Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 avril 2018

Immense victoire diplomatique du président Trump, la Corée du Nord a fait une déclaration aussi fracassante qu’inattendue, en déclarant qu’elle renonce à avancer son programme nucléaire et ses tests de missiles jusqu’à la rencontre du dictateur nord-coréen avec le Président Trump, sans doute le mois prochain, et qu’elle va détruire un centre nucléaire au nord du pays.

Kim Jong-un a pris le monde diplomatique par surprise, et les “spécialistes” en ont pris pour leur grade.

Mise à jour : Kim Jong-un annule les préconditions que les 28 000 troupes américaines doivent se retirer de la péninsule, et promet que s’il obtient un face à face avec Trump, il libèrera les trois prisonniers américains qu’il détient.

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Alors que les experts se moquaient de Trump, il y a quelques mois à peine, pour sa façon incorrecte de manquer de respect au dictateur nord-coréen en le traitant de “little rocket man”, en tweetant que le bouton nucléaire de l’Amérique est beaucoup plus gros que le sien, et en disant qu’il était gros et bouffi (ce qui est rigoureusement exact), Kim Jong-un n’a pas réagi comme les “experts” anti-Trump l’ont prévu.

Il semble au contraire que la stratégie Trump ait fonctionné.

Elle consistait à déstabiliser Kim Jong-un en affichant un comportement totalement imprévisible, à pousser la Chine à sanctionner fortement la Corée du Nord avec les nouveaux tarifs douaniers imposés par Trump à la Chine sur l’acier et l’aluminium, les menaces d’engager des mesures contre le vol de la propriété intellectuelle et de brevets par les Chinois, et en dénonçant publiquement l’hypocrisie du président Xi (les dictateurs sont très sensibles à leur image), qui a fait des promesses à Trump et fait en douce tout l’inverse.

Trump a accepté le gage du leader communiste avec réalisme, mais surtout scepticisme.

Dans un communiqué (1), les médias d’Etat nord-coréens ont déclaré aujourd’hui samedi :

“La Corée du Nord suspend immédiatement ses essais nucléaires et ses tests de missiles, met au rebut son site d’essais nucléaires, et poursuit la croissance économique et la paix”, en prévision des sommets prévus avec la Corée du Sud et les États-Unis.

Pour ceux qui ont du mal à saisir l’importance de cette décision, il faut comprendre que Kim fait des concessions avant même le début des négociations avec Trump.

Bien entendu, la visite secrète de Mike Pompeo, ex-directeur de la CIA de Trump qui attend sa confirmation au poste de secrétaire d’Etat, à Pyongyang il y a deux semaines, en préparation de la rencontre entre Trump et Kim Jong-un, n’est pas étrangère à cette décision (au passage, la visite de Pompeo montre que Trump n’avait probablement pas assez confiance en Rex Tillerson pour lui confier cette mission).

Mais le président Trump ne sait que trop bien, comme tous les observateurs sérieux, que les promesses de Pyongyang, dans le passé, n’ont servi qu’à gagner du temps, et à obtenir des concessions de l’Ouest sans rien donner en échange que des mots, avant d’être oubliées. C’est ainsi que Bill Clinton s’est fait lamentablement piéger lorsqu’il a annoncé en 1994 au monde entier avoir obtenu de Kim Il Sung que son pays renonce au nucléaire. On a vu la suite…

Trump a donc appris de ses prédécesseurs et a joué fin – en fait non, il a joué très grossier – et cela a effrayé Kim Jong-un qui n’a pas procédé à un seul tir de missile depuis novembre dernier.

La Chine au garde-à-vous

La Chine, principal allié de la Corée du Nord, a également cédé aux pressions du président américain, et déclaré il y a quelques minutes (3) se féliciter de la décision de Pyongyang de suspendre ses essais nucléaires et de missiles.

L’agence officielle Xinhua News Agency a cité le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lu Kang, qui a déclaré que :

“Pékin souhaite que la Corée du Nord continue d’obtenir des résultats dans le développement de son économie et l’amélioration du niveau de vie de sa population.”

Syrie et Corée du Nord, même combat

En avril 2017, juste après les frappes des Etats-Unis contre la Syrie, le quotidien japonais Japan Times expliquait (2) :

“Les frappes des États-Unis contre la Syrie changent la dynamique de la Corée du Nord alors que Trump et Xi [président chinois] se rencontrent.

L’ordre stupéfiant du président américain Donald Trump de lancer une attaque de 59 missiles sur un aérodrome militaire syrien vendredi pourrait changer la façon dont la Chine envisage les menaces [de Trump] d’actions unilatérales contre la Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire, disent les experts.”

Autour du président japonais ABE, on considérait hier que les frappes sur la Syrie ont eu un impact très important sur la décision de Kim Jong-un de mettre fin à son programme nucléaire.

Ne répétez surtout pas ce qui suit aux pro-Assad, qui reprochent encore à Trump d’avoir bombardé la semaine dernière trois sites de la chaîne de fabrication d’armes chimiques syriennes :

Le ministre japonais de la Défense, cité par Japan Times (4) a déclaré vendredi :

“Les frappes aériennes dirigées par les États-Unis contre le régime syrien ont également envoyé un message au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avant les pourparlers avec le président Donald Trump.

C’est une action [les bombardements en Syrie] qui a été prise contre les armes de destruction massive, et je pense que cela a également donné un certain message à la Corée du Nord”, a ajouté le ministre de la Défense Itsunori Onodera par l’intermédiaire d’un interprète.

Par ailleurs, les médias nippons rapportent que selon les experts et analystes japonais, les frappes contre le président syrien Bachar al-Assad pourraient renforcer la position de Trump dans les pourparlers [avec la Corée du Nord], car ils ont montré à Kim que l’Occident a la volonté politique de soutenir sa rhétorique – ainsi que la capacité de lancer des frappes précises à distance.

Mais chut ! Promettez-moi de ne rien dire à personne.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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(1) https://uk.reuters.com/article/uk-northkorea-missiles-kim/north-korea-says-will-stop-nuclear-tests-scrap-test-site-idUKKBN1HR37L

(2) https://www.japantimes.co.jp/news/2017/04/07/world/u-s-strike-syria-changes-north-korea-dynamic-trump-xi-meet/#.WtrTYC97F-U

(3) http://www.citizentribune.com/news/world/the-latest-japan-s-abe-cautious-about-north-korea/article_6489db1c-709d-5877-b1ea-a3687dec1b67.html

(4) https://japantoday.com/category/politics/Japan-U.S.-defense-chiefs-vow-to-maintain-pressure-on-N-Korea

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