Publié par Gilles William Goldnadel le 25 septembre 2018

Je l’ai tellement dit, que je souhaite à présent l’écrire : je désapprouve sans réserve la position d’Eric Zemmour dans l’affaire des prénoms. Zemmour, dans cette circonstance, apparaît comme le fils spirituel de Roger Ikor, homme de gauche, auteur talentueux et récompensé par le prix Goncourt en 1955 pour les Eaux mêlées, partie du diptyque des fils d’Avrom, et qui racontait l’histoire évolutive d’une famille juive immigrée en France. Ikor était un partisan déterminé de l’assimilation quand la plupart des juifs optèrent pour l’intégration et que celle-ci réussit. Mon regretté père tenait Ikor pour un juif honteux, je considère que mon père avait tort mais qu’aussi Ikor avait tort.

En substance, je pense qu’on peut s’appeler Abraham ou Ibrahim et aimer la France autant que si l’on s’appelait Jacques ou François. Je vais même plus loin : Je sais qu’il y a des gens qui aiment à la fois la France et le Portugal, la France et l’Algérie, la France et Israël en possédant, qui plus est, deux nationalités et d’autres, seulement français, qui n’aiment pas leur pays. Je vais encore plus loin : je sais des gens qui aiment deux femmes à la fois et d’autres, qui n’en ont qu’une, qu’ils détestent. Bref je crois à la complexité des choses, et même à l’évolution des temps et Zemmour n’y croit pas.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Cela nous donne une dispute et non une fâcherie. Et pourquoi donc me fâcherais-je ? Il ne s’agit ni plus ni moins que de la poursuite de la querelle des eaux mêlées qui n’a rien à voir, comme le croyait mon père et d’autres aujourd’hui, avec le racisme et tout avec le choix entre l’assimilation et l’intégration, hier pour les juifs, aujourd’hui pour les musulmans.

Ceux donc qui, pour cette raison, veulent expulser Zemmour de la planète médiatique me font peur. Je les connais bien, ce sont ceux qui pratiquent la censure sélective. Ainsi France Culture posait sérieusement la question il y a deux jours de savoir s’il fallait éteindre Zemmour. Étrange question d’ailleurs à laquelle il a déjà été répondu par le questionneur, Zemmour ne paraissant jamais sur le service public. Mais France Culture ne poserait pas la question, par exemple pour Alain Badiou, défenseur sans complexe de la violence totalitaire communiste qui a fait des millions de morts. Cela tombe bien, puisqu’Alain Badiou est chez lui sur le service public privatisé à gauche. J’ajoute que je n’y vois pas d’inconvénient et que je serais même prêt à défendre sa présence, si par hypothèse improbable, elle était contestée par la gauche intolérante où la droite évanescente. Je surajoute, pour l’ambiance, que France Culture présentait il y a peu la jeune palestinienne Ahed Tahimi , coqueluche de l’extrême-gauche, avec grande empathie, nonobstant le fait, au demeurant soigneusement occulté, que celle-ci exalte les assassinats de juifs au couteau, fait l’apologie du Hezbollah terroriste ou considère les grandes villes israéliennes comme faisant partie intégrante de la Palestine occupée. C’est beau la culture.

Mais il y a encore pire : on apprenait que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel avait mis en demeure la chaîne Paris Première, propriété du groupe M6, le 12 septembre dernier, pour des propos tenus par Éric Zemmour lors d’un débat sur la loi asile et immigration dans son émission de Zemmour et Naulleau, en janvier 2018. Les propos reprochés à Éric Zemmour tendraient, selon le CSA, à dénier aux migrants « le bénéfice du droit d’asile au motif qu’ils seraient, du fait de leur religion et contrairement à d’autres, source d’énormes problèmes et qu’ils contribueraient au grand remplacement de la population française ». Autrement dit, selon les prétendus sages, le débat qui agite aujourd’hui le plus fondamentalement l’Europe entre les populistes et les multiculturalistes devrait être interdit, sous peine d’amende, voire d’expulsion du champ médiatique.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Pareille censure est effrayante. Et touchant , plus précisément, à l’utilisation de la thématique, incongrue ou légitime peu importe, du grand remplacement, les tribunaux français dans leurs dernières jurisprudences issues de la Cour de cassation ont considéré qu’elle n’était pas constitutive d’une incitation à la haine. Autrement dit, le CSA se substitue désormais à la justice lorsque celle-ci ne censure pas suffisamment le discours qui déplaît à l’idéologie gauchisante encore en majesté médiatique mais en déliquescence intellectuelle et électorale. Dès lors que la Cour Européenne des Droits de l’Homme est elle-même largement dominée par l’idéologie multiculturaliste, qui saura censurer le CSA ou la Cour Européenne, sinon les peuples européens aujourd’hui encore largement censurés ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation de Valeurs actuelles.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading