Publié par Guy Millière le 6 mai 2018

Il faut lire la presse française avec un microscope pour y trouver la moindre trace indiquant que les événements historiques qui se passent dans la péninsule coréenne sont le fruit de la doctrine Trump.

Il en est ainsi parce que, pour la plupart des journalistes français, la doctrine Trump n’existe pas, et Trump n’est qu’un abruti impulsif.

Et il est plus facile pour eux de rester dans l’ignorance, de pratiquer la désinformation, et d’écrire sur les affabulations d’une actrice pornographique ou sur une existante “collusion” avec la Russie.

Cette façon de traiter un Président américain conservateur n’est pas nouvelle en France.

En son temps, Ronald Reagan, qui est la référence majeure, de Donald Trump était déjà traité avec mépris et nombre de commentateurs français ne veulent toujours pas savoir qu’il y a eu une doctrine Reagan, qu’elle a transformé le monde, fait tomber l’empire soviétique, et libéré des dizaines de millions d’êtres humains.

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J’ai expliqué en son temps la doctrine Reagan. J’ai même traduit et présenté au public français les Ecrits personnels de Ronald Reagan.

Il me reste à faire la même chose avec la doctrine Trump. Si je trouve un éditeur pour cela (ce qui n’est pas certain par les temps qui courent), je traduirai quelques discours supplémentaires de Donald Trump.

La doctrine Trump repose sur une expression de Ronald Reagan lui-même : peace through strength, la paix par la puissance. Elle réaffirme la position des Etats-Unis en tant que première puissance du monde libre décidant souverainement de ses actions et se donnant les moyens de rendre le monde plus sur pour la démocratie et le droit.

Elle retrouve les fondements de la politique étrangère américaine depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale (fondements gravement détériorés par l’islamo-gauchiste Obama) et vise à récompenser les amis et alliés des Etats-Unis (et à s’appuyer sur eux) et à punir les ennemis des Etats-Unis et de leurs amis et alliés.

Elle ne cherche pas les changements de régime, et n’entend pas pratiquer le nation building, à la différence des néo-conservateurs. Elle repose sur l’idée que la démocratie n’est pas universalisable et que certaines cultures sont incompatibles avec elle, d’où son acceptation de dictatures et de monarchies absolues dans le monde musulman, pourvu que dictatures et monarchies absolues se comportent en amis et alliés (Sissi, Mohamed bin Salman).

Elle implique la négociation depuis une position de force, et ne dissocie pas les dimensions économiques des dimensions géopolitiques.

Sa mise en oeuvre a supposé de redonner à l’armée américaine les pleins moyens d’agir et de frapper si nécessaire, pour dissuader, ou pour détruire si la dissuasion ne suffit pas.

Au Proche-Orient, la mise en oeuvre a consisté à en finir avec l’Etat Islamique rapidement et efficacement, et à mettre en place simultanément les conditions d’une alliance stratégique entre une Arabie Saoudite réformée par Mohamed ben Salman, l’Egypte de Sissi, Israël sous Netanyahou pour endiguer, et si possible, asphyxier l’Iran. Elle a consisté à fixer des limites strictes à l’Iran des mollahs, à Assad et à la Russie en Syrie, sans s’impliquer sur le territoire syrien au delà de la destruction de l’Etat Islamique et de la protection des zones kurdes alliées des Etats-Unis. La tête du serpent au Proche-Orient est en Iran et si le régime iranien est endigué, voire asphyxié, la présence iranienne en Syrie tombera, le Hezbollah tombera aussi, tout comme les milices Houthi au Yémen. Si la présence iranienne en Syrie tombe, si Assad, qui n’est qu’une marionnette aux mains de l’Iran, tombe aussi, l’alternative ne sera pas des islamistes, comme le disent ceux qui ne comprennent rien, car le financement des groupes islamistes sunnites est lui-même en train d’être asphyxié par l’Arabie Saoudite. Il restera, à l’étape suivante, à endiguer la Turquie d’Erdogan, d’ores et déjà sous pression américaine.

En Asie, la mise en oeuvre consiste à en finir avec le danger nord-coréen. Trump a commencé par exercer une pression maximale sur Kim Jong-Un: de manière directe par des sanctions et des menaces très crédibles d’intervention militaire américaine, et de manière indirecte en sanctionnant la Chine, en la menaçant de sanctions plus fortes si elle n’exerçait pas de pressions sur la Coree du Nord, et en lui faisant comprendre que si elle n’obtempérait pas, le Japon pourrait avoir accès à l’arme nucléaire, et une intervention militaire américaine en Corée du Nord pourrait avoir lieu. Kim Jong Un a, un temps, accéléré son programme nucléaire (il l’a tellement accéléré que ses expériences nucléaires ont abouti à une destruction partielle du site où il faisait réaliser les expériences), puis il été confronté à l’asphyxie de son régime, et a été convoqué à Pékin où il a été sommé de changer d’attitude. Il a choisi d’accepter l’idée de dénucléarisation plutôt que mourir d’asphyxie, et n’avait en réalité pas le choix.

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Il vient d’accepter de faire la paix avec la Corée du Sud, et de dire qu’il voulait effectivement dénucléariser, à condition que la péninsule coréenne entière reste dénucléarisée et que son régime survive.

C’est maintenant que les difficultés commencent : Trump exigera une dénucléarisation effective et vérifiable de la Corée du Nord. Il acceptera, si la dénucléarisation de la Corée du Nord est effective, de dire que la péninsule coréenne entière reste dénucléarisée, mais refusera le retrait des troupes américaines de Corée du Sud si Kim Jong Un demande ce retrait. Il acceptera que Kim Jong Un reste au pouvoir, mais lui demandera une ouverture économique, la liberté pour les prisonniers du régime, la fin de la terreur totalitaire, la possibilité pour les familles séparées par la division Corée du Nord/ Corée du Sud de se retrouver.

Kim Jong Un n’aura à nouveau pas le choix, et sera face à une offre qu’il ne pourra refuser qu’à ses risques et périls, et Trump le lui fera comprendre.

Trump peut échouer. Il y a de fortes chances qu’il réussisse. Avec la résolution du problème nord-coréen, c’est aussi la résolution du problème iranien qui se profile, car l’Iran a financé une bonne part des activités nucléaires de la Corée du Nord depuis 2015.

Si Trump réussit, il continuera à mettre la Chine sous pression, et il sait que là encore il peut gagner, car la Chine n’est pas aussi puissante qu’il semble, même si elle se livre à des actes d’intimidation. Elle reste un pays en voie de développement où des zones riches coexistent avec des campagnes pauvres et où seule une croissance forte permet d’éviter des troubles majeurs. C’est en outre un pays qui vieillit vite et où les entreprises sont très endettées.

Trump va continuer, bien sûr, à mettre l’Europe sous pression, à exiger d’elle qu’elle abaisse diverses barrières protectionnistes contre des produits américains si les dirigeants europeens ne veulent pas subir des taxes à l’importation aux Etats-Unis. Trump veut aussi que l’Europe contribue davantage à sa propre défense, et contribue à l’endiguement de l’Iran, alors que la France, l’Allemagne et l’Italie présentement cherchent surtout à commercer avec l’Iran, en s’aveuglant sur le fait que le régime iranien est le danger islamique principal ajourd’hui (la France a même élaboré un système de prêts en euros au gouvernement iranien pour que l’Iran continue à acheter des produits français).

Macron espérait sauver l’accord de juillet 2015 avec l’Iran. Il a échoué. Merkel est venue à Washington avec le même objectif. Elle a échoué aussi. Macron a perdu, mais gardé le sourire, pour ne pas perdre la face. Merkel, pendant sa conférence de presse avec Trump avait visiblement des aigreurs d’estomac. Je lui conseillerais de s’attendre à d’autres aigreurs bientot. La révolution Trump ne fait que commencer. Et quand il s’agit de l’Iran, Trump a un allié fiable avec lequel il travaille en synergie : cet allié s’appelle Binyamin Netanyahou, pas Emmanuel Macron ou Angela Merkel.

Dois-je l’ajouter ? Même s’il faisait la paix en Asie et au Proche-Orient, Trump n’aurait, bien sûr, pas le prix Nobel de la paix. Pour avoir le prix Nobel de la paix de nos jours, il faut être de gauche et semer le chaos.

Et n’oubliez pas : la doctrine Trump n’existe pas. Trump n’est qu’un abruti impulsif, et Ronald Reagan était idiot. Mais si vous lisez une certaine presse, vous ne risquez pas d’oublier.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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