Publié par Gaia - Dreuz le 9 août 2018

En accordant une promotion à l’ancienne présidente du syndicat de la magistrature (SM) mise en examen dans l’affaire du Mur des Cons, la ministre Belloubet n’a pas tardé à retrouver les vieilles habitudes de l’État vis-à-vis des syndicalistes.

La peu connue ministre Belloubet en fait la triste expérience à ses dépens: de nos jours, peu d’informations restent cachées bien longtemps. Ainsi, quelques jours après sa nomination inattendue, la garde des Sceaux attire l’attention en accordant une promotion (en l’espèce la vice-présidence de la Cour d’Appel de Bordeaux) à François Martres, ancienne présidente du Syndicat de la Magistrature, épinglée en son temps à cause de son Mur des Cons.

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Françoise Martres, symbole d’une magistrature arrogante et partisane

On se souvient de cette affaire du mur des cons: le local du Syndicat de la Magistrature avait un mur couvert de photos de “cons”, parmi lesquels on comptait essentiellement des hommes politiques de droite et des justiciables qui avaient osé contester le fonctionnement de la justice.

La révélation de cette étrange totem peu compatible avec l’image d’impartialité qui devrait coller à la magistrature avait fait scandale. Elle jetait une lumière crue sur le peu de cas que certains magistrats en France font du justiciable et de ses droits.

L’information avait débouché sur la mise en examen de la juge. Malgré ce petit incident de carrière, l’intéressée devrait être promue par la nouvelle ministre.

On mesure immédiatement la portée symbolique du geste.

La politisation des magistrats, une technique vieille et dangereuse

C’est une technique vieille comme le monde: accorder une promotion à un syndicaliste éminent pour se ménager des arrières. Je te promeus, et, en échange, tu me ménages. Le langage courant appelle ce système l’échange de bons procédés.

L’inconvénient, quand il se produit dans la magistrature, est que personne ne sait jusqu’où il peut aller. Le jeu d’influence ne concerne pas ici n’importe quel type de personnel. Il touche directement aux institutions de la République, à la confiance du citoyen dans le régime qui l’administre et à la séparation des pouvoirs.

Accorder une promotion à un syndicaliste engagé et contesté n’est donc pas un geste neutre. C’est une décision politique dont personne ne peut ignorer qu’elle sera vécue comme la recherche d’une contrepartie.
Cette promotion est gênante pour un gouvernement criblé d’affaires

Dans le cas de Françoise Martres, on ne pourra s’empêcher de rapprocher les bonnes grâces de la ministre et la situation judiciaire compliquée de l’équipe au pouvoir depuis mai. Les premiers jours du nouveau quinquennat ont montré deux évidences.

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La première est que l’équipe Macron a du souci à se faire. Entre l’affaire Ferrand, l’affaire Modem et l’affaire Pénicaud, le Président a intérêt à nouer des relations positives avec la magistrature. Il ne suffit bien entendu pas d’une nomination d’u syndicaliste pour y arriver, mais il est sûr que ça ne peut rien gâcher que d’y procéder.

La deuxième est que le Parquet a beaucoup ménagé Emmanuel Macron quand il rudoyait François Fillon et Marie Le Pen. La promotion de Françoise Martres constitue là aussi un clin d’oeil gênant à un système que beaucoup de Français ont mal vécu.

Bref, cette promotion ne peut pas ne pas être vécue comme provocatrice.

Macron et ses petites entourloupes

Reste qu’à Versailles, Emmanuel Macron déclarait qu’il souhaitait, à l’avenir, réformer les règles de promotion dans la magistrature.

Certes, la nomination de Françoise Martres ne relève pas du CSM. Mais elle illustre la complexité d’une intention simple: entre proclamer la nécessaire indépendance de la justice et faire preuve d’une bienveillance attentive, la conciliation des contraires est souvent difficile.

Source : Atlantico

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