas manqué de faire remarquer.

  1. La raison de l’échec des négociations vient du refus des Falestiniens de faire des concessions, et ils veulent utiliser la communauté internationale (l’ONU, les tribunaux internationaux) pour faire pression sur Israël afin d’obtenir des concessions sans réciprocité.
  2. Les colonies de Cisjordanie ne sont pas le principal obstacle à la paix puisque les Falestiniens considèrent que tout Israël est un occupant et que Tel-Aviv et Haïfa sont des colonies.
  3. Les Falestiniens n’ont jamais abandonné leur projet de détruire Israël; leur accord à une «solution à deux États» est tactique, sans aucune sincérité.
  4. Les Falestiniens utilisent les médias pour faire avancer leurs projets de guerre.

Le travail des médias consiste, bien sûr, à enquêter sur les revendications des deux parties, à évaluer les preuves qui soutiennent ou contredisent ces affirmations forcément partisanes et à nous donner une image aussi précise que possible des problèmes.

Le réseau CNN et la BBC ont accordé beaucoup d’attention à ces deux événements diplomatiques : la résolution (de l’ONU) et le discours (de Kerry). Ils ont invité des dizaines d’invités et leur ont consacré plus de temps que pour n’importe quel autre sujet, durant la semaine du 23 au 28 décembre (2016).

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Second Draft, le site sur lequel nous reproduisons à la fois CNN International et BBC Global afin de critiquer leur «première version» de l’histoire, a étudié leur couverture.
Nous avons examiné non seulement tout ce qu’ils ont dit ainsi que leurs invités, mais nous avons aussi fait état des informations pertinentes et précises qu’ils n’ont pas jugé dignes de mentionner.
Le résultat est une vidéo de 20 minutes intitulée Everybody Agrees, qui documente comment ces producteurs d’informations télévisées, telle une meute, ont répété les points de discussion falestiniens comme s’il s’agissait d’informations et n’ont pas permis à leurs spectateurs de voir des reportages contredisant ces points de discussion. Bref, ils n’ont pas couvert le conflit, ils y ont contribué.
Je vous invite à consulter notre acte d’accusation, nos sources et nos transcriptions de la BBC et de CNN. Jugez par vous-même.
C’est déjà grave qu’ils reprennent la propagande de guerre d’un côté du conflit comme une étant de l’information, mais quand cette propagande de guerre est aussi celle des ennemis de votre propre société, ce n’est pas seulement du journalisme meurtrier, c’est du journalisme de guerre.
Personnellement, je ne pense pas que les démocraties occidentales peuvent se permettre un quatrième pouvoir aussi dysfonctionnel.

Source: Jerusalem Post

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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