Publié par Jean-Patrick Grumberg le 24 septembre 2018

La session principale de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui a débuté le 18 septembre, est prévue pour le 25 septembre.

Elle promet de remettre le conflit des Arabes contre l’existence d’Israël sur le devant de la scène, le sort de l’Iran ayant été provisoirement scellé par le président Trump plus tôt cette année, malgré la dérive morale d’une Europe qui s’obstine à affirmer, en dépit de l’imposante réalité, que ses dirigeants sont des modérés.

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La décision de l’Administration Trump sur Jérusalem, le retrait du financement de l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens qui en réalité exacerbe le conflit (et salarie des terroristes), l’arrêt des aides à l’Autorité palestinienne tant qu’elle n’arrêtera pas d’inciter les Palestiniens à commettre des attentats en leur versant des salaires, montre que la marque de fabrique de la doctrine Trump n’est pas tant pro-israélienne que pro-réalité.

La doctrine Trump pour le Moyen-Orient

La philosophie Trump pour son projet de paix entre les Palestiniens et Israël repose sur deux raisonnements extrêmement simples, si simples qu’ils sont bien trop compliqués pour les cerveaux formatés des diplomates :

  1. Cela fait près de trente ans, depuis les Accords d’Oslo, que les Occidentaux tentent d’imposer la même solution au conflit. Le résultat est que les négociations se terminent toujours en cul-de-sac. Trump estime que si l’on s’obstine à proposer indéfiniment la même solution, on arrivera indéfiniment au même échec. Il veut s’engager dans une autre voie, inspirée par le second raisonnement :
  2. Jusqu’à l’élection de Trump, qui a remis la réalité au centre des débats, les diplomates négociaient à partir de principes mensongers. Et il n’est pas possible d’obtenir un d’accord solide sur des fondements erronés.
    1. Jérusalem n’est historiquement pas un lieu important pour l’Islam, et encore moins pour les Palestiniens, qui en ont fait le centre de leurs revendications à partir de 1967, comme par hasard quand les Juifs ont libéré leur capitale historique de l’occupant jordanien.
    2. Il n’y a pas 5 millions de réfugiés palestiniens, mais quelques dizaines de milliers, qui sont nés sur place et ont été chassés ou ont fui lors du conflit de 1948. Le chiffre avancé de 5 millions a été fabriqué par une loi d’exception de l’ONU destinée à détruire Israël, qui transmet le statut de réfugié d’une génération à l’autre, contrairement au statut des autres réfugiés du monde.
    3. Parler du “retour des réfugiés” est un mensonge : on ne peut retourner que de là où l’on vient, et ni les 5 millions de réfugiés, ni leurs parents, ni souvent même leurs grands parents, ne sont nés sur ce territoire.
    4. Il n’existe pas et il n’a jamais existé de “frontières de 1967” qui pourraient délimiter la création d’un Etat palestinien. La Guerre des 6 jours s’est soldée par un armistice, à laquelle les Palestiniens n’étaient d’ailleurs pas signataires, et dont ils ne peuvent même pas exiger l’application.
    5. Il existe d’autres bonnes options à part la solution à deux Etats. Cette option bidon a été poussée par la gauche israélienne, et l’on peut dire ce qu’on veut, la gauche n’a jamais fait la preuve de sa capacité à solutionner les problèmes du monde. Je la vois mal régler celui-là. Il est trop sensible pour être compris par des idéologues – et je n’ai pas écrit “complexe” car il l’est bien moins qu’on l’affirme.
    6. Un exemple de solution au conflit est le statut de Porto Rico*. Les citoyens votent aux élections locales, mais pas fédérales. Ils ne peuvent pas élire le gouvernement des Etats-Unis. Une autre option pourrait s’inspirer des cantons suisses. Les solutions ne manquent pas, dès lors qu’on s’écarte de la pensée unique imposée par la gauche, et de ses épouvantails démagogiques.
    7. La notion de colonisation de territoires palestiniens est un mensonge, car les Palestiniens n’ont aucun droit sur ces terres, qui sont des territoires disputés entre la Jordanie et Israël au sens du droit international, et Trump considère qu’Israël n’a à rendre aucun compte sur ce qu’il fait sur ces territoires, que ce soit de nouvelles constructions, de nouvelles implantations, voire même une annexion pure et simple.
    8. Le sommet de la stupidité et de la corruption morale avait été atteint quand Israël, sous l’influence de la gauche israélienne “négociait la paix comme s’il n’y avait pas d’attentats terroristes, et combattait les terroristes comme s’il n’y avait pas de négociations de paix”.
    9. L’ONU fait partie du problème, pas de la solution. Obama voulait remettre l’ONU au cœur des négociations, en feignant d’ignorer qu’elle est présente avec l’UNIFIL au Sud-Liban pour appliquer la résolution 1701 de désarmement. Quelle farce ! Elle a fermé les yeux, bouché ses oreilles et ouvert la bouche pour mentir, en laissant le Hezbollah transformer le Sud-Liban en une gigantesque base militaire équipée de centaines de milliers de missiles pointés sur Israël. C’est un mensonge que de laisser dire que l’ONU assurerait la démilitarisation d’un Etat palestinien.

Aucune place aux fantasmes dans le plan de paix de Trump

Trump pourrait annoncer à l’ONU son “accord du siècle”, une fois retirées les demandes clés des Palestiniens de la table des négociations. Le sort de Jérusalem et des réfugiés est alors hors du champ des négociations.

L’idée de l’équipe de Trump est de forcer les Palestiniens à accepter un accord raisonnable, ce à quoi ni l’Europe, ni Obama les a préparés. A force de pousser un narratif exigeant exclusivement des Israéliens qu’ils fassent des concessions, les dirigeants arabes ont fini par y croire et ont durci leur position. En cela, les Européens n’ont pas cessé de travailler contre la paix, tout en affirmant que leur solution était la seule qui puisse y parvenir.

Je suppose, cher lecteur, que vous avez compris que l’auteur de ces lignes ne cherche pas à lire dans les pensées des politiciens, qu’il n’a pas de boule de cristal, et ne se livre pas à des conjectures. Il y a assez d’informations réelles à analyser. Je vais donc m’abstenir de me demander si les Européens, en proposant toujours la même solution impossible, veulent la fin du conflit ou la destruction finale d’Israël.

Le point d’orgue, le summum de l’insolence d’Abbas, fut atteint lorsqu’à force d’entendre les dirigeants européens exiger d’Israël des concessions, il demanda, comme précondition à la négociation, qu’Israël divise Jérusalem et accepte le “retour” des “réfugiés” (oui, il faut écrire retour et réfugiés entre guillemets car aucun des deux mots ne représente une réalité).

En contournant l’Autorité palestinienne, en nouant des liens étroits avec les pays arabes comme l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie, Trump a espoir de compter sur eux pour faire revenir les Palestiniens à la raison et leur faire accepter l’idée d’une sorte de territoire autonome. Cette stratégie suppose que les États arabes soient en mesure de le faire et qu’ils soient prêts à accepter un accord territorial qui exclut Jérusalem-Est.

Trump est un négociateur hors pair, et une bonne négociation commence évidemment par réclamer beaucoup. Les politiciens ne sont pas mentalement programmés pour penser ainsi. Trump a donc un plan B, et pour fonctionner, il ne peut pas être étalé dans les journaux. Jason Greenblatt et Jared Kushner, ses deux conseillers Moyen-Orient en charge des négociations, le savent parfaitement.

Par ailleurs, le plan Bolton à “trois Etats” que j’ai déjà évoqué pourrait retrouver une certaine traction. Il consiste à rattacher les communautés palestiniennes de Judée Samarie et celles la bande de Gaza à leurs États arabes voisins contigus, la Jordanie et l’Égypte, qui sont d’ailleurs souvent les pays d’origine de ces communautés, avec Amman comme siège du gouvernement d’une Jordanie “étendue” qui inclue les Palestiniens. Pour l’Egypte, avec l’aide d’israël, reprendre Gaza permettrait de contenir les constantes attaques terroristes venant des différentes factions terroristes de Gaza.

Conclusion

La communauté internationale semble encore ignorer que la majorité de la nouvelle génération palestinienne a perdu espoir dans la solution à deux États et s’est tournée vers la revendication de droits civiques et politiques. Le résultat le plus probable, en cas d’échec du plan A et du plan B de Trump est la poursuite du statu quo. Les Européens sont furieux de cette hypothèse, et ils jettent constamment de l’huile sur le feu en finançant des ONG très actives et radicalement anti-israéliennes, et ils ferment les yeux sur celles qui ont des liens avec le terrorisme – jusqu’à ce qu’ils soient publiquement exposés.

Israël ne reste pas là à sucer son pouce en regardant l’Europe jouer l’usure et les Arabes prendre leur temps (“vous les Occidentaux avez la montre, mais nous avons le temps”). Il met à profit le refus des Palestiniens de négocier en construisant des implantations israéliennes dans les territoires disputés, où vivent aujourd’hui déjà plus de 650 000 Israéliens – ce qui bloque la perspective de création d’un Etat terroriste palestinien.

En géopolitique, Trump bouleverse les déséquilibres du monde en redonnant aux Etats-Unis sa place de superpuissance, et il n’hésite pas à ignorer les vieilles méthodes et tester de nouvelles voies – jusqu’à présent avec succès.

Il contraint aussi les Nations à regarder les réalités en face, et force la communauté internationale à affronter à la mort de la solution à deux États.

Il a fait tomber le tabou qui interdisait de parler d’alternatives, y compris les nombreuses variantes à la solution à un seul État, qui est finalement, pas si loin du statut actuel sous lequel les Arabes vivent plutôt bien, et vivraient bien mieux si leurs esprits n’étaient pas empoisonnés par le narratif anti-israélien d’une Europe politique qui désire toujours la disparition du peuple juif, et l’islam conquérant.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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* Le statut politique de Porto Rico est celui d’un territoire non incorporé des États-Unis. En tant que telle, l’île n’est ni une nation souveraine ni un État américain. En raison de cette ambiguïté, le territoire, en tant qu’entité politique, n’a pas certains droits, mais jouit de certains avantages que d’autres entités politiques n’ont pas. Par exemple, contrairement aux nations souveraines, Porto Rico n’a pas le droit de vote à l’Assemblée législative fédérale ni à l’élection du président américain. En revanche, contrairement aux États américains, les Portoricains ne sont pas assujettis à l’impôt fédéral sur le revenu. Le statut politique de l’île tient donc au fait que Porto Rico est à la fois politiquement différent des nations souveraines, et différent des États américains.

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