Publié par Magali Marc le 8 avril 2018

Une élection générale aura lieu en Ontario Le 7 juin prochain. Le gouvernement majoritaire de la Libérale Kathleen Wynne, en baisse de popularité, risque fort d’être battu par les Conservateurs ontariens de Douglas Ford*. De même qu’ils étaient largement favorables aux Libéraux fédéraux de Justin Trudeau, la plupart des médias canadiens, à quelques exceptions près, ont tendance à montrer les Conservateurs de manière négative.
Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit ce texte d’analyse d’Anthony Furey, publié par le Toronto Sun (un journal pro-conservateur) le 6 avril.


La confiance envers les médias pourrait encore diminuer suite à leurs reportages biaisés sur Doug Ford

C’est une vieille vérité de La Palice que le grand public ne se soucie pas vraiment des conflits internes dans les médias.

Pourtant, jeudi, beaucoup de mes collègues de la presse pro-libérale se sont encore laissé prendre au piège en se plaignant du fait que le chef du Parti conservateur ontarien, Doug Ford, n’offrira pas un autobus de tournée aux journalistes souhaitant couvrir sa prochaine campagne électorale.

D’accord, vous vous demandez en quoi est-ce un problème ? Et qu’est-ce que cela signifie ?

Traditionnellement, les partis politiques louent un autobus ou réservent une partie de leur propre autobus afin d’héberger les médias couvrant leur campagne. Les médias payent alors des milliers de dollars pour acheter un siège dans le bus, ce qui inclut généralement les repas et l’hôtel.

C’est une tradition vouée tôt ou tard à la disparition, peu importe que Ford soit le premier à y mettre fin. Les agences de presse cherchent de plus en plus à économiser de l’argent et l’an dernier, selon l’agence de presse Presse Canadienne, il y avait des jours où le bus destiné aux médias par les Conservateurs ne comptait qu’une ou deux personnes et même certains jours était vide.

De toute façon faut-il considérer cette tradition comme une chose sacrée ?

L’ex-chroniqueuse de longue date du Toronto Sun à Queen’s Park (NdT: le parlement ontarien), Christina Blizzard, a posté sur les médias sociaux jeudi la remarque suivante : « J’ai toujours pensé que les journalistes souffrent de quelque chose comme le Syndrome de Stockholm à bord de l’autobus des médias. On va où le Parti veut nous emmener. On mange ce qu’ils veulent nous faire manger. On reçoit le message du jour. On recommence. Les journalistes s’abreuvent tous à la même source. »

Il est justifié de se demander, avec une dose de scepticisme, pourquoi Ford semble vouloir que les médias se tiennent à distance alors que les responsables de la campagne prétendent qu’ils seront plus ouverts que jamais aux journalistes.

« Aucune sélection préalable », c’est ainsi qu’un responsable de campagne senior m’a décrit l’attitude du PC. Les médias auront tous accès. Ils seront les bienvenus partout. En fait, même les manifestants ne seront pas rejetés. Pensez à l’approche de Harper à l’égard des médias, ensuite imaginez exactement le contraire, m’a-t-on dit.

La stratégie de Ford sera d’aller le plus directement possible aux gens – que ce soit en personne ou via les médias sociaux. C’est de plus en plus la voie qui mène à la victoire. Il s’agit de moins en moins de gagner la guerre des ondes – obtenir la plus importante et la meilleure couverture dans les journaux, à la radio et à la télévision. Demandez à n’importe quel responsable de campagnes gagnantes, qu’il s’agisse de celle de Trudeau ou de celle de Trump, il sera d’accord.

Il ne fait aucun doute que mes collègues des médias comprennent tout cela.

Alors pourquoi se plaignent-ils ? Nous pourrions nous attarder sur un certain nombre de raisons : la lenteur des nouvelles à couvrir ou le nombrilisme typique des journalistes. Mais là où les choses deviennent intéressantes, c’est quand il est question du préjugé anti-Ford déjà présent dans leur couverture.

Chaque fois que je suis interrogé par des consommateurs de nouvelles mécontents en ce qui concerne les préjugés des médias pro-libéraux, j’explique que ce n’est pas tant qu’ils sont totalement pour ou contre un candidat ou un autre. C’est seulement qu’ils sont naturellement disposés à voir les Libéraux sous un jour plus positif que les Conservateurs, de sorte qu’il leur est difficile de voir les choses de manière neutre. (Un seul exemple: ceux qui vivent dans la bulle d’Ottawa ont finalement compris, c’est tout à leur honneur, que le « progressisme » de Trudeau était une ruse électorale. Il leur a fallu deux ans pour s’en rendre compte !)

C’est pourquoi, juste après que Doug Ford ait pris la tête du Parti Conservateur de l’Ontario, toutes les manchettes prédisaient les catastrophes qu’il allait causer et les journalistes expliquaient qu’il ne faisait que copier les manières de Donald Trump.

Ce n’était pas seulement du journalisme paresseux. La plupart des journalistes allaient de mensonges sans fondement à des mensonges qui tombaient à plat. Ce n’était qu’un exemple parmi d’autres de la façon dont leur premier réflexe est de ne montrer que les choses les plus négatives qu’ils peuvent concevoir, ce qui est, bien sûr, le contraire de leur attitude lors des victoires libérales.

Le problème c’est que s’ils affichent trop ce biais, cela risque d’éroder davantage la confiance déjà décroissante que les gens ont envers eux. Depuis deux ans, le baromètre annuel Edelman Trust révèle que moins de la moitié du pays fait confiance aux médias.

L’autobus de tournée est le moindre de leurs problèmes. La question est de savoir comment ils couvrent les événements une fois qu’ils en sortent.

* Douglas Robert Ford est le frère aîné de Robert Bruce Ford, un homme politique et homme d’affaires canadien qui a occupé le poste de 64e maire de Toronto de 2010 à 2014. Impliqué en 2013 dans un scandale de toxicomanie, qui a été largement rapporté dans les médias nationaux et internationaux, Robert Ford a pris un congé sabbatique et a reçu un traitement pour sa dépendance à l’alcool et à la drogue. Il a reçu un traitement pour le cancer, et a pu revenir brièvement à l’hôtel de ville, mais il est décédé en mars 2016.

Source : Toronto Sun

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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