Publié par Gaia - Dreuz le 25 avril 2018

Alors que le groupuscule d’extrême droite a bloqué le col de l’Echelle samedi 21 avril, de nombreuses voix à gauche ont dénoncé la réaction insuffisante de Gérard Collomb et de la préfecture. Cette dernière a simplement indiqué “suivre les opérations” quand le ministre s’est contenté de regretter des “gesticulations”…

L’extrême droite investit les Alpes… et les autorités trouvent peu de chose à y redire. Une centaine de militants du mouvement Génération identitaire (GI), connu pour ses actions coup de poing et sa proximité avec le Front national, ont bloqué en doudounes bleues, samedi 21 avril, le col de l’Echelle, dans les Hautes-Alpes. Leur objectif est d’empêcher le passage de “clandestins“, alors que de nombreux migrants empruntent ce point de passage, culminant à 1762 mètres, et situé à six kilomètres de la frontière italienne. Un nouveau coup de com’ pour le groupuscule, dont l’action a été très relayée, et qui n’a suscité qu’une réaction minimale des autorités et du ministre de l’Intérieur.

Deux hélicoptères du groupe sur la zone

Le groupe composé de Français, mais aussi d’Italiens, de Danois, d’Autrichiens, ou encore d’Anglais et d’Allemands, a installé une “frontière symbolique” avec des grillages de chantier. Le mouvement a également pu mobiliser en toute tranquillité deux hélicoptères qui ont survolé la zone tout au long de l’après-midi.

L’un des porte-parole du groupuscule, Romain Espino, n’a pas hésité à revendiquer auprès de l’AFP “l’humanité” de leur action : il s’agirait ainsi pour eux d'”expliquer aux migrants éventuels que ce qui n’est pas humain, c’est de faire croire à ces gens qui traversent la Méditerranée ou les Alpes enneigées que ce parcours ne présente aucun risque“.

De simples “gesticulations” pour Gérard Collomb

Dans un communiqué, la préfète des Hautes-Alpes, évoquant 80 à 100 membres de GI, s’est contentée d’indiquer samedi soir que “la préfecture et les forces de l’ordre continuent de suivre avec attention et vigilance la poursuite de cette opération afin de prévenir tout trouble à l’ordre public et de garantir le respect du droit“. L’opération “s’est jusqu’à présent déroulée dans le calme, concluait la préfète, avant de préciser qu'”une partie des membres de Génération identitaire ont déjà quitté le site”.

Mais alors que de nombreux députés se trouvaient samedi soir en séance pour examiner le projet de loi Asile et immigration, la réaction des autorités a été jugée très insuffisante, notamment à gauche. “Les bras m’en tombent“, s’est exclamée la nouvelle présidente du groupe socialiste Valérie Rabault, lisant à haute voix le communiqué de la préfecture. “L’Etat et la préfecture ne peuvent se permettre de ‘suivre’ les opérations (…) et n’avoir aucune action sur le terrain“, a-t-elle ajouté, jugeant le communiqué “inadmissible pour le droit de notre République“.

Évidemment nous condamnons“, a répondu le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Mais, a-t-il ajouté, “tomber dans le panneau de ces gesticulations, c’est faire une publicité à une force qui n’en est pas une“. “Ne règne qu’une seule chose en France, l’ordre républicain que nous garantissons partout“, a conclu l’ancien maire de Lyon.

L’opposition et les associations réclament une action de l’Etat

Une réponse qui n’a pas convaincu l’opposition, notamment le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon. “C’est précisément parce que ce sont des pitres un peu dérangés qu’ils sont dangereux“, s’est agacé le député des Bouches-du-Rhône, qui alertait début avril contre la “recrudescence d’un extrémisme d’extrême droite extrêmement violent“. “C‘est votre devoir de nous protéger, et les migrants aussi“, a-t-il ajouté.

D’autres voix ont également fait part de leur indignation face à cette réponse minimale des autorités, faisant pour certaines le parallèle avec la politique répressive menée à Notre-Dame-des-Landes, ou dans les universités comme à Tolbiac. “Tu dégages des étudiants pacifiques à Tolbiac et tu laisses faire la chasse aux migrants“, écrit par exemple Laurence Pache, secrétaire générale du Parti de gauche.

De son côté, le président de France Terre d’Asile Pierre Henry, a appellé à “la dissolution de cette milice d’extrême droite“.

Ce n’est pas la première fois qu’est ainsi demandée la dissolution du groupuscule. En 2017, dans une tribune publiée sur le Huffington Post, les eurodéputés socialistes l’avait réclamée au ministre Gérard Collomb, sans obtenir de réponse. “Les réunions qu’ils organisent sont des incitations publiques à la haine et à la violence“, écrivaient-ils notamment.

Fondé en 2012 et issu du Bloc identitaire, le groupe est un habitué des actions coup de poing et des happenings. En 2012, il s’était fait connaître en occupant le chantier de la mosquée de Poitiers, pour protester contre l'”islamisation de la France“. En juillet 2017, GI avait affrété, grâce à une collecte de fonds, un navire en Méditerranée pour empêcher les migrants de rejoindre la France. Enfin, en mars, à Toulouse, des militants avaient disposé des panneaux avec inscrit dessus “djihadistes” barré d’un trait rouge. IIs voulaient alors “lancer l’alerte sur le retour de djihadistes sur notre territoire“.

Mise à jour : Après un week-end d’atermoiements, Gérard Collomb a publié un communiqué pour annoncer l’envoi de “renforts de gendarmerie et de police importants” dans les Hautes-Alpes afin de “s’assurer du respect absolu du contrôle des frontières“. La réaction ne fait pas immédiatement suite à l’action des militants d’extrême droite. En réalité, le ministère de l’Intérieur finit par réagir après l’arrivée de militants de l’ultra gauche sur le col du Montgenèvre ; ces activistes pro-migrants français et italiens ont mené une opération en réponse à Génération identitaire dans le but de forcer, cette fois-ci, la frontière. L’envoi de renforts fait suite à “des provocations, gesticulations et incidents qui ont marqué ce week-end dans les Hautes-Alpes et dont des groupes d’activistes d’ultra droite et ultra gauche sont respectivement à l’origine“, indique le communiqué. Génération identitaire a fini par partir sans avoir croisé un seul migrant.

Source : Marianne.net

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