Publié par Jean-Patrick Grumberg le 22 août 2018
Michael Cohen à la sortie du Tribunal fédéral, mardi 21 août, à New York

Suivre de près le président Trump présente des challenges et des avantages uniques.

Chaque jour, je vois apparaître sur mon écran une centaine d’alertes qui annoncent la fin de la présidence de Trump, sa mise en accusation imminente, la preuve irréfutable qu’il a trafiqué les élections avec la Russie, que de nouvelles call-girls l’accusent de harcèlement, que le Congrès va déclencher une mesure d’impeachment, que Trump est au bord du gouffre, qu’il est le nouvel Hitler, que la dictature est à la porte des Etats-Unis, qu’il censure les médias, et qu’il se conduit comme un parrain de la mafia…

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Avec le dernier plaidé coupable de son ex-avocat Michael Cohen, les médias éructent !

Bien sûr, aucun média ne dira que personne ne sait si ce que dit Cohen est vrai ou faux, car Michael Cohen cherche à obtenir une peine d’emprisonnement moins lourde en échange d’allégations contre M. Trump.

Personne ne dira que M. Cohen a plaidé coupable de divers délits qui n’ont aucun rapport avec Trump, des délits que personne ne l’a forcé à commettre. Et, maintenant, afin d’alléger son châtiment, il accuse son ancien ami. Je n’ai aucun doute que Donald Trump a déjà été trahi dans le passé, et qu’il a le cuir épais.

Ces mêmes médias, il faut le rappeler car certains pourraient être tentés de leur accorder quelque crédit s’ils ne sont pas au courant de tout, ces mêmes médias ont déclaré :

  • que Trump n’avait aucune chance d’être élu (je confirme à ceux qui refusent de l’admettre que Trump a remporté la présidentielle),
  • que la bourse allait s’écrouler (elle n’a jamais été aussi haute de toute son histoire),
  • que l’économie allait s’enfoncer dans le rouge (la croissance est à 4,1% alors qu’Obama n’a jamais réussi à atteindre 3% en 8 ans),
  • que l’emploi ne reviendrait jamais (le chômage est à 3,8%, chiffre le plus bas depuis 1975),
  • que la Chine allait manger l’Amérique tout cru si Trump osait déclencher un bras de fer économique (la Chine va de compromis en compromis, elle a pour la première fois depuis 14 ans laissé entrer la viande de bœuf américain sur son marché de 2,6 milliards de dollars, et elle est en train de revoir tous ses tarifs douaniers à la baisse),
  • que jamais Trump n’oserait déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem,
  • qu’il n’arrivera à aucun accord de dénucléarisation avec la Corée du Nord (Kim est en train de démanteler ses installations nucléaires, il n’a pas tiré un seul missile depuis les dernières menaces de Trump), que Kim ne voudra jamais le rencontrer (ils se sont rencontrés et une autre réunion est déjà prévue),
  • qu’il ne pourra pas démanteler l’Etat islamique, car Obama avait affirmé qu’il ne serait que capable de le “contenir” (Trump a éjecté ISIS de tous ses territoires en quelques mois)
  • qu’il ne serait pas capable de faire la très importante baisse des impôts qu’il a promis durant sa campagne (la baisse des impôts a bien eu lieu, et c’est la plus importante depuis Reagan)

Je m’arrête, mais la liste des promesses que Trump a faites, et que les médias ont juré qu’il ne pourrait pas réaliser, et qu’il a effectivement tenues est impressionnante.

Et maintenant, ils sont tous à faire marcher les turbines à intox, les Fake News, pour dire que Trump est fini, en raison des deux procès qui viennent de se produire, simultanément, l’un concernant Paul Manafort son ancien directeur de campagne, et l’autre Michael Cohen un de ses anciens avocats.

Le cas Manafort

Paul Manafort a été jugé coupable de fraude fiscale et de fraude bancaire. Les faits remontent à 10 ans avant la campagne présidentielle de 2016. Ils ne concernent pas du tout le président. Bien-sûr, vous ne lirez pas la presse américaine, mais s’il vous arrivait de la parcourir, vous verriez que même les plus radicalement anti-Trump de tous, comme le NYT et le Washington Post reconnaissent dans leurs articles, mais au 4e ou 5e paragraphe, que la condamnation attendue de Manafort ne concerne pas les élections de 2016 ou la collusion avec la Russie.

Michael Cohen

Michael Cohen a plaidé coupable de huit chefs d’accusation devant la cour Fédérale de Lower Manhattan, hier mardi. S’il s’est retrouvé devant une cour Fédérale, alors qu’il a été mis en accusation par Robert Mueller pendant le cours de son enquête dans le dossier russe, c’est parce que Mueller n’a rien pu extraire des 4 millions de documents saisis au cabinet de l’avocat qui puisse accuser Trump de collusion.

Le professeur de droit Jonathan Turley, invité au Special Report de Fox news a expliqué que le président Donald Trump pourrait dans le pire des cas devenir un “co-conspirateur non inculpé” dans cette affaire.

  • M. Cohen a plaidé coupable de cinq chefs d’accusation de fraude fiscale à hauteur de 4 millions (qui ne concernent pas Trump), un chef d’accusation de fausses déclarations pour obtenir un crédit (là encore, sans rapport avec Trump), un chef d’accusation de contribution illégale d’une entreprise lors d’une élection et un chef d’accusation de contribution excessive à une campagne électorale (il s’agit d’un paiement à une star du porno, Stormy Daniels, et à Karen McDougal, une ex Playmate de Playboy, qui pourraient constituer un délit de tentative d’influencer une élection)

“Si les procureurs acceptent ce qui figure dans cet acte d’accusation, le président vient de devenir un co-conspirateur non inculpé”, a déclaré M. Turley, “s’ils croient que ce qu’il y a dans cet acte d’accusation est vrai, c’est-à-dire qu’on lui a ordonné de faire ce paiement.”

Ce qui suit, vous ne l’avez évidemment lu nulle part, car les médias ne croient au principe de présomption d’innocence que pour leur camp politique :

  1. Rien ne prouve que Cohen dise vrai.
  2. Cohen accuse Trump de lui avoir donné l’ordre de faire des paiements à deux jeunes femmes qui pour nuire à Trump, ont été poussées par les Démocrates à déclarer avoir eu des rapports sexuels avec Trump (il ne s’agit pas de harcèlement sexuel comme certains médias le laissent entendre, mais de rapports entre adultes consentants. Il ne s’agit pas de détournement de l’argent de la campagne comme le disent d’autres médias, puisque Trump a financé sa campagne avec ses propres fonds).
  3. Cohen doit rapporter la preuve que Trump lui a donné l’ordre, et à supposer qu’il l’apporte, il restera encore à convaincre un jury qu’il s’agit d’un acte illégal.
  4. Daniel Petalas, ancien procureur de la section Intégrité publique du ministère de la Justice, a déclaré que “le président a certaines protections pendant qu’il est président en exercice, mais si c’était vrai, qu’il était au courant et a essayé d’influencer une élection, cela pourrait être un délit fédéral.”
  5. L’avocat de Donald Trump et ancien maire de New York Rudy Giuliani, a fait remarquer lors d’une déclaration que la lecture des charges retenues contre Cohen par le juge montrent “qu’il n’y a aucune allégation de faute contre le président dans les charges du gouvernement contre M. Cohen”.
  6. En vertu de la loi fédérale, les dépenses visant à protéger les chances politiques d’un candidat peuvent être interprétées comme des contributions à la campagne électorale, selon les lois fédérales qui interdisent les dons des sociétés et fixent des limites quant aux montants pouvant être donnés.

Conclusion

Le Président possède une résilience légendaire.

Sa cote de popularité, pendant que les médias faisaient leurs choux gras matin midi et soir pendant près de 15 jours du “scandale” Stormy Daniels, n’a cessé de monter.

Donald Trump préside un pays dont l’économie est en plein essor, avec un taux de chômage à des niveaux historiquement bas, un marché boursier qui a grimpé en flèche, un optimisme des ménages jamais vu depuis 20 ans, l’allègement des réglementations qui ont permis d’atteindre l’indépendance énergétique, et le nombre de créations d’entreprises explose.

Trump a promis de nommer un pur juge constitutionnaliste à la Cour suprême, et il s’apprête à en nommer un autre. Il a tenu parole, ce qui était un test très important pour les électeurs conservateurs.

Il est parti en guerre, comme il l’a promis, contre les laïcards qui tentent de détruire les racines judéo-chrétiennes des Etats-Unis, et attaquent la chrétienté partout où elle est traditionnellement présente dans la vie publique, et il a gagné le respect indéfectible des évangélistes, qui ont déclaré, à propos de l’affaire avec l’actrice porno, qu’ils ne sont pas des enfants de chœur et qu’ils savent très bien qui est Trump dans sa vie privée, mais que sa promesse tenue de défendre la chrétienté est pour eux ce qui compte. Il a d’ailleurs attaqué de front les pro-choix en défense des pro-vie, chose qu’aucun politique n’ose faire avec autant d’aplomb.

  • Lorsque Trump, lors des primaires, a traité sa concurrente Républicaine Carla Fiorina de “face de craie”, les médias ont publié son arrêt de mort : il était le misogyne, le sexiste, le grossier personnage vulgaire qui allait se ramasser lors des primaires. Trump a remporté les primaires.
  • Lorsqu’un enregistrement digne d’une salle de garde, où Trump se vantait qu’une célébrité comme lui pouvait caresser les parties intimes d’une starlette, ajoutant qu’elles aiment ça, a été rendu public pendant la campagne, les médias ont prédit qu’il était terminé. Les conseillers du parti Républicain lui ont conseillé de se retirer de la course pour éviter la honte et la débâcle…
  • Lorsqu’un journaliste a tenté de lui refaire le coup porté à Mitt Romney lors de la présidentielle contre Obama, en lui reprochant d’être riche, là où Romney a bredouillé des excuses en expliquant qu’il a travaillé dur pour y arriver, Trump a répondu : “je ne suis pas riche, je suis vraiment très riche !”, et c’est le journaliste qui s’est retrouvé tout bête et a bredouillé.
  • Lorsque devant toute l’Amérique, la journaliste Megyn Kelly a demandé à Trump s’il était exact qu’il utilisait des mots comme “gros porc”, “cageot”, “gros lard” pour décrire certaines femmes, Donald Trump, sans sourciller, a répondu: “Je n’ai pas le temps d’être politiquement correct. Mais je n’emploie pas ces mots – sauf pour [l’actrice] Rosie O’Donnell.” Là, il était fini.
  • Lorsque Trump a violé un tabou en attaquant le très respecté sénateur John Mc Cain qui a été prisonnier de guerre, en disant “ce n’est pas un héros, j’aime les gens qui n’ont pas été fait prisonniers” ; lorsqu’il a dit que Bush n’avait pas de quoi être fier parce qu’après tout, c’est sous sa présidence que 9/11 s’est produit ; lorsque Trump s’est moqué du juge Gonzalo Curiel qui l’attaquait, en déclarant : “qu’un juge d’origine mexicaine représente un conflit d’intérêts”, à chaque fois les médias, les experts les plus respectés, les personnalités politiques en vue et les commentateurs ont déclaré que pour Trump, la course électorale est terminée…

Et pourtant, ce matin, Trump est certainement confronté à un moment périlleux de sa présidence. Mais ce n’est pas parce que pendant toute la nuit dernière, les réseaux de télévision ont hyperventilé les deux procès en faisant croire que c’est le début de la fin pour Trump – ce qu’ils vont continuer à faire pendant toute la semaine : l’Américain moyen, qui n’est pas très politisé, va vite se sentir gavé de vivre dans ce chaos puant fabriqué par les journalistes et va vite changer de chaîne.

Le défi pour Trump est inchangé : cette affaire va forcément détourner certains de ses électeurs, et si les Démocrates reprennent la Chambre ou le Sénat ou les deux en novembre, Trump sera entravé dans ses réformes, et il ne pourra probablement plus les effectuer autrement que par décret (“avec mon stylo et mon téléphone”, s’était vanté Obama pour expliquer comment il allait contourner le Congrès).

Michael Cohen a plaidé coupable de violation de financement des campagnes électorales et il a dit à la cour que les paiements qu’il a faits aux deux accusatrices de Trump ont été faits en “coordination avec et sous la direction d’un candidat”. Mais le juge n’a intentionnellement pas nommé Trump dans les actes d’accusation.

Tout ceci n’empêchera pas Trump de nommer un second juge constitutionnaliste à la Cour Suprême en octobre prochain. Et cela va recentrer positivement la politique de l’Amérique pour les 30 ou 40 ans qui viennent, soit bien après la fin des deux mandats de Donald Trump.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

 

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