Publié par Jean-Patrick Grumberg le 27 octobre 2018

En un mot: “il est fou”, mais ce n’est pas tout ce que nous savons sur l’auteur des colis piégés Cesar Sayoc.

L’homme qui a posté à des personnalités Démocrates une dizaine de colis contenant des explosifs qui ne pouvaient pas exploser parce qu’ils ne contenaient pas de système de mise à feu a un long passé criminel, qui inclut une précédente alerte à la bombe. Il risque jusqu’à 48 ans de prison s’il est reconnu coupable, selon le ministère de la Justice, qui a souligné que Sayoc est “innocent jusqu’à preuve du contraire”.

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Un lourd passé de petits délits

  • Selon les registres de détention du comté de Miami-Dade, Sayoc, un Républicain de 56 ans, a été arrêté en 2002 après avoir lancé une alerte à la bombe contre la compagnie d’électricité Florida Power and Light, menaçant que si son électricité était coupée, il les ferait exploser “pire que le 11 septembre”, et il a menacé un employé de FPL.

“Je parie que si je menaçais de faire sauter votre bureau, vous le rallumeriez rapidement”, avait déclaré Sayoc à son avocat de l’époque, Ronald S. Lowy, qui a déclaré à CNN que son client n’avait aucune intention de mettre à exécution cette menace.

  • Sayoc a été condamné à un an de prison avec sursis, selon Lowy.
  • Les dossiers indiquent qu’il a fait l’objet d’un total de huit arrestations, y compris pour :
    • Vol qualifié,
    • fraude,
    • possession de drogue,
    • voies de fait,
    • violation des conditions de libération sous caution.
  • En 1994, une femme nommée Violet Altieri a porté plainte contre Sayoc pour violence domestique. Elle a par la suite déposé une demande de retrait de la plainte. Violet Altieri semble être la grand-mère de Cesar.
  • En 1991, Sayoc a été accusé de vol aggravé. Il a plaidé coupable et a été condamné à deux ans de prison avec sursis.
  • Sayoc a été arrêté pour trafic de drogue en 2004. Il a été accusé de possession de stéroïdes avec l’intention de vendre et n’a pas contesté les faits.
  • En 2014, il a de nouveau plaidé coupable à des accusations de coups et blessures sur un commerçant et de vol au troisième degré.
  • En 2009, Sayoc a été accusé de conduite sans permis, sans assurance et a été condamné à une amende après avoir plaidé coupable.
  • En 2014, Sayoc a été arrêté pour un petit vol et violation de sursis. Il a été condamné à 30 jours de prison.
  • Sayoc a fait faillite en 2012. Il travaillait comme gérant de magasin dans un supermarché à Hollywood, en Floride.
  • Il a également été arrêté pour vol dans les comtés de Dade et Palm Beach en 1992 et 2015.
  • Il a plaidé coupable en 2014 pour avoir volé des tuyaux de cuivre dans un magasin Home Depot d’Hollywood, en Floride, après avoir été accusé de larcin.
  • Sayoc a également été expulsé de la maison de ses parents et il vivait dans une camionnette placardée de stickers politiques.
  • Dans un dépôt de bilan de 2012, il est indiqué que Sayoc “vit avec sa mère, et ne possède aucun meuble.” Ses actifs s’élevaient à 4 175 $ et son passif était de 21 109 $.
  • En 1999, Sayoc a été arrêté en Caroline du Nord parce qu’il était soupçonné de posséder un véhicule volé, mais les accusations ont été abandonnées.

Descente dans la folie

Ronald Lowy, son avocat en 2002, a dit que Sayoc avait du mal à se soumettre aux lois et qu’il ne s’intégrait pas. L’avocat a dit qu’il n’était pas surpris que les engins explosifs n’aient pas explosé. Il s’est même interrogé sur la capacité de Sayoc à concevoir et à mettre en œuvre avec succès un tel projet.

Dans un cas, dit Lowy, Sayoc a modifié son permis de conduire pour paraître plus jeune. Sayoc était resté célibataire et il pensait que son âge lui nuisait peut-être pour ses rencontres. “Il était gêné par son âge”, a dit Lowy.

Debra Gureghian, directrice générale de New River Pizza et de Fresh Kitchen à Fort Lauderdale, où il a travaillé comme livreur pendant plusieurs mois jusqu’à ce qu’il démissionne en janvier, a déclaré que Sayoc n’était pas accro à la drogue.

“C’était un fou enragé, c’est la meilleure façon de le décrire,” a dit Gureghian. “Il y avait vraiment quelque chose qui clochait chez lui.”

Sa fourgonnette, couverte d’autocollants politiques, était si inquiétante que le restaurant lui avait demandé de la garer à l’abri des regards.

“Il y avait des stickers de marionnettes à la tête coupée, des modèles à la tête coupée, le Ku Klux Klan, un noir pendu, des symboles anti-homosexuels, des attentats à la bombe, tout était sur sa camionnette”, a expliqué Gureghian, qui ajoute que Sayoc dérangeait ses collègues avec ses commentaires racistes.

“Il était très en colère contre tout le monde, contre les Noirs, les Juifs, les homosexuels,” explique Gureghian.

“Il disait toujours : ‘Si j’avais une autonomie complète, aucun de ces gays ou de ces noirs ne survivrait’. Il n’a jamais dit qu’il les tuerait, les assassinerait ou les bombarderait, il a simplement dit : ‘Si j’avais une autonomie complète, les homosexuels, les Noirs et les Juifs ne survivraient pas’. Il était très, très étrange.”

Au moyen de Google Street et des médias sociaux, les utilisateurs de 4chan ont découvert ce qui semble être le van de Sayoc garé dans le parking d’un centre commercial de Floride, avec la vitre arrière couverte de textes. Il est visible que la camionnette a été repeinte quelque temps après août 2016. En décembre 2017, la camionnette a été photographiée avec des autocollants pro-Trump / anti-Démocrate (ci-dessus).

Enfin, Sayoc a été arrêté pour possession de stéroïdes en 2004. Son cousin a déclaré à NBC News que Sayoc avait consommé “trop de stéroïdes”. Son cousin, qui a demandé à ne pas être identifié, a dit que les stéroïdes pouvaient avoir affecté le cerveau de Sayoc.

“Il a toujours été un peu débridé. Ca a toujours été une âme perdue. ‘Tu prends trop de stéroïdes. Ce truc va te faire fondre le cerveau”, lui avait dit son cousin.

Sur sa page LinkedIn, Sayoc dit que son grand-père, le colonel Baltazar Zook Sayoc, était un pratiquant des arts martiaux et qu’il avait développé son propre style de combat, le Sayoc Kali. Sayoc dit que cette méthode a été utilisée pour combattre le Parti communiste des Philippines.

Strip teaser professionnel

 

Sayoc rêvait de devenir lutteur professionnel. Au lieu de cela, il a trouvé du travail comme strip-teaseur professionnel.

Dans les années 1990, selon Tony Valentine, un promoteur de soirées strip-tease, Sayoc “courait à travers le pays” en se faisant embaucher comme strip-teaseur. Valentine l’a embauché pour des stripteases dans l’Ohio.

Sayoc a également travaillé dans le Minnesota, en Caroline et en Floride. “Il n’arrivait vraiment pas à trouver son créneau dans la vie, et je suppose qu’il l’a trouvé maintenant”, a déclaré Valentine au Washington Examiner.

“Dans les années 90, il courait du Minnesota aux Carolines en passant par la Floride. Il était comme un gitan.”

  • Selon CNN,
    • Sayoc a fréquenté l’Université de Caroline du Nord à Charlotte. Sayoc a assisté aux cours pendant un an et n’a pas obtenu son diplôme.
    • Il a été étudiant au Brevard College en Caroline du Nord, a déclaré Christie Cauble, porte-parole de l’école. Il s’est inscrit à Brevard à l’automne 1980 et y a suivi des cours pendant trois semestres, mais il n’a pas obtenu son diplôme.
    • Sayoc n’était pas connu des services secrets, selon des sources policières.
    • Il est originaire du quartier Bensonhurst de Brooklyn et a encore des attaches à New York.
    • Puis Sayoc a fréquenté un gymnase et y a travaillé comme entraîneur personnel.
  • Sky News indique que la page LinkedIn de Soyoc le cite comme promoteur, agent de réservation, propriétaire et chorégraphe de plusieurs entreprises, y compris des strip-teaseuses Chippendales.
  • Une autre photo de lui montre une publicité pour des expériences de ‘Real Magic’, avec des images de torses masculins nus et de guitares flamboyantes collées sur le van que les autorités américaines ont confisqué dans le cadre de leur enquête.
  • Selon NBC, Sayoc a dit aux enquêteurs fédéraux qu’il n’est pas coupable et que les bombes n’auraient blessé personne. Il refuse maintenant de coopérer à l’enquête.

Un avocat représentant la famille de Sayoc l’a traité de “malade mental et manquant de confiance en soi” et a déclaré que la mère de Sayoc venait d’apprendre l’arrestation de son fils depuis l’hôpital où elle se remet d’une opération.

La veille de son arrestation, Sayoc travaillait dans un club de Strip-tease, au Ultra Gentlemen’s Club à West Palm Beach, où il était animateur et DJ.

20 ans sans jamais parler de politique… jusqu’au mois dernier

  • Scott Meigs a travaillé avec Cesar Sayoc pendant deux décennies dans des clubs de strip-tease dans tout le sud de la Floride et a déclaré que son collègue n’avait jamais dit un mot de politique.

Jusqu’à il y a environ un mois.

Sayoc a commencé à lui envoyer des SMS sur la façon dont les Républicains devaient gagner les élections de mi-mandat, sur la façon dont les Républicains devaient gagner la course au poste de gouverneur de Floride, et sur la façon dont ils devaient gagner la course du Sénat américain en Floride.

“Il a commencé à parler de politique sans arrêt”, a ajouté Meigs.

  • Imon Karim, qui possède une société de vente de caméras de sécurité dans le comté de Palm Beach, essayait de faire une vente le mois dernier quand il a entamé une conversation avec Sayoc au Ultra Gentlemen’s Club.

Karim se souvient que Sayoc lui a dit qu’il était amérindien. Karim, qui vient du Bangladesh, a dit à Sayoc qu’il était indien d’Orient.

La conversation a ensuite tourné vers la politique lorsque Karim – essayant de conclure sa vente – a dit à Sayoc qu’il avait également fourni des caméras de sécurité lors d’événements politiques.

Soudain, dit Karim, Sayoc est devenu extrêmement animé.

“Il n’arrêtait pas de dire qu’il était anti-Hillary Clinton, anti-Barack Obama. Il répétait qu’il n’aimait pas Hillary, qu’il n’aimait pas Obama.”

Karim n’a pas prêté attention à cette conversation, qui s’est tenue le mois dernier, mais cela a changé quand Karim a commencé à recevoir un flot de SMS quotidiens de Sayoc, le bombardant de rumeurs sur les Démocrates – cela a commencé le 27 septembre.

Et il a dit que Sayoc avait continué jusqu’à la semaine précédent son arrestation.

L’un de ses derniers SMS était un lien vers un article du New York Times paru cette semaine au sujet de l’engin explosif trouvé lundi dans une boîte aux lettres chez George Soros.

“Ça m’a mis mal à l’aise”, a déclaré Karim.

En se souvenant d’une de ses dernières conversations avec Sayoc, Karim a dit qu’il semblait très préoccupé par les Démocrates et la nécessité d’élire des Républicains.

“Quelque chose doit être fait et je vais faire quelque chose à ce sujet”, a dit Sayoc à Karim la semaine dernière lors de sa visite au club pour conclure l’affaire avec les caméras de sécurité.

Karim a dit qu’il pensait que Sayoc voulait dire qu’il allait voter ou aller protester, mais il n’a jamais imaginé qu’il ferait quelque chose de violent.

“Maintenant, je n’arrive pas à croire que l’homme qui m’a envoyé ces SMS antidémocratiques le mois dernier se soit avéré être l’homme arrêté pour avoir envoyé des bombes artisanales à tous ces Démocrates. C’est dingue.”

Twitter

Sayoc était également très prolifique sur Twitter, dupliquant, triplant ou même quadruplant ses propres tweets.

Après son arrestation, une femme nommée Rochelle Ritchie a déclaré que Sayoc l’avait menacée sur Twitter. Ritchie est commentatrice politique et a été la porte-parole du bureau du procureur de la ville de Baltimore. Ritchie dit qu’elle a reçu des menaces de Sayoc et qu’elle les a signalées sur Twitter – mais, selon Ritchie, Twitter a ignoré les menaces.

Sayoc a également utilisé son compte Twitter pour menacer le producteur hollywoodien Ron Howard, quelques semaines avant son arrestation.

Beaucoup de ses tweets le décrivent comme faisant partie de la “Tribu indienne Séminole invaincue”. Cependant, la Nation séminole a publié une déclaration annonçant qu’il n’est pas, et n’a jamais été, membre de leur tribu.

La déclaration dit :

“Nous ne pouvons trouver aucune preuve que Cesar Altieri, Caesar Altieri, Caesar Altieri, Caesar Altieri Sayoc, César Altieri Randazzo (Facebook) ou Julus Cesar Milan (Twitter) est ou a été membre ou employé de la tribu Seminole de Floride, est ou a été employé par Seminole Gaming ou Hard Rock International. Pour l’instant, nous ne pouvons pas vérifier s’il est ou a jamais été un employé ou un fournisseur.”

Et dans un tweet, Sayoc a apporté son soutien à ISIS “qui nettoie le monde”.

Et les médias accusent Trump d’avoir inspiré ce taré.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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