Pour Alain Barluet, correspondant Défense au Figaro, l’insuffisance des moyens matériels et humains dévolus à «un appareil diplomatique en surchauffe face aux crises régionales» est édifiante.
Les inquiétudes du Quai d’Orsay ne faiblissent pas à l’approche des arbitrages budgétaires. Le Figaro avait révélé récemment un document interne du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans lequel celui-ci exprimait ses craintes d’un «décrochage» international. Une nouvelle note, datée du 15 juin et adressée au ministre, Jean-Yves Le Drian, détaille et renforce cette alarme. Elle émane de l’une des principales directions du ministère, celle d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO).
Dans cette zone, où la France est traditionnellement très active et où, en outre, sévissent les principales crises qui menacent la paix dans le monde et la sécurité des Français, du Levant au Yémen en passant par la Libye, «les moyens de notre diplomatie sont désormais insuffisants pour répondre aux enjeux et à nos ambitions», souligne la note. «Il y a danger, y lit-on encore, s’il n’était pas décidé un effort significatif de redressement de nos moyens, ou pire, s’ils devaient être de nouveau réduits, notre crédibilité serait en cause au Maghreb, au Proche et au Moyen-Orient». L’insuffisance des moyens matériels et humains dévolus à «un appareil diplomatique en surchauffe face aux crises régionales» est édifiante.
Budgets en constante diminution
À titre d’exemple, alors que la crise syrienne figure parmi les priorités diplomatiques d’Emmanuel Macron, ce dossier «est suivi par le département avec un effectif comparable à celui des Pays-Bas, soit une dizaine de personnes, loin derrière les États-Unis ou le Royaume-Uni», déplore la note. Souffrant de budgets en constante diminution, les prestigieux instituts français de recherche à l’étranger (IFRE) – sept dans cette zone, notamment au Caire, Rabat, Tunis, Téhéran, Sanaa… – sont en passe de perdre leur statut d’excellence dans les études et l’analyse du monde arabo-musulman. «Notre réseau devient myope et pourrait ne pas anticiper la survenance des prochaines crises», estime la note qui insiste sur l’urgence de redonner une «capacité d’action en crédits d’intervention» dans la zone.
Le diagnostic est plus sombre encore s’agissant de l’influence économique et culturelle où la France pourtant occupait une place de choix, notamment au Maghreb et au Levant. Selon la note de l’ANMO, «les élites se tournent de plus en plus vers les pays d’Amérique du Nord et l’Australie». Les diplomates sonnent le tocsin: «Nos moyens de coopération sont en chute libre», moins 52,5 % de 2007 à 2017, soit une dégringolade de 58 à 27,5 millions d’euros. «Poursuivre ce rythme de baisse signifierait la disparition dans la prochaine décennie de notre réseau culturel et de coopération […] alors même que les Britanniques et les Allemands renforcent significativement leurs moyens», indique le document. Quant à la pratique du français, sans surprise, elle «s’effrite et avec elle la diffusion de notre système de valeurs».
Le Quai d’Orsay préconise donc de «promouvoir le français, notamment comme un atout pour l’emploi», de «préserver et de moderniser le réseau scolaire à l’étranger» (92 établissements et 87.500 élèves, dont 50 % d’élèves nationaux, dans la zone ANMO) et de «doubler en une décennie nos moyens de coopération, en particulier les bourses».
Inquiétude
D’autres aspects suscitent l’inquiétude, à l’heure où la stabilisation de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient constitue «un enjeu essentiel pour notre sécurité et la maîtrise des flux migratoires». Dans cette zone, l’aide au développement a baissé de 17 % ces dernières années, alors que le Royaume-Uni et l’Allemagne ont fortement accru leur effort. En 2016, Berlin a mobilisé pour ces pays 2,9 milliards de dollars d’aide publique au développement, soit trois fois plus que la France. De surcroît, «notre aide humanitaire est indigente et indigne de notre pays», relève la note. Avec 0,8 % du total, l’aide apportée entre 2011 et 2016, la France se situe loin derrière les États-Unis (27 %), l’Allemagne (8,9 %) et le Royaume-Uni (8,3 %). Paris stagne au 17e rang des donateurs d’aide pour le Yémen. «Nos crédits humanitaires doivent impérativement être revus à la hausse, sous peine de perdre toute crédibilité internationale», souligne la note.
En ANMO, nos intérêts économiques et commerciaux sont «majeurs» – la zone concentre, par exemple, la moitié de nos exportations d’armement. Néanmoins, «nos parts de marché ne cessent de diminuer», pointe la note en recommandant de renforcer les effectifs des services économiques – un seul conseiller actuellement en Libye, deux en Irak.
Source : Lefigaro
Il y a déjà longtemps qu’elle a perdu pied…
A force de ménager la chèvre et le choux, malgré les faux semblants, plus personne ne croit foncièrement en la crédibilité de la France.
» Notre système de valeurs s’effrite » en France, d’abord.
Il n’est plus question de myopie, mais de cécité.
Incurable.
et surtout avec des diplomates superficiels ?et m’as tu vus !
D’ailleurs il se passe quoi en Syrie ? on n’en parle plus ….. on ne nous parle que des bateaux de migrants africains ….. je m’y perds un peu !!!!!!
Si vous perdez le Nord, vous aurez le Sudoku.
« »Quant à la pratique du français, sans surprise, elle «s’effrite et avec elle la diffusion de notre système de valeurs». » »
Lesquelles???????????????????????????/
Si cette pratique passe par l’écriture inclusive, on aboutit au bonnet d’âne exclusif.
vu le nombre d’âneries faites par les récents gouvernements français en Syrie et au Maghreb, vu l’argent que nous coûte la politique de francophonie à travers le monde, la France a perdu pied depuis déjà longtemps…et si cette politique stupide s’arrête faute de moyens, ce ne sera pas plus mal!
Le quai d’Orsay, c’est tout un poème.
Apparemment ces messieurs n’ont pas encore réalisé que nous ne sommes plus au XIXème siècle, et que les populations des anciennes colonies africaines ne pensent à la France que lorsqu’il s’agit de passer à la caisse, ou lorsqu’il s’agit pour leurs dirigeants de faire des bénéfices sur des échanges commerciaux plus ou moins douteux.
Quant à ‘promouvoir le Français’, c’est la meilleure! Il faudrait d’abord enseigner leur langue aux Français de la métropole, qui ont désappris depuis longtemps à se livrer à cet exercice – grâce aux efforts conjugués du Ministère de l’Education et de l’Académie française. Et pour ce faire, il faudrait disposer d’enseignants qui eux-mêmes n’ont pas que de vagues notions de grammaire et d’orthographe.
Et il faudrait surtout disposer au quai d’Orsay de diplomates lucides et sachant de l’Histoire de leur pays autre chose que ce qu’on trouve aujourd’hui dans les manuels scolaires et les élucubrations des médias. Des diplomates assez intelligents pour s’abstenir de traiter publiquement le seul allié de l’Europe et de l’Occident au Moyen Orient de « petit pays de merde », par exemple.
Bonjour Atikva
Est-ce que je peux vous demander des précisions ?
Quel diplomate a traité Israël de « petit pays de merde » en quelles circonstances ?
Merci, et bonne journée
@ Ayin Beothy
Il s’agit de Daniel Bernard, ambassadeur socialiste de France à Londres en 2001, qui s’est permis cette inqualifiable et grossière gaffe lors d’une soirée londonienne. Le gouvernement français s’est borné à nier les faits, et apparemment n’a pris aucune mesure à l’encontre du malotru, transféré à Alger (comme par hasard) l’année suivante – officiellement sur sa demande.
Son décès survenu en 2004 n’a pu être considéré comme une perte ni pour la diplomatie française, ni pour la France.
Il suffit de lire les commentaires de la presse des deux côtés du Channel pour réaliser l’ampleur de la déchéance des services de diplomatie en France et en Europe.
https://www.theguardian.com/news/2004/may/11/guardianobituaries.francehttp://www.leparisien.fr/politique/la-gaffe-de-l-ambassadeur-21-12-2001-2002675549.phphttp://philosemitismeblog.blogspot.com/2018/01/israel-ce-petit-pays-de-merde-selon.html
@ Ayin Beothy
Pardon, j’ai mélangé les liens des 2 premiers articles:
https://www.theguardian.com/news/2004/may/11/guardianobituaries.france
http://www.leparisien.fr/politique/la-gaffe-de-l-ambassadeur-21-12-2001-2002675549.php
@ Gaia
Je ne crois pas avoir lu dans votre publication -sauf erreur de ma part- la simple évocation d’Israël. C’est symptomatique car cela dit, en fait, la politique pro-arabe de la France depuis des décades. Résultat (pour faire très vite) : Israël est à la tête et la France à la queue! Et je parie (votre treizième mois) que les choses ne changeront pas.
«les élites se tournent de plus en plus vers les pays d’Amérique du Nord et l’Australie»
Avec la bénédiction de nos énarques, chie-ouah-ouah des Etatsuniens.
Je le répète, les chiffres et moi…
Alors dans cet article basé sur des moyennes, des pourcentages, des comparaisons chiffrées, etc. Le message je le comprends mal.
Ce qui est clair pour moi, c’est le titre, qui me donne envie de répondre
Que le Quai d’Orsay, n’aurait pas de souci à se faire pour le Moyen Orient, pour ne pas y perdre pied, qu’elle n’y songe même pas à le mettre ce pied….
Il ne servirait personne ! Sauf à se ridiculiser encore une fois.
Il y a plus de 40 ans que la diplomatie française a perdu pied.
La chute de la France n’a rien à voir avec les moyens financiers que réclame le quai des BRUMES, le problème est MORAL et tient au fait que la France n’a plus aucune crédibilité à JUSTE TITRE. La position de la France dans le conflit Israélo/arabe est un symbole très parlant de l’immoralité de la France et du manque de crédibilité qui en est la conséquence : la gauche prétend que sa position tient au fait que c’est un symbole du…colonialisme européen mais ce colonialisme est le fait de la France et l’Angleterre principalement pas…d’Israel!!!!!!!! En ce qui concerne Israel c’est plutôt LE SYMBOLE DU BOUC EMISSARISME!!!!!!! Il est vrai que les « leaders » d’Israel semblent aimer cette situation…
Atikva : non seulement les « diplomates » du quai des brumes sont des ânes et des bons à rien mais la diplomatie en tant que prestataire de services politiques est totalement dépassée et ne sert à rien surtout lorsqu’un ambassadeur français à Londres traite un pays comme Israel qui réussit bien mieux que la France de « shitty country ». Le monde ne peut s’empêcher de penser que c’est la France qui est merdique, manque de jugement, jalouse et stupide et qu’un pays qui envoit de tels diplomates la représenter ne mérite même pas de vivre. Et tout est à l’avenant : ne pas comprendre où est l’intérêt de la France, sa corruption etc; montre sa dégénérescence et personne ne prend en considération un dégénéré et la grande vie que mènent les diplomates français ne fait que renforcer cette dégénérescence. Il ne faut surtout pas leur accorder des crédits supplémentaires, plutôt leur couper tous leurs crédits. Un ambassadeur et une secrétaire suffisent à chaque poste et qu’ils mangent des patates plutôt que du caviar!
@ Robert Davis
Je suis bien d’accord avec vous, il est certain qu’avec l’accélération des moyens de communication et de déplacement, le rôle des diplomates aurait dû évoluer en conséquence, sans perdre de vue que l’Ambassadeur, quelles que soient les circonstances, se doit d’inspirer le respect puisqu’il représente à l’étranger non seulement son ministère, mais ses concitoyens, son pays et son histoire.
Pour éviter l’écœurement, il vaut mieux ne pas penser aux miraculeux avantages que Talleyrand, par exemple, avait su obtenir en faveur de la France lorsqu’il occupait cette fonction, et au respect qu’il avait su inspirer à l’ensemble des dirigeants européens.