
Les médias se sont jetés sur «les violences à Gaza» comme la petite vérole se jette sur le bas-clergé. Des condamnations indignées sont venus de la plupart des pays occidentaux. Selon Matti Friedman, (dont j’avais traduit pour Dreuz le témoignage en 2014) les leaders du Hamas ont une fois de plus trouvé le moyen de «vendre» leur narratif aux Occidentaux en manipulant les médias, comme c’est leur habitude.
Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit cet article de Matti Friedman* paru le 16 mai.
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Tomber dans le piège de l’écran divisé du Hamas
Jérusalem – Durant mes années passées à travailler pour la presse internationale ici en Israël, bien avant les événements sanglants de cette semaine, j’en suis venu à respecter le Hamas pour sa capacité à faire passer son narratif.
Fin 2008, j’étais rédacteur en chef, un employé local du bureau de Jérusalem de l’Associated Press, lors de la première vague de violence à Gaza, après que le Hamas l’ait pris en charge l’année précédente. Ce conflit ressemblait terriblement à la campagne américaine en Irak, lors de laquelle une armée moderne combattait dans des zones urbaines surpeuplées contre des combattants dissimulés parmi des civils. Le Hamas a compris très tôt que le nombre de victimes civiles provoquerait une indignation internationale contre Israël, que c’était l’arme la plus importante de son arsenal et non pas l’usage des armes à feu ou les embuscades.
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Au début de cette guerre, j’ai respecté la censure du Hamas présentée sous la forme d’une menace envers l’un de nos reporters de Gaza et j’ai supprimé un détail clé d’un article : les combattants du Hamas étaient déguisés en civils et étaient comptabilisés comme des civils. Le chef du bureau de l’AP a écrit plus tard qu’écrire la vérité après qu’un de nos journalistes ait été menacé aurait signifié « mettre sa vie en danger ». Néanmoins, nous avons utilisé le même bilan des victimes tout au long du conflit et n’avons jamais mentionné la manipulation.
Le Hamas a compris que les médias occidentaux voulaient une histoire simple de bons contre les méchants et qu’ils s’en tiendraient à ce scénario, que ce soit par sympathie idéologique, s’ils y étaient obligés ou par ignorance. On pouvait faire confiance à la presse pour présenter des êtres humains morts non pas en tant que victimes du groupe terroriste qui contrôle leur vie, ou d’une confluence tragique d’événements, mais à cause d’un massacre israélien injustifié. La volonté des journalistes de coopérer avec ce scénario a incité le Hamas à continuer à l’utiliser.
La prochaine étape dans l’évolution de cette tactique était visible dans les terribles événements de lundi. Si l’arme la plus efficace dans une campagne militaire est constituée des images de victimes civiles, le Hamas semble avoir conclu qu’il n’avait pas du tout besoin d’organiser un combat. Tout ce que vous avez à faire, c’est vous arranger pour que des gens soient tués devant les caméras. Le moyen de le faire à Gaza, en l’absence de soldats israéliens à l’intérieur du territoire, est de tenter de traverser la frontière israélienne, alors que tout le monde comprend qu’elle est défendue avec une force létale et facile à filmer.
Environ 40 000 personnes ont répondu à l’appel du Hamas. Beaucoup d’entre eux, certains armés, se sont précipités sur la barrière frontalière. Beaucoup d’Israéliens, moi inclus, ont été horrifiés de voir le nombre de morts atteindre 60.
La plupart des téléspectateurs occidentaux ont vécu ces événements grâce à un outil de narration visuelle : un écran divisé. D’un côté était présentée l’ouverture de l’ambassade américaine à Jérusalem en présence d’Ivanka Trump, des alliés chrétiens évangéliques de la Maison-Blanche et de la direction politique actuelle d’Israël – un événement que plusieurs ici ont trouvé bizarre et éloigné de notre vie nationale. De l’autre côté, on pouvait voir la violence terrible dans un territoire désespérément pauvre et isolé. La juxtaposition était bouleversante.
Les tentatives d’ouvrir une brèche dans la barrière de Gaza, que les Falestiniens ont appelé la Marche du Retour, ont commencé en mars et avaient pour but déclaré d’effacer la frontière, une étape vers l’effacement d’Israël. Un des organisateurs principaux le leader du Hamas, Yehya Sinwar, a exhorté devant les caméras, en arabe, les participants à «arracher le cœur» des Israéliens. Mais lundi (NdT: le 14 mai), l’entreprise, rebaptisée « protestation contre l’ouverture de l’ambassade » avait été minutieusement chronométrée pour coïncider avec cet événement. L’écran divisé, et l’impression qui a été créée à l’effet que des gens étaient en train de mourir à Gaza à cause de Donald Trump, était l’image que le Hamas recherchait.
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La couverture de presse lundi a été un succès majeur pour le Hamas dans une guerre dont le champ de bataille n’est pas vraiment Gaza, mais le cerveau de publics étrangers.
Les soldats israéliens qui font face à Gaza n’ont que de mauvais choix à faire. Ils peuvent décourager les «manifestants» à l’aide de gaz lacrymogènes ou de balles en caoutchouc, qui sont souvent inexactes et inefficaces, et si cela ne fonctionne pas, ils peuvent utiliser le tir à balles réelles. Ou bien ils peuvent retenir leurs tirs afin d’épargner des vies et permettre qu’une brèche soit faite et , dans ce cas des milliers de personnes vont se précipiter en Israël, dont certains – les soldats ne sauront pas lesquels – seront des combattants armés. (Un des chefs du Hamas, Salah Bardawil, a déclaré mercredi à une chaîne de télévision du Hamas que 50 des victimes étaient des membres du Hamas. Le groupe Jihad islamique en a identifié trois autres.) Si une telle violation se produisait, le bilan serait plus élevé. Ensuite, la tactique du Hamas, ayant fait ses preuves, elle serait probablement reprise par les ennemis d’Israël à ses frontières avec la Syrie et le Liban.
Des personnes bien informées peuvent débattre de la meilleure façon de faire face à cette menace. Une réponse différente aurait-elle pu réduire le nombre de morts ? Ou une réaction plus agressive pourrait-elle décourager d’autres actions de ce type et sauver des vies à long terme ? Par exemple, quels sont les ordres de tirs à la frontière entre l’Inde et le Pakistan ? Y a-t-il quelque chose qu’Israël aurait pu faire pour désamorcer d’avance la situation ?
Ce sont des questions importantes. Mais quiconque observait les réactions à l’étranger voyait que ce n’était pas cela qui était discuté. Comme c’est souvent le cas en ce qui concerne Israël, les choses sont vite devenues hystériques et fort éloignées des événements eux-mêmes. Le président turc a qualifié les événements de «génocide». Une chroniqueuse du New Yorker a profité de l’occasion pour tweeter certaines de ses réflexions sur «la blancheur et le sionisme», s’inscrivant dans une curieuse tendance qui projette les problèmes raciaux et sociaux américains dans une société du Moyen-Orient, située à 9 650 km. Les maladies propres à l’ère des médias sociaux – le mépris pour l’expertise et l’idée que d’autres personnes ne sont pas simplement mauvaises mais aussi méchantes – se sont glissées dans la vision du monde de personnes qui devraient mieux se renseigner.
Vu d’ici, c’est le véritable effet de l’écran divisé qui se produit: d’un côté, une tragédie humaine compliquée dans le coin d’une région qui échappe à tout contrôle. De l’autre, une histoire venimeuse et simpliste, symptôme de ces temps venimeux et simplistes.
* M. Friedman est journaliste, et l’auteur des mémoires « Pumpkinflowers: A Soldier’s Story of a Forgotten War.” .»
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.
https://www.nytimes.com/2018/05/16/opinion/hamas-israel-media-protests.html
Magali Shalom,
Je me permets d’exprimer quelques réserves quant au titre « Selon Friedman, les médias sont tombés dans le piège du Hamas ».
Aucun média n’est tombé dans le piège du Hamas, car le Hamas n’a tendu aucun piège. Le Hamas, désespéré de constater que les « malheurs » soigneusement mis en scène des habitants égyptiens de la Bande de Gaza, réédition hollywoodienne bidon des nouveaux « Damnés de la Terre » (Franz Fanon), n’intéressent plus personne et surtout pas les Egyptiens et les Saoudiens, qui ont un besoin désespéré d’Israël et des USA (dans cet ordre), ont profité d’un événement inutilement médiatisé, le transfert naturel de l’ambassade américaine à Jérusalem, pour faire un coup de com’. Aucun média n’est tombé dans le piège. C’est le contraire : les médias attendent avec anxiété ou plus exactement guettent avec une avidité psychotique non déguisée tout show ou événement qui peut alimenter leur antisionisme, relookage du bon vieux antisémitisme hideux, pour jeter sans retenue leur venin stérile.
Tout est dit sur le pouvoir de nuisance des merdias: suffisamment vérolés pour nous faire ingurgiter leur tartufe de service.
D’accord avec vous : les médias occidentaux, depuis le temps qu’ils savent de quoi il retourne, surtout depuis internet et l’existence de médias tels que Dreuz, qui rappellent inlassablement les faits tels qu’ils sont, ne tombent dans aucun piège : ils sont les relais complices des opérations de désinformation orchestrées par le Hamas. Et ils le sont par vénalité (les pétrodollars, les voix dans les banlieues) et par antisémitisme atavique.
Shalom David,
Je suis d’accord avec vous. J’ai mal choisi mon titre.
Par contre, Friedman dit bien:
«Le Hamas a compris que les médias occidentaux voulaient une histoire simple de bons contre les méchants et qu’ils s’en tiendraient à ce scénario, que ce soit par sympathie idéologique, s’ils y étaient obligés ou par ignorance. (…) La volonté des journalistes de coopérer avec ce scénario a incité le Hamas à continuer à l’utiliser.
Il y a donc bien une complicité des médias et Friedman les dénonce chaque fois qu’il en a l’occasion!
Exactement, ce n’est pas un piege tendu, c’est une collaboration assassine, consciente et perverse
Tres remarquable article. En ces temps « venimeux et simplistes », il ne faut pas minimiser le role tres important de la betise. Celle-ci, lorsqu’elle est accompagnee du desir de nuire, se manifeste souvent par un gout absurde pour l’indignation: voir le succes de l’opuscule desolant de betise de feu Stephane Hessel, ou l’« intersectionalite »,
mise en commun des protestations emanant de groupes divers (aux Etats-Unis: feministes, Noirs, pro-palestiniens …) sans lien apparent. Sur le meme theme, mais sur un registre plus gai, souvenons-nous qu’un farceur, il y a pres d’un siecle, avait reussi a creer une grande agitation indignee en defense du peuple « poldeve » maltraite.
Ceux qui tombent dans le piège du Hamas sont… idiots ?
Parce qu’ils le veulent bien !
Tellement facile et vendeur de jeter Israël aux gemonies! Mais je pense que ça va marcher de moins en moins, les gens ouvrent petit à petit les yeux et en auront marre d’etre pris pour des c….
Bien sur les médias ne tombent pas dans le piège, ils sont pleinement complices.
Bonjour à tous.
Les pays arabes refusant d’absorber la population palestinienne sont les vrais responsables de la création de cette zone de parcage ou la paranoïa est un trait culturel.
Ou la stérilité financière, éducative et l’isolement ont fait le terreau de la désinformation. Ou la rareté des biens élémentaires a fini par conforter ses habitants, les traînant dans une folie aveugle contre les innocents.
Il est probable que la plupart des palestiniens adhérents a des idéaux ou groupes qui les poussent a l’offensive. Dès lors, il est accessoire de faire la comptabilité entre leurs morts civils et teoristres! Ces groupes armés leur présentant Israël comme le responsable de leurs maux. Ils font aussi du reste du monde un ennemi a haïr! Cette populations rongée par l’indigence, nourrie par le mensonge et l’ignorance du monde ne pouvait que devenir la meute animale que l’on constate!
Les palestiniens ont acquis une vision paranoïaque d’ailleurs. Ils sont convaincus d’être les victimes du monde. Il sera bon de les voir un jour réaliser la duperie de
Il est urgent que le monde admette que le rejet des palestiniens par leurs pays « frères » montre bien l’hypocrisie de leurs prêches quand ils accusent l’humanité..
Alors qu’eux même refusèrent d’intégrer ces gens avec les conséquences dramatiques que subissent aujourd’hui Israël et la palestine qui est l’instrument de pays arabes pour influencer l’opinion populaire.
Ce qui déstabilise l’équilibre international ou les opinions abusés constituent une véritable poudrière.
Il est urgent que le monde se réveille. Si ces palestiniens sont réellement opprimés, pourquoi donc leur monde d’Orient ne leur ouvrit pas les pas les portes ?
Puisque c’est ainsi je trouve que le hamas es très fort en matière ce communication
Je suggère que la prochaine étape est qu’Israel aligne 250 caméras pour contrecarrer les caméras de la presse étrangère .
La prochaine bataille sera la bataille des caméras image vraie contre image fausse tronquée ou remaquillée
Il y a une video superbe (de 10 minutes environ) de Pierre Rehov, qui montre tres exactement la verite: mais, bien sur, elle a ete rejetee par YouTube, alors que les mensonges anti-israeliens sont acceptes sans aucune protestation. Le produit des 250 cameras aurait probablement le meme destin. Bataille images vraies contre images mensongeres ? je ne vois pas comment la verite pourrait sortir gagnante. Sauf, peut-etre, lorsque plus de femmes (Nikki Haley) et d’hommes politiques (Ministre tcheque des Affaires Etrangeres) mettront leur poids dans la balance, et que d’autres (comme Trudeau) seront remis en place. En resume: des personnes courageuses et audibles (en France, Rioufol, par exemple) sont peut-etre susceptibles de faire une difference.
Medias complices plutot que simplement stupides ? probablement vrai pour ce qui concerne les grandes agences (AFP, Reuters, AP); quant a la plupart des journaux, ils se bornent en France tout au moins a reproduire les depeches de l’AFP. Pour ce qui concerne les hommes politiques, leur ignorance des faits sur lesquels ils emettent des jugements peremptoires est parfois stupefiante: voir sur l’un de vos sites favoris la pression que le gouvernement sud-africain met sur Israel pour qu’Israel se retire de Gaza, et l’admirable tweet ecrit en reponse par un israelien anonyme, exigeant que le gouvernement sud-africain libere Nelson Mandela.
Le hamas est un groupe terroriste meurtrier qui veut passer pour une victime
Question de gènes.
Pardon mais même sans histoire simple cela aurait été pareil. Les media tirent contre Israel avant même de connaitre l’histoire. Il n’y a aucun piège. On ne peut forcer à boire quelqu’un qui n’a pas soif. Et les media n’ont aucune soif de vérité. Il la récusent même car elle risque de déranger leur modele. Leur schéma est pre-etabli ,qui témoigne d’une une réelle « pravdatisation » à la soviétique de l’information. Face à cette mauvaise foi evidente et récurrente depuis des décennies, Israel ne peut pas faire grand chose. Sinon redire et redire les choses avec l’aide d’honnêtes gens….mais il y en a de moins en moins et ils ne sont pas audibles car on les interdit de parole.
Merci à cet article qui laisse clairement entendre le raisonnement des médias, s’embarrassant très peu de la déontologie.
Ils désirent toujours :
« Le Hamas a compris que les médias occidentaux voulaient une histoire simple de bons contre les méchants et qu’ils s’en tiendraient à ce scénario, »…
De préférence que le méchant soit toujours Israël. Mais il faut lire l’article pour réaliser à quel points ces journalistes ne sont que des imposteurs.
Les « journalistes »peuvent à nouveau prendre leur posture fétiche: celle de l’humaniste outragé.
« Aujourd’hui, le chemin est parcouru. Qu’importe Hitler, c’est du passé. Le présent, c’est l’Europe, suffisamment riche pour retourner dans le monde et d’abord, dans l’Orient arabe et musulman, son voisin proche. Elle s’est même attribué une mission que nul en dehors d’elle ne lui reconnaît : la paix entre les hommes de bonne volonté. De ceux-là, les Juifs, décidément, ne font pas partie. L’Europe est devenue profondément anti-juive. »
Les Penchants criminels de l’Europe démocratique. J-C Milner
https://editions-verdier.fr/livre/les-penchants-criminels-de-leurope-democratique/
Le présent arrange bien un certain Herr dogan.
Ce ne sont pas les médias qui sont tombés dans le piège du Hamas !
Mais ce sont les médias qui ont attisé la haine du Hamas !