Publié par Abbé Alain René Arbez le 12 octobre 2018

Que s’est-il passé en 1009 ? En octobre de cette année-là, la basilique du St Sépulcre à Jérusalem était entièrement détruite sur ordre du calife Al Hakim bi Amr Allah. Cet événement a marqué un tournant dans les relations entre Orient et Occident.

Le Saint Sépulcre avait été érigé en 333 par Constantin sur le lieu d’inhumation du Christ, vénéré depuis la période apostolique. Même lorsque Hadrien avait conquis Jérusalem en 135, et construit un Temple païen sur l’emplacement du premier lieu saint, les chrétiens venaient se recueillir à cet endroit, selon Eusèbe de Césarée.

Le premier sépulcre du Christ était une tombe fermée par une pierre roulante, dans laquelle un kokha, ou lit funéraire, permettait d’étendre le cadavre enveloppé dans un linceul pour le corps et un autre pour le visage. L’évangile mentionne que Jésus avait été déposé dans le tombeau offert par Joseph d’Arimathie le soir du vendredi saint.

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En 1009, le calife Al Hakim, issu d’une dynastie fatimide, donc chiite, ordonna la destruction du Tombeau du Christ – comme il avait fait détruire le monastère de Ste Catherine au Sinaï – ainsi que d’autres églises et synagogues historiques de la ville de Jérusalem, aux mains des arabo-musulmans depuis 638. Il fit également couper le nez et les oreilles des pèlerins chrétiens qui affluaient à Jérusalem sur les lieux de mémoire de la tradition judéo-chrétienne.

Antérieurement, la basilique avait été pillée par les Perses Sassanides en 614, puis avait été endommagée par des tremblements de terre au 8ème et 9ème siècles. Restaurée plusieurs fois, elle avait été agrandie. Lorsque les Arabes s’emparèrent de la Ville sainte en 638, le patriarche chrétien Sophronius dut remettre les clés de la ville au calife Omar mais il le supplia de ne pas se conduire en conquérant dans ce lieu saint. Si Omar accorda une permission formelle de liberté de culte pour les juifs et les chrétiens résidents, il leur imposa la djizia, un impôt permettant d’obtenir la survie en tant que citoyens de seconde zone, livrés à l’arbitraire des occupants. Les chrétiens n’avaient pas le droit de parler de leur religion aux musulmans et il leur était désormais

interdit de faire sonner les cloches. Ils devaient payer aux musulmans un droit d’entrée pour franchir la porte du St Sépulcre et aller prier ou prendre part aux offices.

En 996, Al Hakim (le sage) devint calife et s’en prit aussitôt aux chrétiens accusés de tous les maux. Face à cette déstabilisation de l’Eglise-mère de la chrétienté, le pape Sylvestre II lança en 1002 un appel à la lutte contre les occupants musulmans. C’est alors que Al Hakim réduisit en poussière la basilique du Saint Sépulcre sept ans plus tard. L’historien Yahya Ibn Saïd raconte à quel point les musulmans s’acharnèrent sur ce lieu symbolique. La basilique fut restaurée en 1048 dans des dimensions plus modestes. Lorsque les Seldjoukides prirent Jérusalem en 1078, de nouvelles exactions contre les chrétiens persuadèrent les Occidentaux d’organiser une réaction armée pour reprendre possession des sites sacrés de la mémoire biblique.

Le pape Urbain II lance en Occident la première « croisade » (qui ne portait pas ce nom à l’époque) pour libérer Jérusalem et la Terre Sainte. Après des combats meurtriers, Godefroy de Bouillon, descendant de Charlemagne, se fit remettre les clés du nouveau Saint Sépulcre mais il mourut peu après. Les musulmans reconquérirent Jérusalem en 1187, sous la conduite du sultan kurde Sala Ud Din (Saladin). La basilique ne fut pas détruite, mais les croisades successives visant à reprendre position en Terre Sainte se soldèrent par une défaite définitive des Occidentaux en 1291, avec la prise de St Jean d’Acre.

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Depuis la rupture de 1054 entre Eglise latine et Eglise orientale, aggravée par le saccage de Constantinople en 1204, les divisions entre chrétiens renforcèrent la mainmise islamique sur la région.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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