Aujourd’hui est un grand jour. Un très grand jour. Le 8 novembre 1942 est le véritable tournant de la deuxième guerre mondiale. C’’est le jour où les Alliés ont débarqué en Afrique du Nord.
La conséquence première de cet évènement fut l’envahissement de la zone sud de la France par les Allemands qui mettra un terme définitif à l’illusion de la pseudo indépendance du gouvernement de Vichy. A partir de cette date, il n’est plus possible de tricher. Les masques tombent. Ceux qui sont avec le Maréchal, sont avec les Allemands et les Nazis.
Le doute n’est plus permis. Il n’y a plus de zone libre administrée par un gouvernement « français ». La France toute entière est sous le joug allemand et de ses sbires de Vichy.
Plus grave. C’est l’action d’une poignée de résistants, Juifs pour la plupart, qui a permis de neutraliser les forces de Vichy. Alger a été pris très facilement.
C’est par la ruse que ce petit groupe d’hommes dirigé par le Professeur Aboulker, a accompli cet exploit. Il s’est emparé du commissariat central d’Alger, de nuit. Puis, disposant du sceau officiel, a convoqué les principaux dignitaires du régime. Ceux-ci se ont répondu à cette convocation et ont été à tour de rôle, arrêtés. C’est également ce petit groupe de résistants qui décida de liquider Darlan.
Le jeune Bonnier de la Chapelle, âgé de 20 ans, fut désigné par le tirage au sort pour cette exécution capitale. Ce héros fut fusillé par les forces de Vichy encore virulentes en Algérie.
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C’est ainsi que les forces de Vichy ont été neutralisées en grande partie et que les Alliés ont pu débarquer sans trop de difficulté : « Heureusement, l’effet de surprise fut complet et nous ne rencontrâmes aucune opposition sérieuse le long de la côte, dont nous nous rendîmes bientôt entièrement maîtres. » (Churchill, Mémoires).
Cet évènement dont la portée est considérable a été sinon oublié, du moins minoré. Et pour cause : Gaullistes et les communistes maîtres de la « mémoire officielle » n’ont guère apprécié d’avoir été tenus dans l’ignorance. De Gaulle était furieux, humilié, offensé. Il gardera une rancune tenace contre les Anglo-américains qui espéraient se débarrasser de lui au profit de Giraud. « Aucune information concernant l’opération « Torch » ne serait communiquée aux Français libres » (Churchill, mémoires).
De Gaulle dans ses Mémoires de guerre, rappelle que les Alliés devaient faire un choix crucial : soit intervenir en France, soit en Afrique du Nord. Il pense que ce choix a été dicté par la place que lui, de Gaulle occuperait. L’option débarquement en France a été écartée parce que dans ce cas « on aurait tout de suite besoin de la résistance française pour concourir à la bataille. Or, on n’ignorait pas, bien qu’on affectât d’en douter, quelle action le général de Gaulle serait en mesure d’exercer ».
Le point de vue de Churchill a triomphé. Ce dernier a accompli un véritable exploit en parvenant à convaincre Roosevelt d’ouvrir le second front demandé par Staline, non en Europe mais en Afrique du Nord. La TORCHE de la liberté a été allumée sur les rivages de l’Afrique du Nord et se répandra dans le monde… Italie, Normandie…
Cet évènement est considérable en ce qu’il représente la première défaite allemande. En prenant pied en Méditerranée, les Alliés allaient bouleverser le cours de la guerre. Churchill précise que la victoire de Tunis « était comparable à celle de Stalingrad ». Il ajoute « l’Axe était entièrement éliminé d’Afrique, et un continent entier venait d’être libéré ».
Cette immense victoire revêt une signification tout à fait particulière pour les Juifs. On peut même dire que le destin du peuple juif s’est joué ce 8 novembre 1942.
Les Allemands présents en Afrique du Nord ont reçu l’ordre de rejoindre le Caire. Une course de vitesse s’engage alors. Une sorte de miracle se produisit : en à peine huit jours, la terrible armée de Rommel et ses 300 000 Allemands s’effondra.
Les Anglais sont parvenus à barrer la route aux soldats de Rommel. On imagine sans peine ce qu’il serait advenu du Yichouv si les Allemands étaient parvenus à atteindre Jérusalem.
Les Juifs du Yichouv, dont les Ashkénazes qui avaient fui l’Europe nazie pour trouver refuge en Palestine, auraient été exterminés.
Il n’est pas exagéré de dire que la fondation d’Israël est en grande partie redevable à la libération de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, action dans laquelle les Juifs sépharades ont joué un rôle non-négligeable. « Les troupes françaises qui avaient alors rallié notre camp comptaient plus de 100 000 hommes ; c’étaient en majorité des troupes indigènes de bonne qualité »(Churchill id.) … c’est-à-dire en partie des Juifs qui s‘étaient enrôlés en masse, les Juifs ayant alors le statut d’indigènes. Les troupes françaises libres envoyèrent quant à elles 2500 hommes sous la direction de Leclerc…
Au beau milieu de ce grand trou noir, la lumière de l’opération Torch, est née ce 8 novembre 1942… une sorte de Menorah historique est venue apporter espoir au peuple Juif martyrisé.
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Il ne faut pas oublier que cet évènement qui a contribué au salut du monde Juif et à la naissance de la future nation « Israël » est venu du monde séfarade.
C’est sans doute là, le troisième motif pour lequel cet évènement important n’est pas fêté comme il se doit pas la mémoire officielle juive.
Pour réparer cette omission, il faudrait que le 8 novembre soit considérée comme un jour de fête nationale en Israël.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.
Cher Monsieur Touati, Pour une fois, j’ai un leger desaccord avec votre texte:
“Le point de vue de Churchill a triomphé. Ce dernier a accompli un véritable exploit en parvenant à convaincre Roosevelt d’ouvrir le second front demandé par Staline, non en Europe mais en Afrique du Nord. ” N’est-il pas exact que, pendant les mois qui ont precede, Churchill souhaitait en realite que le debarquement se fasse dans les Balkans, et que son pouvoir d’influence sur cette question etait compromis principalement parce qu’on lui avait fait porter (de facon injuste ?) la responsabilite, 25 ans plus tot, du desastre des Dardanelles ? “…contre les Anglo-américains qui espéraient se débarrasser de lui au profit de Giraud. ” Ne faut-il pas reserver ce souhait aux Americains ? bien que, comme l’ecrit Churchill, de Gaulle ait ete bien enervant a cette epoque, Churchill, fin psychologue, avait reconnu Giraud comme un imbecile, et ne lui aurait sans doute pas confie de responsabilites importantes. L’importance de la preparation, par le groupe juif entraine par le professeur Aboulker, du debarquement d’ Oran, se fait peu a peu jour ici et la. Quant a attribuer
le fait que les Israeliens n’en aient pas parle davantage a un desir d’occulter le respect du aux Juifs sefarades, ne prenez-vous pas un peu, dans certaines limites, le risque d’alimenter une nouvelle querelle judeo-israelite inutile ? avec amitie et respect.
J’ai lu l’article de Sidney Touati également et votre commentaire avec beaucoup d’intérêt.
Un échange de qualité qui me ravit. D’autant que sur ce sujet mon ignorance est, je dois bien l’avouer, abyssale.
Cette épisode du conflit de 40-45 interpelle.
J’ai ecrit ci-dessus “debarquement d’Oran”, voulant parler bien sur de celui d’Alger. Excuses.
Un très grand Merci a Monsieur
Touati et à Dreuz pour cet article.
J’ai 77 ans , jamais je n’ai entendu parler de époque si douleureuse.
Je partirais un peu plus instruit.
Merci et surtout , peut être, a ceux qui ont permis que je baisse, libre
Un très grand Merci a Monsieur
Touati et à Dreuz pour cet article.
J’ai 77 ans , jamais je n’ai entendu parler de époque si douleureuse.
Je partirais un peu plus instruit.
Merci et surtout , peut être, a ceux qui ont permis que je naisse, libre
oui MON PÈRE z”l y était a Sidi Ferruch avec les 371 personnes juives d’Alger pour faciliter le débarquement Américain et contrer mes commissions Italos allemandes d empercher le débarquement Américain. Pour moi et mon frère ainé la nuit a été longue, avec notre mère éplorée,
Autant qu’il me souvienne une quantité phénoménale de non participants cloitres ,est venu revendiquer la médaille du débarquement
Mais aussi De gaulle autant qu’il me souvienne n a servi a RIEN.
Merci, Monsieur Touati, pour cet article qui met en lumière un épisode très important de la 2° Guerre Mondiale, épisode souvent occulté. En effet, l’opération Torch fut décisive pour l’avenir du peuple juif. Sans cette victoire des Alliés contre les forces vichystes, notamment à Casablanca, puis contre l’Afrika Korps de Rommel, la création de l’Etat d’Israël, moins de six ans plus tard, eût été impossible. Rappeler ces vérités n’est pas ranimer des querelles. La vérité rend le passé plus clair et le présent plus juste. A Casablanca il y eut 2000 morts (1500 Français dans les forces vichystes, et 500 parmi les Américains). Le débarquement avait réussi à Alger et à Oran grâce à l’action de José Aboulker et de ses hommes, mais à Casa l’opposition militaire dirigée par le général Noguès fut rude, car appuyée sur les canons du cuirassé Jean Bart dans le port qui fut coulé par les Américains. La victoire provoqua une liesse indescriptible de la population juive au Maroc et la fureur des Arabes, m’ont raconté mes parents. Cette conquête de l’Afrique du Nord donna aux Alliés une base arrière décisive pour prendre en tenaille l’Axe par le sud en Italie et par le nord en Normandie. Nombreux en effet furent alors les jeunes juifs sépharades à s’engager contre le nazisme. Deux de mes oncles le firent dans les forces britanniques au début de 1943, et après une période d’instruction, furent incorporés à la VIIIème armée de Montgomery, ceci pour souligner la justesse de la citation de Churchill dans l’article. Ils firent le débarquement de Sicile en été 43 et toute la campagne d’Italie. Après la Guerre, l’un d’eux fut contacté par d’anciens camarades, les frères Halimi, et s’engagea dans la Haganah où il fit la guerre d’Indépendance d’Israël en 1948. Incorporé dans le “Commando français” créé par un ancien officier français de la IIème DB de Leclerc, Thadée Diffre, mon oncle participa à la libération de Beer Shéva, puis aux très durs combats du Kibboutz Revivim (contre l’armée égyptienne) qui ouvrirent la route du Néguev, de la Mer Rouge et de l’Extrême Orient. On voit ainsi le lien que vous établissez avec justesse entre l’Opération Torch et la création d’Israël. J’ajoute qu’aujourd’hui on peut visiter à Revivim un musée consacré à cette histoire et aller s’incliner sur les tombes des membres du Commando français morts dans cette bataille, dont celles des frères Halimi qui avaient contacté mon oncle lequel se sortit vivant, avec beaucoup de chance, de cet engagement meurtrier. Longtemps cet épisode et l’histoire de ce commando, furent mis sous l’éteignoir, mais depuis quelque temps, justice lui est rendue. Le général Sharon fit poser une plaque commémorative à Beer Shéva. Thadée Diffre a écrit cette histoire sous son nom de guerre israëlien Teddy Eytan, dans un livre épuisé, mais qu’on peut trouver parfois d’occasion. Il semble que sa fille se soit proposée de le rééditer. Il le mérite :
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