Publié par Gaia - Dreuz le 30 octobre 2018

La ministre de l’Enseignement supérieur appelle la communauté universitaire à se mobiliser contre l’antisémitisme, après la révélation d’une plainte déposée par une étudiante juive pour harcèlement et insultes.

Après la révélation de faits de harcèlement visant une étudiante juive de l’université Paris-13, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé lundi matin qu’elle allait recevoir le président de cette faculté « afin de faire le point avec lui sur les dispositifs de prévention mis en place dans son établissement » et de discuter de possibles mesures de lutte contre l’antisémitisme.

La radio Europe 1 a révélé lundi qu’une étudiante en deuxième année de médecine a porté plainte le 20 octobre, après avoir été victime de harcèlement et d’injures antisémites. La plainte a été déposée dans un commissariat du Val-d’Oise le 20 octobre, selon son avocat, Antonin Péchard. Le parquet de Bobigny a décidé d’ouvrir une enquête, confiée à la sûreté départementale de Seine-Saint-Denis.

La jeune femme de 20 ans explique avoir été visée par des blagues, des jeux et des injures à l’encontre de sa religion. « On est passé des blagues sur la Shoah à des saluts hitlériens », raconte-t-elle au micro de la radio. « Puis on invente un jeu qui s’appelle le « freespa » (une contraction de frisbee et kippa), le lancer de kippa qu’on jette par terre. » Blessée, elle aurait fait des remarques à ses camarades, ce qui n’a fait qu’envenimer la situation.

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Un thème de week-end d’intégration sur les rafles ou sur Auschwitz

La jeune femme déclare avoir ensuite été harcelée et menacée. Dans une conversation Facebook qui sert à l’organisation d’un week-end d’intégration, certains étudiants ont proposé plusieurs noms de thèmes moquant la Shoah : « bob Auschwitz 2019 » (NDLR. le mot « bob » désigne le week-end d’intégration), « bob-rafle2019 », « bob [nom de famille de l’étudiante] 2019 », « beau juif et boboche », ou encore « les nazis contre les juifs ». La dernière proposition était illustrée de la photo d’un étudiant juif brûlant dans les flammes, raconte l’étudiante.

Dans la conversation apparaissent également des catégories attribuées aux élèves juifs de la promotion, numérotées et commentées : « juif niveau 31, impliqué mais capacité à traîner avec des goyes », « juive niveau 75, prestige 4, prête à tout pour sa commu [nauté] », « niveau 2, il sait qu’il y a une fête qui s’appelle Shabbat ».

Dans cette ambiance pesante, Emma a continué à aller à la fac. « Elle essaie de tenir le coup », explique son avocat.

Emma est accompagnée depuis le début par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). « Nous l’avons encouragée à déposer plainte. Nous avons alerté l’administration et fait remonter l’affaire au ministre de l’Enseignement supérieur qui prend ce dossier très à coeur », indique Noémie Madar secrétaire nationale de l’UEJF.

Emma a voulu « témoigner pour aider d’autres étudiants qui se trouveraient dans la même situation », rapporte l’association qui constate « une accumulation de faits à caractère antisémite à l’université ».

Bouleversée, l’étudiante a été reçue par la direction de l’université, selon Europe 1. Huit étudiants mis en cause ainsi que deux professeurs présents au week-end d’intégration ont également été convoqués. La commission de discipline de l’établissement et le procureur de la République ont été saisis. Le week-end d’intégration, initialement prévu en 2019, a été suspendu.

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« L’antisémitisme doit être partout combattu »

Ces multiples décisions ont été saluées par la ministre de l’Enseignement supérieur. « Au surlendemain de l’attaque antisémite de Pittsburgh aux Etats-Unis, je veux rappeler que les mots aussi peuvent tuer et que les injures et les gestes déplacés ont toujours été les prémices de violences plus grandes encore », a déclaré Frédérique Vidal dans son communiqué.

« L’antisémitisme doit être partout combattu avec la plus grande fermeté sans jamais ne laisser aucune place à la banalisation », a-t-elle ajouté. La ministre a aussi appelé la communauté universitaire « à se mobiliser afin de bannir l’antisémitisme de nos universités et de nos établissements ».

Elle a également annoncé qu’elle assistera vendredi à la Convention nationale de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) afin de rappeler son engagement.

Au sein de Paris-13, le président indique qu’il « a nommé il y a plusieurs semaines » deux référents « racisme et antisémitisme » (des postes créés dans les universités en 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher à Vincennes) et ajoute que « des actions de sensibilisation auprès de l’ensemble de la communauté seront menées très prochainement ».

Nous n’avons pas été en mesure de joindre les étudiants visés par les accusations.

Source : Leparisien

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