Publié par Gaia - Dreuz le 29 septembre 2018

Les deux hommes ont vécu en Syrie de 2013 à 2015. Les conditions de leur retour en France alimentent le soupçon sur leurs intentions.

Un père de famille et son fils, qui avaient travaillé pour l’organisation djihadiste Etat islamique en Syrie avant de rentrer en France, ont été condamnés vendredi soir à huit et dix ans d’emprisonnement. Leur retour avait été effectué dans des conditions qui posent question.

« Pas convaincu » par sa version de l’histoire, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Lotfi S., Franco-Tunisien de 50 ans, à la peine maximale, dix ans assortis d’une période de sûreté des deux tiers.

Son fils aîné Karim, 23 ans, a été condamné à huit ans avec période de sûreté de moitié, le tribunal tenant compte de son « évolution » encourageante, de son jeune âge alors, et de « l’ascendant » qu’exerçait son père sur lui.

Dans le box où ils comparaissaient depuis jeudi pour association de malfaiteurs à visée terroriste, père et fils, côte à côte, n’ont pas bronché. Le parquet avait pointé « l’ambivalence », la « dangerosité extrême » de Lotfi S., estimé qu’il était « trop tôt » pour avoir des « gages sur la réinsertion » de Karim, et requis la peine maximale pour tous deux.

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18 mois en Syrie entre octobre 2013 et mai 2015

Lotfi, Karim S. et le cadet, un lycéen alors âgé de 15 ans qui sera jugé ultérieurement, ont passé dix-huit mois en Syrie entre octobre 2013 et mai 2015, en grande partie au sein de l’organisation État islamique (EI).

Si les conditions de leur retour en France en 2015, sujet de « vives inquiétudes » pour les enquêteurs, demeurent troublantes, l’audience n’aura pas permis de faire toute la lumière sur ce point.

Ils étaient rentrés bardés de milliers d’euros et de dollars, d’un grand nombre de fichiers de propagande, mais aussi d’une abondante documentation relative au pilotage d’avions ou à la fabrication d’explosifs. Des recherches Google Maps sur l’emplacement de la tour Eiffel et du pont d’Iéna à Paris avaient aussi été identifiées.

La famille a nié avoir consulté des fichiers relatifs à la chimie ou au maniement des armes et invoqué « le jeu Flight simulator » s’agissant de l’aéronautique.

Surtout, le père, qui avait occupé de hautes fonctions dans la téléphonie au sein de l’EI, a expliqué avoir quitté la Syrie après avoir passé plusieurs mois dans les geôles de l’organisation, soupçonné d’espionnage après avoir commis une grave erreur stratégique.

Il aurait été libéré en retrouvant « ses papiers, son argent », alors que l’EI applique la peine de mort pour moins que cela, avait relevé la procureure, s’interrogeant : « Une question me taraude : qu’a donc promis Lotfi S. à l’Etat islamique ? »

A cette époque, quelques mois avant les attentats parisiens du 13-Novembre (130 morts), le groupe missionnait des combattants français vers l’Europe. « Vous bénéficiiez d’un rang suffisamment élevé » au sein de l’EI « pour vous accorder des facilités pour sortir », a commenté le tribunal.

« Des suspicions » mais « pas de preuves »

Lotfi S., personnage insaisissable semblant évoluer dans une bulle truffée de références mathématiques et techniques parfois absconses, a soutenu qu’il ne voulait que récupérer Anass B., un ami de Karim qui évoluait au sein du groupe islamiste Ahar al Sham, et qu’il s’était trouvé contraint de rester quand l’EI avait pris le pouvoir.

Son avocat, Martin Pradel, a dénoncé la « peur irrationnelle qu’il inspire » : « Des suspicions vous en avez, des preuves vous n’en avez pas ». Karim a, pour sa part, affirmé qu’il avait décidé de partir retrouver Anass puis avait été obligé d’intégrer l’EI qu’il n’a « jamais approuvé ».

« S’il y avait des doutes sur ce qu’ils allaient faire en France », il aurait fallu diligenter des investigations supplémentaires ou ouvrir une procédure criminelle, a plaidé son conseil, Xavier Nogueras.

Anass, présumé mort au combat en 2013 et jugé par défaut en l’absence de preuve formelle de son décès, a en revanche été relaxé.

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Le tribunal a considéré qu’à l’époque, Ahar al Sham, certes « un groupe djihadiste qui voulait instaurer la sharia », n’était pas pour autant « terroriste » avec le projet politique et le grave trouble à l’ordre public que cela implique. Père et fils devront verser solidairement 600 euros à l’Association française des victimes du terrorisme, partie civile.

Source : Leparisien

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