Publié par Manuel Gomez le 23 avril 2018

J’ai préféré prendre du recul sur ce sujet particulièrement difficile : analyser le sacrifice du colonel Arnaud Beltrame.

Ce n’est pas insulter la mémoire du colonel que de tenter de comprendre la situation qui se présentait à lui et ce n’est pas en insultant ceux qui critiquent, non pas le courage, mais l’issue finale de cette opération, que nous parviendrons à départager ceux qui considèrent son acte comme « héroïque » et ceux qui concluent à un acte plutôt « mystique ».

D’abord les faits dans leur brutalité : s’il y avait eu plusieurs otages détenus par le terroriste, qui avait déjà assassiné trois personnes, l’offre d’échange entre le colonel et les otages aurait été plus réfléchi, mais offrir au tueur la vie d’un colonel contre celle d’une seule personne, c’était une offre qu’il ne pouvait refuser, elle était trop belle !

L’objectif du colonel n’aurait pas dû être le sauvetage d’un otage.

Son courage n’est pas à critiquer, ni son abnégation, mais sa priorité devait être la neutralisation par tous les moyens du tueur.

Un dispositif aurait dû être mis en place avant qu’il ne se propose à un échange. Un militaire n’est pas formé pour se faire abattre mais pour abattre l’ennemi. Quand on est parvenu jusqu’au grade de colonel c’est que l’on a été formé à un entraînement de combat et que l’on a formé ses hommes dans le seul objectif de neutraliser l’ennemi.

S’offrir en otage, sans prévoir la moindre possibilité de neutraliser le tueur, n’était pas une décision réfléchie. Elle était même dangereuse car le tueur, après son crime, aurait pu sortir en tirant et assassiner d’autres personnes.

Et, surtout, prévoyant la possibilité d’une telle issue, ne pas se proposer en emportant son arme, un Sig Sauer de 9m/m, qu’il a remis au terroriste, bien plus dangereuse que le 7,65 qui était déjà en sa possession.

Ma réflexion n’est pas de critiquer la Gendarmerie mais sa formation, dans de telles circonstances, était peut-être moins complète que celle du GIGN par exemple.

L’impératif du colonel Beltrame était l’exécution du terroriste et non pas sa propre exécution.

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Toutes les mesures auraient dû être prises pour que le colonel, face au tueur, soit protégé par ses hommes.

Un, ou plusieurs, tireur d’élite de la gendarmerie aurait dû avoir dans son viseur la tête de Redouane Lakdim et ce tireur ne devait pas hésiter à tirer, même si l’otage risquait d’en être une victime collatérale.

Le colonel était aguerri aux arts martiaux, à l’entraînement de combat, et il aurait dû risquer sa vie en tentant de neutraliser le tueur, une racaille de cité, et non pas en s’offrant comme une sainte victime, à l’exemple, et au même âge, que Jésus. Peut-être pour réveiller les valeurs chrétiennes de son pays, à un moment ou, justement, elles deviennent agonisantes.

Je suis persuadé que la gendarmerie tirera les leçons du sacrifice du colonel Arnaud Beltrame.

Etre héroïque au sens mystique c’est beau, c’est grand, cela peut même être sublime, mais pas par un militaire de carrière face à un terroriste.

Si devenir un héros c’est de se faire tuer, de se faire égorger, de devenir un martyr, est une vocation très chrétienne, elle est incompatible avec le métier des armes.

Si devenir un héros c’est de se faire tuer, de se faire égorger, de devenir un martyr, alors il n’y a qu’à baisser les bras, se laisser faire, se mettre à genoux, s’offrir aux assassins.

Car la victoire finale, bien qu’abattu, c’est le tueur qui l’a obtenue, c’est lui qui est devenu un héros aux yeux de Daech et de tous ceux qui, dorénavant, le vénère et l’applaudissent car, en plus des autres victimes, il a assassiné un colonel de l’armée française.

La guerre n’à que faire de « martyrs chrétiens », cela peut être le rôle de prêtres, de moines, pas de soldats.

C’est un prêtre qui a prononcé ces mots, appliqués au colonel Beltrame : « Seule la Foi peut expliquer la folie de son sacrifice ».

La Foi qui animait depuis peu le colonel, converti totalement depuis 2008, et retrouvant, à près de 33 ans, ses racines chrétiennes.

La Foi consacrée par sa communion solennelle en 2010 et son récent pèlerinage à Sainte-Anne d’Auray en 2015.

La Foi qui soulevait les « Croisés » qui partaient combattre l’islam sur son terrain. Mais, eux, n’étaient ni des martyrs, ni des enfants de chœur, mais des guerriers.

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Le « sacrifice » du colonel Beltrame me fait souvenir d’un autre exemple, moins dramatique que le sien, mais également dans l’armée française, celui du général de la Bollardière.

Sa foi catholique, son mysticisme, son parcours spirituel, apparemment identique à celui du colonel Beltrame, ne lui avait pas permis de supporter les actions violentes des militaires français contre la barbarie du FLN et de l’ALN.

La destinée d’un Bollardière n’était pas en Algérie et celle d’un Beltrame n’était pas à Trèbes. Ce n’est pas le métier des armes qu’ils auraient dû choisir, sans doute avaient-ils davantage la vocation d’entrer dans les « ordres »

Le premier ne s’est pas sacrifié, il a démissionné et s’est consacré à sa foi, le second est mort en martyr et a trouvé son paradis et son Dieu.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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