Publié par Sidney Touati le 4 octobre 2018
Journal disposant d’un numéro de Commission paritaire et distribué dans les Relais H du groupe Lagardère, en France, en 2010.

Dans un récent article publié dans Dreuz, Guy Millière posait la question : « bientôt une France sans Juifs ?»

Dans cet article G.M. dénonce le fait que la France soit le seul pays démocratique où les Juifs sont assassinés simplement parce qu’ils sont Juifs. Il constate avec effroi que les déclarations des plus hauts responsables condamnant ces crimes restent sans effet.

Ces assassinats ont un objectif précis : chasser les Juifs de certains quartiers, puis à terme, de France et d’Europe. 20% d’entre eux ont déjà fui l’Hexagone.

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Pour comprendre ce sinistre processus d’expulsion des Juifs de France et l’impuissance des autorités à l’endiguer, il faut prendre en compte un élément fondamental.

 

Les autorités conscientes mais impuissantes

La conduite des hauts responsables français ressemble à celle du Prince Hamlet : ils savent ce qu’ils doivent faire mais ne peuvent agir. Ils sont tétanisés.

Pourquoi cette paralysie face à l’inexorable montée des périls ?

Le refoulement collectif

La quasi-totalité des hauts dirigeants est issue de parents ou de grands parents ayant plus ou moins collaborés.

Tout le monde sait aujourd’hui que le président Mitterrand était un ancien cagoulard, impliqué au moins jusqu’en 1943 dans la politique collaborationniste mise en œuvre par le maréchal Pétain. Tout le monde sait qu’il n’a jamais renié son amitié pour Bousquet, chef de la police qui a organisé les grandes rafles de Juifs. Que jusqu’à la fin, il a mobilisé toutes ses forces et ses réseaux pour interdire de questionner ce passé qui ne passe pas.

Ce qu’en revanche on ignore ou feint d’ignorer, c’est que Mitterrand a fait usage de son pouvoir pour « recycler » les enfants des collabos.

La seule chose que Mitterrand exigeait de ces derniers était qu’ils adhèrent à un Parti de gauche de leur choix.

L’exemple le plus célèbre de ces fils de collabos est Lionel Jospin.

Un ami-protégé de François Mitterrand que ce dernier avait nommé à la direction de la Bibliothèque Nationale, Alain G., me disait que 80% du haut personnel politique et idéologique était composé de fils de collabos, voire de collabos comme Papon ou Couve de Murville. Alain G. projetait de publier un livre dans lequel il faisait l’inventaire exhaustif de ces collabos et fils de collabos, occupant de hautes fonctions dans la France d’après-guerre. Alain G. est décédé et j’ignore ce qu’est devenu son ouvrage.

« Ils ne mourraient pas tous. Mais tous étaient frappés ». (La Fontaine)

Les enfants ne sont certes pas responsables des crimes commis par leurs parents. Mais ils sont les héritiers de leur histoire. Qu’ont-ils fait de cet encombrant épisode qu’est Vichy ?

Le retour du refoulé

Ce qui fait problème en France, c’est le « refoulement » massif dont les effets opèrent jusqu’à aujourd’hui.

Premier effet du refoulement : la réécriture de l’histoire.

A la Libération, comme par miracle, la France s’est retrouvée dans le camp des vainqueurs. Tous les Français avaient résisté à l’occupant allemand, à l’exception « d’une poignée de misérables » selon l’expression du général de Gaulle.

Le recours au mythe d’une France victorieuse et résistante plaçait les Français hors de l’histoire, les conduisant à la recherche d’une chimérique grandeur perdue.

Cette quête désespérée de la « grandeur » allait les lancer dans des investissements sans doute prestigieux (Le bateau France, l’avion Concorde…) mais ruineux et stériles.

La France ratait ainsi le grand tournant de la révolution technologique dont la maîtrise allait placer l’Allemagne à la tête de l’Europe.

Le deuxième effet dramatique du « refoulement » est l’interdiction du libre débat, avec l’instauration progressive de la dictature du « politiquement correct ».

Le grand examen collectif de l’épisode de la Collaboration n’a pas eu lieu.

Ce ratage s’opère dès l’origine avec le silence absolu sur la Shoah au procès de Pétain et l’exécution de Laval au terme d’un pseudo-procès. Laval voulait parler. S’expliquer.

Avec lui, l’évocation du martyr Juif était inévitable, ainsi que le silence complice de tous. On l’a fait taire en lui logeant douze balles dans la peau.

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La France ne voulait pas se voir dans le miroir hideux que Laval s’apprêtait à lui tendre. Elle ne pouvait pas « se voir ». Ses « élites » déjà la méprisaient.

Le processus de la « haine de soi », du mea culpa permanent qui habite les élites françaises, prend racine dans ce voile jeté sur leur propre histoire et qui conduit à la théorie absurde de l’inexistence de « l’Etat Français ».

Selon cette thèse, Vichy serait un ovni sans lien avec l’histoire de la République, voire de la France. Tel est le délire que les responsables politiques de tous bords ont imposé aux Français et qui va les enfermer dans la dramatique logique du « déni ». Déni aux effets mortels dans la relation à l’islamisme et au conflit qui oppose Israël au monde arabo-musulman. La tardive repentance du président Chirac ne changera rien à ce lugubre tableau.

Certains sont parvenus à sortir de cette problématique malsaine. Ils ont pris une réelle distance avec leur père et sont devenus des bons et sincères amis du peuple Juif et d’Israël.

Mais la plus grande partie s’est enfoncée dans la mécanique de la répétition.

Peu importe que ces gens soient personnellement ou non antisémites. Ils ont baigné dans une culture qui l’était et qui a participé à des degrés divers à la machine exterminatrice allemande. Ils étaient, chacun à leur poste, un de ses rouages.

Dans certains cas, comme celui de Bousquet, ils ont activement participé à la machine exterminatrice ; dans d’autres, ils ont été indifférents au sort des Juifs, comme François Mitterrand qui dit avoir tout ignoré du sort réservé aux Juifs raflés par son ami Bousquet. L’aveu se retourne contre son auteur. Nous savons depuis Spinoza que l’ignorance n’est pas un argument. Il est cet asile où l’on enferme la raison. Sans cet aveuglement volontaire, le crime de masse n’aurait pas pu être commis.

Après-guerre, le martyr juif a été délibérément ignoré. Mais nul n’osait (à part L.F. Céline et des hommes de son clan, tel Darquier de Pellepoix) afficher une attitude hostile aux Juifs. Il a fallu attendre le procès d’Eichmann et le remarquable travail de maître Klarsfeld pour que l’on prenne conscience de la tragédie spécifique des Juifs européens ; que l’on admette que la Shoah n’était pas « un détail de l’histoire » (dixit Le Pen) mais le cœur de l’idéologie nazie.

Le leurre palestinien

Jusqu’à la fin des années soixante, les Juifs ont pu bénéficier d’une pause dans la haine antisémite. Mais l’apparition du « leurre » palestinien a brutalement légitimé l’antisémitisme, sous le vocable de l’antisionisme.

« L’antisionisme devient la forme contemporaine, par excellence, de l’antijudaïsme. » (Paul Giniewski, Antisionisme : le nouvel antisémitisme ; Ed. Cheminements, p.291)

Les enfants des collabos, à gauche pour la plupart, ont saisi la balle au bond. Pour racheter la faute de leurs parents et se laver de la tare dont ils avaient héritée, ils se sont précipités sur le « leurre » du martyr du peuple palestinien, pour accabler les Juifs, (i.e. Israël) faisant basculer ces derniers, du statut de victimes à celui de bourreaux.

Un refoulement en cache un autre. De même qu’il est interdit d’enquêter sur le passé collaborationniste autrement que dans la problématique de la faute et de la culpabilité des Français, de même il est interdit d’enquêter sur les Palestiniens, tout à coup classés dans le clan des « martyrs et des saints » en dépit des meurtres terroristes, de l’antisémitisme obsessionnel, de la dictature, de la corruption généralisée…

Les élites françaises ne sont pas très regardantes avec leurs héros. Les Palestiniens remplissent très bien la fonction de lessiveuse de la mauvaise conscience née de la Collaboration.

Lors de la fameuse conférence de presse de novembre 1967, le général de Gaulle, sentant son pouvoir chanceler, a cru pouvoir restaurer l’unité du pays et son autorité en ouvrant les vannes de l’antisémitisme d’Etat.

Les années 70 vont ainsi être le théâtre d’une diabolisation d’Israël et du spectaculaire retournement de la politique internationale française : celle-ci allait devenir pro-arabe, pro-palestinienne pendant des décennies et jusqu’à nos jours.

Mitterrand allait parfaire le tableau en favorisant la montée du Front National. L’antisémitisme de salon descendait dans le ruisseau. Sur la quasi-totalité de l’échiquier politique, Israël était devenu le diable. Les Juifs avaient retrouvé la place que les deux antisémitismes (de raison et de peau, pour paraphraser Charles Maurras) lui réservaient.

Idéologiquement, politiquement, la porte était ouverte pour que la mécanique menant à l’expulsion, voire au massacre des Juifs français (re) commence à fonctionner.

Les fils et petits-fils de collabos avaient trouvé dans le fanatique musulman, le tueur aux grands blancs, rêvé. L’antisémitisme retrouvait une légitimité officielle.

 

Mon Cher Guy,

Tu poses la question « bientôt une France sans Juifs ? » je réponds : dans l’inconscient collectif européen et français, les Juifs sont morts en 40, juste après l’effondrement de l’Etat, lorsque le statut des Juifs qui en en faisait des parias a été adopté dans l’indifférence générale.

Comme l’écrit Primo Levy, la vocation des survivants de la Shoah était de disparaître. Lorsque la volonté de mort est générale, vivre ou survivre relève du miracle. Combien sont-ils à s’être suicidés ? L’œuvre nazie a continué à produire ses effets bien après la fin du 3ème Reich. Le terrible lapsus du premier ministre Raymond Barre est là pour en attester. L’attentat de Copernic aurait même fait des victimes françaises innocentes, avait-il déclaré. Les Juifs sont par définition coupables, c’est bien connu.

Les plus hautes autorités françaises sont tétanisées car elles sont les porteuses de cette culture de mort.

Mais pour que le massacre des Juifs s’accomplisse, il a fallu en 40 enterrer la République et ses lois. Aujourd’hui, l’Etat étant moribond, c’est le sacrifice de la civilisation française elle-même (dont les bases sont pour partie juives) qui est un préalable nécessaire au nouveau massacre.

En même temps que l’expulsion des Juifs, nous assistons à la destruction de l’une des plus brillantes civilisations.

Comme disait Victor Hugo prophétiquement, pour que l’Europe naisse, il faut que la France meure.

Complétant la terrible sentence hugolienne, les ennemis d’Israël et des Juifs disent : pour que la France meure, il faut que le Juif ne soit plus.

Les islamistes ont une très nette conscience de cette sinistre causalité. Éliminer les Juifs est pour eux un préalable à l’extension continue de leur pouvoir en France et en Europe. C’est ce qu’ils mettent en pratique dans les territoires conquis et occupés. Les derniers assassinats de Juifs l’attestent.

Sauf miracle, les dirigeants français ne lèveront pas le petit doigt pour sauver les Juifs ; tout comme ils ne feront rien pour sauver la France du désastre prévisible. Comme Hamlet, ils ne sortiront jamais l’épée du fourreau pour frapper les criminels. Ils ferment les yeux, les laissant proliférer, versant des larmes de crocodile sur leur impuissance. Car les assassins réalisent leur rêve secret ou plutôt celui de leurs parents.

Ils travaillent simultanément à la destruction des Juifs d’Europe et à celle de la civilisation française, les deux processus étant étroitement liés.

Les islamistes sont un élément majeur de cette autodestruction, de cette punition collective que la France s’inflige. Il suffit d’écouter le président Macron qui pratique systématiquement l’auto-flagellation.

Les Juifs sont le principal obstacle à cette marche vers le déclin et la mort.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.

 

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