Publié par Sidney Touati le 6 septembre 2018

L’essor du continent Europe repose principalement sur la rencontre de trois cultures : juive, grecque et romaine.

Le développement de ce syncrétisme civilisationel a donné naissance aux grandes cultures nationales: française, anglaise, italienne, espagnole, allemande… La composante juive de ces différentes cultures est indéniable. Mais ce fait majeur n’a pas été reconnu par les contemporains, notamment par l’Eglise de Rome qui a fonctionné sur le rejet de son origine juive.

Tous les grands drames qu’a connus l’Europe au cours de son histoire depuis la destruction du Deuxième Temple, découlent de cet étrange refoulement des origines. Le fil rouge du déni des origines sous-tend toutes les guerres de religions, y compris la barbarie nazie et perdure jusqu’à aujourd’hui.

L’Union européenne n’a-t-elle pas refusé de reconnaître ses origines chrétiennes et juives ?

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Comment expliquer ce déni séculaire ?

Les valeurs qui composent les grandes civilisations ont leur dynamique propre et sont indépendantes des peuples qui les ont conçues.

Ainsi, toutes les valeurs apportées par le judaïsme telles les notions d’humanité, d’égalité, de liberté, de responsabilité, de progrès… se sont en quelque sorte fondues dans les fondamentaux de l’humanisme européen.

En Allemagne où le vent mauvais de l’antisémitisme soufflait avec une virulence particulière dès la fondation du Reich Bismarckien, on a délibérément ignoré ce fait majeur. On a ainsi opposé culture allemande et culture juive au point d’en faire des entités antagoniques et de faire des Juifs des étrangers inassimilables.

Les nazis ont en conclu qu’il fallait les déclasser, les humilier, les chasser, les détruire, pour permettre à l’authentique culture allemande de s’exprimer. Or, on constate qu’en s’attaquant aux Juifs, les nazis attaquaient la culture allemande elle-même. Les nazis administraient ainsi la preuve que la grande culture allemande était inséparable des apports Juifs. Au demeurant, l’Allemagne ne s’est jamais relevée culturellement des conséquences de cette politique antisémite mise en œuvre par le IIIeme Reich.

Comment ont réagi les Juifs allemands face à la déferlante antisémite ? Contrairement à une idée répandue, ils ne sont nullement restés passifs. Ils ont lutté pied à pied contre l’incroyable haine dont ils étaient l’objet. Mais, d’une manière générale et sans le vouloir, ils ont alimenté la machine qui allait les détruire.

 

Les Juifs et le nationalisme allemand.

Les Juifs allemands ont participé activement à la guerre 14-18. Ils espéraient par cet engagement patriotique et nationaliste, montrer qu’ils étaient des Allemands à part entière. Que par le prix du sang versé, ils seraient pleinement admis dans la nation.

Cette illusion leur sera fatale.

Cet engagement et ce sacrifice auront été non seulement inutiles, mais parfaitement contre-productifs. Très vite, les Juifs seront chassés de nombreuses organisations y compris des associations d’anciens combattants. Contre l’évidence, on leur reprochera d’être les artisans de la défaite, d’être la cause du légendaire « coup de poignard dans le dos ».

Pourtant, l’engagement total des Juifs allemands dans le premier conflit mondial est incontestable. Les déclarations des élites, le nombre de morts, de blessés, l’attestent. Alors, pourquoi cette absurde accusation de trahison ?

Il y a eu une période où les Juifs se sont perçus comme étant plus allemands que Juifs, plus allemands que les Allemands eux-mêmes. Leur soif d’intégrer pleinement la nation était telle qu’ils ont non seulement assimilé la culture allemande mais en sont devenus, dans de nombreux domaines, les maîtres.

Là fut leur terrible erreur. Ils ne faisaient que reprendre à leur compte l’illusion des Juifs français. L’Affaire Dreyfus et l’appel de Herzl n’avaient pas eu de réel impact sur la majorité des Juifs allemands, surtout sur les « élites » et ceux qui avaient réussi socialement.

En exaltant la légitimité de leur sacrifice pour la nation en temps de guerre, ils validaient implicitement l’idée que leur sacrifice était nécessaire à l’édification du III Reich. Par ailleurs, en se posant avant tout comme allemands, ils avaient déjà symboliquement procédé au sacrifice du Juif qui était en eux. Il l’avait caché, le reléguant au second plan.

Participant pleinement en 1914 à l’Union Sacrée, ils ne se doutaient pas que le message subliminal qu’eux-mêmes envoyaient était que pour que la nation triomphe, il fallait que le Juif ne soit pas.

Contre toute attente, l’Allemagne a perdu la guerre. Aux yeux des militaires incapables d’assumer leur défaite, et donc de faire leur autocritique, le Juif caché devint le « Juif traître », la cause principale du désastre que nul n’avait envisagée. Pour ces Allemands imbus d’eux-mêmes, persuadés de leur supériorité sur les autres peuples, l’antisémitisme hyperbolique permettra de faire l’impasse sur les véritables causes de la défaite.

Dès novembre 18, l’affaire fut entendue : les Juifs non seulement n’avaient pas participé à la guerre, mais plus grave, on les accusait de s’être mobilisés contre l’Allemagne et d’en avoir tiré profit. La croyance délirante en la toute puissance des Juifs allait logiquement conduire les antisémites à croire que si les Juifs s’étaient réellement engagés dans le conflit, alors l’Allemagne aurait gagné la guerre. L’Angleterre n’a-t-elle pas triomphé, entre autres, grâce au génie juif, notamment à la découverte décisive du chimiste Weismann ? La déclaration Balfour encourageant la création d’un foyer juif en Palestine n’est-elle pas la récompense de cet engagement ?

Hitler et ses sbires ne cesseront de répéter que les Juifs sont tout puissants, qu’ils dirigent à la fois le pays des soviets et le monde capitaliste.

Corollaire de ce raisonnement délirant que la propagande répétera en boucle : l’Allemagne a perdu la guerre parce que les Juifs étaient ligués contre elle, donc parce qu’elle avait été trahie. Les Juifs sont accusés d’avoir fait croire qu’ils s’engageaient dans le conflit. En réalité, leur identité allemande n’était qu’un masque destiné à tromper les bons et naïfs Allemands.

Telle est en substance la problématique à la fois simpliste et diabolique qui allait conduire à la Shoah.

Pour essayer de tirer les leçons de cette dramatique histoire, on est en droit de se poser la question : qu’auraient dû faire les Juifs allemands pour éviter ce terrible piège ? Ils auraient dû privilégier leur identité juive. S’ils étaient restés Juifs, ils n’auraient pas contribué à répandre ce nationalisme agressif et revanchard. Ils auraient certes participé à la guerre mais passivement, et à partir du moment où le conflit s’est enlisé, dénoncer la folie de cette barbarie.

La grande erreur des Juifs allemands est d’avoir cru trouver le salut dans le nationalisme. Ils ont ce faisant, sinon oublié qu’ils étaient Juifs (un tel oubli est impossible en raison de l’antisémitisme ambiant), du moins privilégié leur qualité de citoyen allemand sur tout autre considération. En allant dans le sens de ce nationalisme allemand haineux, dévoyé, ils ont sans le vouloir, alimenté la machine qui allait les broyer.

Nationalisme/Internationalisme.

Les Juifs ont commis une erreur semblable en s’engageant dans le mouvement révolutionnaire, en croyant que le salut viendrait de l’Internationale Communiste. Ils ne feront à leur tour, qu’être broyés par la machinerie idéologique qu’ils ont alimentée.

Même erreur du côté des Juifs français qui croyaient dur comme fer aux vertus de la République française et qui seront les victimes expiatoires de la France de Vichy en quête de salut et de regénérescence mystique. Leur confiance aveugle en l’Etat, les conduira, du moins au début, à se prêter à la mise en œuvre de sa politique antisémite.

Lorsqu’ils rejoindront la Résistance, là encore ils le feront, pour la plupart, non en qualité de Juifs mais en tant que combattants antifascistes, républicains…les Juifs, pourtant très nombreux dans la lutte contre l’Occupant nazi, ne furent jamais représentés en tant que tels dans la Résistance. Sans doute le motif pour lequel celle-ci ne mena aucune action pour dénoncer le génocide des Juifs. La Résistance s’est mobilisée pour empêcher un train contenant des trésors culturels d’aller en Allemagne. Je n’ai pas connaissance qu’elle ait agi pour empêcher les trains de déportés juifs d’atteindre leur sinistre destination.

Même erreur du côté des Juifs engagés dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Certains iront jusqu’à prendre les armes aux côtés de leurs « frères » algériens. Quel sort l’Algérie « libérée » a-t-elle réservé à ces juifs ? La déportation, La prison, l’expulsion…

On observe une similitude dans les conduites d’Hitler et de Staline ou de Pétain vis-à-vis des Juifs et une symétrie dans la conduite des Juifs qu’ils soient nationalistes (allemands) ou révolutionnaires (camp soviétique) ou républicains (français) ou anticolonialistes… Hitler, Pétain nient la qualité de l’engagement patriotique des Juifs, son authenticité, réduisant ces derniers à l’état d’éléments étrangers-hostiles à la nation, tout comme Staline niera l’authenticité de leur engagement révolutionnaire, ne voyant en eux que le juif apatride, cosmopolite et sioniste. Tout comme les responsables des pays arabes qui les ont, quasiment tous persécutés, spoliés, chassés.

Dans tous les cas, on ne croit pas en la sincérité des Juifs. On estime qu’ils ne peuvent réellement servir les causes (non-juives) dans lesquelles ils s’engagent. L’antisémite ne voit dans le Juif que le Juif. Il ne croit pas aux métamorphoses liées aux conjectures historiques. Il renvoie toujours le Juif à son origine qui est son essence et son existence. En dépit de ses engagements militants, tout se passe comme si l’histoire n’avait pas prise sur lui.

Le XXeme montre de manière dramatique que toutes les tentatives faites par les Juifs pour échapper à leur condition de Juif, ont été vouées à l’échec.

D’une manière générale, on considère qu’en qualité de Juifs , ils ne peuvent être ni d’authentiques allemands, ni d’authentiques Russes, ni de véritables nationalistes, ni de vrais révolutionnaires. On les accuse toujours d’être le contraire de ce qu’ils prétendent être, quelle que soit l’intensité de leur engagement.

L’antisémite voit le Juif d’abord. Il est toujours en veille et passe le plus clair de son temps à traquer le juif derrière chaque citoyen. Il ne croit pas en l’authenticité des « conversions ». Pour lui, le juif demeure par delà les différentes figures qu’il adopte.

L’histoire se répète tragiquement.

De nombreux juifs répètent les erreurs commises par leurs parents et grands-parents. Ils sont nombreux à avoir pris parti pour la « cause palestinienne » au nom de la lutte contre le colonialisme, ou au nom de la dernière religion « laïque » d’Etat, celle des « droits de l’homme ».
Qu’importe si aucun de ces droits n’est respecté par les dits palestiniens.
Comment comprendre que des Juifs se battent pour que les Palestiniens disposent d’un État, c’est-a-dire d’une arme supplémentaire pour combattre Israel?

Affreuse mécanique de la répétition. Ils se battent pour l’Etat palestinien comme ils se sont battus hier pour l’Etat allemand qui les a massacrés ou pour la République des Soviets qui les a envoyés au Goulag, ou exécutés ou pour l’indépendance des pays arabes qui les ont chassés…
Tout se passe comme si, l’important pour ces juifs idéalistes, « honteux » ou « suicidaires » ou « incompréhensibles » pour ne pas dire « fous », est d’alimenter la machine idéologique destinée à les détruire.

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Le drame de ces juifs qui se croyaient allemands, qui militaient pour la Révolution, , qui se disaient Républicains français voire « méditerranéens » et qui ont fini comme des parias, chassés voire parqués dans des camps est en réalité celui de l’Europe elle-même qui a pratiqué cette fuite hors d’elle en se lançant dans le nationalisme chauvin, le communisme, le fascisme…au risque de sa propre destruction.
Ce qui est extrêmement troublant est que ces immenses tragédies ne servent de leçon ni aux Juifs, ni aux « chrétiens » qui aujourd’hui encore privilégient l’Autre ». Il suffit d’écouter ce que dit le pape François. Même si le triomphe de cet « Autre » annonce leur déchéance et leur mort.

Dernière illusion : la fuite dans l’Islam.

Pour échapper à leurs origines juives, les dirigeants européens ont trouvé un ultime échappatoire dans l’Islam. Idéologiquement, ils se pensent déjà, au mépris de leurs opinions publiques, comme appartenant au monde musulman et agissent comme les défenseurs intransigeants de la religion de Mahomet.

Exemple de cette attitude: au nom du respect de l’autre, face aux manifestations provoquées par les drames consécutifs à une immigration de masse, Madame Merkel appelle à une mobilisation générale non contre les criminels islamistes mais contre les citoyens qui dénoncent les crimes commis au nom de l’Islam. Comment ne pas voir qu’il existe une nuance de taille entre le respect de l’autre, nécessairement réciproque et l’idolâtrie de l’Autre qui implique le mépris de soi, voire sa négation pure et simple.

Heureusement, depuis Herzl et la naissance du mouvement sionisme, de très nombreux Juifs ont compris qu’ils étaient tout simplement Juifs et qu’il était vain de chercher le salut dans des figures identitaires autres. Des chrétiens ont également intégré ce message.

Aux Européens à comprendre les leçons du sionisme. Le « retour à Sion » est la seule solution pour sauver l’Europe de sa dernière folie suicidaire. Les pays européens doivent revendiquer la part juive de leur histoire. Sans elle, l’Europe n’existerait pas.

Si ses dirigeants persistent dans le déni des origines, l’Europe cessera d’exister.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.

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