Publié par Ftouh Souhail le 2 mai 2018

Alors que le sud Liban est totalement occupé par les miliciens armés du Hezbollah, le parti chiite  veut renforcer ses positions au Nord-Est du Liban, à l’occasion des législatives du 6 mai. La stratégie électorale du Hezbollah  est de diaboliser les sunnites dans cette région stratégique de Baalbeck-Hermel où les trafiquants du haschich prospèrent.

Le secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a prononcé ce mardi 1er mai 2018 un discours électoral dans la région de la Bekaa, dans l’est du Liban.

Lors de ce discours, retransmis en direct par plusieurs chaînes arabophones, Nasrallah a loué les habitants de la Bekaa pour avoir survécu aux conflits internes et réussi à maintenir leur diversité ethnique et confessionnelle.

« Les rumeurs sur la modification du tissu démographique de la Bekaa sont infondées et montées de toutes pièces. Les menaces proférées par Israël visent tous les groupes ethniques et religieux libanais », a-t-il déclaré.

Le chef de milice armée pro-iranienne a ensuite rappelé le rôle de la soi-disant Résistance dans la lutte contre les groupes armés qui menaceraient les habitants de la Bekaa, groupes qui bénéficieraient, selon lui, du soutien du Courant du Futur, le mouvement politique sunnite du Premier ministre libanais Saad Hariri.

« Des complots, fomentés par des parties régionales et internationales, prennent pour cible la Résistance. Le prince héritier saoudien est prêt à dépenser des milliards de dollars pour inciter les États-Unis et Israël à déclencher une guerre dans la région. »

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Le secrétaire général de la milice chiite a souligné que les États-Unis, Israël et l’Arabie Saoudite ne resteraient pas les bras croisés face aux échecs qu’ils avaient accumulés en Syrie, en Irak et au Liban.

Des médias libanais se demandent depuis des semaines pourquoi Nasrallah a-t-il insisté dans plusieurs de ses discours sur “Baalbek- Hermel” dans la mesure où cela a donné l’impression que cette région serait ciblée et que la bataille serait presque internationale dans un contexte de «conspirations».

Un média de la formation politique des Forces Libanaises  précise que les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite sont à Baalbek-Hermel et que la liste du “Hezbollah” se brisera !

Dans cette région les Libanais prédisent qu’une grande bataille électorale qui  va se jouer, le 6 mai, entre la coalition Courant du Futur-Forces Libanaises et la coalition chiite Hezbollah-Mouvement Amal.

 

La stratégie électorale du Hezbollah à Baalbeck-Hermel, est de diaboliser les sunnites

Le Hezbollah, qui ne cesse de menacer les chrétiens ou autres Libanais, adopte une technique agressive de diffamation systématique envers les sunnites à Baalbeck-Hermel.

Nous n’accepterons pas que les alliés de Daech et du Front al-Nosra représentent les habitants du Hermel et de Baalbeck“, avait déclaré le leader du parti chiite dans cette allocution retransmise lors d’un rassemblement de partisans du Hezbollah de la région, le 1 mai 2018.

Le bloc parlementaire du Futur a critiqué les propos du secrétaire général du Hezbollah. “Les propos rapportés de responsables du Hezbollah sur les élections à Baalbeck-Hermel constituent une tentative inacceptable de désigner comme terroristes des Libanais exerçant leur droit de se présenter aux élections dans cette circonscription ou une autre“, indique un communiqué du bloc du Futur publié par son chef Fouad Siniora.

Des médias libanais accusent Hassan Nasrallah de vouloir faire peur aux populations sunnites de Baalbeck-Hermel en laissant ses miliciens se promener armés et menacer les électeurs avant les élections prévues le 6 mai.

 

Baalbek -Harmel, au Nord-Est du Liban, est une région stratégique pour le groupe chiite.

Baalbek est surtout réputée pour abriter le site archéologique le plus impressionnant du Proche-Orient. Mais au début des années 80, la ville de la plaine de la Beqaa a aussi été le lieu de naissance officiel du Hezbollah, ce mouvement issu en partie de la révolution islamique iranienne.

C’est à partir de cette région qu’il a essaimé dans le sud du Liban pour acquérir le statut de «héros de la résistance» face à l’armée israélienne avant de devenir la formation la plus puissante de tout le pays.

Le district de Baalbek est le plus grand du pays. Ici la frontière syrienne est à quelques kilomètres à peine, derrière les montagnes de l’Anti-Liban. Face à un État libanais encore plus inopérant qu’ailleurs dans ces régions rurales et délaissées de la Beqaa, c’est le Hezbollah qui assure logement, soins et services d’éducation pour ses membres. Alors que plus de 70% de la population de la ville est chiite, il ne vient à l’idée de personne de contester cette domination.

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Même les milliers de réfugiés palestiniens, sunnites, qui s’entassent dans les anciens baraquements français du camp de Wavel, à proximité, savent qu’ils doivent se tenir à carreau. Les sunnites libanais n’osent même pas entrer dans la mosquée chiite de Baalbek (offerte par les Iraniens).

Le Hezbollah et de son parrain iranien sont les maitres des lieux à Baalbek, bien sûr, mais aussi dans les villages chiites environnants.

Les médias libanais rapportent que la plupart des candidats dans la région de Baalbek-Hermel, en particulier ceux qui  sont indépendants,évitent de critiquer le Hezbollah par peur des représailles.

 

Les trafiquants de haschich du Hezbollah prospèrent dans le Baalbeck-Hermel.

Les clans sunnites les plus importants de la plaine de la Beqaa sont impuissants devant la mafia locale du Hezbollah qui se livre à divers activités criminelles dans toute cette région. Des médias libanais estiment que l’image de Baalbek Hermel dans les médias est désastreuse parce que les éléments du parti de Dieu pratiquent le meurtre, protègent les trafiquants de drogue, enlèvent les gens et imposent les rançons.

Dans le village de Yammouneh, à quelques kilomètres de la ville de Baalbek, les membres du parti de Dieu cultivent le cannabis. Ce village qui était célèbre pour ses pommes rouges, les plus réputées du Proche-Orient avec celles des Druzes du Golan israélien, a été transformé en une terre de cannabis comme plusieurs villages chiites environnants.

L’année dernière, l’armée libanaise a tenté d’investir le village de Yammouneh pour y détruire les plants de cannabis qui ont, à la faveur du Hezbollah, recommencé à pousser partout, sur chaque champ disponible, au pied de chaque pommier, se déversant jusqu’au centre même du village.

Une bataille rangée avait alors secoué cette partie de la Beqaa. L’armée avait été obligée de reculer face à des dizaines de membres du Hezbollah lourdement armés.

Une fois les plants arrivés à maturation, ils sont ramassés pour le compte du Hezbollah et envoyés de l’autre côté de la frontière syrienne. Selon les représentants locaux du Hezbollah, l’Etat n’offre pas d’alternative à la culture du haschich sur ces terres arides.

En raison de ces diverses activités criminelles, le village de Yammouneh ne compte presque plus habitants chrétiens. L’église qui trône au milieu du village se vide. À quelques mètres de l’église, des banderoles représentant les « martyrs » de la milice chiite flottent et se confondent avec les drapeaux jaunes et verts du Hezbollah.

Le Hezbollah, a même fait appel aux trafiquants de drogue en 2015 pour occuper la ville sunnite d’Aarsal, dans le district de Baalbek (gouvernorat de la Bekaa) et expulser ses habitants (1).

Selon des sources libanaises, les victimes de la consommation de cannabis au sein de la jeunesse du Liban sont chaque année beaucoup plus nombreux que ceux tués par les prétendus takfiristes sunnites au Liban.

Il y a quelques jours, le Hezbollah a osé impliquer un candidat adversaire chiite et indépendant dans une affaire pour trafic de drogue, pour l’écarter définitivement de la course aux élections au parlement libanais.

La Direction générale de la sécurité du Liban, a arrêté le candidat aux élections législatives dans le district de Baalbek-Hermel, Sheikh Abbas al-Jawhari et l’a renvoyé au bureau du procureur pour enquêter sur le crime de trafic de drogue.

Le bureau  médiatique de ce candidat a considéré que la responsabilité de son arrestation revient au Hezbollah “afin de le retirer de la course électorale dans le cercle de Baalbek-Hermel, parce qu’il est le seul chiite capable de battre la liste du Hezbollah».

 

Un exemple révélateur de sa force de frappe financière et militaire à Baalbeck-Hermel

À Baalbek, le Hezbollah finance ses propres institutions : des instituions religieuses, des ONG, des écoles – une dizaine – ou des centres de santé comme l’hôpital de Dar al-Hekma.

« Le Hezbollah a su se rendre indispensable », estime Hamad Hassan, maire de Baalbek de 2013 à 2016.

« Lorsque nous manquions d’argent pour payer nos employés municipaux, l’organisation nous en a avancé, sans intérêt. Quand j’ai mis en place le projet de cité industrielle pour la ville, le plus gros budget reçu est venu du Hezbollah, à travers le ministre de l’Industrie, Hussein Hajj Hassan ». Et l’ancien maire d’ajouter : « À chaque fois que j’ai eu besoin de lui, le Hezbollah m’a prêté main-forte ».

Bras armé de l’Iran, le Hezbollah est la seule milice à n’avoir pas déposé les armes après la guerre civile. Il est classé comme organisation terroriste par plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada, l’Australie, l’Union européenne et la Ligue Arabe.

Le Hezbollah considère aujourd’hui avoir, comme au sud Liban, une légitimité à Baalbeck-Hermel. La raison avancée par ces extrémistes chiites est leur soi-disant victoire contre leurs adversaires sunnites.

En effet, fin août 2017 la milice a célébré sa victoire contre les combattants sunnites. En un mois et deux batailles, le parti chiite a réussi à chasser les différents groupes rebelles sunnites présents depuis trois ans dans la région frontalière avec la Syrie.

Un événement considéré par le Hezbollah comme la « seconde libération » du Liban après le retrait en 2000 des soldats israéliens dans le sud du pays.

La milice avait ramené à Baalbeck une foule de milliers de personne avec des drapeaux jaunes, rassemblée pour faire croire aux Libanais qu’il s’agissait d’une vraie « libération de territoire » et que le Liban était redevable envers le Hezbollah. Une stratégie de communication bien rôdée utilisée déjà auparavant.

Face à un État libanais encore plus faible dans ces régions rurales et délaissées, c’est le Hezbollah qui désastreusement avance.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

(1) Arsal, dont la majorité des habitants est sunnite, est la seule localité qui soutient le rebelles dans cette zone de la plaine de la Bekaa et elle servit de base arrière aux rebelles syriens de la région : les villages voisins sont à majorité chiites, contrôlés par le Hezbollah qui soutient le régime de Bashar el Assad.

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