Publié par Dreuz Info le 20 août 2018

Parmi les croyances de l’islam, celle qu’on appelle « le vol de Mahomet » est décisive et pourtant, elle n’a jamais fait l’objet d’un examen attentif de la part du monde universitaire ou des spécialistes.

Mahomet lui-même en fit le récit si l’on en croit la tradition : une nuit, le prophète est réveillé par l’ange Gabriel, qui a mission de l’emmener jusqu’au ciel. Ils disposent d’une monture merveilleuse, al Bouraq, une jument ailée… Mais le voyage n’est pas direct, il y a une correspondance à Jérusalem. De là, frappant d’un pied vigoureux sur un rocher, il monte au ciel, à travers sept cieux successifs, dans lesquels il est honoré par différents prophètes de l’Ancien Testament, y compris Jésus. Au huitième ciel se trouvent Dieu, sa plume et la table sur laquelle il écrit, efface et réécrit le destin des hommes. Pendant ce voyage, Gabriel lui montre l’enfer et le paradis. Mahomet reçoit la Révélation coranique puis redescend, cette fois sans escale.

Lorsque, en décembre dernier, Donald Trump annonçait le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, qu’il reconnaissait ainsi pour capitale officielle d’Israël, toute la presse avait jeté des cris d’orfraie. C’est qu’on brisait un accord tacite de la diplomatie : ne pas toucher à Jérusalem.

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Une question pourtant se posait et se pose encore: au nom de quoi l’islam convoite t-il Jérusalem avec tant d’agressive prétention ? Au nom de quoi  la ville pourrait-elle prétendre devenir la capitale de la Palestine, autrement dit la capitale spirituelle de l’islam? Alors que pour Israël, même si le choix politique ne va pas dans le sens de la paix, il s’appuie sur une revendication historique plus attestée, sinon plus légitime. En tous les cas, bien plus ancienne. Ce qui en histoire a une certaine valeur.

C’est sur cette tradition du vol de Mahomet que se fonde cette revendication.

Au VIIème siècle le calife Omar construisit la mosquée du même nom, sur le lieu même du Temple. Le Dôme du Rocher, improprement appelé Mosquée d’Omar est de ce fait le second lieu « saint » revendiqué par l’islam (lieu de pèlerinage) et appelé le Bouraq. Ce Dôme du Rocher est situé au centre de cette esplanade hérodienne, rebaptisée « Haram-el-Cherif » (noble sanctuaire) par les Arabes, et recouvre exactement les fondations du Temple construit par David selon l’Ancien Testament. C’est le lieu où Mahomet a posé le pied pour s’envoler dans le ciel, (ou selon d’autres traditions, sa jument dont le rocher porterait l’empreinte du sabot).

La légende de ce qu’on va appeler « l’ascension de Mahomet » a proliféré dans les premiers siècles de l’Hégire sous l’action des récits des qoussâs, conteurs populaires pieux. La communauté musulmane les a adoptés, les imposant ainsi (vox populi vox dei) ainsi aux dogmatisations des théologiens (malgré la difficulté de les harmoniser avec l’eschatologie fondée sur le Jugement dernier) comme à l’effort critique des historiens. Puis ils ont servi de base aux spéculations mystiques, relayées par les intellectuels de l’Occident qui, pour des raisons mystérieuses, y ont vu des beautés insoupçonnées.

Aussi curieux que cela puisse sembler, l’islamologie a fait l’impasse sur cette croyance. Aucun islamologue ne l’a examiné de près.

Jérusalem, La bouraq et le vol mystique“* de Marion Duvauchel comble cette lacune. Il examine avec soin la légende sous tous les angles : les fondements de l’authenticité du récit de Mahomet et les modalités de sa transmission ; les sources primitives – midrashiques, judaïques, chrétiennes et iraniennes, en particulier la littérature apocryphe des Livres d’Ascension (celle de Moïse, d’Abraham, d’Isaïe) – jusqu’au Livre de l’Échelle de Mahomet.

Cet ouvrage au statut particulier et à l’historiographie complexe raconte le vol de Mahomet en reprenant le schème dynamique selon lequel s’organise les motifs devenus dans cet ouvrage d’une formidable inventivité. Reçu en Occident, il est considéré comme un des livres saints de l’islam et va irriguer l’imaginaire populaire comme aussi la théologie savante. Ces « sources orientales » sont attestées par la Divine comédie de Dante qui a fait l’objet de controverses diverses à propos de la nature de ces sources. Mais les grandes constructions théosophiques de l’islam hétérodoxe ne font pas fi de cette légende, allant jusqu’à imaginer la sainteté prophétique de Mahomet, seule capable d’assumer une vision mystique qui emporte l’âme et le corps. Enfin l’histoire des lieux saints ne saurait être examinée qu’à la lumière de cette question de la mosquée d’Omar et du Dôme du Rocher.

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Il y a de cela treize siècles, le second calife de l’islam entre à Jérusalem et pose, en même temps que la pierre du Rocher, les fondements de l’islam politique : une croyance, deux versets du Coran et l’appropriation du lieu saint d’Israël, expropriant ainsi et pour de longs siècles la communauté de Juifs qui était demeurée ou revenue en Palestine (la destruction du temple, en 70, par Titus avait été le prélude au très long exil d’Israël, qui devait s’achever en 1948, lors de la fondation de l’Etat d’Israël).

La construction d’une mosquée sur l’emplacement même du Temple de David, attesté par une tradition multiséculaire, était un acte de guerre. Il a creusé tout au long de l’histoire un lit de violence et de mensonges qui n’a encore fini sa course. La paix ne peut se faire sur le déni de l’histoire, histoire politique et histoire religieuse. Cette histoire ne commence pas en 1948 avec la fondation de l’Etat d’Israël : elle commence avec la construction d’une religion dont le vol de Mahomet constitue la croyance- pivot.

A ce titre, elle demandait un examen précis et fouillé. C’est fait.

Voilà qui pourrait aider à mieux comprendre l’inextricable mélange de mensonge et de vérité sur lequel est fondé la revendication de l’islam sur Jérusalem. Et peut-être aussi la nature de la haine musulmane envers Israël, comme la réponse violente d’Israël. Sur le plan historique, cette revendication est peut-être légitime. Sur le plan religieux, elle n’est pas  fondée. Sur le plan politique, elle hypothèque toute chance de paix pour les générations futures. Et pour de longs siècles encore. L’examen de cette croyance conduit l’auteur à la triste et pénible conviction que la guerre est inexpiable, et que, sauf miracle, elle va durer.

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