à son enterrement, provoquant un chaos massif. Peu importe qu’il ait tué des dizaines de milliers d’opposants politiques et qu’il ait envoyé des centaines de milliers de personnes, en particulier des enfants, mourir par vagues humaines lors de la guerre Iran-Irak de 1980-1988. Il a fallu quatre décennies aux Iraniens pour comprendre pleinement les dommages causés à leur pays par leur régime hybride et percevoir comment cela facilite la corruption, le copinage et l’incompétence, ainsi que les incursions militaires coûteuses à l’étranger.
Les catastrophes environnementales sont un exemple. Mohammad Reza avait lancé une série de projets de barrage avec des conseillers israéliens. Les Israéliens ont été expulsés en 1979 et plus tard des projets de barrages ont été entrepris par des individus du régime dans des endroits choisis maladroitement afin de favoriser leurs circonscriptions personnelles. Ajoutez à cela les années de sécheresse et le lac d’Ourmia, en Azerbaïdjan iranien, autrefois le plus grand lac d’eau salée de la terre, qui s’est en grande partie asséché. La Zayande Rud – la «rivière vivante» – qui coulait majestueusement à travers Ispahan sous une série de ponts pouvant atteindre 33 arches, se meurt maintenant avant d’atteindre Ispahan. Les agriculteurs de la province d’Ispahan sont confrontés à la ruine parce que leur eau a été détournée.
En septembre 2017, l’Iran semblait enfin faire face au problème de l’eau en nommant Kaveh Madani – un éminent expert iranien enseignant à l’étranger – pour s’occuper de cela. Le président Rouhani a exprimé l’espoir qu’il serait le premier de nombreux professionnels iraniens de retour au pays. Sept mois plus tard, Madani a démissionné et s’est empressé de quitter le pays après que les services de sécurité aient commencé à enquêter sur lui et qu’il ait été accusé dans la presse, de débauche et d’agir en tant qu’agent étranger. Cet exemple montre bien que le régime est incorrigible.
Les adieux de Madani : « Oui, l’accusé a fui un pays où les tyrans virtuels combattent la science, la connaissance et l’expertise et recourent aux théories du complot pour trouver un bouc émissaire pour tous les problèmes parce qu’ils savent bien que trouver un ennemi, un espion ou quelqu’un à blâmer est beaucoup plus facile que d’accepter la responsabilité et la complicité dans un problème ».
Les villes iraniennes excellent aussi dans la pollution de l’air. Dans la liste des 500 villes les plus polluées du monde, l’Iran avec 19 villes vient au cinquième rang après l’Inde, la Chine, la Pologne et la Turquie.

Alors que de tels malheurs ont provoqué des protestations locales dans le passé, les dernières perturbations ont une qualité fondamentalement différente. Elles peuvent être comparées aux protestations plus violentes d’un plus grand nombre en 2009 contre les irrégularités du vote lors de la réélection du président Ahmadinejad. À ce moment-là, les protestations étaient contre l’abus de la Constitution de 1979, acceptant implicitement la validité du régime à deux niveaux. Aujourd’hui, les protestations sont contre le régime lui-même.
Nous avons vu que la disparition de l’Allemagne de l’Est a été provoquée par des revirements individuels, voire accidentels, après une longue période d’évidement. Il est peut-être possible d’identifier un tournant décisif dans les cas des ayatollahs. Un des principaux projets de la présidence de Rouhani était de soulager le mécontentement populaire en mettant fin aux sanctions économiques contre l’Iran. Après l’accord sur le plan d’action global commun (JCPOA), le président américain Obama a libéré plus de 150 milliards de dollars d’actifs iraniens gelés. Rouhani et le public iranien ont supposé que l’argent serait disponible pour soulager la pauvreté et les dettes de nombreuses familles iraniennes. Au lieu de cela, le Guide suprême a décidé d’utiliser cette aubaine pour relancer les aventures militaires du Corps des Gardiens et des milices chiites étrangères dans les pays arabes.
L’Ayatollah Khamenei a ainsi démoli la longue et patiente politique de Rouhani et les espoirs de millions d’Iraniens. L’Iran dépense également de vastes sommes en essayant de se donner de l’influence en Afrique. Pire encore, en 2017, Rouhani avait tenté de réduire les subventions accordées aux institutions religieuses, qui sont souvent les fiefs privés de dignitaires religieux éminents et qui n’ont pas besoin de rendre compte de leurs finances. Lorsque le budget a été annoncé en décembre, toutefois, il comprenait des coupes dans les subventions au grand public et des augmentations pour les institutions religieuses. Le résultat est que, malgré la suppression des troubles initiaux, une série de grèves et de protestations s’est poursuivie. Il est évident que de nombreux travailleurs estiment que le niveau religieux du régime les considère comme des pions et que les élus ne peuvent pas les aider.
Le fait qu’une telle arrogance puisse s’avérer être l’erreur fatale des ayatollahs est corroboré par un curieux incident survenu à l’aéroport de Mashhad le 24 mai dernier. Tout d’un coup, les informations de vols sur les écrans électroniques ont été remplacées par un message d’un soi-disant « Throbbers Group » (vraisemblablement, des gens qui ont le cœur blessé). Comme le message peut être lu sous une photo téléchargée sur Internet, qui a reçu de nombreux « likes » avec pseudonymes iraniens, il vaut la peine de le traduire intégralement.
Nous, le groupe «Throbbers» avons pris le contrôle des moniteurs de l’aéroport afin de protester. Au cours des cinq derniers mois, le Corps des Gardiens a détruit la vie et le trésor du peuple iranien à Gaza, au Liban et en Syrie. Jusqu’à quand [le Corps] pourra t-il étouffer notre voix dans la gorge ? Nous nous unissons avec les nobles gens de Kazerun. Ce n’est que le début de nos actions. Si vous êtes des compagnons d’infortune avec nous, téléchargez et partagez la photo.
« Kazerun » fait ici référence à la violence qui avait éclaté une semaine plus tôt quand les forces du régime avaient affronté les manifestants qui étaient contre le projet de diviser cette ville en deux, un plan avancé par un membre du parlement pour son propre avantage personnel. La violence a provoqué des messages sur Internet tels que « [Le gouvernement] soutient Gaza et commet des crimes à Kazerun » et « Tout le temps, ils ont dit que l’Amérique était l’ennemi, l’ennemi est juste ici ». Quant à Mashhad, la deuxième plus grande ville d’Iran, c’est un très important site sacré chiite considéré comme étant un bastion des fondamentalistes, pourtant c’est là que la série de grandes manifestations a éclaté en décembre 2017.
L’évidement du régime est évident aussi chez les femmes. En janvier 1936, Reza Shah avait introduit une interdiction des couvre-chefs islamiques pour les femmes. Malgré des années de planification pour en arriver à cette étape, l’interdiction avait rencontré une opposition violente et son application était devenue une tâche majeure pour la police. Son fils a assoupli son application, de sorte que beaucoup de femmes ne se couvraient pas la tête mais d’autres pouvaient continuer à le faire. Après la révolution de 1979, cette politique a été complètement inversée et les femmes reçurent l’ordre de se couvrir toute la tête sauf le visage et aussi de porter des vêtements amples. Le tchador – littéralement « tente » – était spécifiquement recommandé, mais pas obligatoire. Ceux qui avaient été des partisans de Khomeiny pour des raisons non-religieuses étaient de nouveau terriblement déçus et ont protesté, mais la nouvelle loi a été appliquée aussi brutalement que l’ancienne.
Le 27 décembre 2017, la veille des troubles, Vida Movahed a eu l’inspiration de se rendre dans la rue de la Révolution islamique à Téhéran, de se tenir debout sur une boîte électrique et de tenir son foulard sur un bâton. Vida purge actuellement une peine de prison de deux ans et la boîte recouverte de graffitis a été retirée, mais elle a encouragé un mouvement d’imitation des « filles de la rue de la Révolution » (dokhtaran-e Khiyaban-e Enqelab) dans les villes iraniennes.
Même les piliers du régime ne savent pas comment faire face à ce phénomène. Des images ont émergé de femmes couvertes de tchador et agitant des couvre-chefs dans le but de souligner qu’elles aiment les vêtements traditionnels, mais ne veulent pas qu’ils soient imposés à d’autres femmes. Quand quelqu’un a filmé une femme qui avait été frappée par une policière de moralité vêtue d’un tchador pour avoir mal mis son couvre-chef, la vidéo postée sur Internet a attiré des millions de vues et des dizaines de milliers de commentaires. Même la vice-présidente des affaires féminines – qui porte elle-même un lourd tchador – a dénoncé la violence, déclarant lors d’une conférence de presse que le gouvernement devait dialoguer avec une jeune génération qui ne partage plus les valeurs de la génération de 1979. Le chef de la police de Téhéran a pour sa part, insisté pour dire qu’il allait continuer à appliquer vigoureusement la loi. Oui, Téhéran a maintenant un conseil municipal réformiste et un maire réformiste, mais la police reste la police.
Le mode de vie des femmes a en effet changé de manière décisive depuis 1979. À cette époque, les femmes avaient en moyenne
qu on envoie tous les AYATOLLAH EN FRANCE
MACRON LES ACCUEILERA.
Les Mollahs durs amis de la France molle n’aiment pas les homos
le fait est que Trump a fermer le robinet du financement etranger est une maniere sans violence contre l’iran donc l’embargo economique commence a porter fruit …c’est a ce prix que les mollahs vont payer pour attaquer toujours Israel
@ Magali Marc.
Madame votre analyse de la situation iranienne est pertinente. Cependant ce qui vaut pour l’Iran vaut également pour l’Union Européenne actuelle (pattern)! Je sais qu’il faut chausser de bonnes lunettes pour s’en apercevoir mais quelques uns l’aperçoivent déjà. Un exemple: prenez les trois MMM (Merkel-May-Macron) et bien ils sont dans la M….!
Les iraniens ne s’en sortiront pas tous seuls : ils doivent pouvoir compter sur des appuis étrangers pour renverser le régime… Par ailleurs, ce sont les iraniens des villes qui manifestent, méfions-nous des iraniens des champs !
40 ans!
l’urss a tenu 70 ans, donc une génération!
pauvres iraniens ils ont donc encore 30 ans à souffrir (pour le moins)
La France a l’ habitude des les prendre chez elle et elle a déjà la même politique antisémite ; donc il n’ y aura pas de problème .
Moi , je pense qu’il faut aider le peuple iranien a se liberer de cette dictature des barbus chiites et apocalyptique , israel essaie de le faire avec son Premier Ministre Bibi qui envoie régulierement des messages positifs au grand peuple perse ….
il faudrait surtout que l’occident lache et collabo arrete de soutenir ce régime barbare pour de simples interets économiques …..
Seul ‘ l’avenir nous dira , la suite des évenements , mais je peux vous dire par des témoignages d’ iraniens exilés pour sauver leur peau , que ce régime ne tient que par la terreur des gardiens corrompus de la révolution et des bassijis , véritable S.A du régime dictatorial et hitlérien ( prisons , tortures , viols hommes et femmes et enfants sous les yeux de leurs parents , pendaisons en place publique sur des grues , etc….
Ce régimùe ne pourra pas durer trés longtemps encore , si le trio Merkel , May et Macron arretait de le soutenir …..
et en tout cas , cet article est une trés bonne analyse de la situation en iran !
La comparaison est plus que boiteuse et inutile de s’illusionner naïvement.
L’Allemagne de l’Est faisait partie du bloc entièrement dépendant du bon vouloir de l’URSS d’un côté et appartenant à la zone civilisationnelle où les notions de la liberté et de la démocratie était profondément ancré dans le patrimoine politico-philosophique (malgré des aléas contraires temporaires) de l’autre.
Aucune de ces conditions n’est remplie dans le cas de l’Iran.
Il n’y a aucune méta-URSS dont l’effondrement soudain ouvrirait toutes les portes.
Il n’y a STRICTEMENT aucune tradition politico-philosophique autre que l’islam qui demeure l’unique référence (référentiel) pour TOUT.
Trump n’est pas Reagan et l’Iran n’est pas l’URSS. L’époque, le climat international et le contexte ne sont absolument pas les mêmes.
Qu-a-t-on réussi a accomplir en Afghanistan ? Et la superbombe coûteuse a-t-elle changé quelque chose ?
L’islam a derrière lui 1400 ans et en est venu au bout d’autres qu’un président occidental forcément limité en temps et qui plus est encore et toujours assis sur un siège éjectable.
Tout ça a cause de la faiblesse du démocrate Jimmy Carter et de La France complice qui as donner refuge au tyran Khomeny
40 ans plus tard la France collabo de Macron est encore a genou devant ce régime de mollahs clérico facistes
@Magali Marc
Très intéressant. On peut toutefois regretter que dans votre historique il n’y ait nulle mention de l’élimination du premier ministre Mossadegh en 1953 par les services secrets anglo-américains (opération Ajax ).
Il est plus que probable que l’accession au pouvoir des khomeinistes ait été une conséquence à long terme imprévue de cette scandaleuse ingérence étrangère de 1953 dans les affaires intérieures de l’Iran…Je pense que si les anglo-américains avaient eu le bon sens de prévoir en 1953 les conséquences à long terme de leur politique désastreuse, ils auraient renoncé à leur opération barbouzarde de l’époque !
Le régime Iranien ne fait pas rêver, mais c’est un régime par des iraniens pour les iraniens.
Je préférerais que Israël trouve un modus vivendi pacifique avec un régime pas forcément amical, mais ni belliciste (il n’a mené que des guerres défensives), ni irrationnel, ni voisin.
Ces gens me semblent bien plus fréquentables que ceux qui massacrent impitoyablement les yéménites ou soutiennent vicieusement l’Etat Islamique.
La paix avec l’Iran (et non le désarmement unilatéral des occidentaux, évidemment inacceptable), c’est un objectif souhaitable même s’il n’est pas évident. Je préfère entendre parler les diplomates que les canons.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet article. Je travaille parfois avec des iraniens, c’est un plaisir comparé aux Burgondes.