Publié par Abbé Alain René Arbez le 25 août 2018

Jésus a habité Capharnaum, plus exactement Kephar Nahoum : ce qui veut dire le « hameau du consolateur »…

Un nom qui correspond très bien à la mission de Jésus, lui qui apporte à tous le réconfort de la part de Dieu. Dieu est appelé Consolateur de son peuple, c’est un Père qui aime tous ses enfants.

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L’évangile de Marc aide à revivre ces moments importants de la mission de Jésus. Ce récit de guérison montre que, comme à chaque fois, ce n’est pas que le corps de l’être humain qui est concerné par le miracle mais surtout le cœur. A la synagogue, un jour de sabbat, les prières n’empêchent pas Jésus de poser son regard sur ce pauvre homme qui souffre, il va démontrer combien la Parole de Dieu détient la force de guérir. Ce n’est pas une déclaration dans le vide, elle rejoint notre condition humaine pour la transformer. 

Tout le village connaît Jésus, ce jeune charpentier d’excellente réputation, qui passe aussi pour un grand connaisseur de l’Ecriture sainte. Par son savoir-faire Jésus n’apporte donc pas seulement une charpente solide qu’il a appris avec Joseph à façonner pour les maisons qui ont besoin de solidité ; mais il offre maintenant une charpente spirituelle aux êtres qui ont besoin d’une véritable colonne vertébrale grâce à la fiabilité de la Parole de Dieu !

C’est précisément ce que fait Jésus en commentant le passage de l’Ecriture Sainte d’une manière vivante. C’est une parole qui réveille l’assemblée, car Jésus enseigne la vie, et pas une doctrine ; il parle avec bon sens et autorité de tout ce qui nous concerne. 

On voit surtout ici se manifester la foi des premiers disciples en Eglise : Jésus n’est pas qu’un simple témoin du Dieu d’Israël parmi d’autres, c’est Dieu lui-même qui parle à travers la personne humaine de Jésus. En Jésus apparaît le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu qui fait agir son message dans la vie concrète de notre humanité. Tout le peuple de Galilée, de Judée est comme aimanté par cet appel direct à espérer. On vibre lorsque Jésus affirme que chacun a son propre trésor à découvrir, que chacun recherche chaque jour la perle précieuse de son existence, qu’il y a dans la vie comme la germination d’un monde nouveau, et que le désir de justice est un ferment qui soulèvera la pâte humaine… Ou encore lorsqu’il dit que nous avons tous besoin d’un sel spirituel qui donnera leur vraie saveur aux choses de la vie.

Sur son passage, en entendant ces vérités, des aveugles retrouvent la vue, des personnes qui marchaient dans les ténèbres du désespoir se remettent à croire à la vie. Un muet se remet à parler, des personnes repliées sur elles-mêmes osent s’exprimer et créent des liens avec les autres. Ce sont là des miracles à la fois physiques et spirituels. 

Ce jour-là à la synagogue, nous dit l’évangile, Jésus guérit un homme possédé : possédé, c’est-à-dire qui ne s’appartient plus, il est investi par un esprit malsain, destructeur. On le constate en écoutant ce qu’il crie. Comme certains de nos contemporains, cet homme s’est construit mentalement un Dieu qui veut notre perte. Et comme dans la parabole des talents, il est clair que l’image que l’on se fait de Dieu conditionne nos attitudes de foi. Un Dieu que l’on a imaginé dur et indifférent enchaîne à une profonde détresse. Et voici que Jésus le libère de cette aliénation maladive et mortifère. Les témoins de l’événement comprennent aussitôt la situation et ils en sont bouleversés. 

La plupart sentent qu’ils ne sont déjà plus les mêmes : ils sont en train de naître une seconde fois. Alors, ils ne se contenteront plus d’écouter pieusement les textes bibliques : l’envie de se donner, de vivre pour les autres, de chercher le vrai visage de Dieu au quotidien les saisit. Et Jésus, en action de grâces devant ces transformations, s’écrie : heureux les hommes et les femmes au cœur disponible et réceptif, heureux ceux qui cherchent loyalement la vérité, ceux qui sont passionnés de justice et impatients de réaliser la paix. Heureux ceux qui restent fidèles jusqu’à être persécutés pour leurs convictions !

On comprend les oppositions que Jésus peut susciter autour de lui par ces prises de parole. En enseignant de cette façon, Jésus remet en cause les cloisonnements que l’argent, le savoir ou le pouvoir instaurent entre les membres de la communauté. Il ne se laisse pas arrêter par la distance que les appartenances creusent entre les personnes. Il n’admet pas le fossé entre la vie religieuse et la vie active.

En agissant pour le bien de cet homme dans le cadre d’une liturgie à la synagogue, Jésus refuse que Dieu soit enfermé dans des rites. Il refuse que soit dressée une ligne de démarcation entre justes et pécheurs, entre purs et impurs. 

Lorsque Jésus enseigne que les deux commandements amour de Dieu et amour du prochain ne sont que les deux faces d’une seule et même réalité, on découvre que son message est à la fois celui du respect de la dignité humaine, et celui de la confiance en la Parole de Dieu. C’est pourquoi il accueille chacun avec sa part d’ombres et de lumière, avec son parcours fait d’avancées et de reculs, de victoires et d’échecs. 

Jésus porte un regard fraternel de compassion, c’est-à-dire qu’il rejoint chacun, de l’intérieur, dans ses problèmes ou ses inquiétudes, et il nous demande donc de lui confier nos joies et nos peines, jusqu’à la croix du Golgotha, car lui se chargera de tous les fardeaux qui entravent notre marche en avant vers le Royaume de Dieu, notre  patrie définitive. Des disciples ont été témoins de ces exorcismes libérateurs opérés par Jésus. Ils ont accompagné Jésus jusqu’au grand exorcisme final, celui de sa propre mort librement acceptée pour faire sortir les puissances du mal de leur manifestation occulte. Il nous a ainsi  rendus moins vulnérables, il a exposé au grand jour le dilemme de la vie humaine. En démasquant les menaces des puissances de mort, il a vaincu les prétentions de Satan. Il a montré que doit triompher la puissance de l’amour et le don de soi aux autres. 

Le récit de guérison à la synagogue de Capharnaum est comme une relecture des déficiences humaines repensées à la lumière de la résurrection. C’est une confession de foi en Jésus Fils de Dieu libérateur de nos fragilités. Car Jésus a démontré que dans le cadre du culte et des rituels, le fait de secourir un homme qui souffre est une manière directe d’honorer la présence de Dieu. Le sabbat est fait pour l’homme, la religion est au service de la vie.

En célébrant cette Parole libératrice, nous rejoignons l’expérience des témoins de la guérison et avec eux, nous pouvons annoncer à nos contemporains que Dieu n’intervient pas pour nous perdre, mais pour nous sauver. C’est un témoignage qui indique dans quel sens est l’avenir de notre humanité. Notre monde est déchiré par les conflits, enténébré par les mensonges, mais il est en même temps appelé à prendre conscience de ses impasses pour accueillir au plus vite la lumière de Dieu. 

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, commission judeo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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