Publié par Danièle Lopez le 6 juillet 2018

Il était 3 heures 56, ce matin, quand résonnèrent dans la cour du Fort d’Ivry, plusieurs coups de fusils suivis, 11 minutes plus tard, d’une dernière détonation. Celle que l’on appelle, à tort, « le coup de grâce ».

Le Lieutenant Roger Degueldre, ancien Franc-Tireur et Partisan, officier du 2ème Régiment étranger de parachutistes, vient d’être fusillé, à l’âge de 37 ans. La peine maximale à son encontre a été requise par l’avocat général de la « nouvelle cour militaire de justice », le général Gerthoffer, lors de son procès le 28 juin dernier.

Le crime pour lequel le lieutenant Roger Degueldre vient d’être fusillé, est d’avoir été, pendant un peu plus d’un an, le chef des Commandos Delta de l’OAS, Armée de résistants réfractaires à l’abandon par le général De Gaulle de l’Algérie Française. Résistant en Algérie comme il l’avait été, dès les premiers jours de l’invasion allemande en France, au sein des FTP.

A trois heures, ce matin, Roger Degueldre a revêtu son uniforme de parachutiste et son béret vert de la Légion étrangère. Il part affronter la mort en officier parachutiste de l’Armée de France.

Avant de sortir de sa cellule dans laquelle se trouvent le directeur de la prison, l’aumônier, l’avocat général et ses avocats dont maître Tixier-Vignancourt, il dit à ses défenseurs :

« Je vous demande de dire à mes camarades officiers que je suis fier d’aller jusqu’au bout et de mourir pour avoir tenu le serment que tout officier combattant a prêté au moins une fois : Ne jamais livrer l’Algérie au FLN ! 

Je vais rejoindre mon chef, le colonel Jean-Pierre, mort en service commandé, qui m’a donné l’exemple.

Dites aux généraux, Jouhaud et Salan que je suis fier d’avoir servi sous leurs ordres.

Se tournant vers l’avocat général qui a requis à son encontre, la peine capitale, il a ces mots : « Je ne vous garde aucune rancune mais je vous plains ! ».

Dans la cour, l’officier parachutiste Roger Degueldre est attaché au poteau devant le peloton d’exécution. Alors qu’ils le mettent en joue, il crie fièrement : « Messieurs, vive la France ! » et il entonne notre hymne national.

Les militaires tirent et le ratent. Le premier « coup de grâce » le rate également. Degueldre vit toujours.

Second « coup de grâce ». Degueldre est toujours vivant.

Le colonel demande la présence d’un médecin qui constate que Roger Degueldre est toujours en vie.

L’adjudant-bourreau, revient sur le condamné qui souffre terriblement. Il tire trois « coups de grâce » et les trois coups ratent leur cible.

Roger Degueldre est encore vivant.

L’adjudant-bourreau se saisit alors d’un autre révolver et tire un quatrième « coup de grâce » mettant fin au supplice de Roger Degueldre qui s’affaisse après d’atroces souffrances dont nous sommes tous témoins.

Il aura fallu onze horribles minutes pour achever ce valeureux officier de l’armée de France.

Voilà ce à quoi nous avons assisté dans la cour du fort d’Ivry,  ce matin, afin que sa majesté De Gaulle soit lavée de l’affront que lui aurait fait Roger Degueldre en s’opposant à sa politique d’abandon de l’Algérie au FLN.

Et pourtant… le seul ayant trahi la parole donnée, ce jour-là, n’était pas celui qui était attaché au poteau d’exécution.

Le véritable traître, le seul traître, était celui qui avait demandé que Degueldre soit fusillé.

C’était il y a 56 ans, le 6 juillet 1962. Nous n’oublierons jamais.

A nos martyrs.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Danièle Lopez pour Dreuz.info.

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