Publié par Jean-Patrick Grumberg le 13 août 2018

L’ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson fait l’objet d’une enquête de son parti Conservateur pour avoir comparé les femmes musulmanes portant des burqas à des boîtes aux lettres et à des cambrioleurs de banques.

Boris Johnson a écrit dans sa chronique pour le quotidien de droite Daily Telegraph (1) qu’il est contre l’interdiction faite aux femmes musulmanes de porter la burqa qui n’expose que leurs yeux, mais qu’à son point de vue, ce vêtement est “oppressant et ridicule” et fait “ressembler [les femmes] à des boîtes aux lettres” ou à “des cambrioleurs de banque”.

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C’est cette partie de son commentaire que la police de la pensée a décidé de condamner avec toute la force de son artificiel outrage.

L’attitude répressive des élites qui tiennent le monopole des anciens moyens d’expression (télés, radios et journaux papier), dont les Américains étaient tellement gavés qu’ils ont élu Donald Trump pour sa manière de se moquer du politiquement correct et d’écraser ceux qui se croient en droit de donner des leçons de morale, est destiné à retirer aux gens la liberté de penser ce qu’ils veulent.

Je vais même au-delà, ces flics de la pensée tentent de vous faire croire que vous n’avez même pas le droit de formuler dans votre tête ces pensées qu’ils interdisent. Oui vous avez raison de le croire, c’est une forme réelle de fascisme. C’est la façon de voir de la gauche tolérante et progressiste, auquel les médias participent activement, et ils trouvent cela totalement légitime. En France, sous le fallacieux prétexte de “propos qui incitent à la haine”, alors qu’ils n’incitent à rien d’autre qu’à engager un débat public en contredisant la pensée dominante, ils vous traînent même devant les tribunaux, et le plus souvent ils gagnent !

Voici ce qu’a écrit Boris Johnson :

Il est absolument ridicule que les gens choisissent de se promener comme des boîtes aux lettres

“Si vous me dites que la burka est oppressante, alors je suis [d’accord] avec vous. Si vous dites que c’est bizarre et intimidant de s’attendre à ce que les femmes couvrent leur visage, alors je suis tout à fait d’accord – et j’ajouterais que je ne peux trouver aucune autorité scripturale pour cette pratique dans le Coran. Je dirais même qu’il est absolument ridicule que les gens choisissent de se promener comme des boîtes aux lettres ; et je n’aime pas du tout qu’un gouvernement – invariablement masculin – tente d’encourager de telles manifestations de “modestie”, notamment les exhortations extraordinaires du président Ramzan Kadyrov de Tchétchénie, qui a dit aux hommes de son pays de frapper leurs femmes avec des paintballs si elles ne se couvraient pas la tête.”

Johnson ajoute :

“Si une étudiante se présente à l’école ou à un cours universitaire en ressemblant à un voleur de banque … les autorités devraient être autorisées à converser ouvertement avec ceux qu’on leur demande d’instruire … [car] les êtres humains doivent être capables de voir les visages des autres et de lire leurs expressions.

Cela me semble raisonnable. Mais de telles restrictions ne sont pas tout à fait la même chose que de dire à une femme adulte née en liberté ce qu’elle peut porter ou non, dans un lieu public, alors qu’elle ne fait que s’occuper de ses propres affaires.”

La nuance apportée par Johnson est importante. Il dit en substance : “je ne veux pas qu’on interdise aux femmes de porter la burqa dans la rue, mais je trouve que c’est un habit de clown”.

Mais le système répressif appelé “politiquement correct” parce qu’il lui fallait un nom politiquement correct, est sans nuance. Il ne se conçoit que par l’interdiction totale et sans discussion. Oui, vous avez encore raison, la police de la pensée est un système répressif dur, absolu, totalitaire.

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Obligatoirement, l’establishment conservateur (et l’establishment libéral, dans la mesure où les deux diffèrent), y compris le Premier ministre May elle-même, et l’ancien ministre Dominic Grieve, (qui a dit qu’il quitterait le parti si Johnson devenait son chef), ont ignoré la première partie de son commentaire et ces marioles se sont concentrés sur son délit qui est de la plus haute gravité morale.

Boris Johnson était, jusqu’en juillet, le ministre britannique des Affaires étrangères, poste qu’il occupait depuis presque deux ans. Il a démissionné après que le Cabinet, sous l’impulsion de May, a décidé de faire un “Brexit light”, qui consistait à tellement diluer le Brexit démocratiquement voté par le peuple, que selon lui, le Royaume-Uni en serait réduit à un statut de colonie de l’UE.

 

Boris Johnson est l’ancien maire de Londres. Il a été élu et réélu. Au début de sa carrière de journaliste, il était correspondant bruxellois du Daily Telegraph, et a écrit une série d’articles que les moutons ont considérés comme étant très controversés. Quand, en 2008, il a été élu maire de Londres – un chef conservateur dans une ville travailliste – il est devenu très populaire, et a été élu pour un second mandat en 2012, grâce à son charme, son intelligence et son esprit, et la légèreté de son mode d’expression. Ses excellents contacts dans les médias lui ont permis de rester dans l’œil du public, car les médias, vous le savez, font et défont les hommes politiques – sauf Trump jusqu’à présent – et ceci est bien peu démocratique : mais que les personnes engagées à droite ne se plaignent pas, elles portent l’entière responsabilité de ne pas oser lancer des télévisions et des journaux positionnés bien à droite.

Grâce à son excellente gestion, les Jeux olympiques d’été de Londres, en 2012, ont été considérés comme un triomphe.

Johnson réunit la politique et les médias en un seul homme. Sa chronique hebdomadaire dans le Telegraph le place comme un homme d’opinions sociales généralement libérales (au sens français du terme, c’est à dire favorable à plus de libertés sociales et économiques donc moins d’intervention de l’Etat – un concept que hélas les Français ne connaissent ou ne comprennent pas l’importance), et de plus en plus comme un politicien désireux de s’éloigner du conservatisme conventionnel de centre-droit, devenu, après quarante ans de faiblesse et de lâchetés, trop soumis au diktat de la pensée de gauche. Johnson adopte aussi une position plus forte sur le nationalisme anglais, une idée que la gauche a réussi à rendre monstrueuse – sauf pendant la Coupe du monde de Football où les gauchistes agitent leur drapeau, soutiennent leur pays, leur nation, leur équipe, et leurs couleurs.

Boris Johnson est ambitieux, il veut devenir Premier ministre – mais pour l’instant, il n’est qu’à un niveau moyen dans la cote des bookmakers comme successeur à Theresa May.

Le Parti conservateur britannique choisit son chef. Si sa stratégie est d’aller vers le peuple – puisqu’à peu près tout le monde, sauf les médias, s’aperçoit que la gauche s’en est éloignée au profit des migrants et de l’immigration – Johnson est à même de créer une vague de soutien. Si les Conservateurs croient en sa capacité de réveiller le pays derrière lui, il sera un parfait “Boris du Peuple”.

Selon The Guardian, le Conseil musulman de Grande-Bretagne a déclaré au Premier ministre Theresa May que “personne ne devrait être autorisé à victimiser les minorités en toute impunité”. C’est à ce croisement sur la tentation répressive que la gauche et l’islam se rejoignent dans l’islamo-gauchisme.

Johnson n’a pas encore répondu aux accusations qui sont portées contre lui suite à ses commentaires, mais ses proches disent qu’il ne s’excusera pas. Un de ses amis à déclaré :

“Il est ridicule que ces points de vue soient attaqués… Nous ne devons pas tomber dans le piège de mettre fin au débat sur des questions difficiles. Nous devons le dénoncer. Si nous ne parvenons pas à défendre les valeurs libérales, nous ne faisons que céder du terrain aux réactionnaires et aux extrémistes”.

Après Donald Trump aux Etats-Unis, Boris Johnson ajoute une autre brique dans le mur destiné à construire un environnement politique moins limité par le carcan médiatique et le terrorisme des extrémistes. Disons le en français, il faut une race de dirigeants couillus.

La politique de la Voix du Peuple, que les médias ont tenté d’étouffer en s’imaginant que le mot “populiste” allait traumatiser et faire reculer, après s’être aperçu que les appellations “extrême droite” et “identitaire” n’ont strictement rien donné, avance vite. Elle est amplifiée par les nouveaux Champions du Peuple, soutenue par internet et les réseaux sociaux. Les journalistes paniquent en constatant, impuissants, le recul de leur influence, et ils ont bien raison. La fête ne fait que commencer…

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) https://www.telegraph.co.uk/news/2018/08/05/denmark-has-got-wrong-yes-burka-oppressive-ridiculous-still/

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