Publié par Guy Millière le 27 avril 2018

Commençons par les quelques rares points positifs : en se rendant aux Etats-Unis et en manifestant amitié et respect apparents pour Donald Trump, Emmanuel Macron a créé un lourd problème pour la quasi-totalité des commentateurs français qui n’ont cessé de traiter le Président des Etats-Unis comme s’il était un abominable crétin et ont utilisé les pour cela les stéréotypes anti-américains les plus consternants.

Disons aussi qu’Emmanuel Macron semble avoir de la sympathie pour les Etats-Unis, ce qui est infiniment préférable à l’arrogance insupportable d’un nombre certains de politiciens français : les noms de Charles de Gaulle, Jacques Chirac et Dominique de Villepin me viennent aussitôt à l’esprit, mais ils ne sont pas les seuls.

Passons aux raisons du voyage d’Emmanuel Macron. Donald Trump l’a invité en lui accordant tous les honneurs pour souligner qu’il peut avoir des alliés en Europe et couper l’herbe sous le pied de ses détracteurs et adversaires aux Etats-Unis. Donald Trump a aussi joué la carte Emmanuel Macron pour affaiblir davantage la position d’Angela Merkel en Europe où cette dernière, après avoir manifesté une amitié très nette envers Barack Obama, a manifesté une hostilité tout aussi nette envers Donald Trump tout en émettant des signes de mansuétude préoccupants vis-à-vis de l’Iran des mollahs. Dans un passé récent, Trump aurait pu songer à accorder à Theresa May ce qu’il a accordé à Macron mais le Royaume Uni est presque sorti de l’Union Européenne et il est de plus en plus évident chaque jour que Theresa May n’a pas du tout l’étoffe d’une Margaret Thatcher.

Emmanuel Macron, lui, a joué la carte Donald Trump pour se présenter comme celui qui peut être le chef de file de l’Union Européenne et s’imposer face à Angela Merkel. Le traitement que lui a réservé Donald Trump l’a flatté et lui a permis de se sentir plus important qu’il n’est en réalité.

Passons maintenant aux aspects négatifs : les gestes d’affection d’Emmanuel Macron vis-à-vis de Donald Trump ont été si excessifs qu’ils ont frôlé le ridicule. J’ai eu souvent l’impression de voir un petit garçon désireux de montrer à son papa qu’il l’aime et qu’il a obtenu un bon point à l’école. La différence de stature entre Donald Trump, massif et imposant, et Emmanuel Macron, plus petit et plus malingre a accentué en moi cette impression.

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Venons en, enfin, au fond : Emmanuel Macron espérait apparemment infléchir les positions de Donald Trump sur plusieurs dossiers. Les accords de Paris sur le climat. Les relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Europe. Le maintien des troupes américaines en Syrie. Et, surtout, l’accord de juillet 2015 avec l’Iran.

Emmanuel Macron n’a rien obtenu.

Concernant les accords de Paris sur le climat, Trump n’a pas changé de position d’un millimètre et il fallait se faire beaucoup d’illusions chez Macron pour imaginer que Trump changerait de position. Trump a sur le sujet des convictions précises, basées sur des données scientifiques solides et il n’entend pas sacrifier l’indépendance énergétique et la croissance américaines pour obéir à des lubies socialistes. Concernant les relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Europe, Trump est resté aussi sur sa position. Il considère que les relations commerciales sont des rapports de force. Il entend obtenir que l’Europe abaisse certaines taxes, cesse d’adopter des comportements hypocritement protectionnistes, et contribue davantage à sa propre défense. Il ne cédera rien, ou tout juste ce qu’il était prêt à céder dès le départ. Emmanuel Macron n’a visiblement pas lu The Art of the Deal sinon il comprendrait.

Concernant le maintien des troupes américaines en Syrie : Donald Trump a défini une position et s’y tiendra. Il pense que le combat essentiel doit être un combat contre l’Iran et il met en place une coalition dans laquelle l’Arabie Saoudite doit jouer un rôle important. Son objectif est l’endiguement du régime des mollahs et, si possible, la chute de celui-ci. Il a prononcé des avertissements très fermes en direction des mollahs. Il a indiqué par un bombardement ciblé la limite qu’Assad, l’Iran et la Russie ne doivent strictement pas franchir. Il ne fera pas plus et ne s’engagera dans aucune opération de nation building en Syrie. Il ne fera davantage que si l’Iran attaquait Israël et en ce cas tout serait très différent.

Et cela nous amène à l’accord de juillet 2015. Donald Trump considère que l’accord est effroyable et délétère. Il entend en sortir et adopter une position bien plus agressive envers l’Iran. Aux fins d’avancer vers son objectif. Trump a une position, et il s’y tiendra là encore.

N’ayant rien obtenu, Emmanuel Macron a néanmoins parlé au Congrès et tenu un discours où il a laissé tomber le masque, et montré dans chaque phrase prononcée que son amitié et son respect envers Donald Trump ne sont effectivement qu’apparence.

Après avoir pris des libertés avec l’histoire et brossé à grands traits très trompeurs un tableau dans lequel la Révolution américaine et la Révolution française ont été porteuses des mêmes aspirations (et laissé de coté le gouffre qui sépare une révolution qui a conduit à une Constitution et à la fondation d’une république qui dure jusqu’à ce jour, et une révolution qui a conduit à la Terreur, à la dictature de Napoléon Bonaparte et au rétablissement de la monarchie absolue avec Louis XVIII), après avoir dit que la France et les Etats-Unis ont combattu ensemble le nazisme (ce qui est, pour le moins hâtif, et saute allègrement par dessus la collaboration) et après avoir attribué une phrase de Ronald Reagan à Theodore Roosevelt, ce qui montre une ignorance certaine, puis rapproché Martin Luther King Jr. de Simone de Beauvoir (?), Macron s’en est pris au “protectionnisme” et à l’”isolationnisme” qu’il a, à mots feutrés, semblé attribuer à Trump, révélant ainsi qu’il n’a strictement rien compris à la doctrine Trump (ce qui ne me surprend pas). Il a critiqué vivement le nationalisme et a semblé incriminer Trump encore, révélant, là, qu’il ignore que l’identité nationale est un repère essentiel dans la défense de la civilisation occidentale (mais qui ne sait pas que Macron n’a que faire de la civilisation occidentale).

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Il a consacré dix minutes à parler du danger pour la planète constitué par le réchauffement global, à fustiger l’irresponsabilité de ceux qui le nient et qui “nient” la science, montrant qu’il prend pour des scientifiques les charlatans du GIEC, puis dit que les Etats-Unis rentreraient à nouveau, plus tard, dans les accords de Paris (quand Hillary Clinton sera Présidente, sans doute).

Il a appelé à respecter les règles du “multilatéralisme” (celle de l’ONU, je suppose), à reconstruire la Syrie (sans évoquer un seul instant les pays qui occupent le territoire syrien), et dit que la France resterait dans l’accord avec l’Iran car il n’y a “pas d’alternative” (il l’avait déjà dit, il l’a redit). Il a ajouté qu’il ne fallait pas provoquer la guerre au Proche-Orient (où c’est évident, il n’y a ni guerre ni risque de guerre) et préserver la “souveraineté de l’Iran” (qui respecte si bien la souveraineté de ses voisins). Il a ajouté que l’Iran n’aurait jamais l’arme atomique (avec des hommes comme Macron, il y aurait de quoi en être sûr, non ?).

Il n’a pas dit un mot sur Israël ou sur l’islam radical, bien sûr. Il a condamné verbalement le terrorisme et le fanatisme et évoqué un remède miracle : la connaissance !

Je passe sur d’autres inepties, il y en avait une par phrase. Je passe aussi sur diverses malhonnêtetés : dire par exemple que les Etats-Unis ont signé l’accord avec l’Iran est inexact. Obama a signé, mais n’a rien présenté au Congrès et a fait un coup de force.

Les Républicains ont été polis et ont applaudi où c’était possible, tout en s’abstenant là où cela devenait impossible. Les Démocrates ont été enthousiastes.

Ce discours a montré qui est Macron, et ce que valent ses baisers. Cet homme est un homme de gauche aveugle, cuistre, confit dans des dogmes ineptes, moins franc encore qu’un âne qui recule. C’est un imposteur. S’il aime les Etats-Unis, c’est en les regardant de manière borgne.

Les commentateurs français ont apprécié le discours de Macron. Ce qui était à attendre.

Macron est allé voir le Démocrate noir raciste John Lewis, qui n’a cessé d’insulter Trump ces derniers mois, et il l’a embrassé avec autant de chaleur qu’il avait embrassé Donald Trump la veille. Il l’a même étreint avec une fougue suspecte.

Trump a déjà tourné la page. Il a eu ce qu’il voulait. Il n’a aucune illusion. Il sait que le discours de Macron a autant de poids et de valeur qu’une feuille morte en fin d’automne.

Il sait que Macron est un imposteur.

Macron, lui, ne sait pas que Trump est un homme d’Etat.

Il va retrouver la désastreuse situation francaise, ses grèves, ses zones de non droit, ses émeutes. Il ramènera quelques photos, rien d’autre, vraiment rien d’autre. Il a planté un arbre à Washington. Il sait planter : en France, il a déja tout planté. Il ne plantera rien de plus aux Etats-Unis. Il n’aura aucune influence sur la politique américaine.

Ce vendredi Angela Merkel sera à Washington pour expliquer qu’elle a des choses à vendre à Ali Khamenei, y compris des gaz asphyxiants, et elle défendra à son tour l’accord avec l’Iran qui fait si bien marcher certains commerces. Trump aura des égards minimaux, et elle repartira vraisemblablement sans que Trump la laisse l’embrasser. Macron avait le format du petit garcon malingre. Merkel ne peut jouer un autre role que celui de matrone sans scrupules, prête à se vendre à Khamenei pour quelques euros de plus.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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