Publié par Jean-Patrick Grumberg le 8 juin 2018

Ils ont beau jouer les gros bras, faire des déclarations impressionnantes auprès de leurs citoyens, les deux jeunes dirigeants français et canadien paniquent en privé.

Macron et Trudeau savent que Trump ne fera d’eux qu’une bouchée, et qu’ils n’ont ni la carrure, ni la force de caractère, ni surtout les arguments pour justifier le fait qu’ils imposent lourdement les produits en provenance des Etats-Unis, tandis que les produits qu’ils exportent vers les Etats-Unis bénéficient de taxes de douane très faibles.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Le G7, qui se tient à Charlevoix, près de la ville de Québec, tournera autour des écarts de tarifs douaniers.

Et plus que n’importe quel autre événement, je vous prédis déjà que cette rencontre sera couverte par vos médias avec une grande malhonnêteté – c’est pour éviter cela que vous lisez Dreuz – et que rien les intéresse moins que rapporter la vérité : il s’agit pour eux d’une occasion de DAT, ou Délire Anti-Trump.

L’inégalité des tarifs, que les médias dissimulent au grand public pour qu’il pense que le Président américain a un comportement erratique et imprévisible, et que sa politique est de plus en plus protectionniste, ne sera pas évoquée.

Un exemple. Combien de vos médias ont-ils rapporté ce tweet du président Trump, qui pourtant permet de bien comprendre les enjeux ? Les médias sont-ils là pour donner à leurs lecteurs les éléments pour se faire une opinion, ou pour décider à leur place qu’elle opinion ils doivent avoir ?

Voici ce que le Président Trump a tweeté (et que Le Monde ne rapportera pas) :

“Le premier ministre Trudeau est tellement indigné, il évoque la relation que les États-Unis et le Canada avaient au fil des ans et toutes sortes d’autres choses…. mais il ne parle pas du fait qu’ils nous font payer jusqu’à 300% sur les produits laitiers – ce qui nuit à nos fermiers et tue notre agriculture !”

Typiquement lors de la réunion annuelle du G7, les dirigeants discutent de commerce international, de politique économique, de sécurité et de “changement” climatique (ils n’osent plus parler de réchauffement depuis que les prévisions de réchauffement ne se sont pas concrétisées).

  • Sur le réchauffement climatique, Macron a déjà essuyé une rebuffade en échouant à faire changer Trump de position.
  • Sur la sécurité, les dirigeants européens se sont fait remonter les bretelles par Trump pour leur légèreté à accepter sur leur sol des migrants dont ils ne sont pas capables de savoir s’ils sont des terroristes ou des opprimés politiques.
  • Sur la politique économique, Trump a déjà sifflé la fin de la récré : l’ère du stupide Obama est terminée, a-t-il dit. Finies les injustices dont l’Amérique a trop longtemps été victime, et le 31 mai dernier, l’Administration Trump a confirmé qu’elle appliquait des tarifs sur les importations d’acier et d’aluminium – une augmentation de 26 % et de 10 %, respectivement – au Canada, au Mexique et aux pays de l’UE, mettant fin à une période d’exemption de deux mois pour permettre aux dirigeants de ces pays de faire des propositions concrètes – qu’ils n’ont pas cru devoir prendre au sérieux, et ils s’en mordent les doigts.
  • Quant au commerce international, c’est bien évidemment de l’Iran dont il sera question, puisque les entreprises européennes quittent l’Iran de peur d’affronter d’énormes sanctions américaines, préférant perdre quelques miettes avec l’Iran, que tomber dans le gouffre avec les Etats-Unis.

Voilà pourquoi Macron et Trudeau tentent de se rassurer, de se serrer moralement l’un contre l’autre, de se mentir mutuellement en affirmant qu’ils pèsent assez lourd pour contrer les mesures du président américain, et qu’ils tremblent à l’idée de cette rencontre, même s’ils savent que les journalistes sont assez soumis et dociles, qu’ils n’ont plus aucune capacité à réfléchir par eux-mêmes ou faire leur métier de façon critique, et qu’ils les présenteront comme les sauveurs du monde occidental, face au grand prédateur arrogant qui veut déclencher une guerre fatale pour l’économie mondiale.

Black-out des médias sur les tarifs douaniers imposés aux Etats-Unis

J’ai lu des centaines d’articles en anglais et en français, parcouru des pages et des pages de comptes-rendus et de critiques de la politique américaine. Je n’ai pas trouvé une seule ligne qui évoque les tarifs douaniers élevés imposés aux Etats-Unis par l’UE.

  • Il faut fouiller profond pour découvrir que les voitures fabriquées aux Etats-Unis sont taxées à 10% par l’UE, tandis que celles fabriquées en Europe bénéficient d’une taxe cadeau de 2,5% quand elles arrivent aux Etats-Unis.
  • En 1962, la CEE a augmenté de façon drastique les droits de douane sur les poulets importés. En conséquence, les États-Unis ont perdu le marché européen de la volaille. Fin 1963, le président Lyndon Johnson a riposté en imposant un droit d’importation de 25% sur les camions. C’est pourquoi nous voyons si peu de camions européens sur les routes américaines. Et bien que les SUV aient été exemptés de cette taxe en 1989, la taxe sur le poulet est toujours en vigueur.
  • En 2007, selon les statistiques de l’OMS, les droits de douane imposés par l’UE étaient en moyenne de 5,2%, avec des variations très importantes selon les produits. Les droits de douane des Etats-Unis étaient de 3,5%.
  • La courbe des tarifs douaniers suit de près celle du déficit dans les échanges commerciaux. Lorsque les Etats-Unis imposaient des tarifs douaniers élevés, ils exportaient plus qu’ils importaient. Lorsqu’à partir de 1970, ils ont fortement abaissé leurs tarifs douaniers – tandis que leurs partenaires étrangers ne touchaient pas aux leurs, ou pas dans la même proportion – le déficit s’est creusé pour atteindre des montants qui ont heurté les entreprises américaines. C’est l’anomalie que le Président Trump va corriger, et son expérience d’homme d’affaires le place d’emblée en position de force.
  • Sur le graphe ci-dessous, la différence de tarifs douaniers imposés par la France (égaux à ceux de l’UE) et par les Etats-Unis. Ces chiffres concernent la moyenne totale, et non les tarifs spécifiquement imposés par l’UE aux produits américains qui, selon le Forum économique mondial, sont plus élevés, à 4,9%.

Trump offre de supprimer les tarifs douaniers, les médias n’en parlent pas

Dans un tweet, le président américain a tendu la main aux dirigeants européens et canadien. Il leur a offert de supprimer tous les tarifs et barrières douanières, et même de leur faire des cadeaux :

“Pourquoi l’Union européenne et le Canada n’informent-ils pas le public que, depuis des années, ils ont massivement utilisé les tarifs commerciaux et les barrières commerciales non monétaires contre les États-Unis, ce qui est totalement injuste pour nos agriculteurs, nos travailleurs et nos entreprises ? Supprimez vos tarifs et barrières et nous en ferons autant, et nous irons même au-delà !”

Il suffirait de quelques médias honnêtes pour que l’importance de cette déclaration soit soulignée, car elle peut tout changer, lors des négociations qui se tiendront ce week-end au Canada.

Heureusement que Dreuz.info existe. Sans nous, vous l’auriez ignoré.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading