Publié par Magali Marc le 4 septembre 2018

Plusieurs gouvernements veulent adopter la ligne dure envers les combattants islamistes, en empêchant carrément leur retour ou en les traînant devant la justice. Au Canada, le gouvernement Trudeau a choisi d’emprunter une autre voie, plus douce, plus « humaine ».

On va les accueillir à l’aéroport, et les aider à se «déradicaliser». Pourtant, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ne semble pas partager l’image d’Épinal du premier ministre canadien.

Candy-ass* Trudeau prétend que les Djihadistes de retour au Canada, une fois convaincus qu’ils ont choisi la mauvaise voie, seront d’une aide précieuse pour empêcher d’autres attaques terroristes.

Lorsque le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, s’est levé en Chambre pour dire que l’approche du premier ministre était trop douce, Trudeau l’a traité d’islamophobe.

Selon la revue Middle East Quaterly : « Tous les gouvernements occidentaux devraient suspendre, et de préférence révoquer, le passeport de toute personne confirmée comme étant allée rejoindre l’EI ou toute autre organisation terroriste. »

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de A.Z. Mohamed**, publié le 30 Août sur le site du Gatestone Institute.

[dreuz-paypal]

**************************

Le Canada est-il prêt à faire face à la menace des djihadistes de retour au pays ?

Selon le site Web du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), sous la rubrique «Menaces à la sécurité nationale – Terrorisme» :
« Le terrorisme, y compris les déplacements des terroristes et la radicalisation des Canadiens, est la menace la plus importante envers les intérêts canadiens et envers notre sécurité nationale. La communauté du renseignement n’a jamais été confrontée à une menace terroriste de cette envergure, de cette ampleur et de cette complexité.»

Le texte du SCRS, modifié pour la dernière fois le 27 janvier 2017, note également que, malgré les énormes pertes d’ISIS : « son idéologie continue de retenir l’attention du monde entier, y compris parmi les Canadiens vulnérables », et les Canadiens ayant des opinions extrémistes musulmanes « continuent de se livrer à une kyrielle d’activités terroristes, au Canada et à l’étranger ».

En janvier 2017, le SCRS savait que « des quelques 180 personnes ayant un lien avec le Canada et impliquées dans des activités terroristes à l’étranger, environ la moitié se trouve en Syrie ou en Irak. Les activités de ces voyageurs extrémistes varient considérablement, allant de la planification des opérations, de la formation et du soutien logistique, à la collecte de fonds et aux études dans des institutions extrémistes ».

Selon le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale, le nombre de « personnes soupçonnées de voyager à l’étranger pour se livrer à des activités terroristes est passé à environ 250 en novembre 2017 ».

Le SCRS a aussi déclaré qu’une soixantaine de « rapatriés » – des combattants qui sont revenus au Canada – « peuvent constituer une menace importante pour notre sécurité nationale ».

En d’autres termes, il y a des douzaines de Djihadistes qui se promènent en liberté au Canada, sans être appréhendés ou accusés par les autorités.

Le SCRS a noté que les rapatriés peuvent se comporter de différentes façons. Ils peuvent retourner « à la normalité, ou œuvrer à la radicalisation des autres, au financement ou à la facilitation des déplacements d’autres terroristes, ou à la planification d’attaques ».

Le gouvernement du Parti libéral du premier ministre Justin Trudeau et ses partisans dans le milieu universitaire et dans les médias entretiennent toutefois l’idée que les rapatriés vont reprendre une vie normale. Ils s’emploient à promouvoir l’argument selon lequel ils sont ouverts à la réadaptation.

Le gouvernement a donc choisi d’accueillir les rapatriés à bras ouverts en souhaitant leur réhabilitation et leur réintégration. Afin de justifier ce choix, le gouvernement s’appuie sur une logique bancale.

Ralph Goodale admet que la chance de réintégrer les combattants d’ISIS de retour au pays est «assez lointaine». Il admet aussi qu’il est difficile de porter des accusations contre eux. Jusqu’à présent, des accusations ont été portées dans seulement deux cas depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux.

[dreuz-newsletter]

Le défi, a dit M. Goodale, consiste à faire en sorte que les renseignements obtenus par les organismes de sécurité canadiens deviennent des preuves susceptibles d’être retenues par les tribunaux.

Pendant ce temps, Lorne Dawson, le directeur du Canadian Network for Research on Terrorism, Security and Society***, financé par l’entremise d’un fonds administré par le Centre for Community Engagement and Prevention of Violence, établi par le gouvernement fédéral, prétend que les rapatriés peuvent être réhabilités.

Dawson a déclaré que de nombreux voyageurs terroristes sont désillusionnés lorsqu’ils rentrent chez eux, et que d’autres souffrent de traumatismes.

« D’autres, a-t-il dit, peuvent se concentrer sur le retour à une vie plus normale en ayant l’impression d’avoir combattu pour leur cause à l’étranger». « Aucun expert crédible dans le monde ne pense que les arrestations sont la solution pour se débarrasser de la radicalisation djihadiste – c’est un mouvement social », a déclaré M. Dawson à la Presse canadienne. « Vous ne pouvez pas arrêter tous ceux qui sont imbus de cette idéologie ».

On ne peut pas être certain que les déclarations de Dawson sont basées uniquement sur l’idée de «parler avec» les rapatriés. Il informe mal les Canadiens en brouillant la distinction entre l’idéologie djihadiste et l’islam en général, et entre l’idéologie djihadiste et le jihad opérationnel ou réel. Tout en vantant les mérites de la réadaptation, Dawson évite habilement d’assumer les responsabilités liées à son poste, en disant : « Nous pourrions les réhabiliter…. mais seulement en demeurant très prudent, car nous ne sommes pas bien équipés au Canada en ce moment ».

Le fracas entourant le débat sur les rapatriés djihadistes a eu pour effet de laisser de côté l’évaluation des services de renseignement du pays au sujet de la menace qu’ils représentent pour la sécurité nationale du Canada – une menace face à laquelle le gouvernement Trudeau est mal préparé, mal équipé et idéologiquement mal adapté.

Cela ne veut pas dire qu’il ne devrait pas y avoir de débat ou de discussion. Au contraire, contenir la menace que représentent les rapatriés djihadistes est une question qui se pose à plusieurs niveaux.

Toutefois, la prévention, les enquêtes et les poursuites contre les terroristes devraient être la priorité absolue, avant tout effort de réadaptation et de réintégration.

Il faut de toute urgence nommer un procureur spécial chargé des procès liés au terrorisme et de l’élaboration de règles et d’orientations précises en matière de collecte et d’utilisation de renseignements secrets dans les affaires judiciaires.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Notes :

  • * Je préfère l’anglo-américain «candy-ass» à «mauviette», pas assez expressif à mon goût. Les lecteurs jugeront.
  • ** A.Z. Mohamed est un musulman né et élevé au Moyen-Orient.
  • *** Le Réseau canadien de recherche sur le terrorisme, la sécurité et la société (TSAS) a été fondé en 2012 par le gouvernement de Stephen Harper.

Sources :

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous