Publié par Gaia - Dreuz le 25 septembre 2018

Plusieurs PME de la sécurité et de la défense s’inquiètent de voir l’État confier des marchés à des entreprises étrangères.

L’Europe plutôt que le « Made in France ». C’est le choix qu’a fait la Direction générale de l’armement (DGA) en décidant de remplacer le Famas par une arme allemande, le HK416 F. Plus récemment le Service de l’achat, de l’équipement et de la logistique de la sécurité Intérieure (SAELSI), a retenu l’Irlandais Cooneen Protection pour produire des gilets pare-balles, au nez et à la barbe de PME françaises.

Aujourd’hui, l’opportunité de candidater à un nouvel appel d’offres, qui doit permettre d’équiper les soldats français de 2 600 fusils de précision semi-automatiques sur quatre ans, se présente… Et Guillaume Verney-Carron, PDG de la société Verney-Carron (90 salariés, 15 millions d’euros de chiffre d’affaires) à Saint-Étienne (Loire), fleuron de l’armurerie française, ne veut pas passer à côté.

Mais il s’interroge sur les intentions de la DGA à l’égard des PME françaises. « Mon projet est de faire en sorte qu’il y ait un peu de Made in France entre les mains de nos soldats. Nous avons développé spécifiquement une arme pour ce marché, le VCD10, qui a été testée par les forces et corps de l’armée française, et a présenté des résultats satisfaisants. »

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Sur le papier, Verney-Carron affiche des garanties solides et peut légitimement espérer remporter un marché qui a priori n’intéresse pas les grands maîtres d’œuvre industriels que sont Nexter, Thales ou Safran.

« Nous fabriquons jusqu’à 12 000 armes par an à Saint-Étienne, dont le flash-ball qui équipe les policiers. Notre savoir-faire est reconnu sur le plan historique et technique. » Pourtant Guillaume Verney-Carron n’est pas serein. La DGA exige en effet un chiffre d’affaires minimum de 50 millions d’euros, très supérieur à celui de la PME stéphanoise. « Nous allons donc présenter un montage, 100 % français, avec des sous-traitants », explique son PDG.

Se regrouper pour répondre à des appels d’offres

D’autres entreprises du secteur s’orientent vers ce type d’alliance pour tenter de remporter des marchés. Ainsi, Ludovic Ouvry qui dirige NRBC à Lyon (Rhône), est aussi le vice-président du cluster Eden, qui réunit des acteurs de la sécurité, de la défense et de la sûreté. « Il peut être pénalisant pour les entreprises françaises de devoir s’associer à des acteurs qui ne sont pas des partenaires naturels, pire des concurrents. C’est pour cela qu’a été créé Eden, pour créer de la confiance et répondre aux appels d’offres en groupement. »

La DGA voit ce type d’initiative d’un bon œil : « Une société candidate qui ne posséderait pas en propre toutes les compétences requises peut s’associer en groupement avec d’autres, ce qui facilite l’atteinte du seuil de chiffre d’affaires. »

Pas de critère de nationalité dans les marchés

Mais des PME qui avaient choisi de répondre en groupe ont pourtant raté des marchés ces dernières années. Protecop, par exemple, spécialisée dans la conception d’équipements balistiques et de maintien de l’ordre à Bernay (Eure), convoitait la production des 307 000 gilets pare-balles.

« Le SAELSI a insisté pour que l’on s’associe avec des concurrents. C’est un dossier qui nous a coûté beaucoup d’argent, plus de 100 000 €. Et en dépit d’une très belle offre, tant sur le plan technique que financier, qui aurait permis à dix sous-traitants français de travailler sur ce projet, ils ont finalement retenu des Irlandais qui produisent leurs gilets en Asie. C’est désespérant », confie Pascale Le Carpentier, présidente de Protecop, qui ne comprend toujours pas ce choix. La DGA rappelle « qu’il n’y a pas de critère de nationalité dans un appel d’offres européen ».

Verney-Carron sera fixé d’ici le 5 octobre, date butoir de l’appel d’offres.

Source : Leparisien

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