Publié par Thierry Ferjeux Michaud-Nérard le 13 juillet 2018

En 1896, Theodor Herzl publie “L’État des Juifs”, où il analyse la situation des Juifs dans le monde.

Herzl propose la création d’un État pour les Juifs, avec son organisation interne et ses institutions dans l’idée de restaurer l’entité nationale juive qui avait existé en Palestine. Seul un État national juif offre une solution au peuple juif. En 1897 Theodor Herzl qui préside le 1er congrès de l’Organisation sioniste à Bâle, en Suisse, est reconnu comme le fondateur du sionisme moderne. En mars 1899, il fonde le “Fonds pour l’implantation juive” qui est de fait la première banque sioniste. Le sionisme est une idéologie politique nationaliste juive prônant le droit à l’existence d’un centre spirituel, territorial et étatique peuplé par les Juifs en Eretz Israel/Terre d’Israël. À la naissance du mouvement, fin du XIXème siècle, ce territoire correspondait à la Palestine ottomane puis, après la Première Guerre mondiale, à partir de 1920, à la “Palestine sous mandat britannique”.

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Sur un plan idéologique, politique, spirituel et institutionnel, le sionisme entend œuvrer à redonner aux Juifs le statut d’un peuple regroupé au sein d’un État qui a été perdu après la conquête du Royaume d’Israël par l’Empire romain. Après avoir publié son livre, L’État des juifs, le fondement du sionisme politique, Theodor Herzl (1860-1904) a réuni, en 1897, le premier Congrès sioniste à Bâle afin d’obtenir pour le peuple juif en Palestine “un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement”. Il déclara en 1904 : “Avec l’Angleterre, nous pouvons être assurés que “l’idée sioniste” s’élancera plus avant et plus haut que jamais auparavant.” Haïm Weizmann réussit dix ans plus tard, le 2 avril 1917, avec la déclaration Balfour :

“Le Secrétaire au Foreign Office, Lord Arthur James Balfour, déclare que le gouvernement de Sa
Majesté “envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non-juives existant en Palestine, ou aux droits et statut politiques dont les Juifs jouissent dans tout autre pays”. Arthur Koestler a résumé cette opération : “Une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième !” La Palestine, théoriquement internationalisée par les accords Sykes-Picot, devient en 1920 un “mandat britannique”.

Les hauts-commissaires britanniques vont ainsi couvrir la création d’un germe d’État juif en Palestine. Entre 1917 et 1948, les Juifs passent de 10 % à 30 % de la population de la Palestine, la superficie agricole qu’ils cultivent est multipliée par trois, le nombre de leurs colonies par dix, et leur indice de production industrielle par cinquante. Mais Londres a sous-estimé la résistance des Arabes. Le mécontentement contre les Britanniques grandit au fur et à mesure de la construction du Foyer national juif.

D’où des révoltes de plus en plus violentes, suivies à chaque fois d’une commission d’enquête et de livres blancs d’une Grande-Bretagne soucieuse de son pouvoir en Palestine et au Moyen-Orient en général. Des premiers heurts graves ont lieu en mai 1921, suivis d’un premier Livre blanc en 1922. Les incidents plus graves de 1929 sont suivis d’un nouveau Livre blanc en 1930. En 1936 éclate une grève insurrectionnelle palestinienne, qui dure près de trois ans, et qui sera réprimée sauvagement avec l’aide des milices juives.

La commission conduite par Lord Peel, qui propose, en 1937, le partage de la Palestine, et aussi un transfert des populations arabes vivant dans la partie allouée au futur État juif, se heurte au refus des parties prenantes, juives et palestiniennes. En fait le Livre blanc (White Paper) du 17 mai 1939 enregistre un véritable tournant de la politique britannique. Il prévoit des mesures draconiennes : limitation de l’immigration juive à 75 000 personnes pendant 5 ans, après quoi toute immigration suivante sera soumise au consentement arabe, interdiction de l’achat de terres par le mouvement sioniste dans l’essentiel du pays et réduction drastique ailleurs. La Palestine, vouée à l’indépendance dans 10 ans, sera certaine de rester majoritairement arabe !

Le Mouvement Sioniste considère le Livre blanc comme “une trahison”, “estimant qu’il condamnera la population juive a un statut minoritaire dans le pays, et mettra fin à tout espoir de voir un État juif se créer.

Quant aux arabes palestiniens représentés par le Haut comité arabe, ils ont rejeté le Livre blanc, en arguant que l’indépendance du gouvernement de Palestine était illusoire, car les Juifs pourraient empêcher son fonctionnement en n’y participant pas, quand la vraie autorité était toujours aux mains des fonctionnaires britanniques. Les limitations à l’immigration juive ont été tenues pour insuffisantes : il n’y avait aucune garantie que l’immigration ne reprendrait pas après cinq ans. Au lieu de la politique énoncée dans le Livre blanc, le Haut comité arabe a réclamé “une prohibition complète et finale” de l’immigration juive et un renoncement à la politique d’un foyer national Juif. D’où une rupture durable entre Londres et le mouvement sioniste.

Le Livre blanc s’appliquera jusqu’au retrait britannique, le 14 mai 1948. Le mouvement sioniste ira jusqu’à l’action terroriste pour forcer Londres à abandonner cette politique, puis son Mandat sur la Palestine.

29 novembre 1947 : Le plan de partage de l’ONU. La Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans le conflit israélo-palestinien. Jusque-là, l’idée sioniste restait minoritaire, même parmi les juifs intégrés dans les différents pays où ils vivaient, en particulier en Europe. Le génocide change tout. Des centaines de milliers de juifs survivants ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer dans leur pays d’origine et se voient refuser toute immigration vers les États-Unis. Le mouvement sioniste organise une “immigration illégale” vers la Palestine. Idéologiquement, l’extermination de six millions de juifs donne une légitimation au combat des sionistes pour un État juif, aux yeux des consciences occidentales travaillées par un sentiment de culpabilité.

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Dès le congrès sioniste de Baltimore, aux États-Unis, en 1942, qui fixe l’objectif de l’État juif, David Ben Gourion lance : “Qui veut et peut garantir que ce qui nous est arrivé en Europe ne se reproduira pas ? […] Il n’y a qu’une sauvegarde : une patrie et un État.” Londres a passé la main sous les pressions conjuguées du mouvement sioniste et des États-Unis, sans oublier l’opinion britannique elle-même qui veut sortir du bourbier.

Les deux autres grandes puissances, l’URSS et les États-Unis, prônent le partage, avec la volonté d’utiliser la Palestine comme un levier pour “mettre fin à la domination britannique sur le Proche-Orient”.

Rien d’étonnant alors si, le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies, à la majorité requise des deux tiers, adopte la résolution 181 ! En conséquence, la guerre civile (appelée guerre palestino- sioniste) éclate le jour même de la décision des Nations unies.

Six mois plus tard, les forces juives, financées par les États-Unis et armées par l’URSS via Prague, se sont emparées de la plupart des villes arabes et ont déjà chassé le 14 mai 1948 près de 400.000 Palestiniens du territoire prévu pour l’État juif. Le Plan de partage est déjà mort lorsqu’Israël proclame son indépendance.

14 mai 1948 : La déclaration d’indépendance d’Israël constitue un tournant majeur de la première guerre israélo-arabe : “En vertu du droit naturel et historique du peuple juif, et de la résolution des Nations unies, nous proclamons par le présent acte la création de l’État juif de Palestine qui prendra le nom d’Israël.”

Contrairement aux usages, cette déclaration d’indépendance d’Israël ne définit pas les frontières du nouvel État. Les dirigeants sionistes veulent l’État juif le plus grand possible et le plus “homogène” possible.

La déclaration d’indépendance d’Israël est immédiatement suivie par l’intervention des armées des États arabes voisins pour “empêcher la naissance de l’État juif”. Aucun de ces pays ne souhaite une Palestine arabe indépendante. Entre le 15 mai 1948, date de l’entrée des troupes arabes en Palestine, et le 10 mars 1949, date de la dernière bataille de la guerre palestino-sioniste (prise d’Umm Rashrash, future Eilat), une alternance de combats et de trêves débouche pour les Palestiniens sur la Nakba, c’est-à-dire la “catastrophe”.

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Dates et histoire d’une utopie réalisée avec l’indépendance d’Israël le 14 mai 1948. Le bilan de la première guerre palestino-sioniste, puis israélo-arabe, est ainsi le suivant : Israël a augmenté d’un tiers la superficie prévue par les Nations unies, il se répartit ce qui reste de l’État arabe défini en 1947 avec “la Transjordanie, qui annexe la Cisjordanie” et avec “l’Égypte, qui obtient la tutelle de Gaza”.
(Le droit à l’existence d’un État national juif en Palestine est librement adapté de Le monde juif, dates et évènements importants du conflit entre l’État d’Israël, la Palestine, et les pays arabe)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Thierry-Ferjeux Michaud-Nérard pour Dreuz.info.

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