Prestataire incontournable de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, Mediascop est au centre de l’enquête préliminaire qui vise l’entourage du candidat. La société de Sophia Chikirou aurait facturé certains services à des prix très élevés.
La justice soupçonne l’existence de surfacturations lors de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. La Cellule investigation de Franceinfo révèle vendredi 19 octobre que la société de la communicante Sophia Chikirou aurait facturé très cher certaines prestations. Ses factures, qui ont été remboursées par l’État, intéressent les enquêteurs. Nous avons examiné les factures qu’elle a émises, rencontré certains de ses anciens employés et tenté de retracer l’ensemble de ses activités.
Mediascop au cœur de la campagne Mélenchon
Stratégie de communication, gestion des réseaux sociaux, réalisation de vidéos, objets promotionnels… Mediascop était incontournable lors de la campagne de la France insoumise. L’agence de communication a facturé pour près de 1,2 millions d’euros de prestations, soit 11% du budget total de la campagne. Situation inhabituelle, Mediascop employait une dizaine des membres du staff du candidat. Chez tous les autres candidats à la présidentielle ces fonctions étaient directement rattachées à l’association de financement de campagne qui payait leurs salaires. Jean-Luc Mélenchon a fait le choix de confier une bonne partie de son équipe à la société de Sophia Chikirou.
Les factures en question
Mediascop a envoyé deux factures à l’association de campagne de Jean-Luc Mélenchon. L’une et l’autre commencent par lister les missions remplies par Sophia Chikirou au titre de la direction de la communication. En tout, la présidente de Mediascop facture son travail 80 000 euros hors taxes pour huit mois de campagne, soit en moyenne 10 000 euros mensuels. Mais plus bas, sont facturées d’autres prestations, toujours réalisées par Sophia Chikirou. Mediascop fait payer par exemple 6 000 euros pour la “rédaction des scenarii” des clips de campagne diffusés sur France Télévisions. Or, ils ont été rédigés par Sophia Chikirou, comme elle l’a expliqué à la commission des comptes de campagne.
On trouve également la main de la présidente de Mediascop sur les sept épisodes de l’émission “Esprit de campagne” diffusées sur le web. Les lignes “programmation et élaboration du conducteur” (de 1 200 à 4 800 euros par émission) et “préparation des intervenants” (3 600 euros en tout) correspondent à des tâches remplies par Sophia Chikirou. Ce que nous confirment trois acteurs de la campagne et un intervenant sur l’une de ses émissions. Mediascop fait également payer en supplément le travail de sa présidente sur les meetings. Dans cette vidéo, elle explique que les prestations “production” et “préparation de l’animation” sont bien effectuées par elle-même.
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À l’écouter, les prestations qui apparaissent sous les mentions “production” et “préparation de l’animation” sur la facture seraient effectuées par elle-même ce jour-là, ce que deux anciens membres de l’équipe de campagne nous ont confirmé par ailleurs. Ce jour-là, ses interventions auraient donc été facturées 3 900 euros.
En additionnant tous les meetings, toutes les émissions et productions sur lesquels elle serait intervenue, Sophia Chikirou aurait valorisé son travail à près de 120 000 euros sur les factures de Mediascop, soit 15 000 euros mensuels en moyenne pour huit mois de campagne.
Des missions découpées en tranches sur les factures
Un autre point qui pose question est la façon dont ont été facturées certains aspects de la campagne. C’est le cas du “community management”, en clair, la gestion de la campagne du candidat sur les réseaux sociaux. D’après l’organigramme de campagne que nous nous sommes procurés, ces fonctions étaient assurées par trois personnes dont deux étaient payées par Mediascop. Pour les quatre derniers mois de la campagne, le travail des “community managers” est découpé en une dizaine de tâches différentes. Il est ainsi facturé 58 800 euros. Mediascop ne semble pas avoir choisi la solution la plus économique pour le candidat qui aurait consisté à facturer au forfait jours la mise à disposition des deux salariés.
Les vidéos réalisées par Mediascop pendant la campagne sont également facturées à l’unité. Il y en a pour plus de 100 000 euros au total. Là aussi, Mediascop semble faire un choix coûteux pour l’association de campagne, alors que d’après plusieurs témoins, ces clips étaient essentiellement réalisés par trois employés de Mediascop.
250 euros pour mettre en ligne un discours
Cette facturation “à la tâche” peut donner lieu à des tarifs qui paraissent difficilement compréhensibles. Il en va ainsi d’une rubrique appelée “extraction audio et publication sur le compte Soundcloud de JLM”. Derrière cette terminologie technique se cache une opération simple : elle consiste à extraire le fichier son d’un discours, à le télécharger sur le réseau social Soundcloud en y ajoutant quelques commentaires (on peut trouver le compte de Jean-Luc Mélenchon ici). D’après plusieurs spécialistes que nous avons consultés, cette opération prend 5 à 10 minutes. Or, elle est facturée à chaque fois 250 euros l’unité. Et comme 19 discours de Jean-Luc Mélenchon ont été publiés sur Soundcloud, Mediascop a facturé la prestation 4 750 euros en tout.
Un peu plus loin, une autre rubrique a attiré notre attention : le “sous-titrage de vidéos publiées sur le compte Facebook du candidat”. Ces vidéos sont effectivement sous-titrées car la plupart des internautes regardent les vidéos sans activer le son. Pour chaque minute sous-titrée, Mediascop facture 200 euros à l’association de campagne. Un tarif très supérieur à celui pratiqué généralement par les sociétés spécialisées (15 euros la minute en général) et qui correspond à environ une demi-heure de travail.
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Mediascop, une société sans locaux
Mediascop n’est pas un prestataire comme les autres dans l’univers politique. La société n’a pas de locaux, tous ses employés travaillent au QG du candidat, rue de Dunkerque, dans le Xe arrondissement de Paris. Pratique inhabituelle, elle refacture à l’association de campagne toutes ses charges : administration, frais téléphoniques, location de matériel… Jusqu’à la facture du cabinet d’expertise comptable qui suit ses comptes. “Je n’ai jamais vu ça”, s’étonne l’ancien trésorier d’un candidat à la présidentielle. De fait, cette pratique, sans être illégale, a une conséquence : Mediascop n’a quasiment aucune charge, hormis ses impôts et les salaires et honoraires payés à ses employés. Si elle facture des services à un prix “classique” sur le marché, ses bénéfices sont nettement plus importants.
Combien a gagné Sophia Chikirou grâce aux campagnes présidentielle et législatives ?
Sophia Chikirou aurait valorisé son travail personnel à près de 15 000 euros hors taxes sur ses factures, mais combien a-t-elle gagné en tant que présidente de Mediascop grâce aux campagnes présidentielle et législatives de la France insoumise ? Le 31 mars 2017, elle a transformé son entreprise en société par actions simplifiées. Les dispositions légales propres à ce statut semblent lui avoir permis de ne pas publier ses comptes 2017. Les derniers comptes disponibles de Mediascop datent de 2016. Ils donnent une vision partielle de sa rentabilité. Pour cette année, le chiffre d’affaires de Mediascop est de 162 900 euros, ce qui correspond, grosso modo, aux premiers règlements de la France insoumise pour la campagne présidentielle. La société réalise alors un bénéfice net (après impôts) de 76 600 euros, soit 47% de marge nette. Un ratio exceptionnel quel que soit le secteur d’activité.
Des employés peu payés… et amers
En mars 2018, la commission nationale des comptes de campagne a rendu public l’intégralité du compte de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Les factures de Mediascop ont alors commencé à circuler chez certains anciens membres de l’équipe de campagne. Un de ceux que nous avons rencontré nous a raconté avoir été surpris en constatant à quel tarif son travail avait été facturé. D’autant que tous nous ont dit avoir eu conscience de travailler pour des salaires bien inférieurs à ceux auxquels ils auraient pu prétendre. Certains étaient payés 1 500 euros par mois en CDD, d’autres à peine plus en honoraires d’auto-entrepreneurs. L’un d’entre eux, à qui nous avons montré les factures nous a dit se sentir “blessé” : “Ce que j’ai fait sur la campagne, explique-t-il, je ne l’ai pas fait pour l’argent, on fait ça par conviction aussi… Elle nous demandait régulièrement d’en faire un peu plus gracieusement, on était payé au lance-pierre… Mais on le faisait… Et en fait, elle a fait de l’argent sur mon dos. Je suis dégoûté.” Cet ancien membre de l’équipe de campagne nous a par ailleurs affirmé qu’il n’était pas payé pour certaines missions qu’il a remplies, et qui ont pourtant été facturées par Mediascop au candidat Jean-Luc Mélenchon.
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La justice soupçonne des “manœuvres” pour obtenir des remboursements de l’État
La France insoumise n’était certes pas la formation politique la plus fortunée de la campagne présidentielle, mais si elle a pu engager presque 11 millions d’euros de dépenses, c’est qu’elle savait très tôt qu’elle pourrait bénéficier du remboursement de l’État, vu qu’il apparaissait quasi-certain que son candidat allait franchir la barre des 5% des suffrages, condition pour être remboursé.
Le 16 mars 2018, la commission nationale de comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a effectué un signalement auprès du procureur de la République de Paris. Mediascop, ainsi qu’une association qui est intervenue sur la campagne de la France insoumise, l’Ere du peuple, sont visés par ce signalement de l’autorité de contrôle qui, bien qu’ayant validé les comptes du candidat, a estimé que la situation particulière de ces deux prestataires, dirigés par des proches de Jean-Luc Mélenchon posait quelques questions. Nous avions déjà expliqué que l’Ere du Peuple, présidée par un conseiller d’État, Bernard Pignerol, avait salarié deux rouages essentiels de la campagne des Insoumis, les actuels députés Bastien Lachaud et Mathilde Panot et refacturé leurs services en réalisant au passage une confortable marge. Le 18 septembre dernier le parquet e Paris classait sans suite une plainte de l’association Anticor qui visait les comptes plusieurs candidats à la présidentielle. Néanmoins, dans sa décision, le procureur François Molins rappelaient que, concernant le compte de Jean-Luc Mélenchon, “les surfacturations dénoncées [par la commission des comptes de campagne] tendent à faire sérieusement suspecter l’existence de manœuvres délibérées destinées à tromper l’organe de contrôle aux fins d’obtenir des remboursements sans cause. J’ai donc fait diligenter une enquête préliminaire qui est toujours en cours.”
L’enquête préliminaire aurait été ouverte pour escroquerie, abus de confiance, infraction à la législation des campagnes électorales et travail dissimulé aggravé. C’est dans ce cadre qu’ont eu lieu les perquisitions de mardi 16 octobre 2018. D’après nos informations, dès le lendemain, plusieurs anciens employés de Mediascop auraient été entendus par les policiers l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).
Source : Francetvinfo
Il est certain que la campagne de La Catastrophe en Marche n’a rien coûté…
Par contre, après la campagne, c’est la fête…
J’ignorais que depuis la Raie-publique, une enquête préliminaire permettait d’entrer en force au domicile d’un citoyen… et l’empêcher d’y assister. Et pourtant, je déteste ce personnage.
Pourquoi ai-je fait carrière avant, à l’époque où il fallait respecter les règles?
Donc …. si je comprends bien …. il y aurait eu “surfacturation” pour mélenchon (?) …. ET (en même temps !) “sous-facturation” chez macron ?
Oh, stop, on me souffle dans mon oreillette …. que les “sous-facturations de type macronesques” … sont “normales” !!!
Ah bon …. et….. “l’abus de bien sociaux” …. c’est donc “normal” ?
Et de plus …. bien évidemment ces “sous-facturations” (particulièrement élevées … puisqu’on parle de près de 75% de rabais !!!!) …. constituent un “truc” pour contourner la loi sur les “dépenses électorales” !
N’importe quel juristes ( honnêtes !) vous le confirmera !
Mais …. motus de la part de la Justice …. n’oublions PAS le …. “vae victis !!!”
Chikirou, tout à fait charmante ! Très chic!
Mélanchon a bon goût.
De simple bon sens
Si c’est le contribuable qui paye, en tant que contribuable, je préfère que la facture ne soit pas trop élevée.
Comptes de campagne ou comptes de compagne?
Sofia Chikirou n’est-elle pas ou n’a-t-elle pas été la compagne de Jean-Luc Méchancon?
C’est bien connu quand on aime on ne compte pas …
Ne cherchez pas trop avec les politiques il y a toujours des histoires de Q
Les prestations les plus anormalement chères sur lesquelles les journalistes insistent à la radio sont : 250 euros pour mettre en ligne une vidéo, ce qui prend dans les dix minutes. On doit effectivement pouvoir trouver moins cher comme prestataire. Mais de là à justifier une descente de police chez tous les gradés d’un parti d’opposition, c’est du délire pur. Si l’on songe d’autre part aux affaires du voyage à Las Végas, ou au détournement du personnel de Bercy pour les opérations de communication personnelle du ministre Macron en pleine préparation de sa campagne, c’est franchement scandaleux. Le résultat va être de faire trouver sympathique le taré rouge et sa clique de monstres et de dégrader encore l’image de la Justice, qui s’est montrée honteuse contre Fillon, Murillo, etc.
Enfin, ça pose le problème de remboursement aveugle des frais de campagne. Qu’on ne rembourse pas des frais qui n’ont rien à voir avec la campagne, soit. Qu’on chipote sur le montant qui reste dans la fourchette haute des tarifs constatés, et qu’on appelle ça escroquerie en bande organisée, c’est abusif.
Je pense qu’on bon système devrait être : les partis sont financés par des cotisations dont ils sont libres de fixer le montant et versées par des personnes physiques, par des ventes de produits dérivés (affiches, programmes, places pour des meetings, etc.), et c’est tout. Pas de participation de sociétés privées. Interdiction aux sociétés d’acheter des produits politiques. Pas de financement étatique. Rien que des citoyens intéressés. Interdiction de la publicité politique ciblée personnalisée, notamment en ligne et fondée sur l’analyse de données perso. Des comptes déposés au Conseil constitutionnel. Basta.
D’accord avec vous pour un financement par des dons privés divers.
Mais, au nom de l’Egalité, on vous rétorquera qu’un candidat des riches (Fillon par exemple) aura plus de moyens qu’un candidat du prolétariat (Mélanchon, ou Poutou)…
Tout à fait d’accord avec votre conclusion : les partis devraient vivre exclusivement des cotisations des adhérents. De même, les subventions à la presse écrite et aux syndicats devraient être supprimés. Mais il y a tellement d’argent en jeu que tout le monde trouve son intérêt à cette gabegie. Ce thème n’est jamais abordé sérieusement et la plupart des gens n’ont pas idée des sommes gaspillées.
Si on pouvait supprimer l’élection présidentielle au suffrage universel ! Et même la fonction de président !
Non seulement les partis, mais aussi les associations et les syndicat ne devraient être financés que par leurs adhérents
la dernière partie de votre papier devrait aussi s’appliquer aux syndicats et associations qui ne devraient vivre que de leurs membres et abonnés!!!
lorsque la police et les juges étaient sur le dos de marine le pen et du front national, mélanchon rigolait et applaudissait
les partis ne devraient pas ^recevoir d’argent public; plus ils en reçoivent plus ils dépensent et nous on doit faire des économies!
idem pour la presse, dreuze vit sur l’argent de ses lecteurs, non? le canard enchainé vit sans un sou public ou de publicité depuis cent ans
les églises aussi vivent sans un sou public
pourquoi les syndicats et partis politiques ?
D’après Infogreffe, l’entreprise Médiascop est radiée du RCS depuis 2010
Comment peut-elle facturer des prestations ?
Pour chaque minute sous-titrée, Mediascop facture 200 euros à l’association de campagne
Youtube le fait gratuitement, et plutôt bien.
il y a quelques années ma fille était facturée 300 euros HT de l’heure pour donner des conseils de stratégie à une ribambelle de “directeurs ” de la Croix Rouge.
cela pendant quelques mois ……..
c’ est l’argent du contribuable : donc , on ne compte pas .
Il y a de quoi demeurer confondu face au traitement privilégié réservé à un homme passé maître redresseur de torts, et prompt aux invectives tous azimuts.
Évoquer, du bout des lèvres qu’il y aurait pu avoir des malversations dans ses comptes de campagne, livre une faute de frappe coupable, qui reprise à l’unisson, donne une piteuse idée de notre presse.
Chacun aura compris qu’il s’agit en effet se malversations dans ses comptes de… compagne.
Or il semble bien. qu’à ce titre, il soit un récidiviste…
https://fatimabenomar.wordpress.com/2017/02/04/tu-as-fait-quelque-chose-de-tres-grave-mais-je-ne-peux-pas-te-dire-quoi/