Publié par Magali Marc le 26 octobre 2018

Lors des élections provinciales au Québec, début octobre, Philippe Couillard voulait faire de l’immigration son cheval de bataille. Il prétendait qu’il fallait l’augmenter de manière à contrer la « pénurie de main-d’œuvre ».

Son parti a pris une raclée mémorable. François Legault, qui lui annonçait une modeste réduction de l’immigration, a été traité de raciste et de xénophobe par des Libéraux. Legault a remporté les élections haut la main.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

La plupart des sondages à ce sujet indiquent qu’une majorité de Canadiens et de Québécois sont nombreux à souhaiter une diminution de l’immigration (49 %. au Canada, 51 % au Québec). Pourtant, les Libéraux et des hommes d’affaires continuent de prétendre que le Québec vit une pénurie de main-d’œuvre et que la solution consiste à accueillir d’avantage d’immigrants.

Or le taux de chômage des immigrants est toujours plus élevé que la moyenne nationale.

Les chiffres du chômage

D’après Statistique Canada (cité par Laurence Nadeau ) le taux de chômage des immigrants est en voie de diminution :

«(…) de 2015 à 2016, le taux de chômage chez les immigrants est passé de 10,7 % à 9,8 %. (…) Les immigrants québécois venus du Maghreb sont maintenant frappés par le chômage dans une proportion de 11,5% alors qu’il était à 17,3% dans le passé.

La baisse du chômage touche particulièrement les immigrants récents du Québec qui sont sur le territoire depuis moins de 5 ans.»

Pour l’ensemble de la population, le taux de chômage actuel au Québec oscille autour des 7%

Si donc le taux de chômage des immigrants est plus élevé, en quoi l’augmentation de l’immigration aiderait-elle à contrer la soi-disante pénurie de main-d’œuvre ?

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Quelle pénurie ?

Certains chroniqueurs et experts ne sont pas dupes des arguments de Philippe Couillard.

Joseph Facal écrivait le 3 juillet dernier dans sa chronique publiée par le Journal de Montréal:

« Le PLQ et le patronat québécois …nous chantent en duo que le Québec vit une gravissime pénurie de main-d’œuvre qui justifie d’accueillir toujours plus d’immigrants. Le PLQ importe ses futurs électeurs et il fait plaisir au patronat, qui le financera et embauchera les apparatchiks et les ex-élus du parti.

Le patronat, lui, pourra compter sur une main-d’œuvre qui acceptera de bas salaires, ce qui explique en partie que les salaires réels stagnent depuis des décennies, sauf en haut de l’échelle.

C’est un mensonge à deux volets.

Le premier volet est de faire croire à une pénurie généralisée, alors qu’elle est localisée.

Le deuxième volet est de faire croire que l’immigration serait LA solution par excellence, alors qu’elle n’est qu’un outil parmi d’autres et pas le principal.

(…)

Comme l’expliquait récemment l’économiste Pierre-André Julien, si on se donnait la peine d’interroger les patrons d’usines, on verrait qu’ils veulent surtout se constituer des listes d’employés disponibles, pour être prêts si les ventes se mettaient à augmenter.

(…)

La récolte des fruits ou les entrepôts frigorifiés s’appuient sur une main-d’œuvre importée, parce que les travailleurs d’ici ne veulent pas ces emplois.

Augmentez les salaires et vous verrez disparaître cette supposée pénurie. Mais l’employeur économise de l’argent en faisant venir un Guatémaltèque pour quelques mois.

Et si l’immigration était une panacée, il n’y aurait pas de tels taux de chômage chez les nouveaux arrivants.»

L’économiste Pierre-André Julien, cité par M. Facal, reconnaît pour sa part que «pour certains emplois, il peut y avoir des difficultés à pourvoir des postes». Toutefois les données mensuelles de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada révèlent également qu’il y avait encore des gens en quête d’un gagne-pain et d’autres qui, découragés de ne pas pouvoir décrocher le boulot tant espéré, avaient cessé temporairement d’en chercher.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Le problème de la surqualification

Pour les jeunes aux études qui se font dire qu’ils devraient se concentrer sur les domaines où il y a de l’emploi, la situation n’est pas très encourageante.

En fait, le phénomène de la surqualification est très répandu (Francis Vailles, La Presse, 20 juin 2017).

Près d’un employé sur trois au Québec a un travail qui ne répond pas à ses qualifications. 40% des travailleurs surqualifiés titulaires d’un baccalauréat occupent un poste qui exige au plus un diplôme d’études secondaires.

Sous l’angle des domaines d’études, les diplômés en arts et lettres, en sciences sociales et en histoire sont les plus touchés, avec des proportions de surqualifiés avoisinant les 50%. Les travailleurs en éducation, en santé et en informatique sont les mieux pourvus (taux de moins de 20%).

Sous l’angle sectoriel, ce sont les domaines du commerce de détail, de la restauration et du transport-entreposage qui comptent la plus forte proportion de personnes surqualifiées, soit environ 6 sur 10. À l’inverse, les secteurs de l’enseignement (12%), de la santé (20%) et de la construction (24%) ont les taux parmi les plus bas.

Les experts estiment que la solution consiste non seulement à bien informer les jeunes sur les perspectives d’emploi, mais aussi, entre autres, à mieux intégrer les immigrants.

C’est ce que propose de faire François Legault : réduire le nombre d’immigrants et mieux intégrer au marché du travail ceux qui sont déjà là.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources:

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous