Publié par Jean-Patrick Grumberg le 13 juin 2018

Lorsque le président Trump a annoncé le retour des sanctions américaines contre l’Iran il y a plus d’un mois, le 8 mai, sa décision a été accueillie avec beaucoup de scepticisme quant au nombre d’entreprises mondiales qui cesseraient leurs activités en Iran ou avec des agents iraniens.

Cependant, la décision du président américain Donald Trump de se retirer de l’accord nucléaire iranien a causé des dommages économiques considérables aux Iraniens. Selon les évaluations des services de renseignement israéliens, une réaction en chaîne s’est déclenchée, et les conséquences ont été bien plus sévères que prévu à l’origine.

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Trump a annoncé sa décision le mois dernier, et il a précisé qu’il rétablissait des sanctions extrêmement sévères contre l’industrie pétrolière iranienne et les entreprises étrangères qui commercent avec elle.

Ces mesures sont censées entrer pleinement en vigueur au début du mois de novembre prochain, pourtant, plusieurs entreprises américaines, dont Boeing et General Electric, qui ont signé des contrats pour le remplacement d’équipements obsolètes à l’industrie pétrolière iranienne, interrompent déjà leurs investissements dans le pays.

  • Cette semaine, le fabricant d’équipements sportifs Nike a annulé à la dernière minute une livraison de crampons de football à l’équipe nationale iranienne, qui participe à la Coupe du monde à partir de vendredi en Russie.
  • British Petroleum (BP) a annoncé qu’il met fin à son partenariat d’investissement avec la compagnie pétrolière iranienne dans le forage en haute mer au large des côtes écossaises.

Résistance et soumission des dirigeants européens

  • Début juin, les ministres de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne et de l’Union européenne ont envoyé une lettre aux membres du cabinet Trump, dans laquelle ils demandaient aux États-Unis d’exempter les entreprises des secteurs de l’énergie, de l’aviation et de la santé des sanctions américaines secondaires – qui visent les entreprises européennes faisant du commerce avec l’Iran.

Les entreprises visées par cette demande d’exemption sont notamment le géant européen Airbus, qui a signé des contrats d’une valeur de 1 milliard de dollars avec l’Iran après la signature de l’accord nucléaire en 2015, et la compagnie énergétique française Total.

  • Parallèlement à cette demande, les dirigeants européens ont condamné les actions “unilatérales” de l’Amérique, et ils ont encouragé les entreprises européennes à continuer à faire des affaires avec l’Iran “tant que l’Iran continue apparemment à adhérer aux termes du JCPOA (accord nucléaire)” alors que Trump a annoncé que l’Iran ne respecte pas les accords, et que les services secrets israéliens ont saisi une demi-tonne de documents cachés dans un hangar de Téhéran qui le prouve.
  • L’Inde, par exemple, qui est un grand importateur de pétrole iranien, avait déclaré qu’elle “ne suivrait que les sanctions de l’ONU, et non les sanctions unilatérales de quelque pays que ce soit”.
  • Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a proposé de promulguer des lois permettant aux entreprises européennes d’ignorer les sanctions américaines. Ce soi-disant “statut de blocage” devait protéger les entreprises européennes contre les poursuites du Trésor américain et d’autres agences américaines.

Malgré cela, malgré les déclarations audacieuses et flamboyantes des dirigeants européens et asiatiques en faveur de l’Iran, il semble que le poids économique de l’Amérique est bien trop important. Leur bassesse morale, leur insistance à ignorer les promesses explicites de l’Iran d’exterminer encore 6 millions de juifs en Israël, leur façon de fermer les yeux sur l’implication active de l’Iran dans le terrorisme mondial, et ce dans le but de protéger le dieu argent qu’ils accusent les Etats-Unis de révérer, n’a pas fonctionné.

De nombreuses entreprises quittent le marché iranien

Des entreprises de tous types et de toutes tailles, allant des compagnies d’assurance aux constructeurs automobiles en passant par les compagnies maritimes, ont annoncé qu’elles cessaient leurs activités avec l’Iran, ou en Iran, en raison des sanctions américaines.

  • Total, la compagnie pétrolière française, a annoncé que, en dépit des demandes du président Macron de continuer à commercer avec la dictature islamique, elle se retirait de l’accord de 5  milliards de dollars qu’elle a conclu avec l’Iran.
  • Total devait développer le champ de gaz naturel de South Pars 11 en Iran dont elle détient une participation de 30%. L’Iran a maintenant l’intention de céder le contrat au chinois CNPC.
  • Mais la compagnie chinoise CNPC a déclaré qu’elle quitterait l’Iran si elle ne pouvait obtenir une dérogation des États-Unis.
  • La compagnie maritime danoise et géant du container Maersk a annoncé qu’elle n’expédierait plus de pétrole iranien en raison des sanctions américaines. Dans une déclaration du PDG, l’entreprise a clairement indiqué qu’elle accordait la priorité à ses affaires avec les États-Unis plutôt qu’aux affaires en Iran.
  • Peugeot a signalé son intention de se retirer de l’Iran d’ici le 6 août 2018 à moins d’obtenir une dérogation américaine. PSA a vendu 445 000 voitures en Iran l’an dernier, et il ne vend pas de voitures aux États-Unis après avoir essuyé, ainsi que Renault, un échec commercial total dans les années 80. En plus de vendre des voitures, PSA avait signé des accords avec Iran Khodro Industrial Group pour fabriquer des voitures Peugeot en Iran, et avec SAIPA pour construire des véhicules Citroën.
  • General Electric et sa filiale Baker Hughes, je le disais plus haut, ont réalisé un chiffre d’affaires combiné de près de 25 millions de dollars de contrats avec l’Iran depuis 2016 pour la fourniture de pipelines, de vannes et de produits d’infrastructure pétrolière et gazière à des entreprises iraniennes. GE et Baker Hughes cessent leurs activités en Iran conformément à la loi américaine, et leurs licences commerciales, appelée Licence H, seront révoquées en novembre.
  • Honeywell, une société de technologie, avait plus de 110 millions de dollars de revenus de l’Iran depuis 2016. Il a déclaré qu’il se retirerait du pays.
  • Une filiale d’Honeywell avait juste obtenu un contrat pour la mise à niveau de la technologie de surveillance et de contrôle de la Tabriz Petrochemical Company en Iran.
  • Boeing, qui avait un contrat de 20 milliards de dollars pour des avions avec Iran Air et Iran Aseman Airlines, a annoncé le 6 juin qu’il ne livrera pas les avions.
  • Lukoil – La deuxième plus grande compagnie pétrolière russe a décidé à la fin du mois de mai qu’elle ne poursuivrait plus aucune coopération avec des compagnies pétrolières iraniennes en raison des sanctions américaines.
  • Reliance Industries, une société indienne qui possède le plus grand complexe de raffinage de pétrole au monde, a annoncé le 30 mai qu’elle n’accepterait plus d’importations de pétrole brut en provenance d’Iran, et ce malgré les déclarations du gouvernement indien qu’il ne se conformera pas aux sanctions américaines.
  • Dover, qui fabrique des pompes et d’autres produits utilisés dans l’industrie pétrolière, avait signé ses premiers contrats avec l’Iran en 2017. Elle a maintenant décidé de mettre fin à toutes ses affaires avec l’Iran.
  • Siemens, qui fabrique une variété de produits de santé, d’industrie, d’énergie et d’automobile, a annoncé qu’elle ne prendrait plus de nouvelles commandes de l’Iran, et qu’elle réduisait ses intérêts commerciaux avec l’Iran.
  • L’assureur Chubb Ltd, qui misait sur le développement de l’économie iranienne, annule ses contrats et se retire.
  • La compagnie d’assurance maritime Validus Holdings, qui a gagné des centaines de millions de dollars en assurant une grande partie de la flotte de cargos iraniens, y compris les tankers pétroliers, prépare son retrait d’ici novembre, date du retrait de la licence H.
  • Renault, qui possède la marque japonaise Nissan, un constructeur très implanté sur la marché américain, et fabrique des pièces détachées pour Mitsubishi, une autre marque japonaise très implantée aux Etats-Unis, va devoir suivre la décision de Peugeot, alors que les ventes de la marque française avaient progressé de 127 %.
  • Allianz, le géant allemand de services financiers, a annoncé son retrait du marché iranien.
  • Danieli Cina, le géant italien de l’acier, a arrêté ses contrats avec l’Iran.
  • La compagnie italienne pétrolière et d’énergie Eni quitte l’Iran.
  • Saga Energy, la compagnie pétrolière norvégienne a annoncé qu’elle se retirait du marché iranien.
  • PGNiG, la compagnie pétrolière nationale polonaise, a suspendu ses projets en Iran.

Les autres sociétés dans le collimateur américain :

  • 38 autres sociétés françaises sont concernées par les sanctions américaines :

ALSTOM; Auto Chassis International Pars; Avicenne Gerontologic; Balmoral Intl SAS; Bel Rouzaneh Dairy; Boeing France; Bureau Veritas; CBE Group; CGG; Cohen Amir-Aslani; Danone; Eiger International; Engie; Faurecia Azin Pars Seating; Gaz de France; GEA; Golden Group; Hyper Market Maf Pars; Intertek International Limited (SAI); Negotium Partners; Nexans Co.; RGG Capital; Schneider Electric Co. (Telemecanique Iran); SNCF; Suez Environnement; Thales; Vecteur Cast; Vinci Technologies; Vision France Consulting; Well Services of Iran (WSI — Schlumberger Methods).

  • 35 entreprises allemandes :

AIOTEC GmbH; Alldos Eichler GmbH; Bada AG; Bayer Parsian AG; BASF Iran Co.; BASF’s Wintershall; Butting GmbH (CamalAmiran Co.); COMMERZBANK; Eisenmann Co.; Eltherm GmbH; Evonik Iran; Ferrostaal; Germanischer Lloyd; HERRENKNECHT; ILF Consulting Engineers Pars; KOBOLD Messring GmbH Iran; KROHNE Iran; KSB Aktiengesellschaft; Linde Co.; Minimax GmbH & Co. KG, Iran Branch Office; Minova CarboTech Iran Branch; Nivea; PM Piping; Regalbuto Steel GmbH; Rieckermann GmbH (Iran Liaison Office); Salzgitter Mannesmann International Tehran; TGE Gas Engineering GmbH; TUV NORD Iran; Uhde GmbH Iran Branch; Volkswagen; WIKA Instrumentation Pars Kish Ltd.; Wintershall Iran Holding GmbH.

  • 21 sociétés italiennes :

Le pétrolier AGIP; la compagnie aérienne AlItalia; Ansaldo Energia SpA; CONDOTTE D’ACQUA; Edison International; Enel; Ferrovie dello Stato; Fiat-Chrysler; FINCANTIERI; Fincantieri SpA; GEOLOG International BV — Iran; ITINERA; Kinetics Technology; Saipem; Seli; SSE SpA Iran Branch; Tecnimont SpA; Tectubi Raccordi S.p.A.; TELECOMA ITALIA GROUP.

  • 16 entreprises britanniques :

Atlantic International Operation Limited; BG — British Gas Iran; BHP Billiton; BP Iran Ltd.; Cameron Integrated Services (South Well Drilling Engineering Co.); Daimler; Energy Deployment Co. Ltd.; Euroinvest; Flowstream International Ltd.; KBC Iran Office; Lloyd’s Register Group Ltd; Lloyd’s of London; Pergas International Consortium; Royal Dutch Shell; UK P&I; Welding Alloys Group (Aliaj Joosh Iran).

  • 8 entreprises suisses :

ABB (PJSC); BUCHER; Burckhardt Compression Tehran SSK; MSC BASEL; SGS Iran Limited; Sulzer Co.; Weatherford; ZURICH INSURANCE.

  • 7 entreprises espagnoles :

Esproenko Pars; JC Valves; Sercobe Co.; Star Petroleum Middle East; TAIM WESER Iran Office; Tubacex Service Solutions Pars (TSS Iran); Tubos Reunidos Group.

  • 5 sociétés danoises :

Ecco; Haldor Topsoe; LEO Pharma; Novo Nordisk; Welltec Oilfield Services Iran (Touse Mohandesi Fanavari Chah Mayadin).

  • 5 entreprises norvégiennes :

Barwil; Fugro-Geoteam AS; Hydro; ROXAR Norway; SPT Group Norway.

  • 6 sociétés tchèques :

Bresson Energy; Energo-Pro; Moravia Steel; Ostroj; Solek Holding; SOR Libchavy.

  • 5 entreprises hollandaises :

AkzoNobel; BAF Valves Pars; ENI Iran B.V.; Royal Dutch Shell; Zagroz Equipment Engineering Co.

  • 4 entreprises suédoises :

Alfa Laval Iran Co. Ltd.; Atlas Copco Iran; Camfil Farr Co.; NYNAS.

  • 2 sociétés autrichiennes :

Christof Industries — Geety Sanaat Mayestan Co. (GSM); Oberbank; O.M.V.

  • 2 sociétés finlandaises :

Metso Iran (Garno Group); Styrochem of Finland.

  • 1 entreprise macédonienne : ABE Power Co., 1 roumaine : Robust Star Group, et 1 chypriote : Sezzol Group.

Cela fait beaucoup, pour un pays étranglé par la corruption et le détournement de l’argent public au profit de l’impérialisme islamique.

Les services secrets israéliens surpris par l’efficacité des sanctions de Trump

Selon les services de renseignements israéliens, l’Iran espérait récolter des profits importants grâce à des accords avec des entreprises européennes et américaines au cours de la période à venir.

Cependant, le régime de Téhéran est maintenant confronté à l’abandon par des entreprises qui ont déjà signé des contrats, en plus des négociations avec d’autres entreprises, en raison de la décision américaine.

Cela provoque des effets en chaîne qui pourraient faire tomber la dictature islamique :

  • Pressions internes à l’intérieur même du régime,
  • fréquentes manifestations de l’opposition dans les villes du pays,
  • Manifestations sur le coût de la vie et le chômage.

Les services de renseignement israéliens sont arrivés à la conclusion que la double pression économique, intérieure et étrangère, accélère la division au sommet du régime entre le camp dur des intégristes islamiques et celui des intégristes islamiques pragmatiques.

Une partie du différend porte sur la question de l’aide étrangère iranienne aux organisations terroristes au Moyen-Orient. Selon diverses évaluations, Téhéran verse près d’un milliard de dollars par an à ces groupes, notamment le Hezbollah, qui lutte en son nom pour prendre le contrôle de la Syrie au travers du régime Assad, les rebelles Houthi au Yémen, et deux organisations terroristes palestiniennes dans la bande de Gaza, le Hamas et le Djihad islamique.

Le camp pragmatique soutient la réduction de ces dépenses. Certains manifestants en Iran ont lancé des appels et brandi des pancartes condamnant l’utilisation des fonds du gouvernement pour le terrorisme à l’étranger aux dépens du peuple iranien.

Les responsables du renseignement israélien ne se précipitent pas pour autant à conclure que la stabilité du régime est menacée. Les dirigeants iraniens ont bien fait face aux vagues de protestation précédentes, y compris au début de cette année.

Et suite au retrait de Trump de l’accord nucléaire, l’Iran a annoncé la semaine dernière qu’il renouvellerait le processus d’augmentation de sa capacité d’enrichissement de l’uranium, ce qui met en porte à faux les Européens qui pourront difficilement regarder longtemps ailleurs, même avec l’aide des médias.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Sources :

https://www.forbes.com/sites/ellenrwald/2018/06/06/10-companies-leaving-iran-as-trumps-sanctions-close-in/#2ceab65c90ff
https://www.haaretz.com/middle-east-news/iran/.premium-north-korea-summit-trump-iran-pressure-working-israel-says-1.6170642
http://www.morningstar.com/news/dow-jones/TDJNDN_201806061212/us-companies-wind-down-business-in-iran-wsj.html
http://www.payvand.com/news/18/may/1095.html

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