Publié par Gaia - Dreuz le 21 juillet 2018

En déplacement ce jeudi, le président a choisi l’esquive comme réponse. Il ne pourra pas continuer longtemps.

On croit pouvoir surfer sur “l’optimisme” que la victoire à la Coupe du monde de football a donné aux Français – selon le mot utilisé par le chef de l’Etat mercredi en conseil des ministres – et aller tranquillement en province s’afficher au côté des vrais gens. Patatras. Encore un déplacement fichu en l’air, ça devient une habitude. Emmanuel Macron, mal aimé des territoires ruraux, est ce jeudi en Dordogne pour tenter de renouer le fil, et voilà sa visite totalement polluée par “l’affaire”. En juin, le président était en Bretagne pour essayer de reconquérir le coeur d’une région qui s’éloignait de lui, et son déplacement avait été perturbé par la polémique provoquée par la construction d’une piscine à Brégançon.

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A chaque fois, le chef de l’Etat est interrogé par les journalistes au cours de ses bains de foule, à chaque fois il montre son agacement. “Vous avez le droit de vous intéresser aux déplacements quand vous les accompagnez. Alors c’est un choix, soit vous faites des déplacements pour faire votre petite musique entre vous, soit vous vous décidez à vous intéresser aux territoires et à ce qui se passe sur le terrain”, lâche-t-il à Quimper, le 21 juin. Toute la journée du 19 juillet, après les révélations du Monde, il fuit les questions et se réfugie derrière l’expression de “République inaltérable”, à la fois incompréhensible et creuse face à la gravité des accusations.

Ainsi, non seulement un proche d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, est gravement mis en cause pour avoir frappé à terre un individu lors des manifestations du 1er-Mai à Paris, mais la réaction de l’Elysée paraît complètement inappropriée : une mise à pied de quinze jours, pas davantage, pour un homme que l’on retrouve ensuite aussi bien lors de l’hommage de la nation à Simone Veil au Panthéon que lors de la descente des Bleus sur les Champs-Elysées. Pire encore, une discrétion absolue des plus hautes autorités, alors que de nombreuses voix invoquent l’article 40 du code de procédure pénale, qui stipule : “Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.”

Le pouvoir avance à reculons, ce n’est jamais bon signe

Jeudi matin, pour la première fois, le porte-parole de l’Elysée prend la parole, à l’américaine – déclaration solennelle sur fond bleu – pour éteindre l’incendie. Bruno Roger-Petit ne fait que jeter de l’huile sur le feu, en assurant que la sanction prise contre Alexandre Benalla est “la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission” à l’Elysée. A compter de cet instant, le pouvoir avance à reculons, ce qui n’est jamais bon signe. La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, s’emmêle les pinceaux à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Edouard Philippe, apparaît au Sénat le regard noir, avant que le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, n’annonce la saisine de l’IGPN, la police des polices.

Face à ce que l’opposition appelle désormais “un scandale d’Etat” et qui constitue la plus grave crise politique qu’il doive gérer depuis son élection, Emmanuel Macron ne peut pas choisir l’esquive comme réponse. Protéger les proches est toujours une tentation pour les hommes de pouvoir, histoire d’éviter qu’ils ne se montrent trop bavards et de montrer aux autres qu’ils ne seront pas lâchés en cas de tempête. Un réflexe tellement Ancien monde…

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Or les temps ont changé. Impunité, dissimulation: l’importance de l’affaire n’est guère contestable. Et si elle ne se réduit évidemment pas à une question de communication, la non-maîtrise de celle-ci contribue à en souligner la gravité. Plusieurs députés de la majorité se font désormais entendre pour réclamer de nouvelles décisions de l’exécutif, au minimum le licenciement d’Alexandre Benalla. A l’Assemblée nationale, les débats de fond sur la révision constitutionnelle ont été rendus quasi impossibles en raison des innombrables rappels au règlement concernant l’affaire. La République “inaltérable”, disait le président.La République aujourd’hui à l’arrêt, dans son fonctionnement comme dans ses principes.

Source : Lexpress

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