Publié par Mireille Vallette le 2 novembre 2018

Le mouvement de jeunesse fribourgeois «Frislam» donne un nouvel exemple de double discours: d’un côté l’ouverture, voire «l’amour», de l’autre l’adhésion à l’un des pires intégrismes.

Les jeunes de Frislam (contraction de Fribourg et islam), beaucoup les considèrent comme des modèles ! Des politiques, de naïfs citoyens, et surtout le Centre suisse islam et société dont ils sont partenaires sont enchantés d’œuvrer avec des musulmans modernes, éloignés des dogmes rétrogrades, faisant passer leur citoyenneté avant leur religion, ne croyant pas une minute à la supériorité des lois de la charia sur les lois du pays. Des musulmans comme tant de Suisses en rêvent! Des musulmans qui comme le dit le sous-titre de Frislam sont une «plus-value pour la société».

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Ces jeunes pousses tiennent à prouver au bon peuple que leur religion n’a rien à voir avec les atrocités, les persécutions et les discriminations. L’islam joue un rôle majeur dans leur association, mais en même temps, chaque adepte se veut «une plus-value constructive» pour Fribourg. Et souhaite même «dépasser le vivre-ensemble» pour atteindre le «faire ensemble».

“Fasting Day” 2018: le président de Frislam Mohamed Hamsa, le directeur du Centre islam et société Hansjörg Schmid et le secrétaire général de Frislam Saâd Dhif.

Pour séduire les non-musulmans, Frislam organise depuis trois ans «un événement citoyen fribourgeois», le «Fasting Day» (jour de jeûne), une des nombreuses formules que des musulmans proposent aux «non croyants» durant le Ramadan. Ce soir-là, les Fribourgois se voient offrir une rose, un repas gratuit et des spectacles. Avec ces buts séduisants: «se rencontrer, partager, s’aimer».

En 2017 et 2018, le groupe annonce qu’un millier de personnes ont participé à cette soirée. Frislam se félicite du «soutien apporté par la Commission fédérale contre le racisme (CFR), ainsi que celui de la Ville de Fribourg». Hansjörg Schmid, fondateur et directeur du Centre suisse islam et société (CSIS) est l’un des orateurs de la partie «officielle».

Je m’avance peut-être un peu, mais les Suisses aimeraient tellement voir des citoyens tout court et pas des citoyens hindouistes, bouddhistes, chrétiens… ou musulmans, surtout musulmans, qui utilisent leurs activités pour diffuser leur camelote religieuse.

Moncef Zenati, la référence

Et quelle camelote! Un jour, Amine, un des plus fins connaisseurs du Coran et de l’islam, fait une balade dans le site de nos citoyens. Et soudain, boum! Il découvre dans un résumé de cours la référence de Frislam:

« Introduction aux sciences religieuses » par l’imam Abdullah Malik – basé sur les ouvrages du Professeur Moncef Zenati, enseignant à l’Institut Européen des Sciences Humaines (IESH)»

Elle est organisée par Saâd Dhif, le secrétaire général de Frislam, lieutenant à l’armée. Il aspire à poursuivre sa carrière militaire pour devenir capitaine.

Je rejoins Amine et nous poursuivons. Nous connaissons l’IESH, pépinière d’imams créée et gérée par les Frères musulmans français et qui fut «baptisée» par le plus fanatique d’entre eux, Youssef Al Qaradawi. Quant à Moncef Zenati, en voici quelques traits.

Cours religieux: à la découverte de la pensée des Frères musulmans

 

Il dit à propos de l’éminence grise des Frères: «Si vous voulez avoir une compréhension saine de l’islam, lisez, mangez, buvez les livres de Youssouf Al-Qaradawi.» Zenati est un prédicateur et membre fondateur du très intégriste «Havre de Savoir». Il affirme fièrement que le professeur qui l’a le plus influencé est membre du Conseil européen des fatwas et de la recherche et de l’Union mondiale des savants musulmans, soit deux assemblages de Frères musulmans créés par Al-Qaradawi.

Zenati rappelle dans une conférence que la charia est supérieure aux lois humaines (droit positif) qui représentent l’imperfection de l’être humain et sa faiblesse. Etrange similitude extraite du résumé des cours organisés à Frislam: «D’une manière générale, l’Homme est incapable de cerner ses intérêts exacts. L’islam comme droit provenant du Créateur est parfait, car il connaît le présent, le passé et le futur, alors que le droit positif (fait par les hommes) est imparfait, puisqu’il provient de l’homme qui par nature commet des erreurs. » On peut lire aussi: «Selon Ibn Qayyim: «La législation selon la Sharia est juste dans sa totalité, miséricorde dans sa totalité, bénéfique dans sa totalité. (…) «La législation musulmane intègre aussi bien le sacré que le profane.»

Comme de nombreux religieux, la jeune génération enseigne donc un «droit» totalement contraire au nôtre et dont on se demande avec une certaine angoisse quand elle compte le mettre en œuvre.

On trouve dans le Comité directeur de Frislam un autre officier de l’armée qu’on imagine être le frère de Sâad: Yassine Dhif. Infrarouge en avait fait un très gentil portrait en avril 2016. Quant à Nida-Errahmen Ahmi, autre membre du comité, elle interprète pour la TSR un rôle classique du répertoire: «L’Etat islamique n’a rien d’islamique (…) J’ai peur que quelqu’un dans la rue me mette dans le panier des jihadistes-terroristes et qu’il me fasse du mal.»

Nous avons contacté Frislam pour quelques éclaircissements. Sans succès.

Une nouvelle occasion d’embellir l’islam

Nos plus-values ont une autre corde à leur arc dont le nom est lumineux: «PositivIslam. «C’est un projet porté par le Centre Suisse Islam et Société (CSIS) en collaboration avec l’association fribourgeoise Frislam» annonce dans un article Mallory Schneuwly Purdie, cheffe de ce projet financé par l’Office Fédéral des Assurances Sociales (OFAS). Que viennent faire les assurances sociales dans cette aventure?

Harald Sohns, du service communication, répond par courriel que l’OFAS soutient ce projet de prévention de la radicalisation des jeunes sur Internet dans le cadre du «plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent». «PositivIslam» a été choisi et le programme confié au CSIS. Il est financé par l’office à hauteur de 40’000 francs. Mais mon correspondant n’explique pas quel lien ont les assurances sociales avec l’extrémisme violent… La bourse des autres subventionneurs était-elle à plat?

Le CSIS a recruté une quinzaine de jeunes, francophones et italophones, afin de les entraîner à «utiliser les nouveaux médias pour proposer une vision alternative et positive de l’islam». Des contenus courts, percutants, usant d’humour et d’ironie. Les artistes sont censés proposer une alternative «aux messages clivants qui circulent sur le net, dont certains font référence à une lecture extrême de l’islam».

Et que pense la cheffe de projet Schneuwly Purdie de ce partenaire que le CSIS soutient, dont il est si proche? Rien. Mallory court aux abris: elle n’a rien dit, rien vu, rien entendu: «Le CSIS collabore avec l’association Frislam dans le cadre du projet PositivIslam uniquement, nous répond-elle par courriel. Cette collaboration avait pour objectif de promouvoir le projet-pilote dans les associations de jeunes, notamment en vue du recrutement des blogueurs. Le projet pilote se termine au 31 décembre, tout comme cette collaboration.»

Puisque le CSIS ne voit pas le moindre problème, peut-être l’armée et les autorités fribourgeoises en verront-elles un?

Positivislam n’est pas trop dangereux vu le niveau affligeant de ses productions. En guise de nouvelles techniques, les apprentis blogueurs choisissent surtout l’écriture. Et ils font défiler les clichés habituels: mon témoignage, ma conversion, ma rencontre avec le racisme…

Le scandale confédéral

En finançant des groupes de musulmans pour combattre le radicalisme (en nous expliquant combien l’islam est une religion parfaite et eux-mêmes de parfaits citoyens-croyants), la Confédération et son satellite offrent un souffle nouveau au prosélytisme, à son verdict d’acquittement de l’islam et à un entrisme effréné dans nos institutions. Le CSIS ne cesse de répéter combien les mosquées et associations musulmanes méritent nombre de subventions pour leur rôle de “partenaires de l’intégration”. Leur vertu étant un axiome, le directeur Hansjörg Schmid peut affirmer que parmi les 200 imams qu’il a côtoyés en une année (la moitié de l’effectif helvétique), aucun n’était radical.

Et depuis quand les autorités se muent-elles en théologiennes? Comment osent-elles ouvrir ainsi un boulevard aux prosélytes, prédicateurs des mosquées et à leurs ouailles qui pour une immense part promeuvent l’islam orthodoxe ? Comment osent-elles financer aux frais des contribuables ces opérations très onéreuses de blanchiment?

Quel genre de démocratie défendent-elles en empêchant tout débat public, confirmant implicitement que ceux qui posent des questions et ne se laissent pas séduire par une rose sont des «islamophobes», voire pire ? Comment les pouvoirs publics osent-ils ainsi renforcer l’extraordinaire censure qui empêche tant de citoyens d’affirmer leurs convictions pour éviter l’ostracisme social, professionnel ou un pur et simple licenciement?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette et Amin Abdelmajide pour Dreuz.info.

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