Publié par Gaia - Dreuz le 28 juillet 2018

Utilisée avant un rapport sexuel à risque, la PrEP permet d’empêcher le virus du Sida de se développer. Une véritable révolution.

Depuis janvier 2016 en France, il existe un moyen de prévention efficace qui permet de ne pas se faire contaminer par le virus du sida. Ce produit «miracle» s’appelle la PrEP, pour «prophylaxie préexposition». Une pilule bleue accessible uniquement sur prescription médicale, destinée aux personnes n’ayant pas le VIH et n’utilisant pas systématiquement de préservatif alors qu’elles font partie des milieux où le virus circule. «En France, environ 7000 personnes sont actuellement sous PrEP, dont 97 % sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes», indique Aurélien Beaucamp, président de l’association Aides.

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Le médicament, commercialisé sous la marque Truvada et remboursé à 100 % par la Sécurité sociale, a déjà fourni plusieurs fois la preuve de son efficacité. S’il est pris correctement, le risque de contamination par une personne séropositive non traitée est infime. De nouveaux résultats présentés aujourd’hui, lors de la 22e Conférence internationale sur le VIH/sida qui se tient actuellement à Amsterdam sont venus confirmer une nouvelle fois ces données. Il s’agit de l’étude «Prevenir» de l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS), conduite entre mai 2017 et mai 2018 par le Pr Jean-Michel Molina. Avec son équipe, le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis (Paris) a suivi 1500 volontaires prenant régulièrement le médicament, aussi appelés «prepeurs». «Ce sont des personnes qui ont entendu parler de l’étude, notamment via les associations, ou bien qui viennent en consultation dans les hôpitaux ou les cliniques de santé sexuelle afin de renouveler leur prescription de PrEP», explique le Pr Molina. Les conclusions sont très réjouissantes: en un an, aucune contamination n’a été constatée. «Nous avons fait le calcul: sans PrEP, nous aurions eu entre 60 et 80 contaminations», souligne le médecin.

«Nous nous sommes donné trois ans pour que tous ceux qui n’utilisent pas de préservatif prennent la PrEP»

Pr Jean-Michel Molina, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis

Le médicament combine deux antirétroviraux qui bloquent le cycle de réplication du virus dans la cellule. Sa prise peut être continue – à raison d’un comprimé par jour – ou ponctuelle, dans les heures précédant et suivant un rapport sexuel à risque. «C’est un préservatif chimique, oral, dont la prise est flexible et dont le gros avantage est que vous vous protégez vous-même», s’enthousiasme le Pr Molina. «Les gens n’ont plus peur d’attraper le sida lors de leurs rapports sexuels, c’est une vraie révolution dans les milieux où le virus a fait des ravages.» Avec ce nouvel outil en main, les médecins poursuivent désormais un rêve qui aurait semblé fou il y a encore quelques années. «Nous devons contrôler l’épidémie, qui fait toujours 6000 nouveaux cas par an en France. Nous nous sommes donné trois ans pour que tous ceux qui n’utilisent pas de préservatif prennent la PrEP», indique le Pr Molina.

Mais certains craignent qu’à terme les campagnes de communication en faveur du médicament détournent les populations à risque du préservatif. Or la PrEP, contrairement au préservatif, ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles (IST) comme la gonorrhée, l’infection à Chlamydia, les hépatites A, B et C ou encore la syphilis. «Le préservatif reste l’outil indispensable de prévention, la PrEP vient simplement s’y ajouter», rappelle le Pr Molina. Mais alors que la PrEP fait son trou, les autres IST explosent. «L’utilisation de la PrEP s’accompagne nécessairement de l’abandon progressif du préservatif, déplore le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue spécialisé dans les infections urogénitales à l’Institut Fournier, à Paris, qui salue toutefois l’utilité de la PrEP. Une préoccupation partagée par le Pr Molina.

 «Les gens qui prennent la PrEP sont vus en consultation tous les trois mois, c’est obligatoire. À ce moment-là, ils font une batterie de tests de dépistage : le VIH, mais aussi les hépatites et les IST»

Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue spécialisé dans les infections urogénitales à l’Institut Fournier, à Paris

«L’augmentation des IST est une évolution attendue que nous avons d’ailleurs constatée. Mais notre objectif est d’arrêter l’épidémie de sida, même si c’est au prix d’un peu plus d’infections à Chlamydia et à gonocoque. Le sida est une maladie potentiellement mortelle dont on ne guérit pas alors que Chlamydia se soigne avec des antibiotiques.» Selon le médecin, le suivi médical étroit qui accompagne la prescription de la PrEP permet au contraire de mieux traquer ces maladies: «Les gens qui prennent la PrEP sont vus en consultation tous les trois mois, c’est obligatoire. À ce moment-là, ils font une batterie de tests de dépistage: le VIH, mais aussi les hépatites et les IST.» Un atout de taille, puisque certaines IST peuvent rester invisibles plusieurs années, comme c’est le cas de la syphilis. «Bien sûr, le préservatif est le meilleur moyen de prévention mais on sait aussi que l’utiliser systématiquement n’est pas toujours possible. Par exemple, nous rencontrons régulièrement des personnes qui n’ont pas toujours un pouvoir sur leur prévention, c’est notamment le cas des travailleurs du sexe», ajoute Aurélien Beaucamp (Aides).

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En attendant, la PrEP a fait ses preuves. À San Francisco, le nombre de nouveaux cas de VIH a chuté de 49 % entre 2012 – année où la PrEP a été autorisée aux États-Unis – et 2016. À Londres, le nombre de nouvelles infections chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes a diminué de 29 % entre 2015 et 2016. Prochaine cible, les personnes nées en Afrique subsaharienne, qui représentent 37 % des cas de nouvelles infections par le VIH en France.

Source : Lefigaro

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