sept enfants. En 2012, ce taux était tombé à 1,9 avant de monter à environ 2,1 aujourd’hui, ce qui est généralement considéré comme le taux de remplacement dans une société moderne. Les femmes constituent également la majorité des étudiants universitaires. Curieusement, les dernières fatwas de Khomeini autorisant le contrôle des naissances furent en partie responsables de ce développement.
D’autres femmes ont récemment pénétré dans le stade Azadi de Téhéran, déguisées avec de fausses barbes, dans le but de regarder un match de football. Elles ont posté une photo joyeuse sur Internet. Un autre message récent montre des fans de football dans le même stade criant « Reza Shah, que votre âme soit heureuse » (Reza Shah, shah ruh-ash). Il est difficile de vérifier l’authenticité de la vidéo car les fans ne peuvent pas être distingués individuellement dans la foule. Dans une autre vidéo du début des troubles, cependant, on peut voir des individus criant le même chant, comme aussi lors des funérailles récentes d’un acteur. (Dans cette dernière vidéo, les hommes chantent « Reza Shah » et les femmes répondent « ruh-ash shad », c’est une liturgie de la nostalgie.)
Avant la révolution de 1979, le stade était appelé « Aryamehr » (« Lumière des Aryens »), un titre conféré à Mohammad Reza par le parlement en 1965. Les ayatollahs l’ont changé en « Azadi », signifiant « liberté », dans le cadre de leur imposition de la servitude. Donc, actuellement, il est en effet exploité pour des libertés subreptices.
La nostalgie de la période Pahlavi (de 1921, quand Reza Pahlavi a pris le pouvoir pour la première fois, jusqu’en 1979) s’est développée dans les années 1990 ; elle émerge maintenant à l’air libre. Mis à part les quarante ans écoulés qui permettent d’oublier les problèmes de cette période, plusieurs facteurs favorisent de tels sentiments.
Le premier est la langue persane elle-même (le farsi plus ses légères variantes le dari et le tadjik). Il n’y a pas de grande différence entre le persan parlé et écrit, en fait moins qu’entre le français parlé et écrit. Une grammaire persane peut résumer les principales différences en deux pages. Comparez cela avec les différences entre l’arabe standard moderne (ASM) et les six principaux groupes de dialectes arabes modernes parlés (les extrêmes sont mutuellement incompréhensibles). L’ASM a des structures grammaticales entières qui ont été remplacées dans les dialectes parlés. Même pour exprimer « venir », « aller » et « voir », il y a des verbes qui sont toujours utilisés dans l’ASM mais jamais utilisés familièrement et des mots qui sont familièrement parlés mais jamais utilisés dans l’ASM. Avec le résultat que les locuteurs compétents de l’ASM sont principalement des ecclésiastiques, des politiciens, des radiodiffuseurs et des universitaires – et ils retournent à leur dialecte parlé quand ils sont « hors service ». Il n’y a pas de façon standard d’écrire les dialectes, bien que les gens improvisent maintenant des orthographes pour les courriels et les messages Internet.
En revanche, en Iran, la plupart des gens peuvent prononcer un discours respectable en farsi ou l’écrire de façon grammaticalement correcte. La même chose est vraie, d’ailleurs, de l’hébreu israélien, de sorte que la plupart des Arabes israéliens peuvent parler l’hébreu.
Deuxièmement, l’imprimerie a bien mieux démarré en Iran. Contrairement à l’imprimerie en Europe, toute l’imprimerie arabe est la reproduction d’une écriture cursive. Ainsi, une police nécessite jusqu’à quatre caractères pour chaque lettre plus de nombreuses ligatures (combinaisons de lettres) et peut compter plus de 200 caractères. Au milieu du dix-neuvième siècle, il y avait très peu de presses dans le monde arabe. En Iran, bien que le persan utilise le même script et des lettres supplémentaires, ils ont contourné les problèmes par l’impression lithographique de pages entières. Compte tenu de la proximité entre les langues écrites et parlées, trouver un marché était également plus facile. Les livres européens distribués en traduction ont été rapidement disponibles, accélérant ainsi la modernisation.
Troisièmement, les normes de la prose et de la poésie persanes modernes ont été établies à l’époque des Pahlavi par des écrivains qui pouvaient être anticléricaux ou antimonarchistes ou les deux. Après 1979, les ayatollahs ont essayé de censurer ou de réprimer des livres d’auteurs tels que l’essayiste Sadegh Hedayat (1903-1951) ou la poétesse féministe Forough Farrokhzad (1935-1967, une cible fréquente du guide suprême Ali Khamenei), mais de telles tentatives ont eu succès limité parce que ces écrivains sont des normes indispensables pour l’écriture persane contemporaine. Ainsi, alors qu’avant 1979, les bazars tenaient un marché noir des écrits de Khomeiny, aujourd’hui les gens y vont pour trouver de vieux exemplaires de Forough.
Un poète iranien contemporain a connu une horrible expérience avec l’appareil de censure. Il a finalement quitté l’Iran à cause de l’échec des présidents réformistes à arrêter la terreur, comprenant des assassinats d’auteurs par l’appareil de renseignement de l’État.
En général, la modernisation a progressé plus largement et plus profondément en Iran qu’en Turquie, ou encore dans le monde arabophone. Ajoutez cela aux échecs de la République Islamique dans les sphères économiques et environnementales et vous avez la base sous-jacente de la nostalgie de l’ère Pahlavi et les perspectives de changement de régime.
Que faut-il faire ?
Les analogies avec l’ancienne Allemagne de l’Est suggèrent que l’Iran est lui aussi mûr pour un changement de régime. Elles suggèrent également qu’un changement peut survenir dans des semaines, des mois ou des années, en fonction des événements aléatoires et en particulier de la question de savoir si les autorités locales et leurs forces de sécurité, au moins dans certaines régions, en ont assez de tuer les gens. Avant d’en discuter plus avant, une illusion commune doit être dissipée.
Ceux qui ne connaissent pas l’histoire moderne iranienne sont parfois impressionnés par la carte linguistique de l’Iran. Ils remarquent que les locuteurs natifs de la langue farsi ne représentent que la moitié de la population et s’imaginent que le pays pourrait facilement se scinder en zones linguistiques. C’est une illusion, d’abord parce que la plus grande minorité, les Azéris (estimés entre 13% et 22% de la population totale) sont fortement représentés dans le régime. Le père du guide suprême Ali Khamenei, Sayyed Javad Khamenei Tabrizi (1896-1986), était lui-même un Azéri ethnique. (Tabriz est la plus grande ville azerbaïdjanaise en Iran.)
Les dynasties azéries dirigeaient le pays dans le passé, tout en utilisant le farsi comme langue officielle. Un cas notable a été les Safavides (1501-1736), la dynastie qui a imposé le chiisme duodécimain comme religion d’État. (Il est significatif de constater qu’il n’y avait pas assez d’enseignants en Iran pour cette tâche, donc les Safavides ont recruté des enseignants auprès des chiites du Liban.) La relation Iran-Hezbollah, d’un point de vue historique, n’est pas une simple relation clientéliste, c’est une dépendance inversée. Les deux partenaires en sont conscients, mais les politiciens étrangers et les commentateurs l’ignorent totalement. La Constitution de 1979 autorise l’usage auxiliaire des langues locales où elles prédominent, donc il pourrait en principe y avoir une éducation scolaire en azéri, mais cela n’arrive pas et il semble y avoir peu d’intérêt pour cela. Les Azéris sont gouvernants autant que dirigés en Iran.
L’autre minorité notable non iranienne, les Arabes du Khuzestan (où se concentrent les champs pétroliers iraniens), s’est parfois montré rétive. Mais ils ne forment que 2-3% de la population. Ils ont donné peu de souci au régime pendant la guerre Iran-Irak à cause de la façon dont Saddam Hussein traitait ses propres Arabes chiites. Parmi les minorités parlant une langue iranienne, seuls les Kurdes (7% -10%) ont causé des problèmes significatifs. Ils ont souffert, cependant, plus sous les Pahlavis que sous le régime actuel et ils ont obtenu leur propre province du Kurdistan il y a plus de trente ans, alors que les Kurdes irakiens n’ont reçu l’autonomie qu’après la chute de Saddam Hussein. Les Kurdes syriens et turcs n’ont pas d’autonomie du tout. En outre, les Safavides ont déjà simplifié le problème kurde de l’Iran en transportant de nombreux Kurdes du Kurdistan à Khorasan dans le coin opposé du pays, où un million d’entre eux sont encore présents.
Les grandes perturbations de décembre 2017 à janvier 2018, comme leurs résurgences sporadiques, se sont produites dans tout le pays – indépendamment de l’appartenance ethnique – et même dans les bastions supposément fondamentalistes. Entre autres choses, les manifestants ont demandé l’abolition du poste de « chef suprême ». Le projet initial de la Constitution de 1979 n’incluait pas ce poste, il a été ajouté à l’insistance de Khomeini contre l’opposition des autres ayatollahs.
Le mécontentement à propos de ce poste s’est accru parmi les hauts dignitaires religieux depuis les années 1990. Un opposant actuel est l’ayatollah Hussein Shirazi, tout comme son père vénéré
qu on envoie tous les AYATOLLAH EN FRANCE
MACRON LES ACCUEILERA.
Les Mollahs durs amis de la France molle n’aiment pas les homos
le fait est que Trump a fermer le robinet du financement etranger est une maniere sans violence contre l’iran donc l’embargo economique commence a porter fruit …c’est a ce prix que les mollahs vont payer pour attaquer toujours Israel
@ Magali Marc.
Madame votre analyse de la situation iranienne est pertinente. Cependant ce qui vaut pour l’Iran vaut également pour l’Union Européenne actuelle (pattern)! Je sais qu’il faut chausser de bonnes lunettes pour s’en apercevoir mais quelques uns l’aperçoivent déjà. Un exemple: prenez les trois MMM (Merkel-May-Macron) et bien ils sont dans la M….!
Les iraniens ne s’en sortiront pas tous seuls : ils doivent pouvoir compter sur des appuis étrangers pour renverser le régime… Par ailleurs, ce sont les iraniens des villes qui manifestent, méfions-nous des iraniens des champs !
40 ans!
l’urss a tenu 70 ans, donc une génération!
pauvres iraniens ils ont donc encore 30 ans à souffrir (pour le moins)
La France a l’ habitude des les prendre chez elle et elle a déjà la même politique antisémite ; donc il n’ y aura pas de problème .
Moi , je pense qu’il faut aider le peuple iranien a se liberer de cette dictature des barbus chiites et apocalyptique , israel essaie de le faire avec son Premier Ministre Bibi qui envoie régulierement des messages positifs au grand peuple perse ….
il faudrait surtout que l’occident lache et collabo arrete de soutenir ce régime barbare pour de simples interets économiques …..
Seul ‘ l’avenir nous dira , la suite des évenements , mais je peux vous dire par des témoignages d’ iraniens exilés pour sauver leur peau , que ce régime ne tient que par la terreur des gardiens corrompus de la révolution et des bassijis , véritable S.A du régime dictatorial et hitlérien ( prisons , tortures , viols hommes et femmes et enfants sous les yeux de leurs parents , pendaisons en place publique sur des grues , etc….
Ce régimùe ne pourra pas durer trés longtemps encore , si le trio Merkel , May et Macron arretait de le soutenir …..
et en tout cas , cet article est une trés bonne analyse de la situation en iran !
La comparaison est plus que boiteuse et inutile de s’illusionner naïvement.
L’Allemagne de l’Est faisait partie du bloc entièrement dépendant du bon vouloir de l’URSS d’un côté et appartenant à la zone civilisationnelle où les notions de la liberté et de la démocratie était profondément ancré dans le patrimoine politico-philosophique (malgré des aléas contraires temporaires) de l’autre.
Aucune de ces conditions n’est remplie dans le cas de l’Iran.
Il n’y a aucune méta-URSS dont l’effondrement soudain ouvrirait toutes les portes.
Il n’y a STRICTEMENT aucune tradition politico-philosophique autre que l’islam qui demeure l’unique référence (référentiel) pour TOUT.
Trump n’est pas Reagan et l’Iran n’est pas l’URSS. L’époque, le climat international et le contexte ne sont absolument pas les mêmes.
Qu-a-t-on réussi a accomplir en Afghanistan ? Et la superbombe coûteuse a-t-elle changé quelque chose ?
L’islam a derrière lui 1400 ans et en est venu au bout d’autres qu’un président occidental forcément limité en temps et qui plus est encore et toujours assis sur un siège éjectable.
Tout ça a cause de la faiblesse du démocrate Jimmy Carter et de La France complice qui as donner refuge au tyran Khomeny
40 ans plus tard la France collabo de Macron est encore a genou devant ce régime de mollahs clérico facistes
@Magali Marc
Très intéressant. On peut toutefois regretter que dans votre historique il n’y ait nulle mention de l’élimination du premier ministre Mossadegh en 1953 par les services secrets anglo-américains (opération Ajax ).
Il est plus que probable que l’accession au pouvoir des khomeinistes ait été une conséquence à long terme imprévue de cette scandaleuse ingérence étrangère de 1953 dans les affaires intérieures de l’Iran…Je pense que si les anglo-américains avaient eu le bon sens de prévoir en 1953 les conséquences à long terme de leur politique désastreuse, ils auraient renoncé à leur opération barbouzarde de l’époque !
Le régime Iranien ne fait pas rêver, mais c’est un régime par des iraniens pour les iraniens.
Je préférerais que Israël trouve un modus vivendi pacifique avec un régime pas forcément amical, mais ni belliciste (il n’a mené que des guerres défensives), ni irrationnel, ni voisin.
Ces gens me semblent bien plus fréquentables que ceux qui massacrent impitoyablement les yéménites ou soutiennent vicieusement l’Etat Islamique.
La paix avec l’Iran (et non le désarmement unilatéral des occidentaux, évidemment inacceptable), c’est un objectif souhaitable même s’il n’est pas évident. Je préfère entendre parler les diplomates que les canons.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet article. Je travaille parfois avec des iraniens, c’est un plaisir comparé aux Burgondes.