Publié par Jean-Patrick Grumberg le 28 novembre 2018

Lors du passionnant interview qu’il a accordé à Dreuz.info à l’occasion de la sortie de son dernier livre, “Névroses médiatiques“*, Gilles-William Goldnadel nous a révélé des aspects peu connus de son voyage au cœur des médias. Un ouvrage incontournable, fruit de 10 ans de critique et de compréhension du système.

Dreuz.info : Gilles-William Goldnadel, vous venez de publier un livre dont le titre “Névroses médiatiques”, cogne très dur sur la névrose des médias. Et, en même temps, les médias n’arrêtent pas de parler de vous. Sont-ils masochistes ?

GWG : D’abord, “les médias”, vous êtes un peu abusif dans l’expression générique. Je vous mets au défi de trouver au sein du service public de l’audiovisuel des journalistes qui vont parler de moi et si jamais ils parlent de moi, ils parleront de moi en mal. Je peux vous dire pour vous donner qu’un seul exemple, que la dernière fois que j’ai eu une interview à France inter, lors du procès d’un de mes clients, Clément Weill Raynal [le Mur des cons] ils m’ont fait dire des choses que j’avais dites dans le cadre de cette affaire, et ils les ont rapprochées des propos d’autres personnes. Ce n’était certainement pas pour me rendre service.

Vous étiez jugé coupable par association ?

J’étais… j’étais menteur professionnel. Alors même que lorsqu’on regarde le résultat de cette affaire, eh bien, je crois ne pas avoir été cruellement démenti. D’autre part, je me souviens que France inter m’a envoyé une journaliste, et j’en étais extrêmement surpris, pour m’interroger sur l’affaire du «Mur des cons» qui démarrait, car il se trouve que j’étais l’avocat – et je suis toujours l’avocat du journaliste Weill-Raynal qui a été le lanceur d’alerte dans cette affaire. Ils m’ont fait une très bonne interview. La journaliste Nathalie Hernandez posait des questions très pertinentes et j’en étais très heureux. D’ailleurs cette affaire revient pour être plaidée, je vous le signale tout en passant, en début décembre.

Eh bien, je vous mets au défi de trouver l’interview en question. Ils ne l’ont jamais diffusée parce que, je suppose qu’en conseil de rédaction [ils ont considéré que] ni l’avocat ni la cause [telle que la présentait] ne devaient être diffusés sur la chaîne de ce que j’appelle «la radio des sévices publics». Donc lorsque vous dites que je suis très médiatique, je vous demande instamment de corriger : je ne suis pas médiatique sur le service public.

Vous ayant dit cela, c’est très vrai que la situation a évolué : nous ne sommes plus en une période où on ne peut plus rien dire, il existe maintenant des émissions – je pense par exemple aux “Grandes Gueules” de RMC – qui sont pluralistes. Je ne demande d’ailleurs pas aux médias d’épouser mes thèses, je demande de faire en sorte que toutes les thèses soient écoutées et on est loin d’être dans ce cas. Mais c’est vrai aussi que lorsque j’interviens sur les médias, c’est comme un poil à gratter. Je suis, me semble-t-il, assez connu pour être une sorte de critique du système médiatique. Mais le système médiatique ne déteste pas de temps en temps d’être critiqué, à condition que ça soit un cheval une alouette…

Ça fait partie de sa névrose ?

Ca fait partie du début du commencement de la critique du système auquel j’apporte ma pierre par le présent ouvrage.

Alors, justement. Parlons des critiques que vous formulez dans votre livre. Quel constat principal avez-vous fait au cours des années sur le monde médiatique ?

Au cours des années, je dirais ces dix dernières années, dans tous mes travaux j’ai décrit l’idéologie qui animait les médias. Cette idéologie, je l’appelle «le pseudo anti-nazisme devenu fou». Je décris cette idéologie comme une idéologie post-chrétienne, excusez-moi, je crois avoir reçu un message…

Durant l’interview, Gilles-William Goldnadel était souvent interrompu par des messages

… Je la décris comme une idéologie post-chrétienne qui est arrivée dans les années 68 et qui s’est construite sur les ruines du monde chrétien. C’est le traumatisme de la Shoah. A travers ce traumatisme de la Shoah – je l’ai écrit, je le réécris, et je pense que vos lecteurs, maintenant, sont habitués à ma thèse, il s’est créé une sorte de confusion qui laisse à penser que le monde occidental a commis le pire des crimes de toute l’histoire et que, au sein de ce monde occidental, l’antéchrist, pour prendre une référence quasi religieuse, puisque ça se construit dans le monde post-chrétien, l’antéchrist, s’appelait Adolf Hitler.

Et Adolf Hitler est de couleur blanche et, par conséquent, j’affirme qu’il en a résulté au sein de l’inconscient collectif occidental une sourde honte d’être blanc. Tout part de là, tout vient de là et à cause de cela, vous pouvez expliquer beaucoup de choses non seulement en matière de questions sociétales, mais également en matière de politique étrangère.

Un peu aussi de culpabilité colonialiste ?

La culpabilité colonialiste, contrairement à ce que l’on pense, s’est créée à la suite du choc post-Shoatique.

La preuve : en 1962 pendant la guerre d’Algérie, il n’y avait pas de critique de fond du système colonial. La critique, elle venait essentiellement du parti communiste ou de la gauche. Les bateaux de contingent partaient très facilement de Marseille. Aujourd’hui, le colonialisme a été revisité via la Shoah et c’est pour cela qu’aujourd’hui, d’ailleurs, on le décrit comme un crime contre l’humanité. Ce n’est pas la peine que je vous fasse un dessin pour vous dire qui en a parlé.

Vous voyez bien à quel point le colonialisme, dont on peut évidemment faire la critique, a été revisité de manière névrotique, pour revenir à ma thèse, et irrationnelle, à travers le prisme de la Shoah.

Donc ça, c’est ma critique de l’idéologie.

Mais mon livre ne traite pas de cette critique, qui n’est pas neuve dans mon œuvre, si j’ose dire, j’interroge maintenant la technique médiatique. C’est-à-dire que j’affirme qu’en raison notamment des réseaux électroniques, le monde est devenu une foule médiatique. Je prétends que les individus isolés, mais connectés et interconnectés en permanence et capables même d’avoir des réactions, si j’ose dire, «interactives», y compris par lynchage médiatique, forment une foule médiatique.

À partir de cette intuition j’ai revisité les psychologies des foules telles qu’elles avaient été décrites il y a cent ans par Gustave Le Bon d’abord, et par Sigmund Freud peu de temps ensuite, et j’affirme, puisqu’eux-mêmes avaient été peu amène en décrivant le phénomène de foule : la puérilité, l’irrationalité, la sentimentalité, le fait d’être dicté par l’inconscient collectif… Eh bien, j’affirme que la foule médiatique réagit aujourd’hui exactement comme réagissait il y a cent ans la foule physique. Et par conséquent, en raison de cela, eh bien, il ne faut plus attendre que le moindre problème politique puisse être examiné de manière rationnelle et non sentimentale, avec toutes les funestes conséquences que cela peut avoir, d’autant plus encore une fois, même si et je m’en réjouis, cette idéologie [de gauche] est en grand déclin. Les foules en question sont largement alimentées par l’idéologie de l’antiracisme dévoyé et, par conséquent, cet antiracisme dévoyé qui a été insufflé [aux foules médiatiques] par ce que j’appelle “l’église cathodique” tout au long des années, est devenu maintenant une sorte de réflexe conditionné.

Le Bon disait que “l’éducation, c’est le passage de la croyance à l’inconscient” et je surajoute : “la propagande, c’est le passage de l’opinion à l’inconscient”. Ce qui fait qu’aujourd’hui, vous avez toute une population, toute une classe d’âge, qui de manière pavlovienne a été éduquée – pour ne pas dire «dressée» – justement en fonction de cette idéologie post-chrétienne de l’antiracisme dévoyé avec toutes les conséquences que l’on paye maintenant dans toutes les questions sociétales et de politique étrangère. 

Tous les sondages, en tous cas, ceux qui sont réalisés depuis une dizaine d’années, tendent à montrer que le public, à 70-75%, peut-être même plus dans certains pays, les États-Unis pour ce qui nous concerne, le public se défit des médias. Vous êtes en train de me dire que parallèlement à cette défiance, à cette perte de confiance, ils restent sous influence ?

L’idéologie que je vous décris, le système médiatique que je décris, est largement en déliquescence. Si tel n’était pas le cas, je n’aurais peut-être pas le plaisir de pouvoir vous présenter un livre qui est publié par un grand éditeur. Il est très possible que l’idéologie que je vous décris soit aujourd’hui moribonde sinon morte, mais comme un astre éteint, ses rayons continuent malgré tout de largement d’aveugler la planète médiatique, dont les grands prêtres pratiquent toujours cette idéologie. Mais vous avez raison, notamment sous le coup de boutoir des réalités, notamment du terrorisme islamique, la réalité finit, quand même, par l’emporter sur l’idéologie.

…Comme un brise-glace…

Mais je voudrais, quand même, tempérer votre ardeur. Je vous donne acte qu’en raison notamment de cette défiance par rapport à l’église cathodique, à ses grands prêtres idéologiques, à ses petits clercs, aux médias conformistes, s’est créé tout au long de ces dernières années des «médias underground» dont vous n’êtes pas l’un des moindres, et qui justement de manière cette fois-ci souterraine alimentent en information le public défiant.

J’attire votre attention sur le fait que votre public défiant, dans le même temps qu’il vient s’informer de manière souterraine chez vous, continue à s’informer – quitte à être désinformé – en surface, chez les grands médias cathodiques. Il en résulte que nous sommes en passe de gagner la bataille des idées, mais nous continuons de perdre la bataille de l’émotion. N’excluez pas le fait que quelqu’un qui, par exemple, s’informe chez vous, continue de temps en temps d’être troublé par les informations qu’il reçoit en surface.

Et les images…

Et les images. Et il continue d’être impressionné, et cela se voit de par ses réactions notamment dans ce que j’appelle «une autre foule» – non pas «la foule médiatique» – mais «la foule électorale». Le résultat du second tour des élections françaises montre à quel point il y a encore un grand décalage entre l’émotion et la raison.

Donc, ne pensez pas à cet instant que la bataille est gagnée. Elle est peut-être en passe de l’être, encore que vous avez remarqué – et j’en parle dans mon livre – que c’est quelquefois une bataille récurrente. Le Bon disait cette chose étonnamment optimiste lui qui est plutôt pessimiste : l’un des moyens de lutter contre le dressage de la foule, c’est l’expérience. L’expérience fait que de temps en temps, la religion de la foule peut être, malgré tout, modifiée. Grâce à l’expérience des faits. Je le pensais moi-même, mais l’expérience du terrorisme, par exemple, nous laisse à penser que c’est moins simple que ça. Il suffit que les morts soient enterrés dedans la terre froide depuis à peu près deux ou trois mois, pour qu’à nouveau, sur par exemple la thématique des migrants, les médias en surface qui s’étaient faits soudainement un peu plus humbles, fassent comme si plus rien ne s’était passé et soient capables de vous indiquer qu’il est complètement faux de penser que certains migrants soient vecteurs de terrorisme islamique. Vous voyez les limites de l’expérience au contact de l’idéologie fantasmatique. Ca n’est pas si simple que ça. Je prétends que les foules sont toujours bien davantage – et d’ailleurs ce n’est pas moi qui le dis, Le Bon et Freud le disaient eux-mêmes – les foules sont bien davantage en demande des croyances qui leur font plaisir ou auxquelles elles sont habituées plutôt que des faits. Les faits n’intéressent pas la foule médiatique. Ce qui intéresse la foule médiatique, ce sont les croyances qui la flattent ou lui font plaisir, ou lui permettent de donner libre expression à ses amours et, encore davantage, à ses détestations. 

J’ai l’impression que cette définition s’applique aussi à la foule journalistique

La foule journalistique est une foule organisée. Ce n’est pas une foule inorganisée comme Freud et votre serviteur décrivent la foule médiatique. La foule des journalistes, c’est très proche d’une foule ecclésiastique comme les enseignants, comme les églises et donc c’est une foule organisée qui réagit infiniment moins à l’émotion, tout de même, et beaucoup plus à la croyance idéologique.

Lorsque le lecteur sort de votre livre, comment se ressent-il et comment aimeriez-vous qu’il se ressente ?

Je pense que si le lecteur me lit sans prévention, ce qui caractérise en général mes lecteurs, parce que dans ma première partie… j’ai souhaité ma première partie objective. Je décris le phénomène de foule médiatique, et dans une deuxième partie plus subjective je montre les derniers exemples de foule médiatique comme, par exemple le phénomène #MeToo, le phénomène #BalanceTonPorc, le phénomène de Charlottesville, les foules à Gaza. Je questionne aussi la question Israëlo-palestinienne et là, il n’y a pas de doute, je fais œuvre de subjectivité, ce qui n’est pas pour autant que je renonce à l’honnêteté et même à une certaine objectivité. Même si j’annonce la couleur et qu’on me connaît, je me veux plus honnête et peut-être même plus objectif qu’un journaliste du Monde qui prétendrait l’être, si vous voyez ce que je veux dire…

L’exemple du Monde est facile

L’exemple en facile, j’en conviens bien volontiers, mais ça ne saute peut-être pas aux yeux de tous.

Je pense que si le lecteur me lit bien, et je n’en doute pas, il va comprendre ce qu’est l’idéologie du «pseudo anti-nazisme» devenu fou. Je lui explique justement comment ce monde post-chrétien a vécu avec ravissement la Shoah comme une sorte de nouvelle crucifixion avec un Juif déporté en pyjama rayé qui incarnait assez bien le personnage de Jésus, décharné, qui ne sourit jamais, qui ne se défend pas, et qui a été vite expulsé de la croix en raison de la victoire désolante et insolente à la fois du juif israélien et qui est, d’une certaine manière, la trahison, le Judah même du Juif en pyjama rayé. J’ai écrit quelque part que celui qui adore le Juif en pyjama rayé l’abhorre en uniforme kaki.

L’uniforme de Tsahal a trahi le Juif en pyjama rayé…

Le téléphone de Goldnadel sonne…

À n’en pas douter, puisque la réconciliation entre la chrétienté et, si j’ose dire, la judéité, qui a été, quand même, finalement assez brève, c’est le moment idyllique et rêvé où justement le Juif n’était ni un mercantile, ni celui qui est devenu de manière fantasmée, à savoir un soldat, puisqu’encore une fois il incarnait merveilleusement Jésus… Je ne suis même pas dans la critique. Je ne vais pas critiquer un système religieux qui dit que les premiers sont les derniers, qui dit qu’il faut tendre l’autre joue, qu’il ne faut pas utiliser la violence. Je ne suis pas dans le jugement, je suis dans l’explication. Donc dès l’instant où le Juif en kaki a trahi le Juif en pyjama, c’en était fini de la lune de miel, et ça a été encore pire ensuite, puisqu’avec l’antisionisme et la propagande, le Juif est devenu l’occupant. Vous imaginez bien que dans le système de l’anti-nazisme devenu fou, le Juif était même devenu le nazi.

Nous sommes passés de l’état de «juif métèque» à «juif blanc suprématiste» ?

C’est vrai, et c’est encore autre chose. Il y a cent ans à peu près, le Juif était vu comme un métèque, Céline le décrivait avec des traits négroïdes et, à la faveur ou à la défaveur de la Guerre de Six Jours, des victoires militaires, et des progrès techniques aussi, des réalisations techniques des Israéliens, le Juif a été vécu comme un blanc au carré. Terrible anachronisme parce que le métèque avait mauvaise presse il y a cent ans et c’est maintenant le blanc qui a mauvaise presse, et notamment, je ne le répéterai jamais assez, à cause de cet inconscient collectif qui vit Adolf Hitler, le blanc, comme l’antéchrist. Et d’une certaine manière, Israël est l’antéchrist et le nazi dans le système inconscient fantasmé de l’Occidental honteux.

C’en est donc suivi, dans ce système quasi-religieux là, à la fois une déclinaison de saint – le Juif, on le descend de la croix, on le remplace par le Palestinien qui est le nouveau Nazaréen – puis l’immigré, puis l’homosexuel, puis la femme battue et, parallèlement, un système de démonologie qui commence par Hitler qui, il faut le reconnaître, était un antéchrist assez bien incarné, puis Pétain, puis Le Pen, puis Netanyahu, puis Orban et Salvini, puis l’hétérosexuel mâle blanc…

Et Donald Trump !

Et Donald Trump, bien entendu, vous avez raison !

“Le dévoiement de l’antiracisme a créé un nouveau racisme, le racisme anti-blanc”

On a dans ce panthéon rose et noir un système religieux post-chrétien qui fonctionne assez bien et dont nous sommes, et je ne pense pas être d’un optimisme invétéré, en train de sortir. Notamment en raison du dévoiement de l’antiracisme dont on voit bien qu’il a créé un nouveau racisme, notamment le racisme anti-blanc, que l’on a du mal à voir, mais que l’on aperçoit quand même. Et ce racisme anti-blanc aura réussi l’improbable succès à redonner aux blancs une conscience chromatique qu’ils avaient perdue. Dans ce système-là, ce blanc-là c’est un peu le thème de mon article du «Figaro» du 26 novembre, Le beauf se rebiffe.

Si le beauf se rebiffe, si les gilets jaunes descendent dans la rue et ne craignent pas d’être moqués de populisme et de tous que vous voulez, c’est que les injures et les insultes de la religion idéologique de l’antiracisme dévoyé n’opèrent plus. Ca ne fonctionne plus. Les crachats ne mouillent plus parce qu’on n’y croit plus. La religion post-chrétienne de l’antiracisme dévoyé a perdu de sa force. Les petits clercs et les grands prêtres ont perdu de leur magistère.

Pas forcément dans tous les cas, car nous chez «Dreuz» constatons que chaque fois qu’un média important nous qualifie de «fachosphère», nous gagnons des lecteurs. Nous avons l’impression que le terme «fachosphère» est devenu synonyme d’un média qui publie des choses que les autres ne veulent pas publier, et il y a un aspect positif ironique à être qualifié de «fachosphère». Comme d’extrême-droite d’ailleurs.

Il est très possible que si le crachat ne mouille plus, il confère au contraire une manière de prestige d’être finalement, j’essaye de trouver le mot juste… vilipendé par une idéologie dont maintenant on constate la vilenie, en tous les cas, le caractère complètement inefficient. 

Dreuz est un média américain, comme vous le savez, et nous suivons essentiellement l’actualité américaine, accessoirement l’actualité française. Aux États-Unis les progressistes, les gens qui se situent idéologiquement très à gauche, considèrent qu’avoir voulu supprimer l’idée de race comme les Français l’ont fait est une insulte raciste. C’est nier aux Noirs, c’est nier aux Asiatiques et aux Hispaniques leur race et le droit de posséder une spécificité. Il ne me semble pas qu’en France ce chemin ait été parcouru. Cela vient de l’Université UCLA en Californie, qui n’est pas loin de chez Dreuz, et qui est à la pointe avec Harvard de l’idéologie progressiste.

En réalité, l’idéologie dont vous parlez, même si elle répugnait à utiliser le mot «race», ne niait pas la différence, elle l’exaltait. Quand les noirs américains en 68 disaient «Say it loud! I’m black and I’m proud!», l’Université dont vous parlez ne faisait pas les gros yeux en pensant que c’était une référence à la race. Les Américains jusqu’à maintenant n’ont jamais répugné, au contraire, à utiliser avec beaucoup moins de gêne qu’en France la notion de race. La seule différence, c’est qu’il n’était pas question de parler des blancs. Les blancs n’existaient pas. Les blancs étaient transparents. Étant transparents vous vous doutez bien que l’on n’allait pas en plus dire «Say it loud! I’m white and I’m proud!». Alors là, ç’aurait été considéré comme non seulement du racialisme, mais du racisme pur et simple. Or depuis peu de temps, il y a une manière d’évolution même aux États-Unis puisqu’un Mark Lilla, qui est pourtant quelqu’un de gauche, reconnaît qu’à cause de cet antiracisme dévoyé, on a redonné au blanc, j’aime le répéter, sa conscience chromatique.

En France, le tabou sur les différences ethniques a fonctionné de manière beaucoup plus rigide. Moins, à mon avis, aux États-Unis. Puisqu’aux États-Unis, la discrimination positive était obligée de prendre en compte les différences raciales.

Gilles-William Goldnadel, “Névroses médiatiques*” est un livre qui va faire énormément de bien aux lecteurs, pas qu’aux lecteurs de Dreuz d’ailleurs, je pense aux lecteurs francophones en général. Merci beaucoup.

Merci à vous

Reproduction autorisée avec la mention suivante : propos recueillis par Jean-Patrick Grumberg, © Dreuz.info.

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