Publié par Alexandre Del Valle le 14 octobre 2018

Nous poursuivons ici la série d’articles-feuilletons sur le lien entre le « rapislamisme » et la culture jihadiste qui grandit chaque jour dans les « banlieues de l’islam de France ».

D’évidence, dans ces « quartiers » pudiquement qualifiés de sensibles, domine une contre-culture anti-occidentale, francophobe, christianophobe, judéophobe, antirépublicaine et prérévolutionnaire qui fait en fin de compte le lit de l’islamisme de type sécessionniste et jihadiste. Cet apprentissage de la haine raciale et civilisationnelle envers le Gaullois, la « France coloniale », les « mécréants », les « Juifs-sionistes » ou les « croisés chrétiens », est défendue, excusée ou relativisés par des pseudo « sociologues » spécialistes des « arts alternatifs » ou « dissidents », des « spécialistes des banlieues » ou autres des militants de l’Ultra-gauche « indigénistes » défenseurs des groupes victimaires « racisés » … Nous soutenons pour notre part que les appels purs et simple aux meurtres barbares et à la haine la plus décomplexée envers les Occidentaux « responsables de tous les maux des musulmans », n’est pas neutre ou à prendre au second degré sous prétexte qu’il s’agirait d’art. Les visages haineux des « rapislamistes », leurs paroles dénuées d’humour et d’ironie, les tonalités graves et martiales sans équivoques de leurs tubes n’évoquent pas une insolence pardonnable et même appréciable à la Brassens, qui critiquait lui aussi les Flics, mais une haine absolue et un racialisme décomplexé autant qu’absolu. Il suffit de voir les comportements criminels de nombre de rappeurs dans leur vie privée, de scruter les profils de nombreux ex-rappeurs devenus jihadistes tout comme la passion pour le rap de tant de jihadistes, pour réaliser la gravité de ce phénomène « artistique » singulier qu’est le rap haineux anti-occidental. Notre conviction est qu’avec la culpabilisation-diabolisation permanente des Européens orchestrée par la gauche néo-tiersmondiste qui légitime la haine anti-occidentale, avec les prisons et les prédications d’imams salafistes ou autres appels au jihad, à la Charià et aux Califat lancés sur les réseaux sociaux, la mode néo-barbare du « rapislamisme » est plus que jamais l’un des terreaux d’incubation majeurs du jihadisme, un « facilitateur » de néo-barbarie islamiste.

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Nous avons passé en revue, dans le feuilleton précédent, un certain nombre de groupes de rap français et européens littéralement spécialisés dans les appels à la haine les plus décomplexés à humilier, punir, frapper, dominer et même tuer les Occidentaux. Nous avons vu que le phénomène du rap haineux anti-flics, anti-occidental évoluant vers l’islamisme révolutionnaire n’est pas nouveau. Dans le sillage de la contestation anti-système et anti-ségrégation du mouvement afro-américain exprimé notamment au moyen de la culture hip-up, l’un des premiers groupes rap radicaux islamisés à avoir donné le ton aux Etats-Unis fut Public Ennemy. Le groupe se fit connaître pour leurs appels à la violence envers les flics, les Blancs, les juifs et pour leur admiration envers Malcom X et le célèbre prédicateur noir américain Louis Farrakhan, surnommé le « Hitler noir-islamiste » en raison de son idéologie suprémaciste, islamiste, raciste et se son admiration décomplexée pour Hitler dont il partageait la même haine envers les Juifs… De Kool Herc à Public Enemy, Rakim en passant par Mos Def, le hip-hop des années 80 et 90 a été influencé, directement ou indirectement, par les idées révolutionnaires black-islamistes suprémacistes et anti-occidentales de Malcolm X et Louis Farrakhan. Des décennies plus tard, cette mode du « black-muslim rap » ou du « rapislamiste » n’est plus confinée à des seuls publics ou artistes marginaux mais elle s’est vulgarisée au point que les appels à la haine envers les Occidentaux blancs-judéo-chrétiens sont carrément rentrés dans les mœurs et n’ont presque jamais suscité de levée de boucliers jusqu’à l’affaire Nick Conrad, ce rappeur inconnu dont les provocations et appels à « tuer » les bébés blancs » ont choqué l’opinion de manière inédite récemment. Cette course à la radicalité et cette justification perverse de la haine anti-Blancs et envers les non-musulmans sous couvert de « dénonciation inversée » de la « domination des Blancs-occidentaux » a sans surprise crée une véritable contre-culture révolutionnaire faite de violence et d’appels à détruire l’ordre établi et ses supposés « dominateurs » occidentaux. Et le fait que ce programme haineux et subversif soit conçu au nom de l’identité islamique a conduit naturellement nombre de rappeurs, ex-chanteurs de rap ou fans de cet « art » à rejoindre en toute logique les rangs de groupes jihadistes, même si Daech condamne officiellement la musique rap comme tous les arts musicaux venus d’Occident. La banalisation de cette culture néo-barbare, haineuse exprimée au nom de l’étendard islamique a été le fait tant des politiques, qui n’ont pas osé paraître « réac » en prenant position, les juges, souvent laxistes et qui ont mis de vrais appels à la haine raciale et religieuse sous le compte de la « contestation culturelle et l’expression artistique libre », et les médias, qui ont vu dans cet art même dans ses versions les plus haineuses, un levier d’audimat et donc d’argent. Quant aux professionnels de « l’antiracisme », ils ont continué à nier purement et simplement l’évidence du racisme anti-Blancs, anti-chrétiens, anti-Occidental, judéophobe véhiculé de façon massive et totalement décomplexée par le « rapislamisme » et le hip-up, au nom du maintien du postulat selon lequel le seul « vrai » racisme ne peut venir que des Occidentaux dominateurs et donc des Blancs-judéo-chrétiens croisés, sionistes et ex-colonisateurs. Ainsi, les journaux, associations « anti-racistes » et autres belles âmes « vigilantes » comme les journalistes de la revue Inrockuptibles, habitués à diaboliser Nadine Zemmour, Nadine Morano ou l’académicien Finkierlkraut pour des propos « stigmatisant » les immigrés, n’ont jamais dénoncé les paroles du rappeur Booba dont des extraits de ses tubes devraient normalement tomber sous le coup de la loi. Ecoutons par exemple ce morceau choisi très poétique de Booba: ‘Quand j’vois la France les jambes écartées j’l’encule sans huile’ (…). Alors Nadine Morano c’est le Ku Klux Klan et Booba, c’est Rimbaud, c’est ça?” (« Le Bitume avec une plume», 2002). Citons aussi l’extrait de la chanson «meurtre légal» du groupe « Smala » : « Quand le macro prend le micro, c’est pour niquer la France. Guerre raciale, guerre fatale, oeil pour oeil dent pour dent, organisation radicale, par tous les moyens il faut leur niquer leurs mères Gouers (Français, ndlr) c’est toi qui perds….Flippe pour ta femme tes enfants pour ta race…on s’est installé ici c’est vous qu’on va mettre dehors ». On peut aussi rappeler les appels à tuer des policiers présents dans la chanson «Violence/délinquance» du groupe Lunatic qui fait l’apologie du terrorisme et s’auto-félicite d’inciter à la violence : « J’aime voir des CRS morts. J’aime les pin-pon, suivis d’explosions et des pompiers. Un jour j’te souris, Un jour j’te crève. J’perds mon temps à m’dire qu’j’finirais bien par leur tirer d’ssus. Lunatic dans la violence incite ».

De Booba à Médine

Récemment, on a beaucoup parlé dans les médias et les tribunaux des deux chanteurs rap ennemis, Kaaris et Booba, qui ont prouvé par la rixe entre leurs deux « clans » respectifs survenue en septembre dernier en plein aéroport, que leurs appels à la haine « artistiques » ne sont pas seulement allégoriques mais correspondent bien à un état d’esprit néo-barbare. Pour ce qui est de Booba, le plus riche et célèbre des deux rappeurs, il dénonce le racisme occidental et français, mais il fait l’éloge du terroriste franco-algérien Mohamed Merah (dont son propre frère aîné a reconnu qu’il a été élevé dans le double racisme obsessionnel envers les juifs et les Français « de souche »). Ainsi Dans une de ses chansons («Porsche Panamera»), Booba crée un pont entre le rap afro et le rapislamiste pro-terroriste puisqu’il y présente Mohamed Mérah comme un homme qui poursuit une « cause » et qui est donc béni par Dieu pour sa violence : «On canarde tout pour une cause, Mohamed Merah», «Allah y rahmo Dieu ait son âme car seul le crime paie», «Bang Bang dans vos têtes, on vous rafale on a l’seum comme Merah»…

On se rappelle aussi des paroles du groupe Sexion d’Assaut qui appelle dans un de ses clips les jeunes à mutiler et à massacrer les homosexuels de cette façon plus qu’explicite et qui peut autant plaire à des esprits néo-barbares « orange mécanique » qu’à des jihadistes authentiques : «Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent, coupe-leur le pénis, laisse-les morts sur le périph»…

Enfin, il est intéressant aussi de revenir sur Médine, le rappeur dont le nom renvoie à la ville d’Arabie (Yatrib, Médine, l’un des 2 lieux sacrés de l’islam), où Mahomet devint un chef politique et guerrier polygame par opposition à La Mecque où il avait été un chef spirituel pacifique monogame). Ici, on a affaire à un style de « rapislamisme » encore plus idéologiquement pensé que les groupes précédents, dont l’islamisme était plus identitaire et constituait un support comme un autre d’une révolte haineuse. Avec Médine, qui a fait plus de 620 000 vues avec son album “Don’t Laïk”, on est loin du nihilisme ou d’un simple esprit néo-tribal ayant comme vernis l’islam, car il s’agit là d’un authentique militant islamiste engagé dont le discours vindicatif et prosélyte s’apparente à celui des Frères musulmans plus qu’aux blacks muslims d’outre-Atlantique. Le message de Médine, qui poussa l’indécence jusqu’à prévoir des concerts de rapislamisme au Bataclan malgré la protestation des familles des victimes des attentats et de l’avocat Philippe de Veulle, mérite d’être écouté : La France, la Marianne, la République laïque et nos sociétés libérales sécularisées occidentales y sont conspués. L’islamisation est présentée comme la seule voie expiatoire possible pour cette entité « mécréante » intrinsèquement coupable. Se définissant lui-même comme « islamo-racaille », le groupe de Médine qualifie la laïcité française d’« islamophobe », « diabolique », accusée de « comploter » contre l’Islam et de « persécuter les musulmans », or cette rhétorique victimaire et complotiste est au cœur du processus de mobilisation tant des islamistes « coupeurs de langues » (Frères musulmans, lobbies islamistes institutionnels) que « coupeurs de têtes » (jihadistes). Présenté béatement par les médias comme un « chanteur cultivé », « pacifique » , qui ne critiquerait la France et la République que par « dérision » et « allégorie », Médine a déclaré sans complexe à la Maison des Jeunes et de la Culture de Gennevilliers que la République est « coupable » notamment pour avoir empêché Dieudonné et la suprémaciste noir anti-juif Kémi Séba de donner leurs spectacles… Dans son tube « Don’t laïk » (« non laïque »), Médine avait même osé chanter, juste après la tragédie de Charlie Hebdo en janvier 2015, sans aucun égard pour les familles des victimes des terroristes jihadistes : « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », « si j’applique la charia les voleurs pourront plus faire de main courante », « Marianne est une femen tatouée “Fuck God” sur les mamelles », « J’mets des fatwas sur la tête des cons », etc. Ces vocables sont tous sauf innocents, car dans la lecture totalitaire de la charià propre aux jihadistes de Daech ou même des wahhabites saoudiens, « crucifier » ne renvoie pas au supplice du Christ, mais à une peine légale qui vise les « apostats », à qui l’on coupe la tête et dont le corps pourrit sur une place publique accroché à un poteau… De la même manière, le terme charià, explicitement employé positivement par Médine face aux ennemis de l’islam dits « laïcards », est sans équivoque. Il ne peut pas être présenté comme humoristique ou satirique, mais bien comme punitif. Comme Nick Conrad, qui affirme qu’appeler à « tuer des bébés blancs » est une « façon inversée d’attirer l’attention sur le racisme anti-noir », Médine a le culot d’affirmer que ses appels à massacrer les « laïcards » participeraient de la démarche du « pamphlet artistique » destiné à critiquer les djihadistes. L’affirmation n’est pas crédible car il est contredit par son engagement officiel au sein la mouvance islamiste et communautariste qui inspire presque tous ses textes. D’ailleurs, il témoigne de la même ambiguïté lorsqu’il se fait photographier fièrement (et avec un regard tout sauf humoristique et satirique) avec un t-shirt “Jihad” du nom de son tube.

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Du rap islamiste anti-occidental aux jihad irakien ou syrien : un aboutissement logique

Nombre de rappeurs et adeptes du rap de haine anti-Blancs, anti-occidental et anti-Flics ont fini, en toute logique par rejoindre des groupes jihadistes, principalement Al-Qaïda et l’Etat islamique. Un phénomène qui touche plusieurs pays occidentaux. Certes, le rap est théoriquement strictement interdit au sein de Daech et d’autres groupes salafistes-jihadistes. Seul les nashid, poèmes musicaux militants dépourvus d’instruments de musique, sont en effet autorisés. Mais l’Etat Islamique et d’autres groupes jihadistes ont attiré de nombreux rappeurs islamistes ou convertis radicalisés à partir de leur haine envers l’ordre, les Occidentaux, les policiers et l’Etat. Des jihadistes français devenus célèbres et auteurs de plusieurs attentats sanglants comme Coulibaly ont même fait des clips de rap. En Grande Bretagne, on peut citer notamment le rappeur L Jinny, alias “Lyricist, assassin du journaliste James Foley, qui est passé sans transition du rap anti-flics au jihadisme de l’Etat islamique. Ce rappeur britannique d’origine égyptienne, né Abdel-Majed Abdel Bary, qui a décapité James Foley dans une vidéo tristement célèbre, était lui-même le fils d’un membre important d’Al-Qaïda : Adel Abdul Bary, coauteur des attentats contre deux ambassades en Afrique en 1998 et considéré comme l’un des plus proches lieutenants d’Oussama Ben Laden… Il a été extradé de Grande-Bretagne vers les Etats-Unis en 2012 et son fils ne s’est jamais désolidarisé de lui. Avant le martyre de Foley, L. Jinny n’avait jamais été diabolisé ou inquiété pour son soutien total envers son père membre d’Al-Qaida , et il a pu devenir une célébrité du rap londonien alors que dans l’une de ses chansons, il jurait vouloir le venger un jour son père: “Give me the pride and the honour like my father, I swear the day they came and took my dad, I could have killed a cop or two” / “Donne moi l’honneur et la fierté comme ceux de mon père. Je jure que le jour où ils sont venus chercher mon papa, j’aurais pu tuer un flic ou deux”… Citons aussi le célèbre rappeur tunisien, Marouan Douiri, alias Emino, qui se fit connaître en dénonçant les répressions policières dans ses concerts et qui chantait les femmes, l’alcool et la drogue avant rejoint l’État islamique. Il fut l’un des premier rappeurs à rendre publique son allégeance au Calife de l’Etat islamique Al Baghdadi sur sa page Facebook, un keffieh à carreaux autour du cou et le sourire aux lèvres devant un drapeau de Daech. Poursuivi pour avoir insulté la police, il avait été relaxé en première instance en avril 2013. Comme son ami rappeur Weld 15, il avait souvent insulté la police et comparé les forces de l’ordre à des « chiens », ce qui lui avait valu une condamnation. Pour se venger face à cette « injustice », il se convertit à l’islamisme radical et devint un « exemple » pour de nombreux Tunisiens qui ont été parmi les plus importants contingents étrangers de Daech en Syrie et en Irak. Il trouva dans l’idéologie salafiste-jihadiste et néo-califale une justification théologique de son rejet grandissant et vindicatif de la société de consommation, des institutions et de l’ordre en place. Avant lui, c’est un autre rappeur connu, le germano-ghanéen Denis Mamadou Gerhard Cuspert, dit Deso Dogg, Abou Malik (ou encore Abou Talha Al-Almani) et ex-délinquant, très populaire dans les années 2000, qui embrassa l’islamisme sous le nom d’Abou Malik. Deso Dogg prêta lui aussi allégeance à l’Etat islamique puis fonda le groupe jihadiste Millatu Ibrahim. Il devint l’un des combattants étrangers de Daech les plus connus. On le retrouve dans plusieurs vidéos de l’organisation jihadiste, notamment une dans laquelle il tient une tête coupée… Il a finalement été tué lors de bombardements sur la ville de Gharanij, dans la province syrienne de Deir Ezzor (est), le 17 janvier 2018, lors d’un affrontement avec le groupe jihadiste rival Al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie). On lui doit de nombreux appels aux musulmans vivant occidentaux à commettre des attentats dans leurs pays. Il a suscité de nombreuses vocations.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Alexandre Del Valle pour Dreuz.info.

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