Publié par Magali Marc le 13 juin 2018

le grand ayatollah Sadiq Shirazi (né en 1942). Le jeune Shirazi a été arrêté le 6 mars ou, semble-t-il plutôt, kidnappé par le Corps des Gardiens sur les ordres du Guide suprême et condamné sommairement à 120 ans de prison. Son prétendu «crime» consistait à avoir fait référence au guide suprême en tant que «Pharaon». Les protestations généralisées qui ont suivi ont mené à sa libération et à sa capacité de rendre visite à ses amis et admirateurs dans l’importante communauté chiite du Koweït. En effet, les protestations étaient les plus fortes en dehors de l’Iran, en Irak et dans les pays arabes du Golfe, où les Chiites forment la majorité, comme au Bahreïn et constituent jusqu’à un tiers de la population du Koweït.

Lors des élections législatives irakiennes du 12 mai, le parti du religieux chiite Muqtada al-Sadr a étonnamment remporté le plus grand nombre de sièges. Il est un fervent défenseur de l’exclusion de l’influence iranienne de l’Irak, alors que l’Iran s’est expressément opposé à l’inclusion de son parti dans tout futur gouvernement irakien. La tentative du régime iranien d’éliminer Hussein Shirazi ne peut que favoriser le succès d’al-Sadr. Il s’agissait d’un autre événement important qui a gravement endommagé un objectif majeur du régime iranien: miner les États arabes par l’intermédiaire de leurs communautés chiites.

Le souhait du Corps des Gardiens de s’établir définitivement en Syrie a également subi de sérieux revers. Cela inclut non seulement les attaques attribuées à Israël mais aussi la demande de l’armée de l’air syrienne que l’armée iranienne quitte ses installations et, surtout, la déclaration de la Russie selon laquelle toutes les armées étrangères – et en particulier les Iraniens et le Hezbollah – doivent quitter la Syrie quand la guerre civile sera terminée.

La question est donc la suivante : qu’est-ce qui est susceptible de faire progresser de tels développements ? La réponse est que la nouvelle politique américaine, que ce soit par hasard ou par intention, pourrait apporter la solution.

Cette politique a deux composantes. La première est la décision du président Trump, le 8 mai dernier, de réimposer les sanctions contre l’Iran. Cela a mis fin à l’occasion pour le régime iranien de soulager de manière significative les misères économiques de ses citoyens. Nous avons vu que beaucoup d’Iraniens ne blâment pas Trump mais leurs propres dirigeants. Plus surprenant encore, des milliers d’Iraniens ont utilisé l’Internet pour applaudir la décision de Trump.

Même lorsque les sanctions étaient suspendues, les souffrances des Iraniens ordinaires allaient en augmentant. Le 29 mars, le Fonds Monétaire International a signalé que les faiblesses du système financier iranien continuaient de s’aggraver et que le niveau supérieur du régime, comme d’habitude, en était largement responsable. Selon le FMI, au moins deux institutions de crédit – dont la plupart sont liées à des religieux ou au Corps des Gardiens de la Révolution Islamique – ont récemment connu des faillites bancaires. (Des Iraniens désespérés ont cherché à échapper à une inflation élevée en investissant dans de tels «établissements de crédit», mais ils ont perdu de l’argent quand le soupçon a été répandu qu’il s’agissait de montages financiers frauduleux de type Ponzi.) En outre, « Les trois plus grands régimes de retraite publics (90% du système) sont insolvables ».

Un résultat a été une précipitation pour acheter des dollars, de nouveaux bonds de la valeur du dollar sur le marché noir, et une nouvelle tentative par le régime d’interdire totalement le marché noir. La tentative a échoué parce que le régime a fait en sorte que trop peu de dollars soient rendu disponibles, les files d’attente pour en acheter sont devenues très longues et ils ont effectivement disparu du marché officiel. Les banques iraniennes offrent un taux annuel de 20% sur les dépôts, mais l’inflation a récemment augmenté à un rythme supérieur en six mois. Les Iraniens ont donc fait confiance à la devise du Grand Satan, diminuant encore davantage la confiance dans leur propre régime.

Le trio ouest-européen des P5 + 1 (Royaume-Uni, France et Allemagne) a exprimé son souhait de poursuivre l’accord nucléaire avec l’Iran. Le leader suprême Khamenei a réagi, selon des déclarations récentes sur son site internet, en faisant au trio deux demandes principales : « Les banques européennes doivent protéger le commerce avec la République islamique. Nous ne voulons pas nous battre avec ces trois pays, mais nous ne leur faisons pas confiance non plus … L’Europe doit garantir pleinement les ventes de pétrole iranien. Au cas où les Américains chercheraient à nuire à nos ventes de pétrole …, les Européens doivent compenser en achetant du pétrole iranien ».

Les deux demandes de Khamenei sont aussi impudentes qu’ignorantes. Les grandes banques européennes ne peuvent pas risquer leurs liens avec le système bancaire américain en violant les sanctions américaines dans leurs transactions avec l’Iran. Ainsi, les entreprises européennes devraient également abandonner le commerce avec les États-Unis pour faire de même, auquel cas elles ne recevront pas de crédit de ces banques.

En fait, les compagnies pétrolières européennes sont déjà en train de se retirer des affaires potentielles avec l’Iran. Selon Bloomberg, trois leaders du secteur pétrolier ont déclaré qu’il serait pratiquement impossible de contourner les sanctions américaines : le président Ian Taylor de Vitol (« premier négociant pétrolier mondial »), Patrick Pouyanne, PDG de Total, et Bob Dudley, PDG de BP. Reliance of India, « propriétaire du plus grand complexe de raffinage au monde », prévoit d’arrêter les importations de pétrole en provenance d’Iran, tandis que Lukoil, « deuxième plus grand producteur de pétrole de Russie », a annoncé son intention de mettre en pause son implication dans deux champs pétrolifères iraniens.

L’autre composante de la nouvelle politique américaine, c’est la « nouvelle stratégie iranienne » présentée par le Secrétaire d’État, Mike Pompeo lors de son discours à l’Heritage Foundation du 21 mai dernier. Il s’agit de seize demandes inconditionnelles envers le régime iranien. Nous ne pouvons qu’être en accord avec lui, après avoir recommandé une approche similaire dans un article récent.

La question posée dans l’article était : Qu’est-ce qui a fondamentalement changé depuis qu’Israël s’est emparé des archives iraniennes cachées témoignant de l’existence d’un programme iranien à part entière pour produire des missiles nucléaires, malgré les dénégations iraniennes insistantes pendant les négociations concernant l’accord sur le nucléaire ? La réponse était que les objectifs poursuivis par les États-Unis lors des négociations avec l’Iran sont maintenant devenus des impératifs que l’Iran doit accepter avant toute négociation. Tout ce qu’il est maintenant possible de discuter, ce sont les modalités et le calendrier de la mise en œuvre des impératifs. Plus précisément, « les clauses de temporisation doivent être annulées, l’AIEA doit avoir la liberté d’inspecter tout ce qu’elle exige, et la capacité de l’Iran à lancer des missiles à longue portée doit être réduite ».

Une comparaison avec le discours de Pompeo montre que ces trois impératifs coïncident avec ses quatre premiers. Son cinquième impératif, la libération des otages américains détenus par le régime iranien, est évident en soi. Les sept autres sont simplement des subdivisions d’un seul impératif : le régime iranien doit mettre fin à toutes les menaces et interférences dans d’autres États et restreindre ses objectifs à la résolution de ses énormes problèmes internes, pour le bénéfice et la joie de tous les Iraniens et non pour profiter à une clique corrompue. Cet impératif global ne faisait pas partie de la portée initiale de l’accord sur le nucléaire, mais depuis que les Israéliens ont démontré que l’Iran a négocié de mauvaise foi, les États-Unis peuvent légitimement imposer cet autre impératif comme une condition pour de nouvelles négociations.

Nous avons dit qu’il est impossible de prévoir quand le régime iranien évidé sera renversé et que les Iraniens seront libérés de leurs bizarres obsessions idéologiques. Mais les deux composantes de la nouvelle politique américaine devraient contribuer à rapprocher ce jour heureux.

*Malcolm Lowe est un spécialiste gallois de philosophie grecque, du Nouveau Testament et des relations judéo-chrétiennes. Il connaît la réalité israélienne depuis 1970.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : Gatestone Institute

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