Publié par Ftouh Souhail le 6 avril 2018

Un tribunal de première instance de Tunis a émis, le 5 avril 2018, un verdict interdisant la participation des sportifs israéliens au championnat du monde junior de taekwondo qui sera organisé à la station balnéaire de Hammamet du 06 au 13 avril courant. Avec cette décision qui légalise la ségrégation et la discrimination, la justice tunisienne se comporte comme chez les nazis.

Une ONG sponsorisée par les iraniens a sommé le président de la Fédération tunisienne de taekwondo et président du comité d’organisation du championnat du monde junior, Ahmed Gaâloul de ne pas inviter ni d’accueillir ni d’héberger Dana Azran, Abijhag Semberg, Nicol Adamskt et Tom Pashcousky.

Ainsi les juges tunisiens ont créé une nouvelle jurisprudence antisémite qui interdit aux juifs israéliens de prendre part aux évènements sportifs en Tunisie. Un véritable apartheid sportif vient d’être ajouté à l’apartheid politique qui interdit déjà aux juifs tunisiens d’accéder aux postes importants dans l’État, l’armée, la police, la justice et la diplomatie.

En fait, lors des Jeux olympiques d’été de 1936, qui ont lieu à Berlin, l’Allemagne avait aussi fait écarter les sprinteurs juifs américains Sam Stoller et Marty Glickman de l’équipe olympique américaine, conduisant à des accusations d’antisémitisme de la part de l’United States Olympic Committee.

Sauf que l’Allemagne nazie ne prétendait pas à l’époque être un pays démocratique comme l’imposture de la Tunisie aujourd’hui, présentée comme un modèle par Emmanuel Macron à l’occasion de sa visite d’État en Tunisie, le 31 janvier 2018.

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Une décision dogmatique pour satisfaire les groupes antisémites

L’ensemble des associations de défense des Palestiniens ont félicité l’interdiction des sportifs israéliens et ils ont appelé à criminaliser toute les contacts avec l’État Juif. La manipulation de la justice fait partie des outils dont les associations antisémites disposent librement pour créer un effet de mobilisation et exercer une pression.

Cet arrêt a été rendu à la faveur des militants du mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) qui avaient appelé à ne pas accepter les sportifs israéliens.

La position de la Cour pose problème, bien au-delà des militants BDS et des enjeux du conflit israélo-palestinien. Il en va du droit à la liberté du sport et de l’esprit olympique.

Cette pénalisation marque une rupture avec l’égalité des traitements entre les sportifs et ouvre la voie à une remise en cause de la prohibition de la discrimination dans le domaine du sport.

Dans une société de libertés, ce type de traitement est inacceptable. Dans les États démocratiques, aucun sportif ne peut être empêché de participer à une compétition internationale.

Cette interdiction judiciaire des athlètes juifs, issus d’un État dont la politique comme pour chaque État peut être critiquée, affectera l’esprit sportif et elle est sans précédent pour ce pays proche de l’Europe qui joue depuis des années la carte de l’ouverture devant les occidentaux.

Aucun pays n’avait empêché l’entrée des joueurs russes en raison de la guerre en Tchétchénie dans les années 90 ou des joueurs chinois en raison du sort subi par les Tibétains.

Aucun État n’avait prohibé le séjour des athlètes américains dans les années 2003-2006 en raison du refus de participer à la guerre en Irak ou des joueurs australiens dans les années 1995-1996 lors de la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique.

Aucun gouvernement n’avait interdit d’accueillir les sportifs britanniques dans les années 20 et 30 à la demande de Gandhi, ou des joueurs sud-africains dans les années 70 et 80 par les militants anti-apartheid et encore les sportifs birmans aux pires moments de la junte.

Il n’a jamais été envisagé dans tous ces exemples de recourir à une décision de justice pour empêcher les participants à prendre part dans un évènement sportif.

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En interdisant aux joueurs israéliens d’entrer dans le pays, la justice en Tunisie a institué un principe général du droit à discriminer les joueurs donnant une dimension juridique aux actes individuels de boycott.

Voilà donc que la justice tunisienne – ou plutôt l’interprétation critiquable qu’en fait la Cour de la Constitution en décalage complet avec les normes sportives internationales – légalise le racisme et les discriminations contre les sportifs juifs.

Cette décision infamante aura des conséquences sur l’aptitude de la Tunisie à organiser dans le futur des évènements sportifs d’ordre international. Des conséquences en chaîne risquent de modifier en profondeur la perception envers ce pays musulman présenté comme un modèle dans la presse occidentale.

Cette interdiction des athlètes juifs risque de s’étendre aux touristes juifs ; on finira par nous expliquer qu’il est même interdit aux visiteurs qui ont des liens directs avec Israël de séjourner, dans le cadre de la promotion des mesures de boycott.

Nul ne doute que cette décision antidémocratique de la justice risque par la suite d’être appliquée à tous ceux qui militent au sein de mouvements réclamant la paix et l’abolition des discriminations contre les juifs.

Nombre de régimes arabes, qui violent les droits humains, se réjouissent d’ores et déjà de cette «exception tunisienne» qui se dessine. Étape par étape, le champ militant pour la paix pourrait se réduire, les discours pacifistes sont muselés et les libertés des minorités, essentielles à la vitalité de la vie associative, entamées.

A l’avenir, il sera toujours possible de parler des droits des palestiniens mais interdit aux militants associatifs d’appeler à quelque forme d’action pacifique que ce soit pour la paix avec Israël ou de réclamer les droits historiques des juifs spoliés.

Nous appelons à une mobilisation du Comité International Olympique (CIO) contre cette dangereuse jurisprudence de la Cour tunisienne qui discrimine les athlètes juifs et à un sursaut des Fédérations Internationales de sports (FI) afin de prohiber l’appel au boycott des sportifs israéliens.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

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