Publié par Jean-Patrick Grumberg le 22 octobre 2018

Les critiques du président Donald Trump ont passé les 17 derniers mois à anticiper ce que certains s’attendent à voir parmi les événements les plus passionnants de leur vie : le rapport final du conseiller spécial Robert Mueller sur l’ingérence électorale russe de 2016.

Ils risquent d’être profondément déçus.

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Lorsque je discute avec mes amis de gauche du sujet, et que je leur explique que Mueller et son équipe, malgré des mois d’enquête, n’ont strictement rien trouvé pour mettre en cause le président américain, je reçois invariablement la même réponse : “tu vas voir, attends un peu, ils n’ont pas fini leur enquête”, ce à quoi je réponds toujours par un sourire amusé : l’espoir fait vivre, et je souhaite longue vie à mes amis.

Pourtant, dans un article juste publié, le site de gauche Politico prend la même direction que moi :

“Le public, écrit Politico, ne doit pas s’attendre à un compte-rendu destructeur de la présidence sur l’ingérence du Kremlin et l’obstruction présumée de la justice par Trump – sans parler de la myriade de complots secondaires qui ont nourri les membres du Congrès, les journalistes et les amateurs de l’enquête Mueller”.

Après deux ans de couverture médiatique intense accusant d’une conspiration entre le Kremlin et la campagne de Trump, plus les dizaines de tweets de Trump qui a condamné l’enquête Mueller comme étant une “chasse aux sorcières”, ajoute Politico, lorsque Mueller terminera son travail, il devra remettre un “rapport confidentiel [au Congrès] expliquant ses décisions de poursuites ou de refus [de poursuites]”, autrement dit, pourquoi il a choisi d’intenter des poursuites contre certaines personnes et pas d’autres. Mais selon les personnes professionnellement familiarisées avec ce genre d’enquêtes, Mueller pourrait tout simplement dire : “il n’y avait pas assez de preuves” pour gagner devant les tribunaux.

Et jusqu’à présent, aucun Américain n’a été mis en accusation pour avoir conspiré avec les Russes pour l’élection de Trump, ni participé à une quelconque obstruction de la justice à la demande de Trump.

Après la remise du rapport, il appartiendra aux dirigeants du ministère de la Justice de prendre la décision politique de rendre public ou non le rapport Mueller.

Le Congrès aura aussi son mot à dire. Les dirigeants Démocrates, qui espèrent reprendre le pouvoir lors des élections de mi-mandat du 7 novembre prochain, aimeraient obtenir des informations du bureau du conseiller spécial Mueller dans le but de déclencher une mesure d’impeachment contre Trump – mesure qu’ils savent pourtant être particulièrement impopulaire auprès des électeurs, et qui a peu de chances d’aboutir, car pour convaincre un Grand jury, il faut présenter les preuves indiscutables de délit majeur commis par le président, et en bout de course, le dernier mot revient au Sénat, dont les sondages disent tous qu’il restera Républicain.

Concernant le moment choisi pour la remise de son rapport final, les médias s’accordent tous pour dire que Mueller ne fera rien avant les très importantes élections de novembre afin de ne pas être accusé, comme ce fut le cas pour l’ex-directeur du FBI James Comey, d’interférer avec les élections.

Bien qu’il n’ait pas de date limite pour terminer son travail, plusieurs sources qui suivent l’enquête affirment que l’avocat spécial Mueller et son équipe semblent impatients de mettre fin à l’enquête.

“Je suis sûr qu’il est déterminé à reprendre le cours normal de sa vie”, a déclaré John Q. Barrett, ancien avocat qui a travaillé sous la direction de Lawrence Walsh sur l’enquête de l’ère Reagan sur les ventes secrètes d’armes américaines à l’Iran et qui est maintenant professeur de droit à l’Université St. John’s.

Mais plusieurs facteurs peuvent encore ralentir les choses, y compris une confrontation juridique prolongée sur la question de savoir s’il faut forcer le Président américain à se présenter devant Robert Mueller pour un interrogatoire…

La Maison-Blanche du président Clinton a fait l’objet d’une série d’enquêtes spéciales, menées par des avocats indépendants comme Mueller, mais aucune n’a été aussi pénible que l’affaire Whitewater, qui a débuté en janvier 1994, sur les transactions foncières suspectes de la première famille, dans l’Arkansas, vieilles de plusieurs décennies. L’enquête avait vu de multiples rebondissements et s’était étendue à plusieurs autres sujets.

  • En 1997, Ken Starr, l’enquêteur spécial, publiait un rapport dans lequel il affirmait que Vincent Foster, conseiller adjoint de Clinton à la Maison-Blanche, s’était suicidé.
  • Un an plus tard, il publiait un rapport détaillant les allégations de comportement sexuel illégal entre Clinton et Monica Lewinsky, ce qui a incité la Chambre à ouvrir une procédure de destitution.
  • Le rapport final sur Whitewater n’est arrivé qu’en mars 2002, plus de huit ans après le début de l’enquête et plus d’un an après la fin du second mandat du Démocrate.

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