Les responsables du gouvernement algérien bloquent depuis des mois la délivrance des passeports et autres pièces d’identités pour les activistes amazighs et leurs proches. L’État algérien est accusé de violer au quotidien le droit des populations amazighs.
Des militants du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et leurs familles attendent depuis des dizaines de mois l’acquisition de leur nouveaux passeports biométriques, en vain. Les concernés dénoncent un «blocage» qui relève d’un acte politique arbitraire pour punir les militants de la cause.
Les victimes parlent de «représailles» à cause de leurs opinions politiques. Si certains parlent du passeport, d’autres veulent juste avoir une carte d’identité.
La privation de passeport, la nouvelle arme répressive d’Alger
Le gouvernement algérien vise les amazighs de manière sélective. Les berbères disposant de la citoyenneté algérienne représentent plus de 35 % de la population du pays. Pour ce groupe d’Algériens, la citoyenneté est loin d’être inclusive et est utilisée maintenant comme un outil permettant à l’État de promouvoir encore davantage la suprématie arabe.
«Victime du chantage administratif de l’Etat qui m’a privé de mon droit d’avoir un passeport, je lance un appel de détresse à l’opinion publique, à la presse, aux ONG, à toutes les voix libres et à tous les défenseurs des droits humains afin de dénoncer ces agissements arbitraires contre les libertés individuelles des citoyens dont le seul tort est d’avoir assumé publiquement leurs opinions politiques», dénonce Rachid Kadi, 26 ans, ancien militant du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), originaire de la commune de Chorfa, dans la préfecture de Bouira de la Grande Kabylie au sud-est d’Alger.
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Dans ce dossier, beaucoup dénoncent le «chantage», parmi eux Rachid qui affirme avoir subi «des pressions terribles de la part des renseignement généreux, de la police et de la gendarmerie nationale». «Un officier de la gendarmerie est venu me dire clairement que pour régler ma situation, je devais quitter le MAK et collaborer avec eux. En contrepartie, ce dernier m’a assuré de m’aider à récupérer mes papiers et de me trouver du travail. Et c’est la même offre qu’on me fait à chaque fois que suis interpellé ou présenté devant un commissariat. J’ai évidemment refusé. Mes convictions ne sont pas à vendre», insiste ce militant berbère .
Comme beaucoup d’autres, ce militant berbérophone attend d’obtenir son passeport et sa carte d’identité biométriques depuis plus de deux ans. Pour les autres citoyens les délais d’attente ne pouvaient dépasser une semaine à quinze jours au maximum.
Cette privation des passports concerne aussi bien les amazighs de Bouira, de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Skikda, de Sétif et Boumerdès mais aussi de la diaspora établie en France, au Canada ou en Belgique.
Sans papier ni document de voyage, certains ne peuvent pas quitter le territoire. D’autres sont, au contraire, forcés à rester dans l’exil loin de leur contrée et leurs familles qu’ils souhaitent tant revoir.
Alger fait des militants amazighs des apatrides dans leurs pays
Qu’ils soient autonomistes ou indépendantistes, des gens qui ont longtemps quitté le mouvement ou qui ont juste un lien de parenté avec ses cadres, qu’ils soient adhérents de l’Union pour la république kabyle (URK), fondée fin 2017 par l’ancien président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, Bouaziz Aït Chebib, la nouvelle combinaison MAK-GPK (GPK est le gouvernement provisoire de la Kabylie en exil, ndlr) présidé par la figure du mouvement, Ferhat Mhenni, après la scission entre les deux hommes en novembre 2016, aujourd’hui ils sont tous dans le même bain du déni du droit à la circulation après avoir été privés de ce document nécessaire, à savoir le passeport ou leurs cartes d’identité.
C’est le cas de Pica Oukazi, 45 ans, comédien natif d’Aït Ouabane, ce beau village au pied de Djurdjura qui a accueilli en 2017 l’une des plus belles éditions du festival international Raconte-Arts. Arrêté et convoqué à plusieurs reprises, cet activiste culturel n’a, depuis plusieurs années, aucun papier d’identité à présenter aux autorités.
«Notre village a toujours été dans l’œil du cyclone pour voir abrité des réunions du MAK. Nous sommes accusés de fait parce que nous habitons Aït Ouabane. On m’a tellement fatigué que j’ai fini par abandonner. Aujourd’hui, je n’ai aucun papier sur moi. De plus, ce n’est pas seulement mon cas. C’est aussi celui de beaucoup d’activistes fichés comme moi», confie-t-il à un journal local.
Lazhar Bessadi, 29 ans, militant amazigh , est du même village que Pica. Désemparé, il affirme attendre une réponse à sa demande de passeport depuis octobre 2016. «Après m’avoir fermé ma boutique d’outils informatiques à Tizi Ouzou et accusé d’imprimer des documents du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabyli, l’Etat m’a même suivi dans mon récent boulot et a poussé mes responsables à me licencier. Je me retrouve, donc, sans travail.»
«Après avoir fait de la Kabylie une vaste prison à ciel ouvert et une zone de non-droit pour ses propres enfants, l’Etat algérien confisque arbitrairement les passeports des militants kabyles pour exercer des pressions sur eux, les pénaliser pour leurs opinions politiques et les amener, par la contrainte, à la soumission», dénonce Bouaziz Aït Chebib à un journal local .
«Il n’y a aucun doute là-dessus. Nous sommes bloqués par les services secrets sans décision de justice ni fondement de loi. Notre appartenance au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie en est la raison», confient-ils.
Ceci est un acte gravissime. La Convention onusienne de 1961 interdit ces pratiques. Elle crée un cadre international visant à garantir le droit de chaque personne à une nationalité. Elle établit aussi des garanties importantes pour prévenir l’apatridie.
Pour beaucoup de personnes, notamment celles qui doivent voyager, la situation perdure et l’attente devient insupportable. Certains ont même tenté de recourir aux différents ONG internationales dans l’espoir de débloquer la situation.
C’est le cas de Farid Djenadi, 48 ans, ancien dirigeant du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, natif de la commune de Semaoun dans la wilaya de Béjaïa, privé de son passeport depuis près de deux ans.
Sans carte d’identité depuis 1989, il attend sans suite la réponse à sa demande de passeport déposée le 30 novembre 2016.
«J’ai adressé, en novembre 2017, un courrier au ministre de l’Intérieur lui expliquant mon cas et j’ai envoyé une copie au Premier ministre, à la Présidence et au responsable du centre de la biométrie, en vain. On m’a dit que mon dossier est bloqué par les hautes autorités. On nous traite comme si on était des criminels et on nous prive du doit de circuler. L’Etat ne respecte pas ses propres lois, comment voulez-vous qu’il respecte la divergence ?» s’indigne Farid.
Alger fait aussi des amazighs à l’étranger une autre catégorie d’apatride
L’avenir des amazighs d’Algérie exilés apparaît bien incertain. Ils se retrouvent une nouvelle fois dans une impasse. Des ambassades et consulats d’Algérie, dans le monde entier, participent à la création d’une nouvelle génération d’apatride avec la situation de ces personnes privées de leurs passeports et pièces d’identités.
Yuva N Tala Hemmu , 39 ans, attend son passeport depuis plusieurs mois en Afrique du Sud, depuis que le chef amazigh, Ferhat Mhenni, le nomme comme ambassadeur du gouvernement provisoire de la Kabylie en exil. Les service de l’ambassade d’Algérie à Pretoria lui ont même avoué que son nom ne figurait pas dans le fichier international du ministère algérien des Affaires étrangères.
«L’Algérie m’a poussé à l’exil en Afrique du Sud et me prive aujourd’hui de mon passeport et de ma terre la Kabylie.»
Hemmu affirme avoir pris contact avec un avocat sud-africain spécialiste des apatrides et compte, selon ses dires, «poursuivre en justice l’ambassade d’Algérie et l’Etat algérien pour non délivrance de passeport et d’obstruction au droit à la circulation».
Sur le territoire français, des centaines de militants amazighs souffrent aussi de genre de pratiques indignes. L’un d’eux est Malek Benhamouche, 40 ans, qui l’un des principaux animateurs du mouvement culturel amazigh dans la région de Toulouse.
«Mes sœurs et mes frères se sont mariés sans ma présence. J’ai perdu des membres de la famille sans pouvoir les enterrer. Cela fait très mal. Mais je ne me plierai jamais», lance-t-il avec beaucoup d’émotion à un journal local.
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De simples militants comme Younes Yahou, 40 ans, résident à Montréal, le sont aussi. Originaire d’Aït Zellal dans la commune de Souamaâ (Tizi Ouzou) là où on peut trouver à la fois les drapeaux du MAK, amazigh et de l’Algérie brandis au milieu du village, c’est lui qui a structuré le MAK dans sa région natale avant qu’il ne la quitte pour le Canada en 2014.
Les services de consulat d’Algérie à Montréal bloque son dossier sous ordre des services secrets. Un autre fille au Canada d’un ancien cadre du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie à Béjaïa a dû engager un avocat pour poursuivre l’ambassade d’Algérie.
Toujours au Canada, toute une famille établie dans la capitale Ottawa dit être privée de passeport. Cette dernière, qui a tenu à garder l’anonymat, explique que «c’est en représailles aux activités du père de la famille qui était ministre du gouvernement provisoire de la Kabylie en exil ».
Pour Bouaziz Aït Chebib du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie : «Ces pratiques discriminatoires sont le signe avant-coureur des régimes politiques finissants. Elles ont été utilisées par tous les régimes autoritaires de l’histoire à l’égard des militants dans le vain espoir de les détourner de leurs idéaux de liberté et de dignité. Nous exprimons notre solidarité envers les militants kabyles qui défendent pacifiquement leur idéal de liberté et pour lesquels la liberté de circuler est confisquée par esprit de vengeance d’un État raciste et ségrégationniste.»
C’est exactement de cette manière que l’État algérien perçoit et traite ses citoyens berbères – comme une menace pour la sécurité, et non comme des individus qui détiennent des droits civiques complets. Agissant par crainte de la rébellion de la population berbérophone, ces pratiques racistes sont l’un des exemples les plus marquants de la dictature algérienne qui sont profondément ancré dans les administrations et les politiques d’Alger. Rendre les gens des apatrides est une autre façon pour Alger d’exercer une punition collective contre les amazighs, de la normaliser et de la légaliser.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.
La France de Macron ne dit rien. La peur au ventre, Macron.
C’est beaucoup plus facile de soutenir les Palestiniens.
C`est quoi Amazighm Kabyle, Berber ? pas Arabes Musulmans ?? Seulment en Alger? Un peuple libre ou depemdanr, de qui?
réponse à Caterin : Les Berbères et les Kabyles étaient les habitants d’Afrique du Nord : Algérie, Maroc avant l’invasion arabe. Ils ont été convertis à l’islam par la force. Mais ils ont gardé leurs coutumes et surtout l’égalité hommes-femmes contrairement à l’islam. J’ai une grande admiration pour ces peuples fiers et farouchement attachés à leur culture d’origine.
@jACKY13
Attention vous emportez un peu trop vite dans votre analyse.
Allez y voir et vous verrez que leurs coutumes est tout le contraire de l’égalité hommes-femmes.
Dans leurs montagnes la coutume est encore d’assassiner une jeune femme qui aurait des relations intimes sans le mariage, ou les mariages arrangés et forcés sont légions. Ou les femmes ne peuvent quitter leur domicile sans être accompagnées d’un frère, d’un père ou d’un cousin.
Ils sont parfois les pires dans la pratique de l’islam.
Ils sont capables aussi d’arrêter de faire le ramadan en disant qu’il y a mieux pour honorer dieu.
Les maris sont capables d’attendre que leur femme soit prete pour consommer le mariage…il y a de tout chez eux mais ils veulent etre libres. Ils nont pas envie d être assimilés aux arabes!
tu te trompes, ou alors tu confonds tout. arabes et amazighs. je suis kabyle et je ne vois pas d’assassinats de femmes, ni de mariages forcés, ni de femmes accompagnées de force par des hommes. ne dis pas n’importe quoi.
-Allo l’ONU vous comptez faire quoi ?
-Ca concerne les palestiniens ?
-Non.
-Alors on s’en fout.
donc je résume : un Pays muzz bafou les droits de 35% de sa population , un Pays muzz a une pratique politique raciste et descriminatoire , une politique silencieuse …
mais il ne faut pas faire d’amalgame …. ou sont les supposé humaniste qui manifeste toujours pour les droits de l’homme … qui manifeste toujours contre Israel et contre Trump
les kabyles sont des gens les plus lettrés d’algérie, toujours méprisés par les arabes depuis l’indépendance même!
aujourd’hui un cran supplémentaire vient d’être serré à la ceinture et aucun commentaire des associations droitsdel’hommistes! ni même des bobos si prompts à défendre les palestiniens, les royingyas et autres musulmans
N ‘exagérons pas quand même car les Kabyles n’ont pas rejeté l’islam mais s’en sont accommodé. Certes vivant dans des régions montagneuses et retirées , souvent froides , ayant gardé des traditions républicaines,de démocratie villageoise acquises lors du passage des Romains en Algérie , ils sont souvent , ce qui n’a pas été difficile , plus évolués que les Arabo sunnites , soumis , demeurés , bigots mais nerveux et émotifs .
Les militants du F L N ( Kabyles ou Arabes ) mêlés étroitement , ont participé au massacre du village de Mélouza (M N A ) , plus tard à celui des Harkis et donc seule la vérité historique et non le sentimentalisme ethnique ne doit prévaloir étant bien sûr entendu qu’il ne faut pas non plus diaboliser des populations , quelles qu’elles soient, qui rarement ne sont pas prises et tenues dans les filets serrés des aigrefins de la politique .
Disons aussi et surtout que dans les pays d’islam , nationalisme identitaire et islamisme sont souvent réversibles , interchangeables , commutables (voir l’exemple du leader Ben Bella )
Je me reconnais bien dans cette tragédie.
Depuis ma majorité, je vis en apartheid parmi ces arabo-islamo-racistes à Alger, j’ai dû quitter le lycée dès que les enseignants ont compris que je n’étais pas musulman et ont commencé à me “balancer” à mes camarades, à me mettre zéro pour un oui ou un non, j’ai dû ensuite quitter tous les emplois que j’ai trouvé, je ne pouvais pas tenir plus de trois mois à cause de l’intolérance des musulmans à mon égard, j’ai fini par me contenter de quelques boulots dans le graphisme en free-lance grâce à internet, plus tard, le MAK m’a attiré et je suis devenu un sympathisant de ce mouvement, j’ai travaillé pour eux bénévolement et j’ai contacté entre temps les ONG (quelle blague ces ONG) pour m’aider à obtenir un visa (pour n’importe où), je n’ai pas demandé d’argent, juste un justificatif qui prouve que je ne peux pas fournir les papiers habituels aux ambassades (attestation de travail, . fiches de paye…), la réponse de toutes ces ONG est presque la même dès qu’ils se rendent compte que je suis un non-musulman, qui plus est, local : si le responsable est algérien, il ne daigne même pas me répondre, ou bien il me menace clairement de me signaler aux autorités, si le responsable est étranger, il m’avoue indirectement que seuls les musulmans Syriens, Palestiniens et Sahraouis bénéficient de leur aide, pour les non-musulmans, seuls quelques étrangers y ont droit, histoire de marquer des points dans le dossier noir que l’Algérie traîne au niveau des Droits de l’Homme.
Bref, ce pays, comme tant d’autres pays islamiques sont preuve vivante qu’ont peut voler, coloniser, tuer et se comporter en suprématiste sans être inquiété, il suffit juste de le faire en nom d’allah !