Publié par Christian Larnet le 20 août 2018

Le tribunal de Ghardaïa a condamné le militant pour le droit des minorités Salim Yezza, arrêté le 14 juillet 2018 à l’aéroport de Biskra, à un an de prison avec sursis et une amende de 100.000 Da ferme, a annoncé son avocat Kouceila Zerguine.

La justice algérienne a condamné un militant amazigh à un an de prison avec sursis le 7 août 2018 pour un article de Facebook critiquant la discrimination du gouvernement à l’encontre d’un groupe minoritaire, a déclaré Human Rights Watch ce lundi 20 août. Dans son post sur Facebook de 2014, Salim Yezza a critiqué la politique discriminatoire des autorités à l’encontre des Mozabites, une minorité ethnique amazigh ou berbère de la région de Ghardaia.

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Yezza est membre du Rallye de l’Amazigh, un groupe basé en France, où il vit depuis 2011.

  • Les autorités ont arrêté Yezza le 14 juillet à l’aéroport de Biskra alors qu’il rentrait à Paris après une visite en Algérie.
  • Un juge d’instruction l’a mis en détention à la prison de Ghardaia le 16 juillet.
  • Le tribunal de première instance de Ghardaia l’a condamné à une peine d’emprisonnement avec sursis et à une amende de 100 000 dinars (840 dollars) pour incitation à un rassemblement public en vertu de l’article 100 du code pénal, et diffusion d’appels à la haine et à la discrimination en vertu de l’article 295.

“Plus de trois ans après les affrontements meurtriers de Ghardaia, les autorités sont occupées à chercher des boucs émissaires plutôt que de prendre les mesures nécessaires pour enquêter sur ce qui s’est passé”, a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

25 morts et plus de 70 blessés dans les deux communautés lors des affrontements de 2015

Depuis 2013, la violence éclate périodiquement entre les Mozabites et les communautés arabes de la province de Ghardaia. L’un des épisodes les plus meurtriers, du 7 au 10 juillet 2015, a fait environ 25 morts et plus de 70 blessés dans les deux communautés, la plupart du fait de coups de feu, selon les médias.

L’acte d’accusation, que Human Rights Watch a examiné, indique que Yezza a publié le 25 janvier 2014, un article qui aurait contribué à la violence à Ghardaia pendant les affrontements ethniques mortels entre les communautés arabe et berbère.

Pourtant, dans son post sur Facebook, Yezza a seulement critiqué le “silence de beaucoup en Algérie face à l’oppression contre les Mozabites” et a dit que certains partis et groupes, qu’il n’a pas nommés, “font des alliances avec le régime criminel algérien et ses institutions”. Dans le même post, il a également déclaré qu’il s’opposera à l’oppresseur, quelle que soit sa force.

“Je suis aussi un Mozabite et je n’accepterai pas d’être attaqué, tout comme je n’accepterai pas d’attaquer quelqu’un moi-même.”

Dans l’acte d’accusation, le juge d’instruction a considéré que le fait de dépeindre la minorité mozabite ethnique comme une victime et la partie opposée, les Arabes en général, comme des oppresseurs, était un appel à la discrimination. Affirmant que les déclarations de Yezza avaient été publiées quelques jours avant les affrontements, (elles ont en réalité été publiées plus d’un an auparavant), le juge a déclaré que les messages “ont sans aucun doute incité à la haine entre les membres d’une même société et les ont divisés selon leurs croyances ethniques et religieuses”.

  • En 2015, Yezza était l’invité de France 24, où il a condamné le gouvernement algérien pour s’être rangé du côté de la communauté arabe du pays et ne pas avoir protégé les Mozabites des attaques et des tentatives de déracinement de la région de Ghardaia.

L’avocat de Yezza a déclaré que son client va saisir les deux rapporteurs spéciaux de l’ONU, à savoir Michel Forest, rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, ainsi que M. David Kaye rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à liberté d’opinion et d’expression.

L’avocat a ajouté que l’état de santé de Salim Yezza s’est dégradé depuis son incarcération le 16 juillet dernier, du fait de son exercice par le passé du métier de tailleur de pierre.

Enfin, a déclaré l’avocat : “Un appel sera interjeté sur cette décision dans les délais prévus par le code de procédures pénales”.

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