Publié par Jean-Patrick Grumberg le 19 août 2018
Jack Dorsey, PDG de Twitter : “J’admets totalement que nous avons un parti pris qui penche à gauche”

Les journalistes des vieux médias nient l’existence du moindre écart de neutralité des informations qu’ils diffusent, et ils refusent d’admettre que les médias sociaux censurent les voix de droite. Même lorsque leurs dirigeants disent le contraire.

Lors de son audition devant le Congrès (1), Mark Zuckerberg a reconnu devant Ted Cruz qui lui posait la question sur la censure des voix conservatrices, que la culture de la Silicon Valley, et les employés de son entreprise, “penchent extrêmement à gauche”, et qu’il “comprend la préoccupation des conservateurs”.

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Les journalistes ont fait mine de ne pas entendre l’honnête aveu du patron de Facebook, et ils ont continué à prétendre que la droite souffre d’un problème de persécution, qu’elle est en plein délire.

Non seulement les médias n’ont pas informé le public de cette déclaration de Zuckerberg – je vous fiche mon billet que Le Monde ou Libé n’ont pas écrit une ligne sur cet important sujet – mais ils ont continué à accuser la droite, qui dénonce la censure dont ils sont la cible sur les médias sociaux, d’inventer des conspirations.

Zuckerberg censure brutalement Infowar et laisse s’épanouir les négationnistes

  • Le 7 août 2018, Mark Zuckerberg a personnellement coordonné avec Apple, Google, Spotify et YouTube (mais pas Twitter) la suppression des comptes liés à Alex Jones et à InfoWars pour cause de « conspirationnisme ».
  • Seul problème, et c’est là que le double standard passe mal, Zuckerberg a déclaré lors d’une interview à Kara Swisher de recode.net (3) ne pas vouloir fermer les comptes des négationnistes et révisionnistes qui nient l’existence de l’holocauste.

“Je suis juif, et il y a un groupe de personnes qui nient que l’Holocauste s’est produit. Je trouve cela profondément offensant. Mais en fin de compte, je ne crois pas que notre plate-forme doive les effacer parce que je pense qu’il y a des sujets sur lesquels les gens se trompent.”

Les conspirationnistes qui nient l’holocauste peuvent s’exprimer sur Facebook, pas le conspirationniste Alex Jones…

Jack Dorsey, PDG de Twitter : J’admets totalement que nous avons un parti pris “qui penche à gauche” (2)

  • Il y a 10 jours, lorsque Twitter a fait une énorme purge de comptes, et que des voix à droite se sont élevées pour dénoncer la censure dont ils sont victimes, les journalistes s’en sont donné à cœur joie pour se foutre d’eux. Il s’agissait il est vrai cette fois d’un nettoyage de faux comptes (sauf que les faux comptes de Macron – plus d’un million – n’ont pas été purgés) (4), mais cela ne veut pas dire que la censure de comptes qui dérangent, ou de “shadow banning” (rendre un compte invisible sans le fermer), sur Twitter, n’existe pas. Jack Dorsey vient de l’avouer.

Le patron de Twitter, Jack Dorsey, qui dans un premier temps a été le seul à refuser de fermer le compte du conspirationniste d’Infowar Alex Jones (Facebook, Google, YouTube, Instagram et Spotify lui ont brutalement, il y a 10 jours, coupé tout moyen d’expression comme si Alex Jones, qui s’exprime depuis 1999, représentait un danger soudain pour le public), vient de reconnaître que ses employés aussi penchent à gauche et font de la discrimination contre les conservateurs.

Dorsey a déclaré samedi qu’il admet pleinement que les employés de Twitter partagent un parti pris de gauche, en réponse aux accusations que les conservateurs sont victimes de discrimination sur sa plate-forme des médias sociaux.

Dans une interview diffusée samedi sur CNN, Dorsey a déclaré que son entreprise a la responsabilité d’être ouverte sur ses points de vue politiques, mais qu’elle doit fonctionner sans parti pris lorsqu’il s’agit d’appliquer des politiques de contenu aux utilisateurs.

“Nous devons constamment montrer que nous n’ajoutons pas nos propres préjugés, qui, je l’admets, sont… plus à gauche”, a dit Dorsey.

La censure de la droite est bien réelle, sur les réseaux sociaux, mais vous ne verrez pas ces voyous de journalistes présenter leurs excuses. Ils sont les ennemis de la vérité. Ca ne les empêche pas de se gratter la tête en se demandant pourquoi leur lectorat se détourne d’eux.

Alex Jones – Liberté d’expression en danger

Avec les médias sociaux résolument, voire extrêmement de gauche, la censure des voix conservatrices à l’échelle mondiale qui en découle, et les vieux médias entre les mains de journalistes massivement de gauche, la liberté d’expression, qui a longtemps été défendue par la gauche, est en grand danger.

Alex Jones – je n’aime pas ce type et ses thèses conspirationnistes mais là n’est pas la question – a été la cible d’une censure totale et scandaleuse des médias sociaux. Pour ajouter à son malheur, la radio qui diffusait ses émissions a été fermée, par hasard, la semaine dernière (5). Je dis “par hasard” car elle émettait sans licence, de manière totalement illégale, depuis longtemps, et avait reçu plusieurs avertissements et amendes restées impayées.

Sauf erreur, seulement trois voix de gauche se sont élevées pour défendre le droit à la liberté de parole d’Alex Jones : le patron de Twitter, qui a finalement cédé aux pressions et est revenu sur sa décision, Politico, et Bill Maher.

  • Jack Dorsey a justifié son refus de censurer Alex Jones avec cet argument auquel j’adhère pleinement, que le meilleur moyen de lutter contre les opinions scandaleuses, c’est non pas de les censurer, mais de permettre de les réfuter par la publication de plus d’opinions (6).

“Des comptes comme celui de Jones peuvent souvent faire du sensationnalisme et propager des rumeurs non fondées, de sorte qu’il s’agit pour les journalistes critiques de documenter, valider et réfuter ces informations afin que les gens puissent se forger leur propre opinion”, a déclaré Dorsey. “C’est ce qui sert le mieux le débat public.”

  • Sous le titre “N’interdisez pas Alex Jones”, le quotidien de gauche Politico explique :

“Les sites de médias sociaux ont banni en masse Alex Jones, le théoricien du complot autoparodique. Jones est un crapaud venimeux qui a transformé sa personnalité ridicule et ses attaques bizarres en une notoriété considérable.

Alex Jones ne représente rien de nouveau dans ce pays. On a toujours eu notre part de fous paranoïaques. Avant l’ère des médias sociaux, ils comptaient sur la publication de bulletins clandestins et la distribution de dépliants et autres pour faire passer leurs messages.

Tout le monde connaît Jones depuis des années. Il n’est pas possible que soudainement, après avoir propagé des mensonges stupides pendant une vingtaine d’années, on ait découvert qu’il violait grossièrement les directives de presque toutes les plateformes de médias sociaux importantes, au même moment.

La justification de l’interdiction contre Jones est qu’il est coupable d’incitation à la haine ou, comme l’a dit Facebook, d’utiliser un “langage déshumanisant”. Puisqu’il y a un sentiment considérable à gauche que l’utilisation de pronoms de genre pour les personnes transgenres est déshumanisante, et qu’il s’agit d’un comportement indigne de respect, le Southern Poverty Law Center a pour mission d’étiqueter les organisations conservatrices “groupes haineux”. Il s’agit là d’une pente glissante, réelle et dérangeante.

Si les plateformes de médias sociaux doivent être plus discriminatoires dans le contenu qu’elles autorisent, il faudra qu’elles fassent preuve d’une grande prudence et d’une norme beaucoup plus transparente et moins subjective.

Mais l’interdiction de Jones, surtout de la manière dont elle a été faite, a des ramifications importantes pour la liberté d’expression. Cela indique que les entreprises de médias sociaux s’engagent sur une voie qui ne s’arrêtera pas à la fermeture d’un compte dont tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il s’agit d’un fou méprisable.”

  • Sur HBO, l’animateur politique de gauche Bill Maher a pris la défense d’Alex Jones après sa suspension des médias sociaux, affirmant que “tout le monde a droit à la liberté d’expression” (8).

Maher, notant que Jones a “raconté des mensonges fous” à son sujet, a déclaré lors de son émission HBO vendredi que “si vous êtes de gauche, vous êtes censé être pour la liberté d’expression”.

“La liberté d’expression, c’est pour les discours que vous détestez. C’est ce que signifie la liberté d’expression. Nous perdons le fil des concepts qui sont importants pour notre pays”, a-t-il poursuivi.

“Soit vous vous souciez des trucs américains soit pas. Et si c’est le cas, ça vaut pour toutes les parties. Je n’aime pas Alex Jones, mais c’est Alex Jones qui parle. Tout le monde peut parler”, a dit Maher.

A l’inverse, le commentateur conservateur Charlie Sykes du Weekly Standard a rejeté les arguments de Maher, disant que Jones “ne doit pas nécessairement parler sur Facebook ou Twitter”.

“S’il se livre à la diffamation et à la fabrication de mensonges sur les enfants assassinés à Sandy Hook et qu’il harcèle les parents des enfants assassinés à Sandy Hook…. Facebook, Twitter n’ont pas l’obligation de lui fournir une plate-forme, parce qu’il s’agit d’entreprises privées”, a dit Sykes, négligeant le fait que ces entreprises privées sont en situation de monopole.

 

L’exception française

La liberté d’expression est, en France, un mythe, un mensonge. Elle n’existe que pour les opinions consensuelles. C’est un contresens d’une immense pauvreté intellectuelle. La liberté d’expression n’est pas là pour protéger les idées acceptables, mais les idées tabous, celles qui choquent et scandalisent.

Deborah Lipstadt, historienne de l’Holocauste, a déclaré lors d’un débat en 2016 à l’Université d’Oxford :

“Je suis convaincue que la liberté d’expression ne signifie rien, à moins qu’elle ne protège la liberté pour les personnes offensantes d’être offensantes. Nous qui sommes offensés par eux, nous devons l’accepter comme un coût de la vie dans une société libre”.

En France, le fourre-tout pénal de délit “d’incitation à la haine” permet aux juges de punir qui ils veulent selon leur bon vouloir. Il leur suffit de décider qu’un propos incite à la haine, même s’il est honnêtement destiné à inciter au débat sur un sujet tabou.

Pour cette raison, en France, toute notion de liberté d’expression, et sa défense est faussée, car elle est sous le contrôle d’une justice pas très juste, et qui a le dernier mot. L’Etat français se mêle de trop de choses.

Conclusion

Je vous dis le fond de ma pensée : si les médias sociaux, les éditeurs et les vieux médias étaient entre les mains de la droite, c’est la gauche qui serait victime de la censure, car je ne crois pas que la protection de la liberté d’expression soit une préoccupation forte des gens. Ce qu’ils aiment protéger, c’est leur liberté d’expression à eux, pas celle du camp d’en face.

S’il semble que la défense de la liberté d’expression soit une cause majeure, j’ai vu les mêmes gens hurler à la censure et réclamer qu’on fasse taire certaines personnes. Ainsi est la nature humaine avec ses contradictions.

Entre la fameuse sortie de Voltaire qui promet de se battre jusqu’à la mort pour défendre la liberté d’expression de celui dont il n’aime pas les idées, et l’interdiction de ce qui nous choque, il existe des nuances quelques fois difficiles à trancher.

Restant dans les nuances, je déteste la censure des idées qui me dérangent, et en même temps je ne suis pas un combattant pour la liberté d’expression. Je la soutiens, mais je ne me battrais certainement pas pour elle. Je déteste des types comme Jean-Luc Mélenchon, Alain Soral, Pascal Boniface, Edwy Plenel ou Florian Philippot, mais je n’aimerais pas qu’ils soient censurés. De là à militer pour les défendre s’ils l’étaient, vous repasserez…

Facebook, Google, Twitter, se cachent derrière les nuances pour censurer la droite et faire les sourds avec la gauche.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) https://www.realclearpolitics.com/video/2018/04/10/zuckerberg_to_cruz_on_bias_silicon_valley_extremely_left-leaning_place_i_understand_the_concern.html
(2) http://thehill.com/policy/technology/402495-twitter-ceo-jack-dorsey-i-fully-admit-our-bias-is-more-left-leaning
(3) https://www.recode.net/2018/7/18/17575156/mark-zuckerberg-interview-facebook-recode-kara-swisher
(4) https://www.dreuz.info/2018/07/31/qui-leut-cru-macron-en-guerre-contre-les-fake-news-est-un-tres-gros-utilisateur-de-fake-chez-twitter/
(5) https://www.npr.org/2018/08/16/639239647/u-s-sues-operators-of-radio-station-that-airs-alex-jones-show-saying-it-s-not-li
(6) https://www.theguardian.com/technology/2018/aug/08/jack-dorsey-defends-failure-to-ban-alex-jones-from-twitter
(7) https://www.politico.com/magazine/story/2018/08/08/alex-jones-banned-lowry-219343
(8) http://thehill.com/policy/technology/technology/402450-bill-maher-on-social-media-bans-alex-jones-gets-to-speak?amp&__twitter_impression=true

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