Bibi, la vie et l’époque turbulente de Benjamin Netanyahou
L’éditorialiste de Makor Rishon Haggai Segal rapportait vendredi dernier l’anecdote suivante. L’ancien Premier ministre israélien Itshak Shamir lui avait dit, au cours de son mandat, que le jour où le journal Ha’aretz ferait son éloge, il aurait de quoi s’inquiéter… Ce jour est venu, non pas pour Itshak Shamir – demeuré un modèle de fermeté face aux pressions intérieures et extérieures (notamment à l’époque du président Georges W. Bush), mais de l’actuel Premier ministre, Benjamin Nétanyahou. Ce dernier a en effet été qualifié la semaine dernière, dans les colonnes du journal des élites israéliennes, “d’homme de paix” et d’un “des dirigeants les plus anti-guerre que nous ayions connus” en Israël.
L’auteur de ce éloge inattendu n’était autre que Gideon Levi, éditorialiste du Ha’aretz et une des voix les plus radicales de l’extrême-gauche israélienne. Cela n’empêche pas les médias internationaux de continuer à présenter Nétanyahou comme un empêcheur de paix et son gouvernement comme “le plus à droite que l’Etat d’Israël ait jamais connu”… Au-delà des qualificatifs – souvent erronés ou excessifs – que les médias utilisent à son endroit, il est vrai que Nétanyahou demeure à de nombreux égards une énigme. Le 14e Premier ministre israélien, qui est en passe de ravir à David Ben Gourion le record de longévité à ce poste, est tantôt décrit comme un modèle de pragmatisme – voire d’opportunisme politique – tantôt comme un idéologue de droite. Qui est-il vraiment ?
La biographie que lui a consacré le journaliste Anshel Pfeffer apporte des éléments de réponse à cette question, qui continue de tarauder les meilleurs observateurs de la scène politique israélienne depuis plus de deux décennies. En tant que contributeur du quotidien Ha’aretz – qui n’épargne pas le Premier ministre et sa famille – Pfeffer a réussi à écrire une biographie équilibrée, en évitant de tomber dans l’excès ou dans la caricature. Il décrit ainsi, dans les premiers chapitres de son livre, l’environnement dans lequel a grandi Benjamin, ses deux frères Ido et Yoni (qui trouvera la mort lors de l’opération héroïque de sauvetage des otages à Entebbé), et leurs parents, le professeur Bentsion Nétanyahou et sa femme.
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L’auteur relate avec talent l’ascension politique de Nétanyahou, d’abord au sein de l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis, où il devient le protégé de Moshe Arens, puis en tant qu’ambassadeur aux Nations-Unis, en 1984, où il se fait remarquer pour ses talents de diplomate et d’orateur hors-pair. Dès cette époque, le jeune Benjamin Nétanyahou fait en effet preuve de dons exceptionnels pour la “hasbara” (terme difficile à traduire qui désigne la capacité de défendre une politique), à la tribune et dans les coulisses des Nations unies. Pfeffer rapporte ainsi la manière dont “Bibi” utilise des éléments visuels pour appuyer son argumentation, n’hésitant pas à projeter un film montrant un diplomate tentant vainement de téléphoner au Liban pour illustrer l’état d’anarchie régnant dans le pays. Trente ans plus tard, il utilisera des moyens similaires pour démontrer au monde entier la duplicité de l’Iran.
La qualité majeure de Benjamin Nétanyahou , tel qu’il ressort du livre d’Anshel Pfeffer, est incontestablement celle d’animal politique. Doté d’un charisme exceptionnel, il sait manoeuvrer à travers les écueils de la politique intérieure israélienne, et fait montre d’une capacité d’analyse et de compréhension rarement égalées par ses pairs. Issu d’une famille jabotinskienne réputée, mais relativement à l’écart de la vie politique du fait de son exil aux Etats-Unis, Nétanyahou parvient à doubler plusieurs concurrents parmi les “Princes du Likoud” – et notamment David Lévy, qui deviendra un rival féroce.
Dans des pages intéressantes de son ouvrage, Pfeffer montre les rapports ambivalents entre Bibi et Itshak Shamir, qui le considère comme superficiel et incapable de résister aux pressions. Un des chapitres les plus instructifs est celui qui retrace le premier mandat de Nétanyahou, arrivé au pouvoir contre toute attente, en 1996, au lendemain de l’assassinat d’Itshak Rabin (au sujet duquel Pfeffer dissipe la calomnie voulant que Bibi ait participé aux manifestations “incitant” au meurtre…) A l’âge de 46 ans, il devient le plus jeune Premier ministre israélien depuis 1948.
Quelle a été l’influence de sa famille sur Bibi ? Sur ce point crucial – que j’aborde dans mon dernier livre, dans un chapitre consacré à Bentsion Nétanyahou (1) – l’auteur apporte des éléments de réponse intéressants. Ainsi, on découvre comment “Bibi” a souffert du sentiment d’insatisfaction que son père éprouvait à son égard. “Il aurait sans doute fait un meilleur ministre des Affaires étrangères que Premier ministre”, dira un jour Bentsion de son fils, pour la plus grande joie de ses adversaires. Le dernier chapitre du livre s’intitule, de manière éloquente, “Stuck on top”, “coincé au sommet”.
A l’heure où ces lignes sont écrites, “Bibi” donne toujours l’impression d’être irremplaçable, y compris aux yeux de ses plus farouches adversaires. L’impuissance qu’il a manifestée face au Hamas au cours des derniers mois pose, une fois de plus, la question de sa succession. Car au-delà de ses succès – en diplomatie notamment et en économie – les “années Bibi” auront aussi été celles d’une lente et irrésistible érosion de la force de dissuasion de Tsahal, après les retraits de Gaza et du Sud-Liban aux conséquences désastreuses, orchestrés par deux de ses prédécesseurs, Ariel Sharon et Ehoud Barak.
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Bien entendu, Nétanyahou n’est pas le seul responsable de cet état de fait préoccupant. A plusieurs reprises, il s’est opposé à l’establishment militaire et sécuritaire – notamment sur le dossier iranien – pendant ses deux derniers mandats, comme le rapporte Pfeffer. Ce sont souvent les chefs de l’armée, du Mossad et des autres services de sécurité qui ont freiné les initiatives militaires, contre l’Iran et contre ses bras armés que sont le Hezbollah et le Hamas. Qui saura ramener à Israël son indispensable force de dissuasion militaire d’antan ? La question reste ouverte.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.
(1) Mon dernier livre, Israël, le rêve inachevé: Quel état pour le peuple juif ?*, vient de paraître aux éditions de Paris/Max Chaleil.
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Bibi est un grand homme.
enfin même le plus radical des gauchistes accepte de voir l’évidence … oui BIBI est un grand Homme
BiBi est un grand homme, certes, mais beaucoup trop influençable par ses Conseillers militaires qui lui ont suggéré de ne pas intervenir pendant que le Hezbollah et l’Iran se sont installés au Liban; c’est ainsi que l’Etat d’Israël se retrouve aujourd’hui avec la menace existentielle la plus importante à sa frontière Nord; il n’empêche que la responsabilité de cette situation revient au Premier ministre qui est le seul homme politique à décider en dernier ressort.
Comme toujours ,nous n avons que Des défis ,notre survie que dans la lutte .
Je pense que nous avons perdu de précieuses années ,ce qui a entamé notre force de dissuasion .
Les arabes ont le temps ,ils attendent que le fruit tombe .
En attendant ,de nombreux pays en Europe les soutiennent fortement et participent au djihad en marche contre l’ état Juif !
La République islamique française en marche ! L actuel Macron ,perpétue le travail de delegitimation de l état Juif !
Les cimetières sont remplis de personnalités irremplaçables. Reconnaissons que Bibi Netanyahou est un grand chef d’état, un grand leader du peuple juif. Même si je dis qu’il n’est pas parfait c’est parce que la solution parfaite des problèmes humains et terrestres n’existe que dans une galaxie virtuelle. Maintenant, il est temps de penser à l’avenir, à la relève devant l’immensité des défis, en espérant trouver aussi bien , voire mieux, que ce que Bibi a réalisé. Je suis persuadé qu’au fond de lui, c’est ce que Bibi souhaite aussi à Israël et au peuple Juif
“En espérant” : désolé que quand il est question de la sécurité de mes enfants, je ne suis pas adepte des “essais” (au cas où Oslo ne vous aurait pas vacciné contre lesdits essais).
En l’état de la scène politique israélienne, je ne vois strictement personne ayant la carrure de prendre le relai. C’est peut être dommage, mais c’est ainsi.
Une personne ayant la carrure de prendre le relais ? Donald Trump.
Puis faire officiellement de ce territoire le 51ème État des USA, y implanter cinq ou six grosses bases militaires américaines en postant aussi 3 gros portes-avions du nord au sud du littoral, virer la racaille gauchiste et toutes les ONG, et limiter drastiquement l’entrée de tous les organes de presse.
J’ose espérer que tu n’es ni Juif ni Israélien, parce que sinon, pour sortir une connerie pareille, tu es sérieusement attaqué…
Une autre solution ? Tsipi Livni ? Yair Lapid ? Hanin Zoabi ?
Dis, tu comptes te vautrer encore longtemps dans le ridicule ?
“Dis, tu comptes te vautrer encore longtemps dans le ridicule ?”
Réponse limpide, et archi-classique, d’un type à court d’arguments.
“J’ose espérer que tu n’es ni Juif ni Israélien…”
En fait je suis un hybride métissé viking-cinghalais de confession taoïste ascendance animiste et j’adore la quiche normande. Ce qui n’empêche nullement qu’on peut parfaitement être juif et/ou israélien sans être contraint de penser comme Gally.
A cours d’argument ? Tu as l’indécence, toi qui dit qu’Israël et son peuple doit abandonner sa souveraineté et son destin à un autre pays (la dhimmitude te manque ?) et qui, quand on te fait remarquer à quel point c’est ridicule, ne trouve rien d’autre à me sortir que la liste des clowns que tu annonces (alors que tu aurais pu me sortir Bennet, Kakhlon, Katz, … personnalités politiques sur lesquelles on pourrait éventuellement discuter du pour et du contre), de venir me sortir que je n’aurai aucun argument ?
Y’a pas à dire, en prime d’être un sacré con, l’indécence ne t’étouffe pas… Et vu que tu n’es donc ni juif ni israélien, tes avis sur la liberté de mon peuple, tu peux te les carrer très loin du jour. Commence déjà par te démerder pour que ton pays soit foutu de mettre à sa tête un mec qui aura le centième du bilan de Netanyahou, aussi bien au plan géopolitique qu’au plan économique et après tu pourras te permettre d’ouvrir ton claque merde, crétin des alpes.
Sans atteindre le niveau de sécheresse pratiqué par Gally (et je ne peux que le comprendre), vous allez me faire le plaisir d’arrêter immédiatement votre comportement de troll. Venir citer Zoabi comme remplaçante de Netanyahou, et ensuite prétendre que votre interlocuteur choqué par votre provocation stérile n’aurait aucun argument, est un comportement qui n’est pas le bienvenu sur Dreuz, et vous le savez pertinemment.
Prenez ceci comme un ultimatum.
Netanyahu a la même carrure que Reynaud dans les années 30 ou Lebrun ç-à-d AUCUNE seulement de bonnes intentions. Reynaud …aurait bien voulu résister mais voila il n’y arrivait jamais…Parlait-il bien? peut-être pas tellement, je ne sais pas.
Mais ouais, c’est ça…
Son père était une type formidable et bien sûr son frère aussi. Je suis d’accord avec l’opinion de son père sur lui et toutes ses opinions politiques. Netanyahu est un faible, un trouillard et il ne roule que pour lui-même tout en donant l’impression qu’l agit en faveur d’Israel parce que c’est un beau parleur. Parler est la seule chose qu’il sache faire et en effet il aurait fait un excellent ministre des affaire étrangère mais il est un piètre PM.
Oui, bien sur aussi, probablement pour cela qu’il a fallu la trahison du chef du Mossad pour l’empêcher d’agir contre l’Iran, et la trahison d’Obama pour faire capoter l’action qu’il préparait depuis l’Azerbaidjan, toujours contre l’Iran.
C’est marrant de voir les “spécialistes” accuser Netanyahou d’être faible en occulant soigneusement comment diverses personnalités israéliennes lui ont saboté plusieurs fois d’affilé ses actions. Probablement auraient-ils préféré une Livni qui se serait couchée devant les diktats d’Obama, aurait donné toute la Judée Samarie et aurait fait que tout le Goush Dan vivrait actuellement dans l’ambiance de la région frontalière de Gaza…
Les conseilleurs ne sont définitivement pas les payeurs, en particulier les yakafokon…
“Qui saura ramener à Israel son indispensable force de disuasion?” Je trouve cette question fort ironique! Bien sûr que Bibi a cette force mais en fin stratège, il observe avant d´agir! Savoir analyser le Temps,c´est là la Sagesse des Grands…et quand/si le conflit éclatera, eh bien, on dira, oui, c´est un Grand Homme car Israel ne PEUT pas PERDRE! Ysrael est la Prunelle d´HaShem! Comprendra qui veut!
Oui vous dites juste! La prunelle des yeux d’HM! Et Donald TRUMP est une aide pour Israël; certains rabbins expliquent que son nom sonne le Shofar, pour la construction du Troisiéme Temple!
Bibi sera un Grand homme, cela ne va pas tarder … ( comprenne qui pourra)
Malgré que je le trouve trop bon avec ces tordus du hamas, qui portent bien leur nom! (” Hamas” signifie dans la Bible Hébraïque – destruction, violence chaotique).
…et la solution est pourtant simple :
https://www.youtube.com/watch?v=nr3rV25k-oQ
🙂
Si Bibi n’était pas compétent, et s’il n’avait pas de cojones, les archives iraniennes classées “top secret”, entreposées en Iran, n’auraient pu être rapatriées en Israel, au nez très court, et à la barbe, très longue, des ayatollahs.